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Edito
Parler des jeunes est toujours difficile. Ils sont si différents mais ils ont cependant une culture commune. Ils sont sensibles aux valeurs sociales et républicaines et, en même temps, ils rejettent certains modèles de société. Il n’est pas simple pour eux de se construire dans une société qui tarde à leur faire la place à laquelle ils aspirent.
Si, auparavant, la génération des jeunes pouvait s’identifier aux générations qui la précédaient, la seule façon de se construire aujourd’hui est de passer par l’expérimentation. Les jeunes sont face à une multiplicité des possibles, ce qui entraîne des questionnements lourds. « Est-ce que je fais le bon choix ? » Manquant de repères sociaux qui soutiendraient leur choix, il leur faut sans cesse reprendre le sens de l’existence. Cette incessante expérience du risque renforce le sentiment de solitude qui assaille cette génération.
Les jeunes, en entrant dans le monde adulte, se heurtent à de nombreuses difficultés : le rapport au bonheur est souvent mis à mal par la difficulté de passer du rêve au projet, le rapport aux autres est freiné par la montée de l’individualisme et le rapport au temps est marqué par l’immédiateté dans une société du « tout tout de suite ».
Pour aider les jeunes, il faut leur offrir des lieux de rencontre et d’engagement. Les propositions les plus adaptées passent par le partage et le « faire l’expérience de ». Nous pouvons leur faire ces propositions à différents moments de la vie, lors d’événements difficiles, de temps forts, mais aussi au quotidien. Nous pouvons les aider à conjuguer au mieux la réalité et ses contraintes, avec leurs désirs, leurs interrogations, leurs souffrances ou encore à conjuguer ce qui vient de l’intérieur d’eux-mêmes avec ce qui vient de l’extérieur. Il est important de montrer aux jeunes qu’il est essentiel d’avoir un désir de vivre, un futur vers lequel se projeter, de leur donner les moyens de relire leur histoire, d’en mesurer le poids et d’en découvrir ainsi le sens. Il faut toujours insister sur l’importance de l’appel. On ne peut sortir de soi tout seul ; les jeunes adultes ne pourront grandir que si d’autres les invitent à agir, à exister, à vivre.
Le pape Jean-Paul II l’avait bien compris, lui qui donna en 1984 le coup d’envoi des JMJ. Tout au long de ces vingt années, il n’a cessé de prendre au sérieux les jeunes et de se tourner vers eux. Il ne cherchait pas à séduire les jeunes par son apparence, par des artifices ou un discours convenu. Il choisissait un langage authentique fait de franchise et d’encouragement, une parole percutante et bienveillante à la fois. Il leur proposait de mettre l’Évangile au cœur de leur vie d’homme et de femme. A partir de leur foi et de leurs questions, il les mettait devant les choix essentiels qu’ils ont à faire, concernant leur vie affective et spirituelle, le rôle futur qu’ils joueront dans le monde et dans l’Église.
« Vous aimez le monde et vous faites bien car le monde a été fait pour l’homme. Cependant, à un certain moment de la vie, il faut faire un choix radical. Sans rien renier de ce qui est expression de la beauté de Dieu et des talents reçus de lui, on doit se ranger aux côtés du Christ pour témoigner devant tous de l’amour de Dieu. »
Ce numéro de Jeunes et Vocations donne, dans une première partie, les Actes de la conférence annuelle des Services Nationaux des Vocations d’Europe qui s’est tenue à Strasbourg en juillet dernier sur le thème : « "Bon Maître, que dois-je faire ?" Accompagner les jeunes aujourd’hui sur le chemin de la vocation. » Il invite ensuite, à travers des propositions faites par les diocèses ou les mouvements, à offrir aux jeunes des chemins d’engagement sur les routes des hommes et à la suite du Christ.