La vie religieuse, une vie évangélique


Claude MARECHAL
Supérieur Général des ASSOMPTIONNISTES

Quand il vous est donné de beaucoup voyager, il vous est plus difficile de parler de la vie religieuse, tant ses manifestations et les questions qu’elle se pose sont différentes d’un pays à l’autre.
J’essaierai donc dans une première partie de camper, très brièvement, la situation particulière de la France par rapport à d’autres nations : suivant que la vie religieuse est numérique-ment en plein essor ou au contraire en constante diminution, les préoccupations ne sont pas les mêmes.

Sur cette toile de fond, je me permettrai de vous rafraîchir la mémoire en reprenant quelques affirmations majeures de Vatican II concernant la vie religieuse, affirmations auxquelles il est bon de revenir régulièrement pour appuyer notre réflexion sur une base solide, en rappelant ensuite quelques convictions incontestées aujourd’hui, relatives à l’histoire séculaire de la vie religieuse. Ce serait se priver d’un atout précieux que de négliger cette histoire, cette longue succession de jaillissements ou de renouveaux évangéliques dans des cultures très différentes dans l’espace et dans le temps.

Mais, ceci fait, il faudra bien en venir à l’essentiel du propos : en fait, qu’est-ce donc que la vie religieuse ? Si elle est suite de Jésus-Christ dans des sociétés différentes, en empruntant un chemin spirituel et apostolique après un fondateur qui l’a proposé à d’autres, alors il nous faudra toujours revenir à Jésus-Christ de la foi chrétienne, à des sociétés bien concrètes dans lesquelles nous avons, nous religieux, au même titre que tous les croyants, mais à notre façon propre, à témoigner du salut de Dieu donné à l’homme en Jésus-Christ, revenir enfin à cette tradition particulière à chacune de nos familles, lui donnant son visage propre dans l’Eglise. La mission de la vie religieuse se confond avec son identité.

En fin d’exposé, j’essaierai, non pas d’en tirer des conclusions pour l’éveil des vocations, vous laissant le soin de le faire, mais d’attirer votre attention sur certains aspects de la formation qui me paraissent importants.

I - La France religieuse en cette fin de siècle

J’ai choisi à dessein ce titre ambivalent. La France religieuse, c’est à la fois la situation tant du pays sur le plan religieux que de la vie religieuse proprement dite.

1 - TRAITS COMMUNS A l’EUROPE ET SIGNES PARTICULIERS

Disons, pour faire court, que la France participe au grand mouvement européen d’influence sociale décroissante du christianisme, de privatisation du domaine religieux, de libéralisation des mœurs dans des sociétés massifiées et individualistes, imprégnées de matérialisme pratique, de dissolution des repères d’autrefois, d’effacement progressif des données de foi chrétienne même élémentaires, le vocabulaire chrétien n’ayant presque plus de relais institutionnels. L’Europe de l’Ouest vit une indifférence tranquille : elle traverse une crise plus spirituelle que morale. Et cela à l’échelle de l’Europe, car on ne perçoit plus de différence significative dans les comportements des jeunes des différents pays au même stade d’évolution technique et sociale.

Il serait intéressant de vérifier s’il existe un lien entre ce phénomène et d’autres tout aussi significatifs : la baisse de la natalité, les fluctuations du marché du travail avec toutes les conséquences qui en résultent pour les jeunes, la crainte de l’avenir qui apparaît plus menaçant que sécurisant, la crispation sur l’immédiat coupé du passé et du futur, la méfiance à l’égard de l’institution qui enferme et piège... Il va sans dire que cette mentalité n’est pas sans conséquence pour le choix de la vie religieuse et l’engagement définitif. C’est d’ailleurs une arme à double tranchant.

Comme dans bien d’autres pays européens, les jeunes ne se bousculent guère aux portes d’entrée des noviciats tant féminins que masculins, quelques-uns exceptés. Les anciens sont nettement plus nombreux que leurs cadets avec une conséquence qu’on ne souligne pas assez : même dans les congrégations qui ont fait une révision parfois déchirante de leurs engagements apostoliques, au détriment d’institutions parfois florissantes, il devient de plus en plus difficile de concilier vocation évangélique personnelle et exigences objectives des communautés et de la mission. Autre trait commun à nos pays européens : à une mentalité rationnelle et critique privilégiant l’analyse et la raison, a succédé une sensibilité nettement plus affective, privilégiant l’expérience personnelle, l’affectivité, l’influence réciproque. La sensibilité religieuse en est profondément marquée.

Le paysage français, semblable par bien des côtés à celui des pays limitrophes, a cependant deux traits particuliers moins nets ailleurs : l’audience d’Instituts revalorisant une vie religieuse de type canonial, dans une perspective plutôt conservatrice, le développement de communautés rassemblant des laïcs, mariés ou célibataires, des consacrés, des prêtres qui s’engagent à une vie évangélique exigeante pour la durée de leurs existence en se conformant à une règle de vie. L’attirance de ces communautés est une interrogation pour la vie religieuse.

2 - DE PLUS LARGES HORIZONS

M’adressant l’an dernier à de jeunes religieux assomptionnistes français, je leur ai demandé s’ils étaient prêts à s’agréger à une famille où Africains, Malgaches, Sud-Américains - et pour d’autres congrégations il faudrait ajouter Asiatiques - seront demain la majorité, ce qui posera certainement bien des questions.

La vie religieuse, me semble-t-il, vit une nouvelle étape de son histoire. Née en Orient, elle a, pour ce qui est de l’Eglise latine, pris forme en Occident et elle s’est implantée partout dans sa tunique occidentale.

Aujourd’hui, elle stagne ou décroît dans les pays de haute technologie pour se développer en Afrique, Asie, etc., à un degré moindre en Amérique latine. Progressivement, bien timidement encore en Afrique, les Eglises particulières trouvent, accusent même, leurs personnalités. Et la vie religieuse participe pour sa part et pour son bénéfice à cette incarnation, à cette inculturation du message libérateur de Dieu révélé en Jésus-Christ. Cela pose des questions familières peut-être depuis longtemps aux grands Ordres, mais très neuves pour beaucoup de congrégations dont la pyramide des effectifs bascule progressivement. De ces questions, le Père Jean-Claude GUY avait donné une formule judicieuse :

"Comment assurer l’unité et la cohésion d’un corps religieux ainsi sollicité par plusieurs cultures incompatibles ? Quel discours pertinent le pouvoir central pourra-t-il tenir, qui éclaire chacun dans son effort d’inculturation, sans heurter les autres ?

S’interroger sur 1’inculturation, ce n’est pas simplement s’interroger sur la communicabilité à tous du message évangélique, c’est aussi et c’est d’abord s’interroger sur les conditions de possibilité d’une expérience de Dieu assurant l’unité d’un corps religieux pluri-culturel. Faute de pouvoir satisfaire à cette dernière exigence, c’est l’avenir des instituts religieux pluri-culturels qui se trouverait alors remis en question." (1)

Depuis toujours, la vie religieuse s’est expatriée pour témoigner de l’Evangile au loin. Mais, paradoxalement, ce sont celles et ceux qui affluent à elle, solidaires de cultures profondément différentes de la culture européenne, qui obligent chaque famille religieuse à creuser son identité particulière, à revenir à son charisme pour en déployer la dimension universelle, quand faire se peut.

II - La vie religieuse à Vatican II et dans l’histoire : Quelques points de repère

Nous nous limiterons à quelques aperçus, avec tous les risques de pareille opération. Ne retenir qu’un numéro de Lumen Gentium, c’est isoler la vie religieuse de tout son environnement conciliaire, la Constitution Lumen Gentium dans son ensemble dont l’appel universel à la sainteté, et les autres textes. Parcourir l’histoire à grandes enjambées pour en souligner certains aspects, c’est peut-être simplifier une réalité complexe pour en donner une interprétation contestable. Des nuances seraient indispensables mais leur absence ne disqualifie pas l’analyse globale.

A - VATICAN II : LA VIE RELIGIEUSE, UN SIGNE POUR l’EGLISE

Présentée comme "un don divin que l’Eglise a reçu de son Seigneur et que, par sa grâce, elle conserve fidèlement" (L.G. n°43), la vie religieuse apparaît, en continuité avec le baptême, comme l’offrande d’une personne jusqu’aux racines de son être "à Dieu aimé par-dessus tout, pour être ordonné au service du Seigneur à un titre nouveau et particulier"
(L.G. n° 44)

Les "Conseils évangéliques" auxquels la personne adhère, en la libérant, favorisent en elle l’accroissement de la charité et une consécration plus radicale au service divin. Cette consécration est un dynamisme qui lie toujours plus profondément la personne au Christ, lié à l’Eglise, son Epouse par un lien indissoluble.

Renvoyant à sa manière à l’Eglise et à son mystère, la vie spirituelle des religieux doit "se vouer également au bien de toute l’Eglise" en travaillant "à enraciner et renforcer le règne du Christ dans les âmes et à le répandre par tout l’univers" (L.G. n°44). Le Règne de Dieu est au cœur du projet évangélique de la vie religieuse.

- Si la vie religieuse est un don donné à l’Eglise, elle est donc tournée vers l’Eglise. Mais elle est de l’ordre du signe. Elle apparaît "comme un signe qui peut et doit exercer une influence efficace sur tous les membres de l’Eglise, dans l’accomplissement courageux des devoirs de leur vocation chrétienne" (L.G. n°44).

Et le concile d’expliquer comment la vie religieuse fait signe dans l’Eglise et pour l’Eglise : elle manifeste, elle atteste, elle annonce, elle représente, elle fait voir, elle montre. Elle renvoie à l’événement Jésus-Christ et elle témoigne de sa portée et de sa manifestation plénière à venir. Elle re-situe aussi les réalités terrestres à leur vraie place : elle fait voir enfin d’une manière particulière comment le règne de Dieu est élevé au-dessus de toutes les choses terrestres et des nécessités les plus grandes. (44)

Quatre autres affirmations importantes doivent être mentionnées :

- La vie religieuse est très liée à la forme de vie adoptée par Jésus :

"Cet état imite de plus près et représente continuellement dans l’Eglise cette forme de vie que le Fils de Dieu a pris en venant au monde, pour faire la volonté du Père et qu’il a proposer aux disciples qui le suivaient ‘suivant leur charisme et leur activité, les familles manifestent davantage telle ou telle attitude du Christ’".

- L’état de vie religieuse, s’il ne concerne pas la structure hiérarchique de l’Eglise, appartient cependant inséparablement à sa vie et à sa sainteté. Et c’est pourquoi l’Eglise authentifie et protège la vie religieuse.

- "Tout en comportant renonciation à des biens qui méritent indiscutablement l’estime, la vie religieuse ne dessert pas la personne humaine", ne contrecarre pas son progrès, bien au contraire. En effet, les conseils librement embrassés contribuent considérablement à la purification du cœur et à la liberté spirituelle "Nul ne doit penser que par leur consécration les religieux deviennent étrangers aux hommes ou inutiles dans la cité terrestre. ." etc. (L.G. n°46).

- "La rénovation adaptée de la vie religieuse comprend à la fois le retour continu aux sources de toute vie chrétienne ainsi qu’à l’inspiration originelle des instituts, et d’autre part, la correspondance de ceux-ci aux conditions nouvelles d’existence. Une telle rénovation doit s’accomplir sous l’impulsion de l’Esprit Saint et la direction de l’Eglise, selon les principes suivants" : la référence à l’Evangile, source ultime de la vie religieuse, le respect du caractère et de la fonction propres des Instituts supposant donc qu’on mette en lumière l’esprit des fondateurs, la communion ecclésiale, une information suffisante de la condition humaine à notre époque et des besoins de l’Eglise, le primat de la rénovation spirituelle.

"A celle-ci on doit toujours attribuer le rôle principal même dans le développement des activités extérieures".(VR. n°2)

B - EN SURVOLANT l’HISTOIRE DE LA VIE RELIGIEUSE : CONSTATS DIVERS

l/ Une succession de jaillissements nés d’une même sève évangélique.
L’histoire de la vie religieuse, de son apparition à aujourd’hui, n’est pas une histoire homogène. Le nom générique, vie religieuse, recouvre des espèces très différenciées, à tel point que les différences sont plus manifestées sociologiquement que la parenté. Et pourtant ce sont bien des manifestations d’une même sève évangélique qui, périodiquement, fait surgir des rameaux nouveaux ou vivifie des branches plus anciennes qui produisent de nouveaux fruits. La vie religieuse, comme manifestation particulière de vie évangélique, est singulièrement créatrice et imaginative soit dans l’apparition de formes inédites, bien adaptées à de nouvelles cultures, soit dans la ré-appropriation de l’intuition initiale revigorée à la source évangélique.

2/ L’expérience spirituelle est première.
Devenue chemin spirituel pour d’autres et orientation apostolique, elle est à l’origine de toute famille religieuse. La vie religieuse témoigne toujours du primat de Dieu et d’un amour passionné de Jésus-Christ.
La vie religieuse n’est pas d’abord arrachement mais émerveillement. Rupture et arrachement ne sont que la conséquence de la découverte émerveillée du Royaume, trésor sans prix qui relègue à l’arrière-plan tous les autres biens (Mt 13, 44). Découvrant ce trésor inestimable, l’homme débordant de joie est capable d’un geste qu’il n’oserait pas même imaginer auparavant : il liquide les biens auxquels il tenait tant jusqu’alors. La vie religieuse ne serait-elle pas ce regard ébloui qui apprécie tout différemment après la découverte fulgurante de Dieu, après l’expérience ressentie ou, au moins, pressentie de la plénitude de joie dont Il comble ceux qui l’accueillent ? Dans la vie religieuse comme dans la vie chrétienne, la rencontre de Jésus-Christ, l’expérience du Dieu Vivant sont premières.

Deux citations, l’une de Thaddée MATURA à propos de St François d’Assise :

"A l’origine de l’aventure spirituelle de François, il n’y eu ni préoccupation sociale, ni désir de réformer l’Eglise, ni volonté de s’opposer aux mouvements hérétiques. François se convertit à Dieu et, avant que d’autres ne viennent le rejoindre, il vit en solitaire. L’expérience de Dieu, longuement et chèrement acquise, est au cœur de sa vie et de son projet et les deux Règles en soulignent fortement la centralité. A elle, tout doit d’abord être subordonné et rien, ni service, ni travail, ni salaire, ne doit faire obstacle.
Quand on parle de l’évangélisme de François, de son radicalisme, avant de penser à la pauvreté, c’est à ce radicalisme de foi qu’il faut songer, car lui seul fonde le reste, Jésus et son évangile introduisent l’homme à ce mystère indicible que la première Règle chante avec enivrement" .
(2)

L’autre de Jean-Claude GUY :

"L’histoire montre que tous les grands fondateurs de types nouveaux de vie religieuse ont aussi été les initiateurs d’un nouveau chemin vers Dieu, d’un nouveau mode d’expérience qu’ils ont vécue eux-mêmes, au préalable et qu’ils ont fait vivre à leurs premiers disciples." (3)

3/ Ce que fut la vie religieuse à son origine, interpellation vigoureuse à l’Eglise pour réveiller sa fidélité à l’Evangile, elle le redevient chaque fois qu’elle s’est elle-même assoupie. L’histoire de la vie religieuse est l’histoire de ses assoupissements et de ses réveils évangéliques. Elle a été une force puissante de renouveau ecclésial.

Trois simples remarques à propos de ce constat qui exigerait de longs développements.

  • Les grands moments de l’histoire de la vie religieuse, marqués par l’apparition de nouvelles formes de vie religieuse bien adaptées à leur temps, ont des traits communs : période de profondes mutations culturelles et sociales, sclérose d’une Eglise captive des institutions et des mentalités d’une société déclinante et ne témoignant plus guère de la vigueur évangélique ; formes nouvelles de vie religieuse se démarquant des anciennes, témoignant d’un évangile radical se greffant sur les aspirations et les valeurs nouvelles qu’elles purifient, dénonçant, au nom de l’Evangile,les compromissions d’une Eglise établie tout en maintenant une fidélité sans failles à ses pasteurs. Dans l’histoire la vie religieuse apparaît bien, quand elle est fidèle à sa vocation, comme la mémoire évangélique de l’Eglise.
  • Mais ce bouillonnement évangélique réactive aussi les Ordres existants, si du moins l’intuition centrale est suffisamment substantielle pour être ré-exprimée en fonction des temps nouveaux dans la fidélité à elle-même. Certes, aucune famille religieuse n’a les promesses de la vie éternelle et on a pu intituler un livre : "Vie et mort des Ordres religieux ?". Mais la longévité de plusieurs témoigne de la densité de certaines intuitions spirituelles et apostoliques qui se révèlent transposables en des lieux et des cultures fort différents. En ce sens, une intuition spirituelle déborde le cadre et le temps dans lesquels elle a pris forme. Mais elle appelle une fidélité créatrice.
  • Cette intuition ne redevient foyer de lumière et de vie que ré-assumée dans une expérience spirituelle par des hommes sensibles aux besoins spirituels de leur temps et imprégnés d’Evangile. Aussi indispensable que soit la connaissance historique de ce don de l’Esprit que constitue un charisme, elle n’est pas suffisante : il ne saurait y avoir ré-activation de ce charisme et ré-expression sans qu’il ait été au préalable bien assumé dans une expérience spirituelle.

4/ Vœux et vie communautaire sont les éléments constitutifs de la vie religieuse.
Les formes et contenus ont changé au cours de l’histoire mais le lien est demeuré. Il y a là une connexion étroite qui est significative.

5/ La vie religieuse témoigne de Jésus-Christ d’abord par ce qu’elle est.
On est toujours tenté d’identifier Congrégations et Ordres aux activités apostoliques qu’ils assurent ou à leur cachet propre. C’est vrai que le style apostolique peut être révélateur, mais l’agir dans la vie religieuse découle d’une existence dont Dieu est la clé de voûte. La vie religieuse n’a de sens que par Dieu et pour Dieu. Elle est traversée de part en part par la foi, dans la mesure où Jésus-Christ est son fondement et son avenir. C’est là sa mission dans l’Eglise. C’est son témoignage évangélique originel. Elle risque à tout moment de l’oublier pour s’investir dans des oeuvres qui sont nécessaires, indispensables même, mais qui ne sauraient la distraire de ce qu’elle doit être avant tout et qui est beaucoup plus exigeant.

A toutes les époques, la vie religieuse témoigne de l’Absolu de Dieu en adhérant à Jésus-Christ son Fils jusqu’à faire siens ses choix, ses attitudes, ses amours. Mais ce témoignage n’est pas intemporel, désincarné, pas plus que Jésus et son Evangile. Il se veut désintéressé mais confronté à des manières de vivre et de faire incompatibles avec la Bonne Nouvelle de l’amour universel de Dieu et de la divinisation en Jésus-Christ, il ne peut que dénoncer ce qui emprisonne ou détruit l’homme à la lumière de l’Evangile. C’est en revenant constamment à Jésus-Christ pour se laisser transformer par lui et configurer à lui que la vie religieuse peut vivre fidèlement sa vocation dans l’Eglise.

III - La mission de la vie religieuse

Ne serait-elle pas d’être adhésion inconditionnelle à Jésus-Christ et de la vivre ? Et si l’expérience spirituelle fut première chez tous les fondateurs ne serait-ce pas à elle qu’il nous faudrait d’abord revenir en suivant le chemin qu’il nous indique ?

Dans cette troisième partie, je voudrais contempler quelque temps Jésus-Christ à travers des faits et gestes que nous rapportent les évangiles. Il me semble qu’en se laissant configurer à Jésus-Christ le religieux regardera toute chose à sa lumière et entrera progressivement, au fil des jours, dans les attitudes et réactions que Jésus aurait eues en pareilles circonstances. Je fais mien ce texte du Père Marcello AZEVEDO (4) :

"Dans le monde d’aujourd’hui, vidé de Dieu et qui a retenu comme des absolus ses propres valeurs, le religieux devrait être celui qui, par sa vie, par sa manière de vivre et d’évaluer la réalité, traduit pour les hommes la certitude de ce qui le transcende, l’effort de libération du péché et de la mort, et la conscience de la relativité de nombreuses valeurs intra-mondaines épisodiquement absolutisées par l’homme. Mais surtout il devrait être celui qui témoigne, par sa foi profonde et vive, par son contact avec le Christ et son expérience de Dieu, de l’existence de Quelqu’un, d’une personne pour laquelle et en vertu de laquelle cette vie est vécue."

1 - JESUS-CHRIST, PLENITUDE DE DIEU ET PLENITUDE DE l’HOMME

Rappelez-vous les paragraphes christologiques qui terminent chacun des quatre premiers chapitres de Gaudium et Spes, traitant successivement de la personne humaine, de la communauté humaine, de l’activité humaine, du rôle de l’Eglise dans le monde de ce temps. La vie, la mort et la résurrection de Jésus sont la clé de l’intelligence du mystère de l’homme.

Il ne se comprend lui-même que dans la lumière de Jésus-Christ même si l’Evangile n’apporte aucune réponse technique à toutes les difficultés concrètes inhérentes à la condition humaine et à la vie en société d’hommes qui ont des intérêts divergents ou opposés.

Rappelez-vous la petite évolution théologique que représentait une approche de Jésus très concrète à travers ses attitudes dans toute sa vie publique. Qui était donc cet homme éminemment libre, ne cédant à aucun préjugé, trouvant à l’égard de chacun l’attitude juste, ouvrant son avenir à des personnes prisonnières de leur passé ?

Les faits et gestes renvoyaient aux dires et aux actions de Jésus relatifs à son identité. Si Jésus est l’homme accompli c’est non pas en dépit de sa filiation divine mais à cause d’elle. L’identité de Jésus livre la clé de l’extraordinaire qualité de son humanité et de son rayonnement exceptionnel. On ne peut concevoir de proximité plus grande entre Dieu et l’homme qu’en Jésus-Christ, Fils de Dieu. Or, il est l’homme en son sommet. Ce qui prouve bien que plus l’être est sous l’emprise de Dieu, plus il s’affine, se construit, se réalise.

C’est parce que Jésus-Christ est pleinement Fils qu’il est pleinement homme. C’est parce qu’il se reçoit constamment du Père dans une disponibilité totale et librement consentie qu’il peut vivre une extraordinaire liberté. Autrement dit, bien loin de dénaturer l’humanité de Jésus, sa divinité lui donne toute son ampleur.

2 - LE VRAI VISAGE DE JESUS-CHRIST

Peut-être nous faut-il, avant de revenir à la vie religieuse, regarder un instant Jésus, messager et bientôt témoin du Royaume qu’il instaure en s’en remettant à Dieu alors qu’on le dépouille de sa vie. Le Royaume c’est la réconciliation de Dieu et de son peuple qui s’attache définitivement à lui ; c’est le commencement d’une vie nouvelle où l’amour de Dieu se donne libre cours et régénère le monde pour en faire un monde nouveau. Le Royaume, c’est, dira-t-on après la résurrection, la divinisation en Jésus-Christ et la rémission des péchés. Ce message d’amour et de paix va se heurter à l’opposition farouche de tous ceux qu’il dérange. Et progressivement, en confrontant cette haine à la Parole de Dieu méditée et priée, Jésus réalise qu’il n’échappera pas au sort des prophètes, et que sa fidélité à son Père fera de lui le serviteur souffrant. La mission va prendre une forme tragique et le conduire au-delà de ce qu’il avait imaginé. Humainement parlant, c’est l’impasse, l’échec de la mission. La confiance restera inébranlable et Jésus s’en remettra totalement à son Père. Dieu est obscur, désarmant : Jésus-lui-même en fait l’expérience. Sa mission le conduit à la fidélité à Dieu dans la nuit. Mais en se donnant ainsi, il révèle le fol amour de Dieu pour l’homme en tant que Fils de Dieu.

Si Dieu est Dieu et lui seul, alors toutes les réalités ou institutions qui se prennent pour des absolus sont des idoles qu’il faut révéler comme telles et démasquer, qu’elles s’appellent argent, famille, Loi, pouvoir politique. Elles sont des tentations permanentes. Dieu seul est l’Absolu. Si Dieu a tant de considération pour l’homme créé à son image, alors le plus petit de tous est infiniment respectable et le plus méprisé doit être rétabli dans sa dignité de fils de Dieu.

Si Dieu est ce Père qui serra sur son cœur celui qui revient à lui, alors le pécheur repentant ne peut être enfermé dans son péché, il peut à tout moment être pardonné et du même coup se réconcilier avec lui-même.

Si Dieu est Dieu, inaccessible à l’homme, et s’il vient à l’homme jusqu’à le faire participer à sa propre vie, sans se laisser rebuter par les refus de sa créature satisfaite et capricieuse, c’est qu’il se donne librement et qu’il ne se conquiert pas. Il échappe aux prises de l’homme qui ne peut que l’accueillir dans la pauvreté et l’émerveillement de la reconnaissance de la créature pécheresse. "Si vous ne redevenez pas de petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume de Dieu". Malheur à qui s’attribue à lui-même ce qu’il est ! "Car Dieu a exposé le Christ sur la croix afin que, par l’offrande de son sang, il soit le pardon pour ceux qui croient en lui (...). Telle est la manière d’être juste et de rendre juste celui qui met sa foi en Jésus." (Rom. 3, 25-26).

Et encore "Dieu nous a donné la vie éternelle et cette vie est dans son Fils. Qui a le Fils a la vie ; qui n’a pas le Fils n’a pas la vie." (1 Jn 5, 11-12)

Cette dépossession radicale de soi-même dans la disponibilité la plus complète au Dieu de Jésus-Christ est l’attitude évangélique par excellence.

Rappelons pour mémoire que l’adhésion à Jésus-Christ a une face visible. Le salut a une dimension collective puisque ceux qui reconnaissent Jésus-Christ comme le propre Fils de Dieu, leur Sauveur et leur Seigneur, Dieu veut les rassembler en Peuple, signe donné aux nations. Aussi opaque que soit l’Eglise, elle n’en reste pas moins Peuple de Dieu, Corps du Christ, Temple de l’Esprit, ébauche de l’humanité nouvelle. Mais à la fois pesanteur et grâce, ténèbre et lumière, l’Eglise a besoin périodiquement d’être replongée dans son mystère pour le signifier et le partager avec les peuples de la terre auxquels elle est envoyée. Elle a besoin en son sein d’hommes et de femmes qui la ramènent par leur existence même à sa vocation évangélique pour en accueillir le don et en vivre les exigences.

3 - FIDELITE DE LA VIE RELIGIEUSE A SA VOCATION. EXIGENCES PRIORITAIRES. REVENIR A JESUS-CHRIST, A SA VIE ET A SA MORT.

a) BIEN METTRE AU PREMIER PLAN l’EXPERIENCE PERSONNELLE ET COLLECTIVE DE DIEU DANS LA LIGNE SPIRITUELLE DE CHAQUE INSTITUT QUI FONDE ET RE-ACTIVE LE DYNAMISME APOSTOLIQUE ET QUI UNIFIE ET FORTIFIE LE CORPS COMMUNAUTAIRE.

Cette expérience spirituelle ré-édite celle de Jésus. Comme la sienne, elle est au confluent de quatre fidélités :

- au Dieu proche et lointain, intime et insaisissable, sensible et inaccessible, manifesté mais toujours surprenant et imprévisible, conduisant bien au-delà des prévisions par des chemins imprévus et pas toujours balisés. S’en remettre à Dieu, c’est consentir à une aventure et non pas opter pour la sécurité d’un itinéraire sans surprise, tant pour les personnes que pour les institutions !

- à nos origines, à notre tradition spirituelle. Comme Jésus qui, lui aussi est façonné par une tradition spirituelle particulière. Mais attention, si le charisme est bien donné une fois pour toutes, il est impulsion spirituelle à travers son expression historique figée et non pas donnée statique qu’il suffirait de répéter. Nous avons à accueillir cette impulsion "qui pousse à poursuivre aujourd’hui la créativité qu’ils ont jadis risquée. Etrange paradoxe qui fait que nos traditions, qui devraient être génératrices d’initiatives, nous paralysent souvent en nous détournant de l’attention à une vocation à recevoir au présent !" (5)

- à l’inspiration personnelle de l’Esprit, cf. Jésus. Une donnée très exigeante

- au monde et à l’Eglise, cf. l’inculturation ; cf. les grands tournants de la vie religieuse. Une nécessité aujourd’hui.

"Mais lorsque la protection finit par dresser des barrières infranchissables entre le monde et la vie religieuse, il est à craindre que cette dernière ne puisse réussir une expérience de Dieu qui soit marquée par une culture autre que celle d’une époque révolue. Il n’y a plus alors à s’étonner que le signe qu’elle doit être aujourd’hui ne soit plus perçu que comme la séquelle d’une culture dans laquelle nos contemporains ne se reconnaissent plus et qui ne les intéresse pas." (6)

b) TROIS VOEUX QUI DISPOSENT A LA PAUVRETE DE l’ETRE

Une profession de vie évangélique et non pas des prélèvements, aussi excellents fussent-ils.
Des vœux bien enracinés dans l’évangile, convertissant et ré-orientant trois pulsions fondamentales pour les vivre à l’exemple de Jésus-Christ.
Une vocation qui a besoin du témoignage complémentaire d’autres vocations chrétiennes
Une vocation qui à la suite de Jésus témoigne une tendresse particulière aux humbles et aux petits
Un style de vie évangélique qui resterait en partie extérieur à la personne s’il n’était à la fois le moyen mais aussi l’expression de la pauvreté de l’être devant Dieu, à la source de la véritable liberté :

"La pauvreté de l’être, c’est la libération du pouvoir et du prestige, formes de richesse auxquelles tous les hommes tendent instinctivement. La pauvreté de l’avoir est surtout l’affirmation consciente et vécue de la précarité des choses et du fait qu’elles sont impuissantes à fonder le bonheur auquel tout homme aspire. L’une et l’autre, qui sont dans le Christ, l’affirmation de sa liberté, veulent créer en nous la liberté totale par rapport à tout ce qui n’est pas Dieu : hommes et choses, bien spirituels, biens matériels. Car la pauvreté ne consiste pas proprement à ne pas avoir, mais à être libre d’être sans avoir." (7)

Là encore il nous faut revenir à Jésus-Christ, à sa kénôse qui est justement dépossession par amour de Dieu et de ses frères les hommes, par fidélité à la mission (Ph 2, 6-11). La pauvreté spirituelle, c’est vivre tout ce que je suis, tout ce que j’ai au service du Royaume et en cohérence avec lui. Autrement dit c’est orienter tout mon être vers lui, me décentrer de moi-même pour me polariser sur lui. Et c’est accepter, dans cette lumière, mes limites et mon péché.

Quatre conséquences parmi d’autres :

  • L’homme pauvre dans l’être et dans la personne est un homme indépendant et libre. Aucun homme ne le contraindra à se plier sous le poids du pouvoir et du prestige, de l’intimidation et de la séduction.
    Toute qualification, pour valorisante qu’elle soit, doit être référée à cette attitude fondamentale de pauvreté de l’être pour être compatible avec la vie religieuse. Marcello AZEVEDO :

    "Séparée au contraire de cette perspective apostolique, la croissance personnelle du religieux est pour lui une forme de richesse qui, de quelque manière, constitue une sorte de violation de la cohérence interne de sa consécration. C’est pourquoi l’aspiration à faire carrière dans la ligne d’une qualification professionnelle comme dans celle du ’statut’ et le pouvoir, est incompatible avec une authentique vie religieuse, comme l’est aussi tout type d’ambition dans la ligne de l’être, de l’avoir et de l’agir." (8)

  • L’insertion parmi les plus pauvres, le partage de leurs conditions de vie, s’inscrivent bien, cela va sans dire, dans cette perspective. Cette attitude évangélique de pauvreté de l’être, c’est le signe distinctif du chrétien et du religieux, son apport original.

    "C’est seulement dans cette perspective que la présence des religieux parmi les pauvres, le fait de se faire pauvre parmi les pauvres transcende les limites et les objectifs d’une simple action de promotion qui peut être réalisée par les pouvoirs publics ou par l’initiative privée, mais qui se différencie radicalement de la mission globale de Jésus-Christ qui évangélise en promouvant et promeut en évangélisant, en donnant à l’homme la liberté intérieure et la capacité de relativiser ce qui ne peut être absolutisé."(9)

La purification évangélique de l’exercice de l’autorité ou des contre-pouvoirs

c) ASSUMER POUR PURIFIER, DENONCER POUR REDRESSER

Dans la mesure où d’autres vocations chrétiennes ont été mieux définies et ont acquis la considération qu’elles méritent, la vie religieuse ne jouera sans doute plus le rôle de tout premier plan qu’elle a longtemps joué en d’autres temps. Mais elle n’en demeure pas moins mémoire évangélique de l’Eglise ; la mission de vigilance lui incombe toujours. Là aussi elle ne peut que se référer à Jésus et à sa mission prophétique dans une société bien concrète d’un temps bien précis. Quelques remarques à ce sujet :

- Il y a interaction entre la vie religieuse et l’Eglise locale.
Tantôt c’est l’une qui précède l’autre, tantôt c’est la première qui est ferment de renouveau évangélique. Quand toute une Eglise est en état de fermentation évangélique, la vie religieuse en ressent le contre-coup bénéfique et elle se remet beaucoup plus vite de sa dégénérescence évangélique.

- Le témoignage évangélique passe par d’humbles signes. La mission prophétique n’est pas synonyme d’actions d’envergure ou de déclarations fracassantes. Il peut y avoir prophétisme dans la banalité du quotidien ou dans l’institutionnel non spectaculaire. Mais si l’enfouissement est toujours nécessaire, le dévoilement, l’annonce explicite le sont plus qu’autrefois.

- L’inculturation, qui ne saurait être le fait que de la vie religieuse - elle concerne toute l’Eglise -, se pose de façon plus aiguë dans les jeunes Eglises mais elle est nécessaire partout. Elle suppose, pour le moins, de vibrer à un certain nombre d’aspirations du temps sans pour autant ignorer tout ce qui contredit ou bafoue ouvertement l’évangile et qui relève souvent du culte des nouvelles idoles. Si la contestation est évidente et urgente dans certains cas, elle l’est beaucoup moins dans d’autres ; elle exige discernement et nuances quand elle tente de remonter aux racines des attitudes mises en cause. De toutes façons, la vie religieuse ne saurait accaparer la mission prophétique qui est le fait de toute l’Eglise. Mais il est clair qu’elle ne peut fuir sa responsabilité.

d) IMAGINER DE NOUVEAUX MODES DE COMMUNICATION POUR BENEFICIER TRES LARGEMENT DES EXPERIENCES VECUES DE PLUS EN PLUS ENRACINEES ET ENTRETENIR AINSI LE DYNAMISME DE COMMUNION.

IV - Eveil des vocations et formation

Je ne puis en terminant que formuler quelques suggestions pour la réflexion.

La vie religieuse est bien une, et ses manifestations en dépit de leur grande variété et de quelques excentricités, sont bien homogènes. N’empêche que la même intuition a produit des vagues successives bien différenciées et des combinaisons multiples des mêmes éléments fondamentaux. C’est dire qu’il y a de multiples demeures dans la maison du Père et que la vie religieuse n’existe que sous les traits plus ou moins nets d’un Institut concret.

Réfléchir sur la vie religieuse comme vie évangélique donne, me semble-t-il, quelques grands points de repère en matière d’éveil des vocations dans la mesure où la vie religieuse, en dépit de sa souplesse, n’est pas n’importe quoi, pas plus qu’elle ne le fut hier. Si l’expérience spirituelle et le radicalisme évangélique, au sens de la consécration à Dieu de toutes ses ressources sans en rien retrancher pour soi-même, sont bien le cœur de la vie religieuse, ne sont-ils pas des éléments importants de discernement ?

Peut-être faudrait-il bien sérier les étapes de l’évolution précédant même ces pas successifs que sont le postulat, le noviciat, la profession solennelle ou les vœux perpétuels. Que doit-on attendre d’un candidat à tel ou tel stade ? Quels seuils doit-il avoir franchi ? En quoi consiste la démarche proprement dite du noviciat ? Qu’est-ce qui doit être acquis précédemment pour que sa raison d’être ne soit pas dévoyée ?

Les générations se suivent et ne se ressemblent pas. Les novices de 1988 ne ressemblent guère à ceux de 1968. Mais la formation étalée sur les années et rythmée par des étapes obligeant à des évolutions, ne consisterait-elle pas à situer les aspects de la vie religieuse auxquels le candidat est plus immédiatement sensible et qui peuvent constituer le terreau de l’appel, dans un ensemble plus large où ils trouveront leur place, secondaire parfois ?

Peut-être peut-on entrer par bien des portes dans la vie religieuse, à condition qu’un jour on habite vraiment la maison et qu’on n’en confonde pas les pièces. L’art du formateur, c’est peut-être de prêter son concours pour que l’Esprit Saint façonne une matière première assez informe mais apte à être pétrie en disciple inconditionnel de Jésus-Christ, imprégné de son évangile appris à l’école de St Augustin, de St Benoît, de St François, de St Ignace ou de chacun de nos fondateurs.

NOTES : ----------------------------

1) Jean-Claude GUY : "La vie religieuse, mémoire évangélique de l’Eglise" Ed. Le Centurion, 1987 - pp. 112-113 [ Retour au Texte ]

2) Thaddée MATURA : "Le projet évangélique de St François d’Assise aujourd’hui" Ed. Le Cerf, Paris, 1977 - pp.60-61 [ Retour au Texte ]

3) Jean-Claude GUY - op.cit., p. 117 [ Retour au Texte ]

4) Père Marcello AZEVEDO : "Les religieux, vocation et mission", p.158 [ Retour au Texte ]

5) Jean-Claude GUY - op.cit., p.155 [ Retour au Texte ]

6) Jean-Claude GUY - op.cit., p.155 [ Retour au Texte ]

7) P. M. AZEVEDO - op.cit., pp. 31-32 [ Retour au Texte ]

8) P. M. AZEVEDO - op.cit., p. 33 [ Retour au Texte ]

9) P. M. AZEVEDO - op.cit., p. 37 [ Retour au Texte ]