Echos d’une enquête


"RELIGIEUX EN PASTORALE DES VOCATIONS"

Marc LEBOUCHER

Par le biais de ce questionnaire rapide, les religieux présents dans les Services Diocésains des Vocations étaient invités à EVALUER LEUR PARTICIPATION à ce service pastoral, pour mieux préparer cette session de Chevilly-Larue. Même si cette enquête reste modeste de par le petit nombre de réponses collectées - 14 au total sur la vingtaine de religieux en Services Diocésains inscrits à la session - elle offre cependant un premier aperçu sur cette réalité. Sur les 14 réponses, on recense 7 religieux-prêtres, 6 non-prêtres et une réponse sans précision à ce sujet.
Six rubriques étaient donc proposées aux religieux, que nous reprenons ici une par une.
I - Comment avez-vous été appelé,
nommé au Service Diocésain des Vocations ?

Plusieurs cas de figure sont relevés :

- 5 ont été appelés par le Service Diocésain des Vocations. C’est l’hypothèse la plus courante.

- 4 par les Supérieurs Majeurs de leur institut, donc à la demande de leur congrégation

- 3 disent avoir été appelés par l’évêque

- 2 enfin ont rejoint le Service Diocésain des Vocations au titre de leur fonction,
soit de délégué épiscopal à la coopération missionnaire,
soit de délégué des instituts à l’animation missionnaire.

Néanmoins, pour ne pas laisser croire que ces procédures d’appel ont un caractère trop rigide ou artificiel, il faut noter qu’elles résultent le plus souvent d’une discussion, d’un jeu de relations entre Services Diocésains des Vocations, Supérieurs, Evêques... Il devient donc difficile de savoir avec précision d’où vient l’appel initial à entrer au S.D.V.

II - Quelles sont vos responsabilités
au sein de l’équipe du Service des Vocations ?

Il est sans doute difficile de faire ici une recension précise des réelles responsabilités de chacun, à l’image de la diversité des Services Diocésains des Vocations et des modes d’engagement dans ce service.
On peut cependant établir le classement suivant :

- Ceux gui sont TRES ENGAGES dans le S.D.V., font partie de l’équipe restreinte qui porte sur le diocèse le souci de la pastorale des vocations.
Six réponses font état de ce type d’engagement, dont un religieux indiquant qu’il est l’adjoint du responsable diocésain.

- Ceux qui font partie de l’EQUIPE ELARGIE du S.D.V., équipe qui a souvent l’objectif de rejoindre des partenaires diversifiés (services, aumôneries, mouvements...).
Ceux-ci représentent la vie religieuse masculine, font le lien avec le S.D.V., soutiennent ses animations et répercutent ses informations.
Quatre réponses sont signalées en ce sens. Certains religieux font partie également d’un Atelier diocésain d’appel à la vie religieuse (trois réponses le signalent).

- Ceux gui ont des RESPONSABILITES TRES PRECISES, plus limitées ou ponctuelles dans un domaine particulier.
Ce peut être l’accompagnement d’un groupe de jeunes, d’un "relais d’âge" 11-13 ans ; ce peut être assurer le lien avec les aumôneries du diocèse, ou bien se charger du secrétariat du S.D.V., voire de la revue diocésaine des vocations...

- Un seul des religieux consultés dit faire partie d’une ANTENNE-RELAIS du S.D.V., ce qui implique apparemment un moindre engagement au sein du service.

III - Quelles sont vos activités au sein de ce Service ?

Trois possibilités de réponses étaient offertes, mais il faut remarquer que ces réponses pouvaient se cumuler pour une même personne. Ceci donne donc des résultats intéressants :

- 7 religieux disent représenter au sein du S.D.V. la vie religieuse apostolique masculine. Certains ont même ajouté la vie religieuse apostolique laïque...

- 8 religieux disent participer à des activités d’éveil :
Journée Mondiale des Vocations, animations diverses, journées vocationnelles en paroisse...

- 11 religieux reconnaissent enfin s’investir dans les activités d’accompagnement (retraites, temps forts, groupes de recherche, accompagnement personnel...)

Là encore, trois réponses indiquent une participation à l’atelier "Appel à la vie religieuse" du S.D.V. D’autres soulignent leur participation à l’animation d’un foyer vocationnel ou d’une école de la foi.

Dans cette rubrique, l’investissement des religieux dans la pastorale de l’accompagnement apparaît donc comme un phénomène dominant (11 réponses sur 14). Au-delà des données conjoncturelles, ce fait est sans doute significatif de la place particulière que peut jouer la vie religieuse apostolique au sein de la pastorale des vocations : apport d’une spiritualité propre qui aide à discerner, témoignage autre rendu à Jésus-Christ, modèle de vocation différent de celui offert par le presbytérat diocésain...

Il y a peut-être alors un lien à creuser entre cette place privilégiée dans le service de l’accompagnement et la spécificité de la vie religieuse apostolique elle-même.

IV - Quelle évaluation portez-vous sur cette collaboration
avec le Service Diocésain des Vocations ?
  • Parmi les points positifs, quatre aspects reviennent le plus souvent :

1) LE CARACTERE TRES POSITIF DU TRAVAIL DANS l’EQUIPE S.D.V.

Ceci se retrouve dans de nombreuses expressions : bon climat, excellent travail, écoute mutuelle, grande confiance, ouverture à toutes les vocations, enrichissement à travers les relations.
On y rappelle aussi que ce service offre l’occasion d’une très bonne collaboration entre religieux, religieuses et prêtres.

2) LA PRESENCE d’UN RELIGIEUX de vie apostolique dans l’équipe constitue UN ENRICHISSEMENT POUR LE S.D.V.

- Le S.D.V. souhaite que ce type de vie religieuse soit présente dans l’équipe, note une réponse.

- Selon une autre réponse, le religieux peut permettre de mettre davantage l’accent sur les points essentiels de toute vocation spécifique : liberté, discernement, prière, célibat, vie relationnelle...

- Cette présence permet aussi une meilleure perception de la vie religieuse apostolique, surtout laïque.

3) En même temps, la participation à ce service offre UN ENRICHISSEMENT CERTAIN POUR LES RELIGIEUX EUX-MEMES

- Cela aide à un décloisonnement, une ouverture à d’autres réalités vocationnelles...

- Cela permet aux religieux une meilleure découverte du diocèse, avec ses richesses

4) L’INTERET POUR LES GRANDS ACCENTS DE LA PASTORALE DES VOCATIONS

- L’importance de la vocation baptismale

- le souci d’éveil à toutes les vocations

- l’appel à des vocations spécifiques, à travers le travail des ateliers "Appel à la vie religieuse", par exemple

- le souci de sensibiliser des laïcs : aide à la formation, importance du rôle des antennes-relais

- l’importance du S.D.V. comme lieu de rencontre des .jeunes : une expérience forte et tonifiante.

  • Parmi les difficultés, on en trouve surtout de trois ordres :

1) QUANT AU TRAVAIL d’EQUIPE lui-même

- On constate le manque de temps qui oblige à se consacrer moins qu’il le faudrait au service

- Certains religieux se sentent accueillis, mais un peu en marge, ou avec un rôle imprécis

- Une réponse souhaite qu’on sache trouver en équipe le temps pour prier ensemble.

2) QUANT A LA PLACE DE l’APPEL A LA VIE RELIGIEUSE APOSTOLIQUE MASCULINE

- On remarque que l’appel à la vocation sacerdotale occupe davantage le S.D.V. que l’appel aux autres vocations. Ceci est dû sans doute aux directives épiscopales, au contexte, etc.

- La sensibilisation à la vie religieuse apostolique est faible

- On a du mal à trouver une articulation entre la pastorale diocésaine des vocations et celle pratiqués dans les instituts.

3) QUANT AU CONTEXTE GENERAL DE LA PASTORALE DES VOCATIONS

- Les prêtres diocésains ont peu de temps pour se former à l’accompagnement Certains d’entre eux, certaines communautés, expriment des résistances face à une pastorale des vocations qui paraît éloignée du réel.

- Le peu de contact avec les jeunes, la difficulté de leur faire des propositions

a) qui ne soient pas de l’ordre du recrutement
b) qui se démarquent des propositions plus larges de la pastorale des jeunes, du type aumôneries, mouvements...

Cette évocation des difficultés se trouve approfondie par les réponses à la question suivante.

V - Quelles difficultés percevez-vous face au monde des jeunes
et au signe que représente aujourd’hui la vie religieuse apostolique ?

Trois insistances reviennent le plus souvent pour décrire les difficultés rencontrées :

1) UNE VIE RELIGIEUSE APOSTOLIQUE DECOURAGEE

- Cette forme de vie religieuse, en particulier non ordonnée, est "oubliée dans l’Eglise locale". Elle reste cachée, méconnue.

- Les communautés sont vieillissantes - tant chez les hommes que chez les femmes -,ce qui entraîne une réduction d’effectifs, une image de la vie communautaire plus difficile à montrer

- La majorité des religieux, indique une réponse, n’osent plus ou ne veulent plus parler de vie religieuse apostolique

- Pour une autre réponse, "la vie religieuse apostolique a besoin de retrouver son identité et sa mission dans l’Eglise"

2) UNE VIE RELIGIEUSE APOSTOLIQUE PEU APPELANTE

Ceci découle beaucoup du premier constat :

- La vie religieuse apostolique reste discrète, méconnue des jeunes

- Le vieillissement lui donne une image peu attirante. Les rencontres entre les jeunes et des religieux actifs se font moins fréquentes

- Une réponse se dit inquiète devant les réticences de certains à accueillir des jeunes : on leur fait peu de propositions éducatives, on leur donne peu le droit à l’expression (ainsi dans la liturgie).

- Certains jeunes restent à distance : "ils collaborent plus qu’ils ne s’engagent avec nous"

- Les jeunes recherchent une aventure "plus audacieuse", une vie chrétienne évangélique à la suite du Christ,... ce que la vie religieuse apostolique ne semble pas vraiment leur offrir.
Comme le dit bien une réponse : "la vie du frère ne semble pas (plus) attirer les jeunes. Ils ont besoin de voir des communautés vraiment fraternelles parmi lesquelles la présence de Dieu est capable de les saisir".

- Si l’appel au sacerdoce semble retrouver un certain écho auprès de ces jeunes, la vie religieuse missionnaire à engagement définitif, par exemple, apparaît être au-delà des forces et horizons humains.

3) DES JEUNES QUI NOUS ECHAPPENT

- On souligne le peu de contact effectif avec des jeunes

- On remarque le caractère tardif de la maturité des jeunes, qui mettent bien du temps à prendre une décision, surtout après 25 ans.

- Certains traits de mentalité creusent aussi la distance avec "l’idéal" de la vie religieuse apostolique : force de l’individualisme, recherche du bonheur personnel, vie dans l’instant, syncrétisme ou relativisme (tout se vaut).

D’où une question en finale de cette rubrique :

Comment faire aux jeunes des propositions plus larges, mais susceptibles de les toucher sur tel ou tel point, les éveiller a telle ou telle dimension de la vocation ?

VI - Qu’auriez-vous à dire à la session de Chevilly-Larue
et quels points souhaitez-vous voir aborder ?

Plusieurs thèmes et questions sont abordés :

1) A PROPOS DE LA VIE RELIGIEUSE APOSTOLIQUE EN GENERAL

Deux questions :

- Quelle spécificité de la vie religieuse apostolique quand tous sont responsables de l’annonce du Royaume ?
Quelle place pour les religieux ? Quelle image de la vie religieuse transparaît-il à travers leur apostolat ?
Quelle spécificité des religieux engagés dans la sécularité, qui sont à la fois "du monde et pas du monde" ?

- Face à la pénurie, comment éviter l’utilisation récupératrice de la vie religieuse apostolique dans les diocèses ?

Une affirmation :

La vie religieuse apostolique ne sera vue et entendue qu’au prix d’une conversion à dimension personnelle et aussi communautaire, institutionnelle.

2) A PROPOS DU LIEN RELIGIEUX/S.D.V. EN PASTORALE DES VOCATIONS

a) du côté des Services Diocésains des Vocations

- certains souhaitent découvrir ce qui se fait dans les S.D.V.

- la vocation des religieux non-prêtres est-elle assez reconnue et respectée par les S.D.V. ? Et si l’on donnait la parole davantage à ces religieux laïques ?

- il faut travailler davantage ensemble, religieux et S.D.V.

- quelle peut être la spécificité d’un religieux en S.D.V. ?

- quels liens, cohérences, divergences, entre la pastorale des vocations des instituts et celle des S.D.V. ?

b) Du côté des religieux, et en particulier des instituts eux-mêmes

- qu’en est-il de la pastorale des vocations dans nos instituts ? une congrégation peut-elle avoir des initiatives propres ?

- les religieux d’un même diocèse ne devraient-ils pas se rencontrer, pour avoir un délégué au Conseil presbytéral et au S.D.V. ? quel partage existe-t-il de la recherche et des expériences des Conseils diocésains de la vie religieuse ?

Enfin, une affirmation :

La spécificité des instituts devrait s’affirmer davantage, notamment à travers la présentation des fondateurs. Sans doute faudrait-il faire preuve de plus d’audace.

3) A PROPOS DE LA PASTORALE DES VOCATIONS EN GENERAL

- Comment accueillir des jeunes qui se révèlent aussi divers ?

- Comment accueillir et accompagner des jeunes en situation de fragilité psychologique, dépression, etc. ?

- Comment approfondir la distinction : vocation à la vie religieuse, vocation au ministère presbytéral diocésain ?
Quels critères de choix adopter face à un jeune mis devant cette alternative ?
L’accent mis sur la prière ne risque-t-il pas de faire oublier la spécificité du ministère de prêtre diocésain ?

C O N C L U S I O N

Avec cette dernière rubrique s’achève cette rapide enquête. Sans constituer un regard définitif, elle aide à mieux entrevoir ce que représente le service "des religieux en Service Diocésain des Vocations". Elle doit permettre d’aller plus loin dans la collaboration mutuelle, sans que s’altèrent les différences de chacun.