Le fruit d’une histoire


par le Père Claude Digonnet
prêtre du diocèse du PUY,
coordonnateur du SERVICE NATIONAL DES VOCATIONS

Il m’a été demandé de prendre la parole au début de cette session, à la suite du Père Joseph OLIVIER, en tant que coordonnateur du Service National des Vocations. Je le fais volontiers.

J’ai envie de souligner d’abord l’heureuse coïncidence de cette session avec la fête, célébrée hier, de tous les Saints. Il me semble que nous pouvons tous y ré-entendre ce fondement indispensable à toute vocation particulière : l’appel adressé à tous les baptisés à grandir sans cesse dans la sainteté et l’esprit apostolique.

Je voudrais dire aussi, et ce sera une manière de me présenter, que je rejoins ici, avec cette session, un projet mis en route bien avant ma nomination au S.N.V. Quand, il y a dix-huit mois au moins, le projet fut mis en forme, j’ignorais tout de ce qui se préparait pour vous et pour moi. Simplement, à 5 000 km d’ici, au Nord Cameroun, je partageais avec cinq Frères et Sœurs, religieux et religieuses apostoliques, la mission commune que nous avait confiée l’évêque du diocèse de YAGOUA, dans le cadre d’une paroisse et d’un séminaire de jeunes. Pendant huit ans, j’ai apprécié, là, un style de convivialité très fraternelle, dans le respect de nos charismes divers et le partage de cette mission confiée. Il y avait là trois religieuses d’une même congrégation diversement engagées dans la santé, la catéchèse et l’enseignement ; il y avait un religieux non-prêtre, frère spiritain, un religieux prêtre, o.m.i., et un prêtre non-religieux Fidei Donum, engagé dans un Institut séculier.

Il nous est arrivé à plusieurs reprises d’échanger très simplement sur ce qui, dans nos spiritualités respectives et nos diverses vocations, nous motivait pour la mission et donnait un sens à notre vie. Je crois pouvoir dire que nous y avons tous beaucoup reçu et que, grâce à cette période de vie missionnaire, je ne me sens pas du tout étranger ici.

Il m’a été demandé aussi, dans la perspective de cette session de CHEVILLY de bien situer le travail qui commence dans toute l’histoire des initiatives et propositions faites par le Service National des Vocations.

Dès le mois de novembre 1971, dans la suite du Concile et de ses divers documents officiels, l’Assemblée plénière de l’épiscopat français votait un texte précisant "l’esprit, le sens et les moyens d’une pastorale des vocations" prenant en compte vocations aux ministères ordonnés et vocations à la vie consacrée.

Quelques dix ans plus tard, à ROME, le Congrès Mondial des Services des Vocations confirmait, pour l’ensemble de l’Eglise, cette ouverture à la pastorale de toutes les vocations spécifiques.

Mais en ce qui concerne, en France, les rapports plus précis et organisés entre Service des Vocations, d’une part, et Instituts de vie religieuse, d’autre part, une avancée tout à fait décisive s’est produite en 1984, avec la session nationale des Services Diocésains des Vocations à ISSY-LES-MOULINEAUX, sur le thème "Appel à la vie religieuse".

Dans le même temps, au niveau de la Conférence épiscopale, la réflexion se poursuivait et aboutissait, avec LOURDES 85, au document "LES VERITABLES DISCIPLES"... L’année suivante, à FRANCHEVILLE, la Commission Episcopale de l’Etat Religieux proposait aux vicaires épiscopaux chargés du lien avec les religieux et les religieuses une rencontre dont le thème était ainsi précisé "Dans nos Eglises particulières, Religieux et Religieuses".

Pour ce qui a trait particulièrement à la vie religieuse masculine en lien avec les Services des Vocations, je rappelle enfin deux initiatives marquantes de ces dernières années :

  1. La prise en compte par la Conférence des Supérieurs Majeurs de France
    (C.S.M.F.) de la nomination d’un religieux au Service National des Vocations... en septembre 1986
  2. Cette année même, la réalisation, en commun, d’une vidéo-cassette sur la Vie religieuse apostolique masculine.

La session qui commence nous aidera, je l’espère, avec l’aide de l’Esprit, à faire quelques pas de plus ensemble pour que, dans notre Eglise de France, la richesse des charismes divers portée par toutes vos Familles et Instituts religieux continue à irriguer et à faire fructifier tout le champs, toute la vigne où chaque chrétien est invité à travailler.

J’ai gardé le meilleur pour la fin et je termine en vous lisant le message adressé à l’assemblée par Mgr Michel COLONI, évêque de DIJON et accompagnateur du Service National des Vocations :

"Chers pères, frères, amis,

C’est avec joie que l’évêque qui accompagne le Service National des Vocations vous adresse ce message. Aux lendemains de l’Assemblée de LOURDES, je ne pouvais m’absenter à nouveau de Dijon pour travailler avec vous à CHEVILLY-LARUE. S’y retrouveront assez de solides compétences et de bonnes volontés pour que la rencontre porte fruits…, même sans présence épiscopale !

Je tiens cependant à vous écrire, en mon nom et au nom de mes frères évêques, combien la préoccupation qui vous réunit est nôtre. Il n’y a pas une pastorale vocationnelle des évêques soucieux d’un clergé diocésain, et une pastorale vocationnelle des religieux apostoliques que nous laisserions à votre charge. Il y a une multiplicité de vocations toutes indispensables pour servir et manifester le mystère de l’unique Eglise dont évêques, nous avons la charge. Je me réjouis que pour la première fois religieux, apostoliques et Service National des Vocations se retrouvent pour ajuster leurs efforts, comme le firent déjà religieuses apostoliques et moniales.
En un moment où voisinent crises et recherches, déclins et nouveautés, mutations et continuités, le travail en commun est indispensable pour dépasser ignorances et indifférences mutuelles, voire rivalités pour accéder à un discernement plus juste de l’action de l’Esprit au milieu de nous, à une collaboration plus efficace de tous nos charismes. Je le demande avec vous et pour vous."