- accueil
- > Archives
- > 1990
- > n°056
- > Une vie évangélique à la suite du Christ
- > Le temps du débat
Le temps du débat
A la suite des carrefours, une TABLE RONDE
animée par Clair LEBOT (délégué des Supérieurs pour le SUD-OUEST) réunissaitClaude MARECHAL (Assomptionniste)
Jacques d’HUITEAU (Frère des Ecoles Chrétiennes)
Paul HOUIX (Cistercien)
Yves-Marie FRADET (Spiritain)
et Yves LE CLECH, prêtre (responsable du S.D.V. de QUIMPER, délégué régional des vocations pour l’OUEST)Un temps de débat à partir des questions soulevées par les carrefours, complété par la parole libre de l’assemblée.
Clair LEBOT :
Voici d’abord des questions sur la vie communautaire :
- N’y a-t-il pas une requête des jeunes d’aujourd’hui vis-à-vis de la vie communautaire, une aspiration à s’appuyer sur la communauté ?
- Comment articuler la vie communautaire et la mission ?
- Qu’est-ce qui fait que la vie communautaire soit aussi une vie apostolique ou encore : en quoi la vie communautaire est-elle apostolique ?
- La non-visibilité de la vie religieuse vient souvent de l’opacité de la vie communautaire. Quelle stratégie proposez-vous pour ouvrir les communautés religieuses aux jeunes et au monde ?
Jacques d’HUITEAU :
Concernant les requêtes, je suis très frappé de voir que l’on parle de vie communautaire comme d’une essence. Or je crois que la vie communautaire, comme n’importe quelle réalité humaine, est soumise aux évolutions de l’histoire, de la société, des cultures, etc. Evidemment j’appartiens à un institut où la vie communautaire est un élément extrêmement important et cette vie a été conçue, dans notre institut, sur un modèle monastique, comme le lieu de ressourcement spirituel, le lieu du repos en dehors de l’agir auprès des jeunes. Donc nous avons l’habitude de considérer la vie communautaire comme une espèce de lieu mise à côté du reste de l’action apostolique.
Il semble qu’aujourd’hui, la requête qui vient en partie de collègues, est d’inventer un type de vie communautaire qui soit à la fois accueillant à des gens qui ne sont pas de la communauté et offre en même temps cet aspect de témoignage évangélique de la diversité, qui peut être source de conflits mais aussi source du pardon évangélique.
Ce sont concrètement des collègues laïcs qui travaillent avec nous et qui nous posent la question, par exemple de leur participation à la prière communautaire.
Il me semble que dans l’accueil des jeunes qui expriment le désir d’une vie communautaire, au moins ceux que j’ai pu rencontrer, il y a un discernement, une distinction à faire entre le besoin psychologique de faire partie d’un groupe sécurisant, peut-être à cause de certaines blessures familiales ou personnelles, ou certains échecs, et une vocation à une vie communautaire religieuse, évangélique. Le fondement n’est certainement pas le même. Il suppose dans ce cas un regard de foi sur les autres qui nous est donné par le Christ, qui est animé par un amour venant de l’Esprit Saint et qui n’est pas simplement d’ordre affectif ou psychologique. Il peut arriver que certains jeunes qui font la demande d’une vie communautaire aient d’abord des blessures personnelles à résoudre et qu’ils ne soient pas appelés à une vie religieuse communautaire, me semble-t-il.
Yves-Marie FRADET :
Par rapport à la deuxième question, en ce qui concerne les missionnaires spiritains, il est sûr que l’activité apostolique, missionnaire donne une coloration profonde à la vie communautaire.
Bien souvent chez un jeune, c’est plus cet appel à l’action missionnaire qui est premier. Mais pour accomplir cette action missionnaire, la vie religieuse, la vie communautaire est un lieu d’approfondissement, un lieu de partage. Si bien que, en ce qui nous concerne, le moment du stage missionnaire nous paraît très important pour nous, comme une expérience très concrète dans une communauté missionnaire, partageant son rythme de vie, sa vie de prière et son apostolat. Entre la manière d’idéaliser un peu la communauté avant le départ en coopération, et ce qu’ils vivent sur place, on note évidemment toujours un grand décalage et, au retour, je suis très frappé par un certain nombre de réflexions que font les jeunes, parfois assez dures, assez critiques sur nos communautés réelles, telles qu’elles existent. Il faut donc reprendre cela pour que leur idéal évangélique de vie communautaire tienne compte des personnes et des situations.
Yves LE CLECH :
Nous sentons tous une aspiration chez les jeunes aujourd’hui à vivre cette vie communautaire, y compris chez ceux qui pensent au ministère presbytéral dans un diocèse. Il faut alors bien discerner pour savoir si c’est un appel réel à la vie religieuse ou simplement un désir de vie communautaire dans l’exercice du ministère presbytéral.
Comme prêtres diocésains, la vie religieuse nous interpelle et il nous faut toujours revoir, approfondir ce qui peut répondre à cet appel-là. En même temps, il faut revaloriser la notion de presbyterium autour de l’évêque, auprès des jeunes qui se posent la question d’une vocation, pour leur rappeler aussi qu’être prêtre ce n’est pas être voué à l’isolement, mais c’est faire alliance comme peuple de Dieu avec une communauté de religieux et de religieuses. Ces jeunes qui ont peur de l’isolement doivent sentir qu’une pastorale nous engage à créer des liens très forts avec les gens qui viennent dans une paroisse, une communauté, un partage très fort au niveau de certains repas, certaines célébrations eucharistiques, certains temps forts.
Cette requête de vie communautaire nous pose des questions. Est-ce qu’il ne faudrait pas aussi penser à la création de communautés de prêtres diocésains style "prieuré" ? Je n’en sais rien, cela n’engage que moi ! C’est une question que les évêques auront à prendre en compte à l’avenir.
Pour autant, cette aspiration n’est pas un critère pour dire qu’un jeune est appelé à la vie religieuse. La vie religieuse c’est aussi entrer dans un institut qui a une histoire et un charisme propre : ce n’est pas seulement un appel à la vie communautaire.
Paul HOUIX :
Chez nous, par vocation nous sommes cénobites. Celui qui entrerait chez nous en disant "je veux être ermite" aurait des problèmes ! Il faut donc que le jeune qui veut être moine cénobite accepte la communauté telle qu’elle est, avec son épaisseur, son histoire. Ce qui me frappe actuellement c’est le paradoxe des jeunes que je rencontre.
Je vais prendre deux figures qui sont réelles. Un de nos jeunes qui dit qu’il y a trop de vie communautaire... mais qui ne voudrait pas, manifestement, être seul !
Un autre trouve qu’il n’y a pas assez de dialogue pour une communauté mais se montre par ailleurs très solitaire !
Nous sommes là devant les paradoxes de cette génération. Qu’est-ce que cela signifie ?
Personnellement je constate que peu à peu ils découvrent la communauté telle qu’elle est : une communauté qui a un idéal mais qui n’est pas idéale, parfaite. Pour beaucoup d’entre eux la communauté est quand même un lieu de paix, de progrès et de joie à cause des anciens. Je demande souvent aux jeunes novices d’aller voir les anciens parce que les anciens ont l’avantage d’avoir gardé leurs défauts tout en continuant à se sanctifier !
Jacques d’HUITEAU :
Je voudrais faire droit à la deuxième question qui portait sur la vie communautaire et la mission.
Il est sûr que chez les Frères des Ecoles Chrétiennes l’aspect mission, en lien avec la communauté est très fort. Souvent, comme le dit notre formule de consécration, il faut "tenir ensemble et par association". Cela fait partie de la consécration même que cette dimension de l’ensemble et par association. La communauté peut jouer plusieurs rôles dans la mission.
Elle peut jouer le rôle d’une équipe de travail : beaucoup ont en responsabilité une oeuvre éducative. Pour nous effectivement c’est une caractéristique forte : nous tenons "ensemble et par association" des oeuvres d’éducation qui peuvent être très diverses et, par conséquent, la communauté a pour mission de faire en sorte que cette oeuvre soit signe, signe d’Evangile.
Concrètement cela va prendre à la fois la forme d’une promotion humaine de jeunes, dont des jeunes qui ont des difficultés intellectuelles ou d’autres ordres, de la catéchèse, de l’animation par rapport à des collègues laïcs qui, eux, sont demandeurs justement du partage de notre charisme. Depuis trois ou quatre ans déjà nous avons réalisé un Centre qu’on appelle "Centre Lasallien français" pour une formation de collègues laïcs à la spiritualité éducative de Jean Baptiste de la Salle. Et chaque année, une centaine de professeurs et de cadres éducatifs s’y forment. C’est le rôle de l’équipe, mais je crois qu’une communauté a aussi une autre dimension importante, celle de régulation.
Pour ma part, j’ai un peu peur quelquefois pour ce qu’on appelle les permanents laïcs d’Eglise. On mesure assez mal, souvent, qu’on les envoie en mission de manière risquée parce qu’ils, ou elles, n’ont pas de régulation. Quand il s’agit de jeunes femmes, elles sont souvent célibataires et par conséquent elles n’ont pas de régulation. D’où ce besoin qu’éprouvent certaines, et à Lyon c’est ce qui se passe, de s’adosser à une communauté religieuse. Elles n’ont pas l’intention d’être religieuses mais de s’adosser à une communauté. Je crois que c’est un élément important que ce rôle régulateur.
Un autre élément enfin : je crois qu’une communauté est apostolique dans la mesure où elle est accueillante. Souvent nous pensons que l’évangile passe par ce que nous faisons ou nous disons, et moi je constate avec les jeunes que l’évangile passe souvent par ce que nous sommes avec eux. Je crois que l’accueil, c’est à dire un espace de gratuité où l’on est ensemble, parce que justement l’on est heureux d’être ensemble, est plus porteur d’évangile que tous les discours ou les sermons que nous pouvons faire. Je crois que certaines de nos communautés ont à repenser leur rôle et leur présence en ce sens.
Claude MARECHAL :
Cela ne porte pas directement sur la vie communautaire, mais je ne voudrais surtout pas que ce qui va être dit du signe, de façon relativement concrète, n’éclipse les questions sur la vie communautaire qui me semblent plus intéressantes.
Pourquoi la vie religieuse fait-elle si peu signe, comme cela est sous-jacent dans plusieurs questions qui ont été posées ? C’est vrai qu’on insiste beaucoup dans la réflexion sur la vie religieuse sur le fait qu’elle est un signe donné à l’Eglise, et nous utilisons d’autres expressions en ce sens : elle est "mémoire évangélique", et elle a "une mission de vigilance évangélique".
On accentue donc les exigences de la vie religieuse et nous savons bien que nous y sommes plus ou moins fidèles. D’autant plus que c’est une mission dynamique dans une perspective de fidélité créatrice.
Toutefois, vu le faible rayonnement de la vie religieuse au moins dans des pays comme le nôtre, vu le petit nombre de jeunes qu’elle interroge et qu’elle séduit, nous nous demandons parfois : pourquoi est-elle si peu signe ? Ne serait-ce pas l’indice que nous sommes gravement infidèles à notre mission ? Ce n’est pas si évident que cela mais quand on gratte, on le sent un peu ! Et c’est pourquoi il me semble que c’est une question salutaire à condition qu’elle ne dégénère pas en une culpabilité malsaine. Je m’explique :
- question salutaire car il est toujours important de résister au poids de l’habitude, d’autant plus que nous ne recevons plus l’impulsion de générations plus jeunes. On le sent presque physiquement dans les instituts, au moins celui auquel j’appartiens.
Ainsi, lorsque vous visitez des Provinces où il n’y a pas eu de jeunes depuis 20 ans, où il y avait une arrivée de jeunes assez régulière, vous voyez des situations très difficiles. Et dans nos provinces où nous ne sommes plus guère bousculés par ces jeunes, il faut faire attention car nous risquons d’être pétris d’habitudes.
Il y a une vieille règle de la vie religieuse qui nous rappelle qu’il ne faut jamais nous satisfaire de ce que nous sommes et aussi de ne pas accepter de vivre repliés sur nous-mêmes. Je crois que quand nous commençons à nous replier sur nous-mêmes, c’est le premier indice de la mort. Il faut nous laisser un tant soit peu bousculer par les événements. Je vous livre ce qui m’a le plus frappé dans la visite des communautés : On en voit où l’on peut vivre n’importe quoi autour d’elles, cela passe comme sur une toile cirée ! Ce qui pose quand même question : est-ce que ce n’est pas un signe d’infidélité ? qu’est-ce qui nous bouscule encore aujourd’hui ? Je crois que périodiquement il faut que nous nous posions la question.
Vivre la consécration au Seigneur jusqu’à la fin de nos jours, ça n’a l’air de rien, mais que d’autres confondent la retraite avec la démobilisation spirituelle et apostolique, alors que repos ne veut pas dire fin de la vie religieuse, c’est discutable. Enfin, croire que le témoignage est possible jusqu’à la fin comme on me le faisait remarquer hier, ce sont les personnes âgées qui séduisent le plus les jeunes, mondialement parlant : Mère Teresa, Jean-Paul II, Roger Schutz, qui n’est plus très jeune, etc.
Je crois que le témoignage n’est pas une question de vitalité physique, beaucoup d’autres éléments jouent. Vivre en lien avec d’autres, on vient de le dire d’une autre façon, m’apparaît fondamental. Les communautés qui ne sont pas insérées quelque part, qui n’ont pas de liens ni paroissiaux, ni ecclésiaux, ni culturels..., c’est vrai que cela génère du "vieux garçon au carré" ! Et puis, il ne faut pas nous laisser gangrener par l’indifférence environnante. On peut se le dire puisque nous sommes tous d’une génération à peu près homogène : je crois que nous avons été trop gagnés, non pas par la sécularisation au sens du mot, mais par un mouvement un peu atone et sournois où il devenait presque un péché dans les communautés de parler de Jésus-Christ à un repas. Il faudrait peut-être qu’on s’en guérisse et qu’on ne traîne pas ça indéfiniment...
Je crois que la plupart des jeunes, même tout à fait équilibrés et sains, sont plus exigeants que nous l’avons été sur la manifestation spontanée de notre appartenance à Jésus-Christ.
Pour ne pas prêter le flanc à nos culpabilités malsaines, je retiens quatre éléments :
1) ne pas vivre dans la hantise d’être signe. Vivons ce que nous avons à vivre, existons, et nous serons signe comme de surcroît ! Je crois que celui qui vit avec la hantise d’être signe, j’ai bien l’impression qu’il faut qu’il dépose son fardeau et qu’il commence à exister simplement. Cela sera plus confortable pour lui et plus sain pour les autres.
2) Un signe, surtout s’il s’agit d’une vie et d’une vie communautaire, n’est pas expressif de lui-même, en toutes circonstances, indépendamment des dispositions de celui qui le voit. Un signe c’est comme un miroir qui refléterait ce qu’il y a de plus profond en vous. Et même s’il en était ainsi, encore faudrait-il regarder le miroir sous le bon angle.
De fait même s’il est signe, il voile et il révèle (cf. le signe dans l’évangile et le signe par excellence qu’est Jésus-Christ). Il faut toujours revenir à cela : est-ce que Jésus-Christ faisait toujours signe ? Il l’était bien pourtant. Une vie peut avoir beaucoup de valeurs alors qu’elle n’a pas bouleversé le monde, qu’elle n’a pas, semble-t-il, changé grand chose.
3) Plus la distance psychologique, culturelle, spirituelle, est grande entre le signe et son "destinataire", en terme de médias, plus sa réception va être difficile humainement parlant. Je crois qu’il ne faut pas trop s’étonner que la vie religieuse, dans le contexte actuel, n’ait pas le message explicite, transparent, évident, accueilli à bras ouverts, pour de multiples raisons. Parce que nous sommes qui nous sommes, avec notre âge, une autre culture s’est construite en marge de la nôtre et en somme le signe ne doit pas se confondre avec l’exceptionnel, le sensationnel, l’insolite. Attention nous-mêmes de ne pas être victimes de cette mentalité ! Il faut du temps pour déchiffrer le signe dans l’humilité du quotidien ou l’aridité de l’institutionnel. Les deux dimensions existent :
l’humilité du quotidien, l’aridité de l’institutionnel. Il ne faut pas "larguer" toutes nos institutions sous prétexte d’être proche.
4) Il semble très intéressant de réfléchir sur l’aspect communautaire de la vie religieuse mais je crains qu’on estompe un peu le fait de participer au projet de toute une congrégation.
Je me demande si ce n’est pas encore plus important, notamment dans le contexte de vieillissement qui est le nôtre. Il y a de fait des situations communautaires qui sont tout de même très dures à vivre, il ne faut pas se leurrer. Il faut donc tisser des liens entre frères, entre compagnons, entre religieux dans des lieux différents ce qui est peut-être aussi important.
Jacques d’HUITEAU :
Une communauté est apostolique dans la mesure où elle est accueillante. Cela fait partie de sa mission, en son cœur.
Pour moi, dans le mot apostolique, je vois une communauté signe et annonce de l’évangile aux hommes. Or je crois qu’aujourd’hui, dans la culture qui est la nôtre et la situation qui est la nôtre, il ne faut pas raisonner en terme d’éternité. Jésus-Christ a annoncé l’évangile dans un contexte très précis qui était celui de son époque, marqué par les luttes, les conflits dont il a été victime d’ailleurs.
Mais aujourd’hui, nous avons à annoncer l’évangile dans la culture qui est la nôtre : je suis très sensible à cela parce que je suis en contact avec des jeunes qui vivent dans une autre culture que celle que nous avons connue à leur âge. Je crois que l’un des aspects auquel les jeunes sont le plus sensibles, dans une société qui valorise sans cesse l’efficace, ce qui paie, c’est de savoir montrer qu’il existe aussi des espaces pour la gratuité. Où simplement on reconnaît l’autre non pas pour ce qu’il peut m’apporter mais pour ce qu’il est. Dans mon cas, cela veut dire accueillir le jeune comme il est.
Bien sûr, j’ai un schéma idéal du jeune que j’aimerais rencontrer. Ce que je constate dans mon travail d’aumônerie, c’est qu’une parabole me hante sans arrêt, celle des invités au festin. C’est à dire ceux qu’on attend ne viennent jamais et ceux qu’on n’attend pas, ils arrivent.
Et je crois que ça c’est vraiment le signe de l’évangile. Je crois qu’effectivement, dans notre monde aujourd’hui, il faut savoir accueillir l’homme tel qu’il est avec ses blessures, mais aussi ses richesses. Et nos communautés religieuses, peut être, peuvent à la limite perdre le sens de cela parce que justement elles n’accueillent pas suffisamment. Avant, dans la mesure où il y avait beaucoup de novices qui entraient dans les noviciats, elles étaient forcées d’accueillir, avec un système plus ou moins souple mais malgré tout la nature était là, en dépit d’un système très contraignant, la nature sait toujours réagir.
Le risque aujourd’hui c’est que n’ayant plus de jeunes qui entrent dans les noviciats en nombre, on peut petit à petit perdre cet accueil, cette souplesse, cette jeunesse qui ne tient pas seulement à l’âge. Je crois que l’accueil nous permet justement de garder cette souplesse et cette sensibilité aux réalités de notre époque, au fait que nous avons à annoncer l’évangile dans un contexte qui n’est plus celui que nous avons connu. C’est très important, sinon nous prêcherons dans le désert, c’est à dire à des gens qui n’existent plus.
Réactions libres de l’assemblée
- Je pense qu’au-delà d’une vie communautaire dans l’institut où on est engagé il faut toujours garder le souci de la communauté plus vaste que représente l’Eglise qui est communion de communautés. Je pense aussi qu’on fait signe de cette façon-là, en étant une communauté de gens proches par le choix qui a été fait d’une famille religieuse, mais aussi en étant ouvert, dans l’Eglise particulière, à d’autres communautés.
Il semble qu’il faut garder aussi ce souci d’une ouverture et d’un lien qui doit se voir quelque part. Il est intéressant que dans les Groupes de Recherche se trouvent des jeunes qui cheminent vers des vocations assez diverses, en ce sens. Mais là aussi il faut une certaine expérience d’Eglise.
- Je crois qu’il y a des communautés, ou instituts, qui sont plus ou moins en lien avec des mouvements spirituels tels que le Renouveau. Sans doute peut-on attendre quelque chose de leur part, dans le sens d’une vie communautaire.
- Je suis frappé qu’à certains moments dans la vie religieuse la mission qu’on reçoit peut être un alibi pour éviter la vie commune ! On ne prend plus le temps d’être ensemble. Je crois que peut-être il y a un signe à donner dans un monde où il est difficile de nous comprendre.
Nous demandons de vivre ensemble, au nom de l’amour, au nom de la paix et puis dans la réalité, nous avons du mal à signifier, montrer cette vie communautaire. Les jeunes ont alors du mal à nous comprendre.
- Nous sommes tous touchés, par un lieu ou un autre, par la dimension internationale de nos instituts. Il y a un signe massif vu de l’intérieur : comment se fait-il qu’il ne soit pas suffisamment perçu, alors que c’est un signe évangélique extraordinaire, de se dire frère de frères qui sont au bout du monde ? Avec toutes les incidences du point de vue économique, etc., dans un monde hyper-médiatisé. Comment ça se fait que ce signe ne passe pas ?
Voilà un enjeu pour la vie religieuse pour les années qui viennent, et auquel les jeunes sont très sensibles.
- Claude MARECHAL :
Etant très interrogé par cette question, je ne suis pas sûr que le signe passe même chez nous. Je suis tout à fait d’accord pour dire que les fraternités ont à avoir une vie évangélique entre religieux et religieuses d’une même famille. Mais je trouve qu’il est extrêmement difficile au moins chez les Assomptionnistes, de passer à l’interpellation de pays à pays et lorsqu’il s’agit de se frotter aux autres, de réunir des communautés internationales avec des expériences très diversifiées, ce n’est pas tellement évident, ce qui veut dire que le signe a besoin encore d’être beaucoup rodé pour parler en lui-même.
Clair LEBOT :
- Vu les jeunes blessés par de multiples expériences, qui viennent frapper à nos portes, ne faut-il pas les aider d’abord à retrouver leur humanité, à les guérir avant de pouvoir leur faire découvrir les éléments fondamentaux de la vie religieuse ?
- Est-ce que la vie religieuse se donne les moyens pour accueillir ceux qui n’ont pas suivi un cursus normal, habituel ?
- Comment et jusqu’où prendre en compte le critère affectif ou intuitif du jeune qui cherche une forme de vie évangélique et communautaire ?
- Dans une communauté qui accueille des jeunes, est-il souhaitable que des confrères soient aptes pédagogiquement à suivre ces jeunes ? Ou bien accueillir les jeunes dans une communauté telle qu’elle est ?
Paul HOUIX :
A la session de VICHY, j’ai été frappé de constater qu’on a parlé sans cesse des jeunes fragiles. C’est un fait, et je ne sais pas si les jeunes qui entrent chez nous sont plus fragiles que les autres, mais on constate en effet que les jeunes qui arrivent chez nous sont fragiles. Même si les fragilités ne sont pas vraiment bien perçues durant le noviciat, en fait c’est plus tard que des crises inattendues et parfois graves se déroulent. Est-ce que vraiment les jeunes d’aujourd’hui sont plus fragiles que ceux d’autrefois ? Je raconte toujours que dans la Règle de St Benoît, il y a une seule fois le mot fragilitas. St Benoît parle de fragilitas non pas pour les postulants, non pas pour les vieillards, mais pour les Pères abbés !
Ne faut-il pas les aider à retrouver d’abord leur humanité ? qu’est-ce que cela veut dire ?
C’est que plus notre jeune va devenir chrétien par son appel, plus il va devenir l’homme de l’Esprit, plus il sera humain. L’humanisation est le fruit de la divinisation.
Mais par ailleurs, je crois qu’il existe un minimum, des seuils. J’ai l’impression que des fragilités ne permettent pas à des jeunes d’être cisterciens, bénédictins, d’être frères. Je crois que c’est cela qu’il faut dire. On ne peut pas accueillir n’importe qui dans nos communautés ! Je veux bien accueillir, mais la communauté est un lieu où on se partage les choses et je pense qu’on ne peut pas se permettre dans une communauté qui a un nombre restreint de personnes de trop la fragiliser en accueillant des gens trop fragiles.
Yves-Marie FRADET :
Je crois effectivement qu’il y a des blessures qui peuvent provenir du contexte familial, par exemple, aujourd’hui, et qui à l’expérience d’une vie fraternelle, donc d’un amour redonné, peuvent non seulement être guéries mais devenir un peu source de rayonnement et de compréhension des autres.
Mais il peut y avoir des fragilités d’ordre psychologique ou psychosomatique : dépression ou vision, prétendues visions, ou recours à des forces spirituelles, spiritisme, ou que sais-je, évidemment difficilement compatibles avec certains ministères. J’ai envie de dire : on a une table devant nous, on pose les coudes dessus, pour une table chaque pied tient grâce aux autres ! Je ne suis pas sûr qu’on puisse dire la même chose pour une vie communautaire ! Est-ce qu’il ne faut pas que chacun, personnellement, dans le Christ tienne déjà lui-même ? S’il veut se reposer uniquement sur les autres et la communauté pour pouvoir tenir, est-ce que ça ne sera pas une communauté, une congrégation bancale ?
Par rapport à la deuxième question, accueillir ceux qui n’ont pas le cursus :
C’est vrai qu’il y a des jeunes qui frappent à nos portes, qui viennent nous voir et qui ont le niveau du C.A.P., parfois du B.E.P. et qui n’ont en tout cas pas la formation classique habituelle. Pour notre part, on les conviait à suivre le 1er cycle classique presbytéral de grand séminaire et il arrivait que cela n’allait pas parce que nettement au-dessus de leurs possibilités. Nous nous sommes dit qu’il y avait là autant d’authentiques appels du Christ, d’authentiques vocations à une vie religieuse et à des services missionnaires en ce qui nous concerne et nous nous préparons à réexaminer notre premier cycle. Pour envisager seulement une année de préparation au départ en coopération, en stage missionnaire, qui soit un peu une année genre école de la foi, école d’évangélisation et qui permettra à des jeunes de différents niveaux scolaires sans doute de pouvoir approfondir leur foi et se préparer à un authentique service missionnaire d’Eglise.
Mais alors vous me direz, ceux qui frappent à votre porte avec un projet presbytéral, qu’en est-il ?
Cela nous contraint à avoir un 2ème cycle long, comme cela se fait parfois dans certains centres universitaires, où des cours de philosophie sont donnés en même temps que les cours de théologie. Voilà un peu l’option que nous avons prise pour essayer de répondre à ces appels.
Jacques d’HUITEAU :
Je souscris tout à fait à ce qui a été dit concernant la question sur les blessures. Je crois qu’effectivement il faut d’abord identifier la blessure, savoir où elle s’origine, parce qu’évidemment la mission fait partie intégrante de la vocation et n’importe qui ne peut pas faire n’importe quelle mission. C’est une question de compétence humaine. Dans notre cas, par exemple, il est évident qu’on ne peut pas penser qu’un adulte aura une relation éducative avec des jeunes si lui-même est profondément détraqué. Vous savez que c’est dans le milieu enseignant qu’il y a le plus de dépressions nerveuses, déjà...
Dans toutes nos congrégations, sur ce point, nous sommes quand même relativement prêts, parce qu’on a toutes les structures de discernement qui laissent place au temps. Nous avons mis en place des noviciats, des postulats qui sont des temps de discernement. Je crois qu’il est important de ne pas brûler les étapes.
En ce qui concerne le cursus, il est sûr que dans un cas comme le nôtre où nous sommes insérés par vocation dans un système de compétence, c’est un facteur d’équilibre humain que d’avoir une compétence reconnue. Pour enseigner il faut avoir des diplômes ! On pourrait se dire : les jeunes qui ne peuvent pas accéder à un niveau de compétences intellectuelles suffisant, il faut les refuser. Autrefois quand quelqu’un ne pouvait pas devenir prêtre, on disait : deviens frère !
Il y a des gens que l’on estime avoir embauchés, accueillis parce qu’ils sont pleins de bonne volonté, mais la bonne volonté ça ne dure qu’un temps et je crois qu’il y a un devoir pour les instituts religieux : faire acquérir à quelqu’un une compétence. Sinon, humainement, il peut y avoir de gros problèmes : quand la bonne volonté ou l’enthousiasme de la jeunesse aura disparu, se sera émoussé, on risque d’avoir des retours de bâton.
Nous vivons notre vie religieuse dans une société donnée : il ne faut surtout pas faire en sorte que la vie religieuse soit lieu protégé.
Paul HOUIX :
J’enchaîne simplement pour souligner le fait que je suis bien d’accord avec tout ce qui a été dit jusqu’à présent, de voir quel type d’engagement le jeune envisage et voir comment on peut participer dans tout cela.
Un critère déterminant c’est la souplesse du jeune, la capacité à être disciple. Je crois que je mettrais l’attention à l’expérience spirituelle qui est par derrière. S’il y a un appel vrai, il est appelé à faire un bout de chemin et effectivement ce jeune peut cheminer.
J’ai fait une session dernièrement à MANRESE sur l’accompagnement spirituel et on parlait à nouveau d’affectivité. On avait pris le titre : vers une maturation affective. On est évidemment jamais totalement arrivé, c’est un chemin long et que certains peuvent beaucoup cheminer en ce sens-là, s’ils se sentent vraiment à leur place.
Dans le cursus je n’avais pas pensé spontanément au cursus intellectuel, je pensais au cursus dans la foi. On rencontre des jeunes qui viennent frapper à notre porte et qui sont des jeunes convertis, qui n’ont pas de passé chrétien. Je crois que je serais très, très prudent pour accueillir quelqu’un dans une structure du style S.D.V. parce qu’il y a tout un palier qui n’est pas acquis, toute une formation. Ils ne connaissent rien ou presque du passé de l’Eglise. A mon sens ils ont besoin de passer par une structure intermédiaire.
Concernant la question du carrefour n° 8, je crois qu’on ne trouvera pas une communauté idéale, mais qui a un idéal, et dans la mesure où nous y sommes pédagogiquement préparés, cela paraît très bien.
Claude MARECHAL :
Un mot très bref sur la question du carrefour n° 8.
J’ai vu qu’il y avait le terme "en général", c’est à dire qu’il ne faut pas se polariser trop vite sur la vocation religieuse ou la vocation presbytérale. On a beaucoup souligné que le premier travail c’était éveiller tout jeune à sa vocation baptismale et si des personnes, religieux, religieuses, prêtres sont capables d’aider quelqu’un à découvrir toutes les richesses de sa vocation baptismale, je crois qu’ils seront assez bien préparés pour amener un discernement plus fondamental, qui conduise à une vocation plus spécifique dans la vie chrétienne.
Deux éléments me semblent souvent manquer :
Le premier : en plus du minimum de discernement il faut surtout un minimum de temps. Ne jetons pas des jeunes avec des gens merveilleux mais tellement surchargés qu’il devient impossible de les rencontrer une heure par semaine ! Je vous assure que le jeune ne restera pas dans ce cas. Mais je crois que la question temps est aussi importante que la question de qualification humaine et spirituelle.
Deuxième élément : pour des jeunes qui ont déjà passé une certaine étape, et qui envisagent assez sérieusement un projet de vie apostolique, s’il y en a plusieurs dans un même institut je trouve que c’est très bénéfique de pouvoir les réunir, les réunir dans une communauté, peut-être mieux encore dans une communauté où il n’y a pas trop d’adultes pour qu’ils puissent imaginer aussi un modèle de vie communautaire qui est un peu le reflet d’eux-mêmes. Je crois qu’il y a une auto-éducation entre jeunes qui est complémentaire de celle que peuvent faire des adultes.
Arrivant d’une session internationale réunissant tous les éveilleurs de vocation assomptionnistes, je me rends compte que lorsqu’une Province bénéficie d’un ou deux religieux dégagés dans cette mission l’éveil des vocations s’en trouve considérablement fouetté. Parce qu’on n’ose pas parfois dégager du temps au nom de la mission alors que l’éveil des vocations est un ministère et une mission apostolique ! Je ne crois pas qu’il faille avoir trop de scrupules à déployer le faisceau des vocations dans l’Eglise et à dégager des personnes pour ce faire. On l’a fait en d’autres temps, je crois que nous allons pouvoir le faire selon des méthodes et des moyens adaptés à notre époque.
Questions et réactions de l’assemblée
- Pour ceux qui n’ont pas suivi le cursus normal, soit en formation de foi soit intellectuel, existe "EVEIL ET RECHERCHE", une structure liée à la Jeunesse Ouvrière Chrétienne. Toute une panoplie de moyens existe, de mouvements qu’il faut quand même mentionner parce qu’ils font un gros travail pour l’appel à la vocation sacerdotale et religieuse.
- Je voudrais poser une question au Père MARECHAL, en deux parties.
D’abord c’est qu’il explicite ce qu’il a dit : l’éveil aux vocations est un ministère. Quand on est chargé de ce service-là dans une congrégation, on ne sent pas immédiatement cette confirmation-là des membres de notre institut ! Et cette résistance est appuyée souvent sur quelque chose de beau qui est le respect de la liberté chez des jeunes.
Vous avez beaucoup insisté sur "accueillir Jésus-Christ dans tout son être". Qu’est-ce que vous auriez à dire du point de vue de la pastorale de l’éveil des vocations ?
Claude MARECHAL :
Je suis bien d’accord qu’à l’intérieur de mon diocèse comme à l’intérieur de nos congrégations, ceux qui reçoivent la mission d’aider à l’éveil des vocations, doivent souvent convaincre leurs propres confrères de la nécessité d’une telle tâche et plus encore de cette mission !
Je n’ai pas de moyens infaillibles pour le faire, je ne sais qu’une chose, c’est qu’on n’empiète pas sur le temps de la mission apostolique quand on travaille à cet éveil des vocations. A condition qu’on le fasse correctement, avec d’autres, et que ce soit l’éveil de toutes les vocations, même si à un certain stade on accompagne plus spécialement des gens qui vont dans telle ou telle direction.
Il m’a semblé, et je crois qu’il faudrait éviter deux écueils :
Le premier c’est de croire qu’il suffit d’être évangélique, de se consacrer à plein à la mission de témoignage de l’évangile pour que les vocations viennent. Oui et non, je crois que Dieu appelle toujours, je le crois profondément. Encore faut-il, dans un contexte qui n’est pas immédiatement favorable, aider à tous les stades de l’évangélisation ceux qui veulent vivre une vocation chrétienne qui va se précisant.
Le second écueil, je crois que ce n’est pas non plus un travail d’amateur, c’est une mission d’Eglise qui exige de la collaboration, de sensibiliser d’autres personnes, d’avoir une formation, des convictions personnelles.
En préparant cette conférence j’ai été assez sensible à ce qui m’apparaît un peu comme le noyau dur de la vocation religieuse et j’ai vu ces textes soulignés dans des courants religieux très différents, qu’on soit dans une ligne franciscaine ou autre.
A savoir vraiment le don radical de son être, de son être à Dieu, à l’exemple de Jésus-Christ, dans une découverte avec d’autres à l’intérieur d’une vie spirituelle, du ministère, de la vocation de chacun, de la vocation d’une communauté, d’un institut aujourd’hui.
Je suis très sensible à cela et c’est vrai que peut-être cela m’apparaît davantage comme un aspect distinctif de la vie religieuse, encore qu’elle n’en ait pas le monopole. Il n’y a aucun noyau chrétien qui soit le monopole d’une vocation. Ce sont des touches, des accents, ce sont des situations qui permettent plutôt ceci que cela mais il n’y a pas de monopole.
Approfondir cette perspective-là pour la vivre profondément construit un type d’homme et un type de témoin qui, me semble-t-il, peut avoir un certain impact aujourd’hui.
Après, comment à partir de ces convictions aider un jeune dans ce sens-là, je suis aussi dépourvu que n’importe lequel d’entre vous ! Je me dis : nous ne rencontrons que des jeunes concrets et il est toujours difficile de donner des lignes générales qui conviendraient pour tous.
Il me semble d’une part qu’il faudra pour certains jeunes les éveiller à cet aspect-là parce qu’ils sont spontanément sensibles à d’autres. Pour d’autres très marqués par une générosité qui n’a pas encore subi l’épreuve du feu, il faudra au contraire les modérer et ne pas croire qu’on accueille ce don de Dieu, de la radicalité de la réponse à l’appel de Dieu, comme cela un beau matin et que c’est joué pour la vie ! Je crois que c’est vraiment le dépouillement, le kénose de chacun de nous et de la communauté. Donc, tantôt il faudra accélérer un peu, tantôt il faudra modérer. L’expérience du Christ est une dynamique dans la vie de chacun et dans la vie de groupes humains et la communauté nous aide à la conversion personnelle.
J’ai vu en travaillant les Règles de vie que dans beaucoup d’entre elles la communauté est le lieu de la conversion par excellence, mais c’est vrai aussi que sans conversion personnelle il n’y aura pas grand tonus évangélique dans une communauté ! Mais ceci dit, l’expérience spirituelle naissant loin en moi est vraiment une expérience qui va se construire toute la vie, qui va passer par un certain nombre de phases, ce qui ouvre des perspectives non pas statiques mais dynamiques. Et au jeune qui croit avoir déjà tout découvert, il est bon de dire : "tu vas voir il te reste encore beaucoup à découvrir", même s’il n’y croit pas.
Yves LE CLECH :
Puisque j’étais interrogé, je veux bien dire deux ou trois petites choses autour du S.D.V.
Un service n’est pas un organisme qui est chargé de tout régenter, c’est un service diocésain de toutes les vocations et il me paraît très important que cela se traduise de façon signifiante par la constitution d’équipes diversifiées où les religieux aient tout à fait leur place, les missionnaires, les religieuses, les Instituts séculiers. Un service chargé de rappeler à toute l’Eglise que c’est à chacun d’éveiller les vocations autour de lui.
C’est, comme on le dit souvent, restituer à l’ensemble du peuple de Dieu l’initiative de l’appel. Le mot "appel" ne sera pas trop employé parce qu’on ne parlera pas de la même chose quand il s’agit d’appeler au ministère presbytéral et d’appeler à la vie religieuse, c’est évident. Donc il vaut mieux parler, peut-être, d’éveil. Mais c’est restituer à chacun cette responsabilité d’éveiller à toutes les vocations dans l’Eglise, dont l’Eglise a besoin pour sa mission.
Dans ce sens-là on cherche à constituer partout dans les diocèses ce qu’on appelle les "antennes-relais". Pour mieux permettre que l’ensemble du Peuple de Dieu soit habité par ce souci.