Conclusions de la session


pour la C.S.M.F. :
Père Gérard Balbo

Invité à donner une "première" conclusion (la seconde sera donnée par le Père DIGONNET) à notre rencontre, organisée conjointement par le Service National des Vocations et l’Atelier "Vocations" de la Conférence des Supérieurs Majeurs de France, je dirai d’abord, au nom de cette Conférence, ma grande joie pour cette première rencontre qui, visiblement, répondait à un réel désir de réfléchir ensemble à nos pastorales des vocations, au niveau national, entre religieux et quelques prêtres diocésains délégués régionaux, puisque nous sommes plus d’une centaine de participants. Nous devons le succès de cette rencontre, je veux dire son grand intérêt et sa cordiale convivialité, à l’équipe qui l’a préparée : le Service National des Vocations, et notre Atelier "Vocations", notamment à ceux qui en ont la responsabilité directe, le Père DIGONNET et le Père DULLIER. Que tous les membres de l’équipe soient vivement remerciés pour le travail si bien accompli (nous pouvons l’affirmer au terme de nos travaux) !
Cet hommage de reconnaissance s’adresse également à la Maison qui nous accueille, les spiritains de CHEVILLY-LARUE, aux animateurs de la session et de la liturgie, le Père LEBOT et le Frère LE GOFF, au conférencier, le Père MARECHAL, ainsi qu’à ceux qui ont apporté leur témoignage, jeudi soir et ce matin.
A tous ces artisans dévoués et compétents de cette rencontre, nous disons notre fraternel merci.

Tout ce que j’ai entendu depuis ce matin et qui m’a personnellement enrichi, me conduit à souhaiter ardemment que chacun d’entre nous continue d’être animé par l’esprit de coopération, de recherche et d’ouverture qui a guidé nos travaux.

- UN ESPRIT DE COOPERATION

L’organisation de cette rencontre et son déroulement témoignent clairement que cette coopération ne date pas d’aujourd’hui, car religieux et Services des Vocations - diocésain, régional et national - se connaissent, s’apprécient, s’entre aident, de façon inégale certes, mais j’observe qu’à l’occasion de temps forts de réflexion (tels les Congrès et les sessions), on se retrouve volontiers pour partager convictions et expériences.

On ne peut que souhaiter que cette coopération se consolide, se développe et s’étende à l’ensemble de la vie religieuse masculine et féminine, particulièrement au niveau régional. Vous venez de passer un bon moment en Régions apostoliques "pour faire le point de la collaboration et pour ouvrir des pistes d’avenir" (je cite le programme). Ce travail par Régions, il faut le poursuivre avec persévérance, peut-être l’organiser plus solidement, plus efficacement. Ce serait, selon moi, un effet concret et stimulant de notre rencontre de CHEVILLY.

Cette coopération sur le terrain concerne aussi le vaste champ de l’information réciproque, désintéressée, gratuite en un mot : dire ce qu’on fait, ce qu’on envisage de faire, voire proposer de s’entre aider, partager nos moyens, nos compétences même modestes. Coopérer signifie : "opérer conjointement avec quelqu’un". Autres verbes synonymes : s’associer, collaborer, contribuer, participer ; tout un programme d’aide mutuelle et loyale.

La vie religieuse est un "don de Dieu fait à l’Eglise", affirme Vatican II. Comment pourrait-on enfouir ce talent ? Une seule tâche s’impose : le faire fructifier ensemble pour le Royaume.

- UN ESPRIT DE RECHERCHE

Celui qui a animé les travaux de cette rencontre.

Au départ, plusieurs "comment" nous étaient posés : comment accueillir, comment accompagner ? Les réponses ne vont pas de soi. Il faut creuser, parfois longuement. Les temps de perplexité, voire de découragement, ne sont pas rares : il suffit d’écouter ou de lire certains textes...

Certes, il faut avoir des idées claires (au moins quelques-unes) et l’exposé du Père MARECHAL a utilement rafraîchi notre mémoire sur la signification évangélique de la vie religieuse.

Mais, de grâce, n’ayons pas d’idées toutes faites ; l’Esprit de Dieu ne s’y trouve pas. J’ai retenu d’une intervention, hier soir, cet appel : "Partons des jeunes eux-mêmes", c’est-à-dire commençons par les écouter et écouter ce que Dieu dit à travers ce qu’ils nous confient, seuls ou en Groupes de recherche car il s’agit bien de découvrir avec eux la volonté du Seigneur, son regard d’amour sur leur vie : "Seigneur, que veux-tu que je fasse ?".

Notre recherche commune doit partir de cette écoute, de ce regard sur le "vivant" . Il implique une grande humilité, celle du serviteur : commencer par lire ce qu’un autre a écrit, commencer par recevoir avant de donner, commencer par prier avant de guider.

- UN ESPRIT d’OUVERTURE

Nous sommes au service de la même Eglise, donc au service de toutes les vocations, y compris les vocations de moines, de frères et de missionnaires. Cette ouverture, sans esprit de concurrence ni de méfiance, implique une large connaissance de tous les "appels" et une attitude profonde d’accueil à l’égard de toutes ces vocations et de leurs richesses, car elles sont don de Dieu à l’Eglise.

A ce propos, il ne me semble pas inutile de recommander aux religieux que nous sommes de chercher à bien comprendre ce qu’est un prêtre diocésain et de mieux connaître le diocèse où nous vivons et travaillons. Nous demandons - et nous avons raison - aux prêtres diocésains de savoir ce qu’est la vie religieuse ; à notre tour, faisons ce même effort à leur égard et à celui de leur Eglise particulière qui nous est commune, du moins temporairement. Une "différence complémentaire", peut-être à découvrir, sûrement à approfondir.

Mais la même conviction apostolique doit nous animer, religieux, religieuses et prêtres diocésains, à savoir que la vie religieuse :

"solidaire de la condition humaine, exposée aux défis et aux appels du monde, est témoin, par les choix et les ruptures qu’elle implique, de l’appel des Béatitudes adressé à tout homme, et à cause de ce témoignage attendu d’elle., elle a un rôle irremplaçable dans la mission de l’Eglise"
(Lourdes, 1985)

C’est de ce rôle d’un radicalisme exigeant que nous devons garder une mémoire fidèle et agissante en vrais serviteurs.

Développons en nous, inlassablement, dans notre pastorale des vocations, le sens de la coopération loyale, le sens de la recherche innovatrice et le sens de l’ouverture à l’Eglise de Jésus-Christ, le Maître qui choisit.


pour le S.N.V. :
le Père Claude Digonnet

Même si le programme du déroulement de la session indique pour aujourd’hui à 12 heures : conclusions du Président de la C.S.M.F. et du Responsable du Service National des Vocations, même si le mot est souligné, je ne voudrais surtout pas conclure au sens de "mettre un point final", d’abord parce que je me sens incapable de résumer en quelques mots toute la richesse de nos échanges, ensuite parce que, et vous serez d’accord avec moi, je ne souhaite pas du tout, et je regretterais profondément que les choses s’arrêtent là.

Simplement après avoir rappelé l’un ou l’autre constat, l’une ou l’autre question qui a été formulée, telle ou telle conviction qui s’est exprimée, après avoir évoqué la richesse d’une expérience vécue ensemble pendant ces trois derniers jours, je voudrais, sous forme de quelque chose comme une parabole, exprimer un souhait qui prenne corps en un projet porté et réalisé ensemble.

1) Du genre "Pourquoi le signe de la vie religieuse n’est-il pas mieux perçu ?" ou encore "Comment articuler vie communautaire et mission ?" ou encore "Ne sommes-nous pas nous-mêmes fragiles, quelque part ?".

Questions en forme d’interpellations, mais qui ne seront salutaires que si elles nous invitent ensemble et personnellement à la conversion et ne nous font pas oublier l’essentiel "Aspirez aux dons les meilleurs, écrit St Paul aux Corinthiens...je vais vous indiquer une voie infiniment supérieure" (1 Co 12, 31). L’amour vrai est un don. La vocation religieuse est elle-même un don pour l’Eglise et le monde d’aujourd’hui.

Durant cette session, j’ai entendu s’exprimer des souhaits ou des convictions fortes.

"Le mal, disait le Père RONDEPIERRE, n’est ni de trop appeler, ni de trop éveiller". C’était pour ajouter et faire entendre : continuons à appeler, non en concurrence, mais en meilleure concertation.

2) "Les vocations n’ont pas pour but, précisait le Père Bernard DULLIER, de permettre à un corps social de se continuer, ou de survivre. Elles n’ont aucun sens si ce n’est de permettre que l’Eglise soit l’Eglise de Jésus-Christ... et pour ce qui concerne la vie religieuse, d’être signe et réalisation de l’appel universel à la sainteté."

"L’essence, la mission de la vie religieuse ne serait-elle pas d’être adhésion inconditionnelle à Jésus-Christ ?" En écoutant l’exposé du Père Claude MARECHAL, je pensais à cette remarque de Gandhi qui disait à peu près ceci : j’admire profondément le texte des béatitudes., je ne connais rien de plus beau. J’aimerais seulement voir vivre cela par les chrétiens". N’est-ce pas là la mission de la vie religieuse ? Rappeler sans cesse à l’Eglise et au monde que Jésus est l’homme des béatitudes, que la liberté vraie et l’épanouissement de l’homme passent par les exigences de ces chemins évangéliques et que des hommes et des femmes bâtissent un projet de vie autour de ces chemins qui sont, à chaque étape de l’histoire du monde un itinéraire à inventer sans cesse.

Pendant ces trois jours, nous avons fait l’expérience d’une recherche, d’un dialogue sur des questions vitales pour nous-mêmes, nos instituts, l’Eglise et le monde d’aujourd’hui. Nous avons expérimenté déjà d’une certaine façon la fécondité de cet échange qui était, ne l’oublions pas, une "grande première", et comme un pari sur l’avenir.

Et l’avenir, très concrètement, pour que cette rencontre ait un lendemain, passe, me semble-t-il, par quelques recommandations bien précises dont vous permettrez que je vous en rappelle au moins deux :

- le développement des ateliers de vie religieuse, selon les perspectives rappelées par Sœur Dominique SADOUX

- le principe d’une véritable délégation, du côté des Instituts religieux pour ceux d’entre vous qui font partie des instances régionales du Service des Vocations.

Restera à exploiter aussi les conclusions de vos carrefours, en Région, qui ont marqué la dernière étape de cette matinée.

J’en viens enfin à cette conclusion en forme de parabole que j’annonçais tout à l’heure.

Il en va des vocations pour le Royaume de Dieu comme d’un arc-en-ciel apparaissant après une tornade ou une longue sécheresse. Si tu le regardes, tu distingues les couleurs, mais tu ne sais pas bien où commence chacune et où elle disparaît, fondue dans une autre. Ainsi en va-t-il bien souvent de nos diverses vocations. Il y a le religieux laïc et le religieux prêtre ; il y a la vie active et la vie contemplative ; il y a le prêtre religieux et le prêtre séculier ; il y a les ministères ordonnés et les ministères de baptisés ; il y a les instituts religieux et les instituts séculiers ; le prêtre n’est-il pas en même temps diacre et disciple ?

Tout cet ensemble de vocations, n’est-ce pas un bel arc-en-ciel sur le monde et pour le monde ? Et l’arc-en-ciel serait-il plus beau si ses couleurs étaient parfaitement délimitées ? Surtout n’oublie jamais que l’arc-en-ciel ne se dessine que lorsque la lumière joue avec l’eau. Fruit de l’Esprit de lumière jouant avec le ruissellement de l’eau baptismale, tel est pour notre monde l’arc-en-ciel des vocations.

Au terme de cette session, notre grand souhait n’est-il pas d’être signe chacun avec notre couleur, et DE FAIRE SIGNE ENSEMBLE.