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Bibliographie
RE-EDITION
LA CASSETTE DU Père Xavier THEVENOT :
"LA CHASTETE"
était épuisée
ELLE EST A NOUVEAU DISPONIBLE AU S.N.V. au prix de 65,00 F franco
Ouvrage analysé
"MISSION ET FORMATION DU PRETRE"- Culture et vérité, 1990
cardinal J. RATZINGER - G. CHANTRAINE - J. HAAS - A. VANHOYE
Diffusé par Brepols - 105 pages
Ce petit livre réunit quatre contributions exposées par leurs auteurs lors du Symposium sur "le prêtre comme guide et enseignant de la morale", qui s’est tenu au grand séminaire de PHILADELPHIE du 17 au 20 janvier 1990, en vue d’inaugurer la chaire de morale confiée à J. HAAS. D’où le caractère nécessairement limité et un peu éclaté de telles réflexions, qui abordent tout à la fois la question de la formation presbytérale et la place de l’enseignement moral dans le ministère de prêtre lui-même.
D’emblée le cardinal RATZINGER situe la formation dispensée dans les séminaires sous l’égide de la 1ère lettre de Pierre : "vous mêmes, comme des pierres vivantes, laissez-vous construire en maison spirituelle pour un sacerdoce saint, en vue d’offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus-Christ". Une telle construction ne consiste pas tant, insiste le cardinal sur un thème qui lui est cher, à bâtir ou à construire des "projets pastoraux" qu’à se laisser construire par la force de l’Esprit.
Cette formation doit aussi inculquer une passion pour la vérité, ce qui ne va pas toujours de soi dans un monde marqué davantage par le succès ou l’effectivité. Elle doit inviter au service du Verbe incarné et de son annonce, servir également la dimension sacramentelle et eucharistique.
En une approche un peu plus complexe, G. CHANTRAINE part de l’événement fondateur du sacerdoce, la reconnaissance du Christ prêtre comme la formule l’Epître aux Hébreux, pour définir le ministère comme la tension entre deux pôles. Le pôle objectif d’une part, constitué par la grâce découlant de l’ordination, source de sainteté. Le pôle subjectif, d’autre part, dans la mesure où le ministère est conféré à une personne et destiné au service des personnes. G. CHANTRAINE met en particulier l’accent sur la liberté qui le caractérise, qui explique selon lui la règle du célibat. Ce qui permet de mieux définir les tâches propres au prêtre, dont la paternité spirituelle n’est pas la moindre et se révèle essentielle pour la naissance des vocations : "les secrétariats et commissions pour les vocations ne servent à rien sans la paternité. Le prêtre engendre le prêtre et pas seulement le prêtre mais le religieux, la religieuse et d’autres charismes dans l’Eglise."
Le texte de John HAAS vient relancer une polémique qu’on croyait apaisée en défendant le "caractère sacral du prêtre comme fondement de sa vie et de son enseignement moraux", souvent opposé au caractère apostolique du ministère. D’une certaine manière, explique HAAS avec intelligence, le prêtre est "plus saint" que le simple baptisé, non pas à travers une sainteté ou une perfection morale mais bien parce qu’il est mis à part, choisi pour un service particulier et riche de la grâce de l’ordination.
Si un tel discours paraît tout à fait justifiable pour revaloriser le chemin particulier de sainteté qui caractérise le ministère, s’il aide à mieux mesurer la portée irremplaçable de la grâce du sacrement de l’ordre, il reste qu’on peut s’interroger sur certaines de ses formulations. Ne risque-t-on pas de réintroduire ici une sorte de "hiérarchie parallèle" dans la recherche de la sainteté, de parler à nouveau du "plus haut service" ? En insistant aussi fortement sur la dimension sacrale, le risque est aussi de trop confondre l’identité théologique du ministère avec celle de la vie religieuse, qui est bien elle aussi une mise à part pour témoigner de l’absolu de Dieu.
Si le dernier texte de l’ouvrage, écrit par A. VANHOYE et consacré à l’apport incontournable de Saint Paul pour l’enseignement moral à partir de l’antinomie apparente chez l’apôtre entre la Foi et la Loi, apporte une note intéressante, il se trouve malheureusement décalé par rapport au reste de l’ouvrage.
Une pièce à verser au dossier de la formation au ministère presbytéral et de l’identité théologique de ce dernier.
Marc LEBOUCHER