Maniformation J.O.C.-F. La Courneuve

Xavier COLLETTE,
prêtre, Secrétaire national des Groupes de Formation Ouvrières (G.F.O.)

Pour son rassemblement "MANIFORMATION" à La Courneuve, la J0C-F. avait offert un stand aux E.F.M.O., aux G.F.O. et à la préparation à la Vie Consacrée (1) sur l’interpellation au ministère presbytéral et à la vie religieuse.

Déjà à VILLAVENIR, en 1986, un tel stand avait permis que les jeunes s’expriment sur cet avenir possible (2).

Situé dans l’espace Futurojob, ce stand avait un objectif précis. En effet cet espace du rassemblement voulait proposer des possibilités concrètes aux jeunes en recherche par rapport à leur avenir, à leur "job" futur. Dans cette perspective, ce stand voulait offrir aux jeunes qui se posent aujourd’hui la question du ministère presbytéral et de la vie religieuse, une piste concrète pour avancer dans leur recherche.

Cela explique l’enquête qui leur était proposée (voir enquête ci-après). Intitulée "UN AVENIR POSSIBLE... UN SERVICE IMPORTANT..." ; elle comportait deux parties : une première, plus générale, avait pour objet de permettre aux jeunes d’exprimer ce qui les accroche et ce qui les rebute dans la vie du prêtre ou dans la vie religieuse. La seconde partie, plus pointue et plus "engageante" était une proposition de camp en juillet pour ceux et celles qui se posent aujourd’hui la question d’être prêtre, religieux ou religieuse et qui seraient d’accord pour être contactés ; ceux-là étaient invités à laisser leurs coordonnées précises. A notre grand étonnement, une centaine de jeunes, garçons et filles, nous ont laissé leur adresse, souhaitant être rejoints parce qu’intéressés par une telle proposition.

Tout au long de la journée, le stand a connu une réelle affluence ; de nombreux échanges ont eu lieu sur place entre les jeunes eux-mêmes et avec des jeunes en formation en G.F.O. et E.F.M.O., des religieuses et des prêtres qui assuraient la permanence.

Si près de 900 enquêtes ont pu être exploitées dans le dépouillement, c’est près de 1 400 qui ont été remplies, avec plus ou moins de précisions - ce qui explique que toutes n’ont pas pu être retenues - et à partir de 15 heures, nous n’avions plus d’enquêtes à proposer aux jeunes qui continuaient à venir nombreux au stand (manque d’audace dans nos prévisions..) !

Voici donc les principaux résultats de cette enquête.

I - ENQUETES DEPOUILLEES

874 enquêtes ont pu être utilisées pour ce dépouillement sur 1 432 qui ont été remplies. N’ont été notamment retenues que celles qui situaient exactement l’enquêté, c’est-à-dire les réponses donnant l’âge, le sexe et la situation par rapport à la foi et à l’appartenance ou non au Mouvement. Il est remarquable qu’il n’y a eu qu’une dizaine de réponses volontairement farfelues...

• Il est clair que le public de jeunes qui a répondu à l’enquête n’est pas le reflet de la jeunesse ouvrière ; c’est un public précis, celui de la jeunesse ouvrière rejointe ou intéressée par la J.0.C.-F.

• La proportion de ceux et de celles qui ne répondent pas à la question : "Croyant en recherche - non croyant" est relativement importante et rejoint certaines observations de sociologues qui remarquent que "croire en Dieu - être chrétien" sont des notions largement dissoutes chez les jeunes.

Cela rejoint aussi le constat d’aumôniers de jeunes qui remarquent que l’adhésion personnelle à la foi chrétienne prend du temps ; elle se fait progressivement avec des hésitations, des questionnements, des reculs... (3)

II - LA VIE DU PRETRE

A) ce qui te plaît dans la vie du prêtre

Viennent en tête la vie de célibataire et l’engagement dans la durée, avec pour les jeunes en mouvement la question de la foi pour s’engager dans cette voie.

Pour ces deux volets, la possibilité était laissée de souligner d’autres aspects ; ils sont peu nombreux à s’être exprimés (26) mais les aspects exprimés manifestent une réflexion plus personnelle telle que "la peur de mes faiblesses" ou "il prend son temps pour parler et vivre de Jésus-Christ". L’un ou l’autre a réagi au mot "peur".

III - LA VIE RELIGIEUSE

A) ce qui te.plaît dans la vie religieuse

C’est pour ces réponses que les différences d’âge jouent le plus. . Par exemple, la peur du célibat est moins forte après 25 ans que la perte de l’indépendance et surtout l’engagement pour toute la vie.

Certaines réponses plus personnelles manifestent une vision assez fermée de la vie religieuse, par ex. "rupture avec le monde extérieur" "rester enfermée dans une salle" - " on ne peut pas se mettre en maillot de bain" !

Il faut noter que seulement trois garçons ont répondu à cette enquête sur la vie religieuse ; mais peut-être est-ce simplement lié à la présentation du questionnaire.

IV.- GARÇONS ET VIE DE PRETRE. DE RELIGIEUX

A) ceux qui ont pensé un jour à être prêtre ou religieux (SUR 385 REPONSES)

Il faut souligner fortement que plus d’un garçon sur trois de ceux qui ont répondu à l’enquête a pensé un jour à être prêtre ou religieux.

On peut penser que cela n’est pas étranger à l’effort du Mouvement en direction de l’éveil au ministère et à la vie religieuse.

B) Ceux qui pensent encore à être prêtres ou religieux (SUR 140 QUI Y ONT PENSE)

Là aussi la proportion est impressionnante de ceux qui sont encore habités par cette question : plus de la moitié de ceux qui y ont pensé un jour ! Sommes-nous assez audacieux, inventifs pour les aider à exprimer leurs questions, leur recherche et pour les aider dans un cheminement ?

V – FILLES ET VIE RELIGIEUSE

A) Celles qui ont pensé un jour à être religieuse (SUR 489 REPONSES)

Une fille sur quatre a pensé un jour à la vie religieuse ; il y a un net décalage avec les garçons ! La vie religieuse est-elle moins connue ? Quelle image en ont les filles ?

B) celles qui pensent encore à la vie religieuse (SUR 120 QUI Y ONT PENSE)

Environ 40 % des filles continuent à porter une question qu’elles ont un jour accueillie ; là aussi, sommes-nous suffisamment à l’écoute de leur recherche, de leurs attentes, pour leur faire des propositions précises ?

Il faut noter qu’une fille a pensé et pense toujours au diaconat.

VI - LA PROPOSITION DE CAMPS EN JUILLET

A notre grand étonnement, près de 90 gars et filles sont intéressés par cette proposition et nous donnent leurs coordonnées. Certains parmi eux, signalent qu’ils ne sont pas libres en juillet, pour différentes raisons, et demandent s’il n’y aura pas une proposition pour août ou début septembre.

Vu le nombre et les problèmes matériels que cela pose, nous décidons de n’inviter que les jeunes de 17 ans et plus et nous leur proposons deux camps à des dates et des lieux différents, dans la première quinzaine de juillet comme convenu.

A tous les autres nous envoyons une lettre les invitant à ne pas garder pour eux cette question qu’ils portent, mais à en parler à l’aumônier ou à l’accompagnateur fédéral qu’ils connaissent pour qu’ils puissent rencontrer d’autres jeunes qui partagent la même question sur leur coin.

Par ailleurs, une lettre est envoyée aux aumôniers fédéraux et aux aumôniers "Eveil et Recherche" (4) des gars et des filles qui se sont signalés. Cette lettre leur transmet les noms et coordonnées de ces gars et filles et les invite à en reparler avec eux et à leur faire des propositions dès la reprise de septembre pour qu’ils puissent cheminer avec leurs questions.

A) Garçons intéressés par un camp

Six signalent que c’est impossible en juillet (cinq travaillent) Six donnent une adresse incomplète qui rend impossible de les joindre par courrier ou téléphone 24 sont donc invités : 1 s’inscrit - 5 signalent qu’ils ont trouvé du travail pour juillet

B) Filles intéressées par un camp

Trois filles signalent qu’elles sont déjà prises dans la première quinzaine de juillet.
Sont donc invitées 24 filles : l s’inscrit - 4 se manifestent pour signaler un empêchement survenu depuis MANIFORMATION

S’il faut conclure....

Bien sûr, les camps n’ont pas eu lieu..., mais un vaste chantier est ouvert. Des gars et des filles aujourd’hui accueillent cette question du ministère presbytéral ou de la vie religieuse. Même si elle n’est pas sans inconnues, sans craintes, ils l’acceptent, la prennent au sérieux, la disent à d’autres (ne serait-ce que dans cette occasion qui leur a été offerte à MANIFORMATION).

Trouveront-ils sur leur route des hommes, des femmes qui les aideront à cheminer, à éclairer leur recherche, à faire des pas ?

Saurons-nous leur donner la possibilité, la chance de partager leur recherche avec d’autres gars et filles qui la vivent aussi ?

Le Seigneur continue à semer, c’est une évidence au vu de l’enquête. Saurons-nous contribuer à faire germer la graine ? La réponse est entre nos mains !

NOTES :

1) G.F.O. : Groupes de Formation Ouvriers et E.F.M.O. : Equipes de Formation en Monde Ouvrier sont les deux cycles de formation qui sont proposés à des jeunes du monde ouvrier - pour la plupart issus de l’ACO, la JOC et l’ACE m.o.- qui se préparent au ministère presbytéral pour leur diocèse. La préparation à la Vie Consacrée soutient les filles du monde ouvrier dans leur recherche par rapport à la Vie religieuse et au choix d’une congrégation. [ Retour au Texte ]

2) Voir "JEUNES ET VOCATIONS" - Résultats dans le n° 42 de juillet 1986 - - - - [ Retour au Texte ]

3) cf. J.-Y. Bazieu in CHRISTUS n° 146 "Les jeunes et la Foi" [ Retour au Texte ]

4) "EVEIL ET RECHERCHE" est la structure mise en place par la JOC-F. pour que soit posée la question du ministère et de la vie religieuse aux jeunes rejoints par le Mouvement. Des soirées, week-ends, récos sont proposés dans les fédés, les régions et au plan national [ Retour au Texte ]

UN AVENIR POSSIBLE...
UN SERVICE IMPORTANT...

• Qu’est-ce qui te plait dans la vie du prêtre ? (tu mets 3 croix, pas plus)

• Qu’est-ce qui te plait dans la vie religieuse ? (tu mets 3 croix, pas plus)