Par nous Dieu appelle


UN CONGRES DIOCESAIN DES VOCATIONS, A ANGERS le 22 octobre 1989

Jean QURIS
prêtre du diocèse d’ANGERS,
membre de l’équipe du SDV et aumônier d’étudiants

Le dimanche 22 octobre, près de 950 personnes étaient réunies à ANGERS pour une journée de réflexion, de partage et de prière : 750 laics, 80 prêtres, 6 diacres, une centaine de religieux et de religieuses, des missionnaires, 12 contemplatifs et contemplatives et des membres d’Instituts séculiers.
Il venaient de 44 des 48 secteurs pastoraux du diocèse, des aumôneries (Enseignement public et privé), des mouvements d’enfants, de jeunes et d’adultes ou d’autres services diocésains. Ils étaient tous délégués des instances qui les envoyaient.
Avant de présenter ce que fut ce congrès, les raisons qui ont amené à le réaliser, l’histoire qui l’a préparé, il faut souligner avec modestie que, si une telle journée fut possible, cela ne signifie pas que la pastorale des vocations dans le diocèse d’Angers soit sans questions ou sans difficultés. Un seul jeune entrait cette année en formation pour le ministère presbytéral et les groupes de recherche garçons ou filles, par leurs faibles effectifs, nous rappellent à l’humilité.

1 - Un peu d’histoire

Depuis une dizaine d’années, le Service Diocésain des Vocations a cherché à être présent aux temps forts de la vie du diocèse, notamment au pèlerinage des jeunes à Lourdes début juillet. C’est à ce pèlerinage que l’évêque, le Père ORCHAMPT, lançait en juillet 1986 l’invitation à se retrouver le 10 mai 1987 pour une "fête de la vocation".

10 MAI 1987 : une journée diocésaine rassemble plus de 3 000 jeunes, la matinée pour un temps d’échange en sept lieux de la ville et 1’après midi pour une célébration à la cathédrale autour de 1’évêque.

Le thème : "POUR LE MONDE CONSTRUISONS l’EGLISE DE DEMAIN - Les chemins sont nombreux".

La préparation de cette journée donna l’occasion à certains secteurs pastoraux ou paroisses d’organiser des "semaines vocations" ou des soirées de réflexion pour jeunes adultes en faisant appel au S.D.V.

LOURDES, Pentecôte 1987 : LE CONGRES NATIONAL DES VOCATIONS.
La place importante des laïcs à ce congrès interroge l’équipe S.D.V. d’Angers : que peut-on faire chez nous ?

JANVIER 1988 : Forts de l’enthousiasme produit chez les jeunes par la journée du 10 mai et par le congrès de Lourdes, le S.D.V. invite les secteurs et mouvements qui se sont déjà mobilisés pour des temps de réflexion ou de prière pour les vocations, à mettre en place des "Relais S.D.V."

Marc LEBOUCHER, de l’équipe nationale, vient nous aider au premier démarrage. Cela reste timide. Nous mesurons, maintenant, qu’il aurait sans doute été préférable d’insister à l’époque sur la constitution d’Equipes-relais plutôt que d’avoir des Relais individuels qui, pour certains, sont restés trop isolés.

L’ANNEE 1988-89 verra aussi se dérouler dans notre diocèse des "assemblées synodales".

Suite au synode romain sur la mission et la vocation des laïcs, quatre journées regrouperont tous les responsables laïcs des quelques 80 mouvements ou associations de laïcs présents sur le diocèse.

MARS 1988 : C’est aussi pour l’équipe S.D.V. un moment important grâce à la session régionale annuelle : "LAÏCS EN PASTORALE DES VOCATIONS"

Temps riche de découverte de ce que vivent les diocèses voisins et qui nous bouscule à aller plus loin pour permettre aux laïcs de prendre conscience de leur rôle dans la pastorale des vocations.

C’est dans la convergence de tout cela qu’avec l’évêque et son conseil épiscopal le S.D.V. se lance dans l’aventure d’un congrès diocésain (qu’au début nous n’osions appeler que "mini-congrès"). L’évêque annonce ce congrès à la célébration finale des assemblées synodales en novembre 1988.

2 - La préparation du congrès

A/ l’OBJECTIF

L’objectif que nous nous étions donné au départ était triple. Il était rappelé le jour de l’ouverture du congrès en ces termes :

"Ce qui nous rassemble tous, c’est d’abord la conviction que notre baptême est une vocation, appel que le Christ nous lance pour être dans le monde, celui d’aujourd’hui, ses disciples et ses témoins. Ce qui nous rassemble - et qui est plus important que ce qui nous différencie - c’est d’abord notre vocation commune, celle de notre baptême, celle de notre Eglise, ici, en Anjou. Et c’est le PREMIER OBJECTIF de ce congrès : s’arrêter un moment pour reprendre ensemble conscience de notre vocation et de notre mission.

DEUXIEME OBJECTIF : au cœur de notre Eglise des hommes et des femmes, pour le service du monde et de l’Eglise ont répondu de manière spécifique à l’appel du Seigneur. Ils sont diacres, prêtres ou évêques, ils sont religieux, elles sont religieuses, ils ont tout laissé pour aller ailleurs porter l’Evangile comme missionnaires. De ces vocations spécifiques, nous avons tous besoin. C’est dans la diversité des vocations que nous pouvons ensemble vivre notre vocation commune. C’est aussi cela dont le congrès voudrait nous aider à prendre conscience.

Enfin, un TROISIEME OBJECTIF nous est dicté par les circonstances actuelles. L’Eglise ne peut vivre sans prêtres et il est urgent, sans oublier les autres vocations, de redonner confiance au peuple de Dieu pour oser appeler aujourd’hui au ministère de prêtre."

B/ DES ETAPES

La préparation de ce congrès diocésain a été accompagnée de certaines propositions qui voulaient mobiliser progressivement le diocèse pour la journée du 22 octobre.

JANVIER 1989 : Un dossier est diffusé par la revue du S.D.V., proposant des questionnaires à réfléchir en équipe.

Neuf fiches différentes :

- "Tu as 7-12 ans" (avec invitation à envoyer un compte rendu sous forme de bandes dessinées)

- "Tu as 13-15 ans"(avec proposition de réaliser un message sur une cassette audio, nous en avons reçu une quarantaine et chaque équipe a reçu une cassette "synthèse" des messages envoyés)

- "Aux jeunes de 16-25 ans"

- "Aux adultes en mouvement, en responsabilité avec des jeunes ou des enfants, en service d’Eglise"

- "Aux communautés paroissiales"

- "Aux parents chrétiens"

- "Aux catéchistes"

- "Aux religieux, aux religieuses"

- "Aux prêtres".

(Pour la réalisation de ce dossier nous devons un grand merci au S.D.V. de SOISSONS dont nous avons largement copié, avec son accord, un dossier similaire).

FEVRIER 1989 : le S.D.V. propose aux prêtres du diocèse une journée de récollection avec Yvon BODIN pour nous remettre ensemble devant la vocation que nous avons reçue et que nous ne cessons de recevoir.
Cette proposition recevra un accueil favorable d’un bon nombre de prêtres.

AVRIL 1989 : En même temps que la revue du S.D.V. publie un numéro spécial sur "Prière et Vocations", une veillée de prière, préparée par le S.D.V. est proposée en six lieux du diocèse chaque soir de la semaine précédant la Journée Mondiale de prière pour les Vocations.

Dans la même période une exposition commence à circuler dans le diocèse a la demande des paroisses ou mouvements. Cette exposition, réalisée avec le service audio-visuel du diocèse, a pour thème : "POUR QUE LES HOMMES AIENT LA VIE DIEU APPELLE" ; elle s’inspire largement des idées prises, encore une fois, à un autre S.D.V., celui de CRETEIL.

JUIN 1989 : A l’occasion de l’ordination d’un diacre et de trois prêtres un temps fort est organisé la veille et le matin de l’ordination sur le thème : "DES PRETRES : POUR QUI ? POURQUOI ? COMMENT ?"

C/ TROIS ASSEMBLEES DE PREPARATION

Parce que nous désirions que le congrès soit plus un début que le terme d’une "année vocations" nous n’avons pas voulu mettre en place des structures trop lourdes de préparation. L’essentiel pour nous était ce qui se passerait après le congrès. Nous avons invité un délégué de chacun des 48 secteurs pastoraux à trois rencontres de préparation en novembre 1988, mars et septembre 1989. Les personnes présentes à ces rencontres avaient principalement pour charge d’aider à bien faire circuler l’information pour qu’un maximum d’instances ecclésiales composent une délégation pour le congrès.

A chacune de ces rencontres nous avons cherché aussi à permettre une certaine réflexion et formation des personnes présentes par un apport. Le S.D.V. du MANS nous a aidé pour cela à deux reprises par le partage de sa propre expérience et cela fut très bénéfique pour dynamiser ceux qui acceptaient de nous aider à préparer ce congrès.

3 - La journée du congrès

A/ LES PARTICIPANTS

Cette journée se voulait être une journée de travail. Les personnes invitées étaient des délégués, l’objectif étant qu’ils puissent, après, rendre compte de leur participation et susciter autour d’eux un intérêt pour la pastorale des vocations. Ce n’était donc pas d’abord un grand rassemblement festif, même si la fête n’a pas été absente.

Les secteurs pastoraux pouvaient envoyer une délégation de 20 à 25 personnes représentatives des différentes paroisses, des différents types d’engagements ecclésiaux (liturgie, catéchèse, mouvements, aumôneries, services, etc.), des différents états de vie et vocations et des différents âges.

De plus pour permettre une prise de conscience au niveau des équipes responsables, les mouvements ou services pouvaient envoyer trois à quatre membres de leurs équipes fédérales ou diocésaines.

Les aumôneries de jeunes étaient représentées par des animateurs mais aussi par des jeunes.

Les congrégations religieuses (et elles sont nombreuses dans le diocèse) avaient aussi des délégués ainsi que les six communautés de contemplatifs et contemplatives qui avaient envoyé quelques-uns d’entre eux pour être présents à ce temps fort de la vie diocésaine.

Des jeunes de moins de 15 ans (ceux qui avaient envoyé une cassette) étaient invités a partir du temps du pique-nique. Une animation avait été prévue pour eux.

B/ LE CONTENU DE LA JOURNEE

Le thème de la journée : "PAR NOUS DIEU APPELLE !" nous traçait déjà la route. Nous étions invités à nous mettre au travail en reprenant conscience de nos responsabilités (Par nous...) mais nous étions invités à nous mettre dans une attitude d’accueil et de disponibilité, c’est toujours Dieu qui appelle. En résumé nous pourrions donc dire qu’il y eût :

- Trois temps de travail et de réflexion : témoignages et forums du matin - la table ronde sur l’appel au ministère presbytéral l’après-midi - l’intervention du "National" sur les convictions d’une pastorale des vocations.

- Trois temps de prière : le matin à l’ouverture - au milieu du jour avec les moines et les moniales - à l’envoi par la célébration festive de l’Eucharistie.

Et au cœur de tout cela la multiplicité des rencontres que favorisait la très grande diversité des 950 participants.

      • TEMOIGNAGES ET FORUMS

Les témoignages lançaient la journée. Des chrétiens disaient comment déjà ils avaient cherché à porter le souci de l’éveil ou de l’accompagnement des vocations (en paroisse, dans la catéchèse, en mission ouvrière, avec un groupe de jeunes, avec des 12-14- ans en lien avec le S.D.V.).

LES TRENTE FORUMS qui suivaient les témoignages regroupaient chacun une trentaine de personnes.

23 FORUMS portaient sur l’un des thèmes suivants :

- Catéchèse et vocations

- Famille et vocations

- Paroisse...

- mouvements d’adultes

- Jeunes

- Animateurs de mouvements de jeunes ou d’enfants

- Services caritatifs, sociaux ou humanitaires

- Prière

- Vie sociale

Dans chacun de ces forums la démarche était à peu près la même :
1ère étape : à partir de la situation où nous sommes qu’avons-nous découvert de notre vocation de baptisés ?

2ème étape : Comment dans cette situation, quelle qu’elle soit, découvrons-nous la richesse et même le caractère indispensable de la complémentarité des vocations ?

Dans les différents lieux où nous sommes, nous nous retrouvons laïcs, prêtres, diacres, religieux ou religieuses, comment vivons-nous la complémentarité, qu’est-ce que nous en disons, comment avons-nous besoin de cette complémentarité ?

3ème étape : Comment sommes-nous aussi appelants pour d’autres ? Comment sommes-nous bien les relais de l’appel de Dieu et en particulier les relais pour l’appel aux vocations spécifiques ("Par nous Dieu appelle" ?)

Six autres forums portaient chacun sur une vocation spécifique à partir de cassettes vidéo (prêtre, diacre, missionnaire, contemplatifs, contemplatives, vie religieuse apostolique, instituts séculiers).

Un dernier forum, pour des jeunes, partait d’une cassette vidéo réalisée par le S.D.V. d’ANGERS : "ITINERAIRES".

      • UNE TABLE RONDE : L’APPEL AU MINISTERE PRESBYTERAL AUJOURD’HUI

Le souhait avait été émis qu’un moment du congrès soit consacré à l’appel particulier au ministère presbytéral. Le choix avait été de le faire sous forme d’une table ronde. Il est intéressant de faire ici une remarque. Même si cette table ronde a été largement appréciée et si aux autres temps de la journée il a été aussi question des autres vocations, cette heure consacrée à la vocation presbytérale a suffi pour que certains regrettent "qu’on ne parle que des prêtres". Cela souligne la difficulté qu’il y a encore à parler de cette vocation et la nécessité de toujours en parler en complémentarité avec les autres vocations.

A la table ronde participaient sept personnes, chacune disant, du point de vue où elle se trouvait, les questions et les chances qu’elle repérait pour l’appel au ministère presbytéral dans les circonstances actuelles : l’évêque ; le délégué à la formation des prêtres ; deux jeunes de la JOC-JOCF ; un adulte du CMR ; un curé de paroisse ; un laïc engagé dans la préparation des ADAP.

Sœur Monique MARECHAL, co-responsable régionale S.D.V., réagissait aux propos des uns et des autres.

      • CONVICTIONS POUR UNE PASTORALE DES VOCATIONS

Avant de terminer la journée par l’Eucharistie, le Père Claude DIGONNET et Marc LEBOUCHER nous re-situaient les grandes convictions d’une pastorale des vocations soulignant notamment fortement combien les laïcs ont pleinement leur place dans cette pastorale.

4 - Et maintenant ?

Le congrès est passé, une date avait été prise : le 3 février 1990 avec quelques délégués de chaque secteur pour faire une relecture et pour envisager la suite et notamment avancer dans la mise en place d’équipes-relais dans les différents secteurs.

Dès maintenant nous mesurons le bénéfice d’une telle journée dont beaucoup s’accordent à dire qu’il aurait été très difficile de la réaliser il y a seulement cinq ou dix ans. Un climat est en train de changer. Des laïcs, des prêtres acceptent de parler (ou de reparler) de vocations. Dans de nombreux secteurs les délégations se sont retrouvées pour mettre en commun les échanges des forums du matin. D’autres délégations ont rendu compte du congrès aux assemblées dominicales ou lors de soirées-vocations. Des dates ont été prises par d’autres pour vivre des soirées de réflexion ou des veillées de prière durant le carême ou au moment de la Fête-Dieu. Certains voient plus loin et mettent en place des "commissions-vocations" au sein des conseils pastoraux.

Une impulsion a été donnée, elle invite le S.D.V. à un important travail de suivi, d’écoute, de soutien. Mais c’est là que nous redécouvrons bien que nous sommes d’abord un "service". Si les initiatives naissent hors de nous, nous percevons alors peut-être mieux notre propre rôle de "service" au sein d’une Eglise diocésaine, c’est au moins ce que nous espérons.

En conclusion

Au terme d’une telle journée il n’est pas facile de mesurer les répercussions qu’elle aura. Néanmoins des prises de conscience se font progressivement. J’en soulignerai quelques-unes ici.

Il apparaît de plus en plus que la complémentarité des responsabilités vécues dans l’Eglise appelle chacun à oser se situer tel qu’il est. Des prêtres, des religieux, des religieuses prennent conscience qu’ils n’osent peut-être pas assez dire ce qui les fait vivre comme prêtres ou religieux, religieuses.

Il apparaît aussi important d’apprendre à se dire les uns aux autres ce que nous recevons les uns des autres, ce en quoi nous avons besoin, pour notre propre vocation, de celle des autres : laïcs mariés ou célibataires ; personnes consacrées ; ministres ordonnés, etc. C’est peut-être à cette condition que nous oserons davantage parler des vocations spécifiques sans donner l’impression que nous oublions les autres vocations.

Tout en redécouvrant notre responsabilité dans l’éveil des vocations, le congrès a permis à certains de mieux reprendre conscience que toute vocation ne peut naître que dans une relation privilégiée avec le Seigneur. Appel à vérifier comment dans les communautés chrétiennes on favorise l’expérience spirituelle de chacun et en particulier des enfants et des jeunes.

Le congrès a renforcé l’équipe S.D.V. dans la conviction que parler des vocations n’est pas quelque chose qui détourne des objectifs missionnaires de l’Eglise locale. La diversité des personnes présentes nous a confirmé que c’est dans toute situation du monde et de l’Eglise que nous avons à nous rendre disponibles aux appels de Dieu et des hommes. S’ouvrir à une pastorale des vocations n’est pas forcément faire des choses en plus mais percevoir une nouvelle dimension de nos tâches habituelles. Nous nous sentons appelés à encourager la naissance de petites équipes de personnes qui différemment situées dans la vie du monde et de l’Eglise s’efforceront que soit plus habituellement pris en compte le souci des vocations. C’est aussi une exigence pour notre équipe de nous rendre disponibles pour nous déplacer davantage "sur le terrain" là où naissent des initiatives.

Pour le congrès nous avions demandé à un prêtre et à un laïc de composer un chant. Le refrain était : "VENEZ, FAITES LA LUMIERE ! VENEZ ET vous VERREZ !"

Nous souhaitons seulement que pour ceux qui ont participé à ce congrès cette journée leur ait mieux fait découvrir que leur baptême était une lumière, un appel et qu’ils avaient à le transmettre autour d’eux.