L’audace de proposer


Elisabeth BELLAIS
religieuse de la congrégation des Sœurs Missionnaires de Notre Dame d’Afrique

Les propositions d’animation vocationnelle, faite aux jeunes, se doivent d’être au service de cette expérience spirituelle particulière que constitue la mission à l’extérieur. Telle est la conviction d’Elisabeth BELLAIS, qui partage ici, avec nous, l’effort de son Institut pour aller en ce sens.
Comme tous les Instituts Missionnaires "ad extra", le nôtre croit à l’avenir de sa mission dans l’Eglise. Nous désirons donc être, avec eux, un instrument de l’appel de Dieu à cette vocation particulière, pour les jeunes d’aujourd’hui.
Notre charisme pour l’Afrique ne nous coupe pas des Eglises d’Amérique, d’Asie ou d’Océanie. Au contraire, espérons qu’il nous rend pleinement "catholiques". Si donc une jeune se sent plus attirée par un de ces trois continents, avec joie nous l’aiderons à discerner et à se disposer à répondre à cet appel.
Quelle est la situation de 1’ANIMATION VOCATIONNELLE MISSIONNAIRE dans l’Eglise de France actuellement ?
Pour nous, elle se fait au sein de l’Animation Missionnaire en général. Elle ne saurait, en effet, être à part, ou en dehors, de notre participation à la Pastorale des Eglises Locales auxquelles nous appartenons par la naissance et qui nous ont envoyées, conscientes de leur responsabilité d’annoncer l’Evangile par toute la terre. Du moins, espérons-le, qui reprennent clairement conscience de cet envoi.

I - Notre animation vocationnelle a des limites restreintes

Nous n’avons pas d’Institutions en France. C’est en nous mettant au service de la C.E.M.E. (Conférence Episcopale des Missions à l’Extérieur) et des O.P.M. (Oeuvres Pontificales Missionnaires) que nous pouvons, avec bien peu de personnel, en deux ou trois lieux du pays, participer à des Journées ou des Semaines Missionnaires, à des informations, ici et là. En équipes Hommes-Femmes, d’instituts divers, une heure, une journée, à tous âges, Vie Montante majoritaire, jeunes disposés ou ennuyés. Pratiquement : des interventions limitées, ne permettant ni la profondeur de l’échange, ni le suivi, sauf exception. Le Service Missionnaire des Jeunes qui fut prospère en certains lieux et qui garde quelques îlots vivants est plutôt un inconnu dans la majorité des diocèses.

Ratisser large. Climatiser à la Mission Extérieure par des interventions limitées : tout cela n’est pas sans valeur. Cependant, cette façon de faire, outre qu’elle ne durera pas longtemps vu le nombre et l’âge des missionnaires français dans leur ensemble n’offre pas les conditions les meilleures pour susciter un appel à un engagement à vie. Elle ne peut qu’en évoquer la possibilité dans l’esprit des jeunes. A moins d’un petit quelque chose pour Jésus-Christ et son évangile dans le cœur de tel ou tel avant la rencontre, un passage rapide de deux ou trois missionnaires, ne pouvant dire grand chose de leur spiritualité propre, de leur charisme particulier, a peu de chances de déclencher beaucoup d’élans ! Il nous reste l’espérance du semeur à tous vents !

Les missionnaires passent leur vie à promouvoir des Eglises particulières qu’ils quitteront. Les "Lavigériens" seront du nombre. On peut leur rendre cette justice à eux comme aux autres, d’avoir cherché à enraciner la foi en Jésus-Christ en particulier par l’éveil, le soutien des divers Etats de vie et ministères. Dans cet esprit, après avoir aidé à la fondation de 21 congrégations diocésaines, les Sœurs Blanches s’en tiennent à un respect scrupuleux, non seulement de la vocation propre de chaque jeune, mais encore celui des besoins de ces nouveaux Instituts au bénéfice de leurs Eglises.

Ces dispositions peuvent donc inspirer confiance à notre Eglise. Nous désirons sincèrement entrer dans une PASTORALE GENERALE DES VOCATIONS au bénéfice des jeunes chrétiens d’ici, quels que soient leurs appels. D’ailleurs notre charisme est clair, notre vocation bien précise, ils ne sont pas adressés à tous. Mais il faut admettre qu’il n’est pas toujours aisé de collaborer avec les Services Diocésains des Vocations ou le Service National des Vocations et ceci tient moins au désir commun de part et d’autre qu’au fait qu’il y a bien peu de relais : chaque paroisse, secteur pastoral n’a pas de permanence, de programme à offrir. Se rencontrer au niveau des Etats-Majors, c’est bien. Travailler ensemble, à la base, serait plus utile pour nous. D’autant que nous allons et venons entre la France et l’Afrique...

Paradoxalement, c’est en Afrique que notre situation est la plus confortable. L’éveil et le soutien des vocations font partie intégrante de la vie des communautés ecclésiales de base... Camps, sessions, retraites, formation au discernement : nous y participons comme membres à part entière !

Alors, le danger "pas catholique" serait de nous dire : laissons tomber.. l’Europe, la France ! Soyons les instruments de l’appel des jeunes d’Afrique, d’Amérique du Sud, d’Asie, pour l’Afrique. Ici nous perdons du temps et usons des forces pour une jeune, tous les deux ans, qui aille jusqu’au premier engagement dans l’Institut !

Mais, devant Dieu, en avons-nous le droit ? Droit de priver notre Eglise d’un charisme reconnu, qui l’aide à être missionnaire ; droit de compromettre l’équilibre de notre Institut et sa catholicité, en n’essayant pas de faire signe à des jeunes françaises ? Parce que nous croyons très fort, du fait de notre internationalité vécue dès les débuts, à l’importance de la note originale donnée par chaque personne, selon son origine, à l’œuvre missionnaire, nous ne pouvons qu’essayer encore de faire des propositions.

II - A qui, et comment, faire ces propositions justement ?

Quel public jeune peut être sensible aux composantes de la vie des Missionnaires de Notre Dame d’Afrique, dites "Sœurs Blanches" ?... et quelles sont ces caractéristiques ?

C’EST UN APPEL DU SEIGNEUR

  • à participer à la Mission du Christ, en dehors de son pays, et en particulier en Afrique, en accomplissant principalement des tâches initiales, là où le Christ n’est pas encore connu ;
  • et à réaliser cet appel dans une forme bien précise de vie chrétienne qu’est la Vie Religieuse : consécration du Baptême poussé jusqu’au don par les Trois Vœux ;
  • Mission et consécration se vivant au sein de petites communautés internationales.

et LE TOUT : pour toute la vie, ou "jusqu’à la mort !"

Des jeunes généreux, ardents, il n’en manque pas, chrétiens ou non. En témoignent les nombreuses lettres de garçons et de filles - de filles surtout, d’ailleurs ! - qui expriment la demande de vivre un, deux mois, un an, avec nous et de participer "à nos missions humanitaires"... et qu’il faut, hélas, souvent décevoir.

Nous pouvons inventer des formes d’adhésion à l’Institut : membres associés, membres affiliés ou autres, pour satisfaire des "vocations temporaires", si tant est que ces vocations temporaires nous satisfassent beaucoup nous-mêmes ! Mais s’il s’agit d’entrer dans cet Institut à part entière, il faudra prendre le tout, c’est indivisible ! du moins jusqu’à ce jour. Et c’est là que les difficultés commencent.

Les journaux grand-public, comme les spécialisés, ne manquent pas de discourir sur une "jeunesse" largement ciblée les "17-35 ans", mais tandis qu’on la radioscopie elle n’en finit pas de changer ! Aussi peut-on entendre une chose et son contraire sans que personne ne contredise quiconque ! Richesse d’une génération qui ne se laisse pas facilement saisir et qui déroute d’autant plus des Animateurs vocationnels venant d’ailleurs.

On nous dit alors : "adressez-vous aux milieux Tiers-mondistes, à ceux qui militent contre l’Apartheid, contre tous les racismes, aux coopérants en partance ou revenus ; à tous ces jeunes qui veulent s’investir dans des causes nobles tout en voyageant... Qui sait ?"

Cela paraît logique à première vue, et pourtant ! Il y a encore loin du voyage sac au dos, au sac déposé un jour dans une petite chambre au fond d’une brousse pour un "vivre-avec" sans date de retour ! Il n’est pas exclu que le premier conduise au second. Cela reste rare, sauf si le voyage est un élément d’un processus de discernement sur sa vie.

Aller chanter et danser une nuit avec S.O.S.-Racisme, super ! Donner une soirée ou deux par semaine à des enfants d’immigrés pour un soutien scolaire : aïe, cela fait déjà plus mal ! Envisager de donner sa vie à Jésus-Christ pour promouvoir un évangile d’amour, de paix, de fraternité ici ou ailleurs ? "Nous t’entendrons là-dessus une autre fois !"

Autre chose serait la coopération dans le cadre des Missions Catholiques, à laquelle préparent le Service de Coopération au Développement de Lyon et la Délégation Catholique à la Coopération ainsi que d’autres organismes chrétiens. Beaucoup de jeunes motivés par Jésus-Christ et par l’homme s’y présentent. Parmi tous ceux qui ne sont pas encore très au clair avec eux-mêmes, leur foi, leurs désirs profonds, combien ont mûri dans leur attachement au Christ et découvert l’Eglise Universelle. Tous sauf ceux pour lesquels le discernement n’aura pu être suffisant, en retirent un grand bénéfice humain et spirituel.

Pour nous, missionnaires, faire appel à cette forme de coopération suppose une préparation afin qu’elle soit une réussite au bénéfice des jeunes coopérants et de ceux qu’ils désirent servir. Il est certain qu’accueillir des jeunes filles pour quelques mois, pour deux ans est une manière de servir l’Eglise de France en aidant les Eglises d’Afrique. Nous n’avons pas encore mesuré assez l’enjeu de catholicité active que l’opération contient... C’est à creuser, sans nous laisser trop vite arrêter par les difficultés et le travail supplémentaire que cela suppose pour nous, bien souvent. Parmi ces garçons et ces filles, il y a des vocations missionnaires, c’est sûr.

Un autre lieu et milieu :
Les jeunes des Groupes de Prière et des Communautés Nouvelles. Attirés par la louange, l’adoration, la vie communautaire et le désir d’évangéliser, tous les éléments semblent réunis. Cependant, nous ne sommes pas le type de vie chrétienne qui les attire. Nous roulons sur les pistes et ils admirent, mais nous ne passons pas assez de temps devant le tabernacle et ils regrettent ! Notre contemplation est dans l’action et ils rêvent de contemplation pure. Notre louange jaillit dans une pauvre chapelle de brousse, parce que les gens du village, enfin, se sont mis ensemble pour s’acheter une charrette, ou que le jeune couple passé à "l’école des fiancés" a creusé des latrines !... Sans volutes d’encens et sans lumières de cierges nous pouvons vivre une consolation très forte : nous touchons le Salut en actes mais la forme reste pauvre et ils ont besoin d’autre chose pour exprimer leur foi leur amour. La vie de style monastique leur paraît la plus grande, la plus sûre... peut-être la plus sécurisante aussi. Il faudra du temps pour que la vie apostolique retrouve sa visibilité, sache dire ce qu’elle vit de merveilleux, de vrai, de sûr... "Vous ne savez pas vous vendre", disait un jeune homme qui fait du marketing et qui découvrait un pan de notre action missionnaire ! Sûrement vrai ! il faut dire que le produit n’est pas commercial ! Que faut-il faire ?

Peut-être reste-t-il alors les paroissiens ordinaires ! Ce sont les jeunes des aumôneries scolaires et universitaires dont certaines deviennent des écoles de prière et de service du Seigneur ; le Scoutisme dont la pédagogie a fait ses preuves et qui peut donner encore de beaux fruits, les engagés : catéchistes, animateurs liturgiques. Ces jeunes participent tout à fait aux valeurs des deux autres groupes : ils veulent aller en Afrique pour voir, pour entendre, ils prient parfois dans des groupes de Renouveau, mais le tout reste assez - comment dire - "classique"... Leur itinéraire de pratiquants n’a pas toujours été en ligne droite. Au moment où ils nous rencontrent dans des activités proprement missionnaires ils sont en général "en montée", du moins en amorce de virage, sinon ils ne nous auraient pas rejoints...

III - Quelle pédagogie employer ? Quel cheminement proposer ?

Depuis bientôt dix ans, Pères Blancs et Sœurs Blanches d’Europe, font des actions communes. Le fait que nous vivions en Afrique dans des Communautés internationales, nous permet plus aisément cette mise en commun régulière et l’organisation de rencontres internationales pour les jeunes. Nous allons tendre à développer encore les activités européennes pour épargner du personnel et des forces.
Que cherchons-nous ? des lieux et des temps où nous pouvons faire vivre à des jeunes les aspects principaux de notre vocation :

- Jésus-Christ
- Sa mission et celle de son Eglise
- L’Afrique

- Evangélisation
- Développement
- vie-avec
- universalisme du message

internationalité
- prière
- partage

et ceci en convivialité avec des Pères Blancs et des Sœurs Blanches, en proportion de un ou une missionnaire pour 5 jeunes, afin que chacun ait l’occasion de parler personnellement à l’un d’entre nous durant la Rencontre Missionnaire Internationale, ou même de commencer l’apprentissage de l’accompagnement durant un camp.

Ce furent d’abord et ce sont encore : des Routes Missionnaires Internationales ayant lieu dans nos divers pays à tour de rôle. Des camps d’approfondissement : Bible, Histoire de l’Eglise - des voyages courts en Afrique.

A partir de ces jeunes connus et rassemblés il a été possible en quelques endroits, et pour nous, à Paris en particulier, de faire des réunions de "suivi". Nous avons pu, depuis 5 ans, sur l’Ile-de-France, avoir des réunions mensuelles au contenu assez riche, qui sont devenus comme un Service Missionnaire des Jeunes, ouvertes à tout le monde. Le climat d’amitié qui s’y développe remplace la publicité car on y amène ses amis.

Qu’y fait-on ? une ouverture à la Mission extérieure essentiellement.

Sept mois sur neuf, nous accueillons chaque fois un missionnaire, tous les continents sont représentés dans l’éventail, bien sûr. Si nous pouvons avoir des "natifs" des pays concernés, tant mieux. Sur Paris, c’est loin d’être impossible. Après deux ou trois ans d’appartenance au groupe cela fait un bel éventail pour un jeune. Son regard change et son cœur s’élargit.

Parallèlement on prie et on réfléchit à ses engagements ici et maintenant, encore que chacun soit invité à faire partie aussi d’un autre mouvement ou service, ce qui est souvent le cas. Nous ne prétendons pas faire nombre avec l’Aumônerie des Etudiants ou la paroisse. Au contraire, nous aimons mieux être une rampe de lancement...

Parmi ces jeunes, et d’autres qui, en dehors de ce groupe restent en contact avec tel Père Blanc, telle Sœur Blanche, il est possible de proposer un "plus" à quelques-uns. C’est là qu’il faut avoir l’audace de proposer. Très rares sont les jeunes qui osent demander qu’on leur consacre du temps, qu’on les aide à aller plus loin, même s’ils en meurent d’envie.

Il faut dire d’ailleurs que la majorité ne conscientise pas clairement son désir profond... cela reste flou en eux... Ils sont insatisfaits, et souvent largement, de ce qu’ils trouvent dans tel groupe mais ne savent pas dire de quoi ils auraient vraiment besoin pour progresser dans la foi, la prière, l’engagement...

La première proposition à faire c’est celle d’un accompagnement personnel. Bien entendu, il ne faut s’y lancer que si on peut dégager un temps régulier pour chacun ; avoir du matériel adapté et donc l’avoir "fabriqué", et poser tout de suite les exigences. Ce qui, loin de rebuter donne, au contraire, confiance.

Un accompagnement qui repose sur une prière personnelle dont on rend compte et une relecture du vécu dont on parle. Le tout dans la mouvance de la spiritualité ignatienne. La seconde proposition sera la Retraite de choix de vie, ce qui peut prendre un an ou deux. Il faut savoir durer..."

Au sein du groupe, les "accompagnés" et non-accompagnés poursuivent un cheminement commun d’ouverture au monde et à l’Eglise universelle et, ce qui est important, ceux qui font un pas de plus vers la vie religieuse, ou le sacerdoce, continuent à faire partie "affectivement" de l’ensemble. On s’écrit, on se communique les nouvelles (et pas seulement des français d’ailleurs). Les jeunes savent souvent mieux que nous ce que devient Mike, un anglais qui est au Mali, et Pilar, l’espagnole, qui fait son noviciat à Nairobi ; jeunes rencontrés dans les Routes, pour lesquels on prie, qu’on suit du cœur... Et ainsi tous les choix "pour Dieu", qu’on se marie ou qu’on entre dans une famille missionnaire sont importants, pris en compte, deviennent "normaux". On ne craint donc pas de se poser les vraies questions pour soi...

Depuis cinq ans, j’ai accompagné huit jeunes. Deux ont abandonné assez vite, mais continuent à suivre de loin nos activités. Elles n’ont pas encore pris de décision. Deux sont entrées chez les Sœurs Blanches et quatre en cours d’accompagnement n’ont pas encore fait de choix de vie. Leur parcours reste ouvert à toute éventualité !

A tous nous voudrions procurer un séjour en Afrique, bien entendu. Cela fait partie du normal. Ce n’est pas le plus facile. Nos conditions de travail dans les diocèses africains, où nous sommes pratiquement toutes dans la pastorale paroissiale, la formation des leaders de communautés chrétiennes, ne facilitent pas l’emploi de jeunes ne sachant pas la langue, ayant des professions précises qui ne préparent pas toujours à la formation d’adultes ruraux ou à l’enseignement de la pédagogie catéchétique. Nous voulons pourtant, en congrégation, penser sérieusement ce point de notre animation vocationnelle. C’est indispensable à sa logique. Les jeunes veulent voir avant de s’engager et c’est leur droit !

IV - Quelles sont les orientations de cette formation ?

1 - VISER LA CROISSANCE INTEGRALE DE LA PERSONNE

Dans la mesure où tel jeune est fidèle à un groupe, et plus encore s’il demande ou accepte un accompagnement, il est important que nous ayons une visée à son égard, de croissance en premier. Et pas seulement dans le domaine de la prière ou de la mission. C’est d’abord, elle, lui, qui sont importants avant même d’espérer qu’ils deviennent ou Père Blanc ou Sœur Blanche, ce qui est quand même le petit nombre !

De toute manière, l’identité religieuse, avec ses valeurs propres ne peut se greffer que sur une identité humaine et chrétienne personnelle, progressivement reconnue et assumée. Notre tâche est d’aider un cheminement intérieur : éclairer les choix, discerner les motivations, soutenir la croissance du désir. Il s’agit donc d’être attentif à ne pas devancer et à savoir attendre ; encourager, clarifier, faire la vérité sans détours avec bonté, fermeté et douceur.

Une seule chose est importante pour chacun : suivre le Christ dans le style de vie qu’il m’indiquera, pour la mission qu’il me donnera ; en adhérant de plus en plus aux valeurs évangéliques qui créent en moi des attitudes intérieures nouvelles. Ce sont ces attitudes du cœur qui vont d’ailleurs me permettrent de capter ce que le Seigneur attend de moi. C’est ce qui est à répéter dans les entretiens, sans se lasser ! Car l’impatience fait imaginer qu’on pourrait téléphoner ou taper sur le minitel du Saint Esprit pour que cela aille plus vite. Il n’est pas aux abonnés absents mais il a d’autres moyens de communication...

2 – DONNER TOUT DE SUITE LES ELEMENTS D’UNE SPIRITUALITE APOSTOLIQUE

Et ceci, justement, parce que sur le marché de la spiritualité actuelle, en France du moins, il semble qu’on trouve surtout une spiritualité de style monastique, une invitation à la contemplation très bonne, profondément traditionnelle, mais qui ne convient pas toujours à des jeunes engagés dans des études longues ou débutant dans une profession avec ses embûches.. Nous offrons donc quelques points de repère, selon la tradition ignatienne :

- Contemplation du Christ dans son oeuvre de salut

- Union à Dieu au cœur de mes engagements professionnels

- Discernement des esprits ; attention à la présence de Dieu en moi, dans les autres et les événements

- Collaboration active à l’œuvre de Dieu en moi et dans le monde

- Combat pour la liberté intérieure, la disponibilité et le détachement

en vue de répondre : "Me voici" quel que soit l’appel que le Seigneur me lancera.

L’expérience des Exercices Spirituels - 3, 5 ou 8 jours selon les jeunes, se vit donc selon les temps et moments nécessaires à chacune et chacun, et soutient ordinairement toute la pédagogie.

* * *

Tout ceci mis en oeuvre, il reste encore à dire que l’animation vocationnelle missionnaire n’est pas facile. La remontée du nombre des jeunes qui s’engagent à vie au service de Jésus-Christ et de son Eglise ne semble pas beaucoup profiter aux Instituts Missionnaires, si on en juge par les chiffres. Mais ceci devrait plutôt nous inciter à réfléchir ensemble justement à ce qui fait le thème de cet article : "quels sont les critères propres d’une vocation missionnaire "ad extra", quelle est l’expérience particulière qu’il faut faire vivre aux jeunes pour contribuer au travail de l’Esprit qui ne cesse d’appeler à cette forme de vie et d’engagement ?"

Ce ne sont pas les quelques données alignées ici qui peuvent prétendre répondre de manière complète à cette interrogation fondamentale, dont aucun Institut pourtant ne peut faire l’économie.