Des prêtres en C.M.R.


POURQUOI ? POURQUOI FAIRE ?
UNE REFLEXION PROPOSEE PAR LE MOUVEMENT "CHRETIENS EN MONDE RURAL"

POURQUOI CE DOSSIER, POURQUOI CETTE QUESTION EST-ELLE POSEE AUJOURD’HUI ?

Sans doute à cause de la diminution du nombre de prêtres ; en 1955, on comptait en France 1 000 ordinations par an, aujourd’hui il faut descendre aux alentours de 100. Ces chiffres reflètent la réalité et sont, bien sûr, connus par les responsables de l’Eglise ; mais il est moins sûr que l’ensemble des chrétiens en soit conscient ou du moins qu’il accepte cette réalité. Et nous, en Mouvement d’Action Catholique, où en sommes-nous, quelles questions cela nous pose ?

Depuis quelques années, au C.M.R., on fait appel à des permanents et animateurs. Cela ne doit pas éluder pour autant le problème de la place, du rôle et de la signification des prêtres dans le mouvement. Il semblerait plus logique que ces recherches soient menées en parallèle et non pas l’une à la place de l’autre.

Nous appelons donc à divers postes de responsabilités dans le mouvement, mais aujourd’hui la question de l’appel au ministère presbytéral nous embarrasse. Acceptons-nous de la prendre vraiment en considération ?

Ce dossier n’apportera pas de solutions toutes faites et n’a pas la prétention de donner une leçon à quiconque. Mais il se veut un outil de réflexion pour les fédérations. Il faut engager le débat sur cette question au niveau des équipes. Nous avons, nous CMR, des choses à dire, à faire, à inventer. Il nous faut aussi interroger les Eglises diocésaines. Ne négligeons aucune voie (voix aussi) possible pour faire avancer ce que nous pouvons faire avancer. Tout ce qui sera fait dans ce sens répondra d’une certaine manière, à un besoin du mouvement et de l’Eglise entière ; il n’est pas question de se passer de prêtres en Mouvements d’Action catholique pas plus qu’ailleurs dans l’Eglise.

En annexe, nous proposons un éclairage biblique pour élargir le champ de réflexion et pour mieux comprendre la tradition de l’Eglise en la matière.

I - MISSION DE l’EGLISE –

A/ Trois dimensions

On ne peut pas parler de la mission du prêtre sans la situer dans la mission de toute l’Eglise et en fonction d’une communauté. Tous les chrétiens sont responsables ensemble de la mission de l’Eglise dans le monde. Celle-ci est à vivre selon trois dimensions ; chaque chrétien et chaque communauté sont concernés par l’ensemble de cette mission ; mais suivant ses charismes et ses responsabilités, chacun sera plus à l’aise et plus utile dans l’une ou l’autre des trois dimensions :

1 - UNE ATTENTION PRIORITAIRE POUR LES HOMMES
Agir pour leur libération, leurs droits, la place des marginaux...

2 - A l’ECOUTE DE LA PAROLE
perçue à travers les événements et l’Ecriture : Bonne Nouvelle pour les hommes d’aujourd’hui

3 - PARTAGE DE LA FOIS EN COMMUNAUTE
Célébration de Jésus-Christ vivant, les sacrements...

- B/ Nous croyons

  • que l’Eglise est cette part de l’humanité appelée par Dieu le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, animée par l’Esprit pour accueillir, vivre, annoncer la bonne nouvelle de Jésus-Christ offerte à tous les hommes. L’Eglise n’existe pas pour elle-même. Elle est livrée au monde, à la suite de celui gui "l’a aimée et s’est livrée pour elle" (Ep 5, 25).
  • que le baptême fait de nous tous des fils de Dieu, membres du Peuple de Dieu, porteurs de cette Bonne Nouvelle,
  • qu’il est impossible de séparer vie chrétienne et vie humaine,
  • qu’il y a un lien profond entre Monde, Eglise et Royaume sans pour autant les confondre
  • que la mission est première et nous la lisons dans celle de Jésus "L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a conféré l’onction pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé proclamer aux captifs la libération et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer les opprimés en liberté..." (Lc 4, 18)
    C’est en fonction de cette mission que le prêtre existe et que toute les recherches de ministères doivent être faites.
Tout cela, pour nous, n’est pas sans repères ; c’est en cohérence avec le courant de VATICAN II (spécialement "Lumen Gentium" et "Gaudium et Spes") et en cohérence avec le courant de la théologie de l’incarnation, gui a toujours animé l’Action Catholique.

II - LES PRETRES DANS LE MOUVEMENT

- A/ A tous les niveaux

Des équipes de base jusqu’au national, des prêtres participent à la vie et à la mission du mouvement dans la diversité des groupes sociaux du rural.

Leur présence active est souhaitée :

  • pour partager leur propre vie et leur responsabilité pastorale
  • pour accompagner les équipes dans la reprise de la vie et dans l’approfondissement de la parole de Dieu
  • pour accompagner le Mouvement dans sa responsabilité apostolique (choix et mission du mouvement)
  • pour faire le lien avec les autres communautés.

- B/ Dans les instances de responsabilité

La présence des prêtres signifie que le Mouvement est d’Eglise et reconnu comme tel par les autres communautés et par les responsables de l’Eglise. C’est pourquoi nous tenons à ce que des prêtres soient nommés au service du mouvement : au plan fédéral par l’évêque ; au plan national par le Conseil Permanent de l’Episcopat ; en lien avec la Commission Episcopale du Monde Rural ; Nous souhaitons également qu’un plus grand nombre de prêtres soit détaché pour la responsabilité de cette mission et ainsi associé à l’élaboration et à la mise en oeuvre des orientations du mouvement.

- C/ Signification du ministère presbytéral

Le ministère presbytéral s’exerce en s’articulant aux autres ministères ordonnés et aux vocations diverses dont l’Esprit pourvoit l’Eglise. Il en est ainsi de la militance et de l’appel à des responsabilités variées. Tous sont à des degrés divers, manifestation des dons de l’Esprit à l’Eglise pour le bien de tous.

Dans ce cadre général d’une Eglise" Peuple de Dieu" renouvelée par Vatican II et les recherches entreprises depuis à travers le monde, nous pouvons indiquer quelques points qui nous semblent importants ; par le sacrement de l’Ordre et la mission reçue des évêques, les prêtres participent au ministère du Christ et à l’action de l’Esprit Saint. A ce titre, ils sont ordonnés à la construction de l’Eglise pour qu’elle soit Peuple de Dieu. C’est à dire concrètement à :

  • CONFORTER OU INTERPELLER les équipes et les responsables du mouvement dans leur responsabilité d’Eglise, sans la déterminer à leur place
  • SIGNIFIER ET RAPPELER la mission de construction de l’Eglise en monde rural avec les ruraux, dans leur diversité et leur histoire.
  • EXPRIMER PAR LEUR LIEN A l’EVEQUE et aux membres du Presbyterium l’unité de l’Eglise dans sa diversité et sa dimension universelle
  • rappeler dans les équipes, à tous les niveaux, la nécessité de s’OUVRIR A d’AUTRES pour faire Eglise
  • RAPPELER PAR LEUR PRESENCE qu’en Jésus-Christ, Dieu est venu en personne visiter son Peuple.

A ce titre,

- ils veillent à ce que la Bonne Nouvelle de l’Evangile devienne vraiment Parole de Dieu dans toute sa plénitude et qu’elle interpelle les équipes au cœur de la vie,

- ils président l’Eucharistie, rencontre sacramentelle de Jésus-Christ mort et ressuscité avec chacun et avec toute l’Eglise.

En même temps, cette présence à la vie des hommes, l’expérience de la vie d’équipe, permettent aux prêtres dans le mouvement d’approfondir leur vie chrétienne, d’assumer leur responsabilité ministérielle et leur vie dans la société.

III - POUR UNE EVOLUTION DE LA SITUATION ACTUELLE

Notre démarche de mouvement nous aide devant une situation à en analyser les causes pour en comprendre les raisons. La diminution actuelle du nombre de prêtres et leur vieillissement demandent de notre part un effort de discernement pour comprendre les raisons profondes de cette évolution.

- A/ Contexte général

  • Le rural et les familles paysannes "fournissaient" un très grand nombre de prêtres. L’Eglise a-t-elle bien su parler aux autres mondes ? or on connaît la diminution numérique des agriculteurs et l’urbanisation de notre société. De 1885 à 1985 le nombre d’agriculteurs est passé de 80 % à 10 % de la population, avec une moyenne d’âge de 55 ans. N’y aurait-il pas un lien entre ce fait et la baisse du nombre de prêtres ?
  • NOUS VIVONS DES EVOLUTIONS : élévation du niveau culturel, phénomène de sécularisation, démocratisation de la société, découvertes de la biotechnologie, qui modifient le rapport de l’Eglise et de la société. La représentation, l’idée que l’on se fait de soi-même, du monde, de l’Eglise, de Dieu, change. L’image du prêtre se modifie aussi, elle n’attire pas les jeunes qui préfèrent se diriger vers des professions plus attrayantes et plus épanouissantes.
  • Dans une SITUATION QUI PARAIT FIGEE, IL Y A UNE GRANDE DIVERSITE DANS LA MANIERE DE VIVRE LE SACERDOCE AUJOURD’HUI : curé, prêtre ouvrier, chercheur, professeur, aumônier... S’il est difficile de repérer un modèle unique, c’est une chance et un appel à créer d’autres voies dans l’Eglise. Dans ce contexte, le manque de débats sur l’évolution du ministère presbytéral et sur les problèmes annexes ne facilite pas la recherche et l’invention.

- B/ Situation actuelle dans le mouvement

  • Aujourd’hui encore, LA PLUPART DES EQUIPES DE BASE SONT ACCOMPAGNEES PAR UN PRETRE, qui cumule souvent plusieurs fonctions : animateur, accompagnateur, modérateur, lien avec le mouvement, théologien, bibliste.
  • LA FONDATION d’équipes nouvelles, priorité pour le mouvement, a longtemps été le souci des aumôniers. Aujourd’hui, les équipes de base, les équipes fédérales commencent peu à peu à se mobiliser pour cette tâche.
  • LES AUMONIERS FEDERAUX, dont le nombre et la disponibilité diminuent, ASSURENT également un certain nombre de tâches relevant d’UN TRAVAIL DE PERMANENT.
  • Pour leur FORMATION, les aumôniers participent aux sessions nationales, les aumôniers régionaux sont invités, de temps en temps, aux équipes nationales de branche. Sur le terrain, des pratiques diverses existent : session annuelle, journée régulière, souvent en ACR (Action Catholique Rurale). Par ailleurs, dans certaines régions, les aumôniers n’ont pas l’habitude de se retrouver.

- C/ Des réalisation existent déjà

  • DES EQUIPES SE SONT MISES EN ROUTE SANS LA PRESENCE HABITUELLE d’AUMONIER, souvent un membre laïc plus ancien les accompagne. Des fédés ont réalisé des formations pour une meilleure animation des équipes, d’autres démarrent une réflexion sur l’accompagnement des équipes.
  • Des expériences montrent que LA CREATION d’EQUIPES DEVIENT l’AFFAIRE DE TOUS : des équipes se sont fixé des objectifs pour contacter des personnes, les inviter à une rencontre. Des rencontres ont été organisées sur ces secteurs pour présenter le mouvement.
  • LES PERMANENTS FEDERAUX sont de plus en plus nombreux, une trentaine aujourd’hui. Suivant les objectifs fixés par les équipes fédérales, ils contribuent à coordonner la vie du mouvement.
  • UNE DEMANDE existe de la part des prêtres accompagnant le mouvement POUR des rencontres, DES FORMATIONS qui leur soient destinées.

- D/ Continuons les évolutions et les recherches

  • CLARIFICATION DU ROLE DU PRETRE

Les évolutions actuelles sont-elles nées du fait de la diminution du nombre de prêtres ou d’une volonté de clarification par rapport à la signification du prêtre dans le mouvement ?

Aujourd’hui, il est nécessaire que l’ensemble du mouvement avance dans cet effort de clarification pour bien y situer le rôle du prêtre.

Par rapport au constat précédent, il faut aussi se donner les moyens pour que les différentes tâches de l’aumônier soient assurées, ainsi que sa présence.

- Faut-il des rencontres de responsables et d’accompagnateurs d’équipe de base où le prêtre participerait ?

- Faut-il un prêtre, non permanent, pour accompagner chaque équipe fédérale de branche ?

- Faut-il un prêtre détaché pour l’ensemble du mouvement ?

- Quel type d’accompagnement est nécessaire ?

- A quelles conditions les équipes auront-elles les moyens de s’animer ?

- Faudra-t-il à l’avenir parler d’un ministère d’aumônerie pour tous ceux (laïcs, religieuses, diacres) qui participent à cette fonction d’accompagnement des équipes ?

Un travail est à continuer sur ces questions en les situant dans un cadre plus large, en se précisant les différentes responsabilités et services nécessaires au mouvement.

  • FORMATION DES PRETRES

Le mouvement a aussi une responsabilité à assumer vis-à-vis des prêtres qui travaillent avec lui, responsabilité de leur formation pour leur permettre de vérifier et de confronter leur pratique en mouvement. Cette responsabilité est à assumer conjointement, et à tous les niveaux du mouvement, par les laïcs et les prêtres.

  • L’APPEL AU MINISTERE PRESBYTERAL

Les prêtres sont indispensables pour que l’Eglise puisse assumer sa mission. N’y a-t-il pas un risque aujourd’hui d’accepter la situation anormale due à un trop petit nombre de prêtres ? Le système d’appel actuel est-il en cohérence avec une Eglise peuple de Dieu et un ministère conçu comme la possibilité d’assurer le service d’une communauté et pas seulement comme une réponse à une vocation personnelle ?

Faut-il continuer à ordonner uniquement des jeunes et des célibataires ?

Devant l’urgence d’assurer un ministère pour les communautés, l’Eglise saura-t-elle trouver des réponses pour aujourd’hui et pas seulement reproduire un schéma ancien ?

Le mouvement a une expérience originale de collaboration entre laïcs et prêtres. Il peut aider à la réflexion sur la place du ministère presbytéral dans l’Eglise et sur son appel. Pour cela, une collaboration semble nécessaire avec les Services Diocésains des Vocations ou une réflexion dans d’autres lieux d’Eglise.

Pour ses propres besoins, le mouvement doit continuer à appeler des prêtres à son service et leur permettre d’acquérir une formation pour cette tâche. Dans ce sens, les équipes fédérales ont-elles le souci d’un lien avec les séminaires et les jeunes en formation ?

Plus largement le mouvement sera-t-il attentif pour susciter des initiatives, pour accueillir et accompagner des vocations nouvelles et d’autres manières de se mettre au service de l’Eglise et de la mission aujourd’hui ?

Il y a parmi nous des passionnés de Jésus-Christ qui attendent un signe, un appel, saurons-nous les voir et les entendre ?

Par exemple, le mouvement ne devrait-il pas appeler en son sein des laïcs pour entreprendre une formation de théologiens, en conséquence réfléchir aux conditions de cette formation ?

Un précédent document donnait des éléments de réflexion sur le diaconat permanent ; a-t-il permis au mouvement de faire des propositions ou d’autres en contact avec les diacres présents dans les diocèses ?

La réflexion sur le ministère presbytéral invite les laïcs à prendre toute leur place dans le mouvement et dans l’Eglise. Dans cette perspective, un travail reste à faire pour approfondir les différentes responsabilités vécues dans le mouvement.


- ANNEXE I -

POUR PROVOQUER LA REFLEXION OU LA CONTINUER

Ce document peut servir :

  • Lors d’une rencontre bilan pour faire le point sur l’accompagnement du mouvement par des prêtres ou autres accompagnateurs
  • à l’occasion du départ ou de l’arrivée d’un prêtre au sein d’une équipe ou d’une instance du mouvement
  • en vue de l’interpellation d’un prêtre pour l’accompagnement et la rencontre des responsables diocésains chargés des nominations
  • lors d’une rencontre de prêtres en mouvement
  • pour ceux qui ont des responsabilités dans d’autres instances d’Eglise : Service des Vocations, C.P.S., etc.
  • pour un dialogue avec les responsables de la formation des futurs prêtres.

Questionnaire :

1 - Les convictions et les questions exprimées dans le document sont-elles les nôtres ?
2 - Comment se vérifient-elles dans notre équipe, fédé ou région ? dans notre diocèse ?
3 - Que pouvons-nous faire avancer concrètement ? Comment ?
N.B. - N’OUBLIEZ PAS DE FAIRE PARVENIR AU NATIONAL LE COMPTE-RENDU DE VOS REFLEXIONS

- ANNEXE II -

ECLAIRAGE BIBLIQUE ET TRADITION DE l’EGLISE

Pour enraciner la réflexion sur le ministère presbytéral dans l’histoire et les origines de l’Eglise, nous avons travaillé avec Gilles BECQUET, bibliste. Voici quelques éléments de travail.

Le témoignage des premières communautés chrétiennes à travers le Nouveau Testament ne donne pas une image figée des ministères. Une grande diversité et une évolution constante ont permis à l’Eglise de répondre aux besoins variés et nouveaux de la mission.

1 - A l’ORIGINE, LA MISSION DE JESUS LUI-MEME

Jésus fait connaître aux hommes le Dieu Père, Fils et Esprit, qui veut un homme à son image dans sa vie personnelle et en société. Pour cette mission, Jésus s’est entouré de compagnons ; parmi ses disciples, il a appelé le groupe des Douze et parmi eux il en a désigné un, Pierre.

JESUS S’ADRESSE A TOUS, MAIS QUELQUES-UNS ONT UNE MISSION PARTICULIERE

2 - DES MINISTERES VARIES SE METTENT EN PLACE

Au temps des Apôtres (30-70) les chrétiens ont conscience que l’Eglise tout entière est ordonnée à l’annonce de la Bonne Nouvelle ; c’est sa raison d’être. Très vite pourtant, le besoin s’est fait sentir de personnes particulières au service de la communauté et de sa mission. Ainsi ont été institués les "ministères" ou services :

  • Matthias doit prendre la charge de Judas pour être avec les Apôtres témoins de la résurrection (Ac 1, 15-26)
  • Sept hommes sont retenus par l’assemblée pour que les veuves hellénistes ne soient plus "oubliées dans le service quotidien" (Ac 6, 1-7) . Les Douze continueront leur mission : "assurer la prière et le service de la Parole".
  • Paul et Barnabé sont envoyés par la communauté d’Antioche pour un nouveau service, la mission auprès des étrangers (Ac 13, 1-4).

QUELQUES CONSTANTES SE DEGAGENT DE CES TROIS PASSAGES DU NOUVEAU TESTAMENT :

  • C’est l’Eglise, la communauté qui est ordonnée à la mission à la suite de Jésus
  • Dans la communauté tous sont responsables de la mission, mais certains ont un service particulier à assurer. Cela se vit en partenariat : 12 et un, 12 et 7...
  • Les besoins de la mission et la croissance de l’Eglise demandent de nouveaux services ou ministères : service des tables, mission à l’extérieur...
  • La communauté participe au choix des candidats ; ceux-ci reçoivent un appel objectif ; ce ne sont pas eux qui "ont la vocation"
  • Lors d’une célébration, l’assemblée prie et "on" impose les mains aux nouveaux ministres qui sont accueillis comme un don de Dieu.

Dans l’image bien connue du Corps du Christ et de ses membres, Paul met l’accent sur l’unité de l’Eglise et de sa mission dans la diversité des fonctions et des responsabilités particulières vécue en partenariat et solidarité :

  • celle des Apôtres, fondateurs de communautés,
  • celle des prophètes qui perçoivent la Parole de Dieu et l’annoncent,
  • celle des catéchètes, chargés de l’enseignement.

A ces trois ministères qui sont les fondements de l’Eglise s’ajoutent d’autres fonctions : don de miracles, de guérison, d’assistance, de direction et le don de parler en langue... (1 Co 12, 27-31).

3 - DES RESPONSABLES POUR UNE COMMUNAUTE TOUT ENTIERE SACERDOTALE

Avec la disparition des Apôtres apparaît un vocabulaire nouveau :

  • les épiscopes (surveillants) dans les communautés grecques (Ph 1, 1..)
  • les presbytres (anciens) dans les communautés palestiniennes (1 Tim 5, 17)

Dans les deux cas, ces responsables de communautés sont chargés, au départ du moins, de veiller collégialement au bon fonctionnement et à la cohésion de la communauté dans la diversité des tâches en vue de la mission. Plus tard, on les appellera pasteurs (cf. les Evangiles). D’autres ministères ou fonctions sont cités : les diacres (1 Tim 3), les diaconesses (Rom 16)...

Le ministère sacerdotal est exercé par tous les baptisés, "pierres vivantes..., pour constituer une sainte communauté sacerdotale, pour offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu par Jésus-Christ" (1 P 2, 5).

Le sacerdoce convient à Jésus seul qui par sa mort réalise la réconciliation unique et éternelle, "il l’a fait une fois pour toutes en s’offrant lui-même" (He 7, 27).

4 - DANS l’HISTOIRE DE l’EGLISE

Dès le IIIIème siècle, on trouve des évêques entourés de collaborateurs, le Presbyterium. D’après la Tradition Apostolique d’Hippolyte la communauté participe au choix et à l’ordination des évêques : "Seront ordonnés ceux qui auront été choisis par tout le peuple"...

Quand les communautés chrétiennes se développent dans les campagnes, le Presbyterium devient plus indépendant.

La structure féodale de la société entraîne dans l’Eglise du 10-llème siècle la séparation des fonctions : les clercs d’un côté, les laïcs de l’autre, ce qui provoque une coupure entre le ministère presbytéral et la vie de la communauté et sa mission. On est prêtre parce qu’on est ordonné et en fonction d’un service cultuel. Dans les périodes de crise, l’appel aux ordres religieux pour restaurer la foi des chrétiens pousse dans le même sens, faisant du prêtre quelqu’un à part, l’homme du sacré ; l’obligation du célibat en est un exemple.

Après le Concile de Trente, les séminaires forment les prêtres de type religieux ; la vocation est basée sur le désir. On est loin de la vocation objective dont Hervé Legrand, théologien de l’épiscopat français, précise les critères :

- la foi du candidat

- les aptitudes à accomplir la tâche

- l’appel de l’Eglise (d’une communauté)

Il a fallu attendre VATICAN II pour que la construction pyramidale de l’Eglise avec un clergé placé au sommet, soit remise en cause par la notion plus englobante de Peuple de Dieu où tous les baptisés participent au sacerdoce commun.

L’image actuelle du prêtre se trouve donc placée dans une tension entre le sacerdoce commun de tous et le sacerdoce ministériel. Un certain courant aurait tendance par ailleurs à favoriser la dimension cultuelle du ministère presbytéral, où le prêtre est davantage l’homme du sacré.