Opération Amos : oser d’autres rives


Claude Brehm
religieux spiritain

« AMOS » ? C’est quoi ce sigle ? Pas facile de savoir à quoi ce nom fait référence. En réalité l’association, née à l’initiative des religieux et religieuses Missionnaires du Saint-Esprit, a choisi le nom d’un prophète de la Bible du huitième siècle avant Jésus-Christ. Amos s’est fait de manière particulière le défenseur des pauvres, de ceux qui, en son temps, subissaient l’oppression des puissants ou étaient victimes de leur indifférence.

Mais quel est le contenu de la proposition ? L’objectif d’Opération Amos est de permettre à des jeunes de partager pour un temps la vie d’une communauté chrétienne, d’un peuple en chemin vers son développement, d’une culture différente dont ils découvriront les richesses. Il existe des voyages organisés qui ont un but similaire : des groupes de personnes, dans le cadre du mouvement ou du service auxquels ils appartiennent, effectuent des séjours d’immersion qui sont une manière de renforcer les liens de partenariat. Il en est ainsi du CCFD et de la Coopération Missionnaire.

Une proposition pour des jeunes

Opération Amos s’adresse aux jeunes de vingt à trente ans. Ils partent individuellement, plus rarement à deux. Pour cette raison, les jeunes doivent avoir atteint leur majorité. L’association ne dispose pas de subventions et fonctionne grâce au bénévolat de ses animateurs, aux dons et à la cotisation de ses membres (une centaine de personnes). Il en résulte que le jeune prend en charge les frais de son séjour. Cela explique également que la durée des séjours ne dépasse pas trois mois, le minimum exigé étant huit semaines (cinq semaines pour les jeunes professionnels). Certains d’entre eux bénéficient du soutien de leur paroisse mais également de leur municipalité, voire du Conseil Régional. Opération Amos travaille aussi en étroite collaboration avec la Coopération Missionnaire. De cette manière, l’expérience des jeunes peut contribuer à l’ouverture à l’universel des communautés chrétiennes de notre pays.

En partenariat

Mais un tel projet ne pourrait se réaliser sans l’aide des partenaires qui accueillent les jeunes. Qui sont-ils ? Pour la plupart des communautés religieuses et missionnaires, des ONG engagées dans des projets de développement et en lien avec l’Église locale. Cette proximité ecclésiale est voulue. Pour une raison pratique, mais aussi en raison du projet lui-même qui vise à faire découvrir des communautés chrétiennes vivantes et engagées dans l’annonce de l’Évangile et le service des hommes. Pour beaucoup, un tel séjour est l’occasion de redécouvrir la mission de l’Église souvent ignorée et parfois contestée, les divers aspects de la vie religieuse qui, pour certains, ne le sont pas moins.

Formation et évaluation

Une telle expérience, comme le soulignait une jeune dans un mémoire en sciences de l’éducation portant sur des séjours comme ceux que propose Opération Amos, a une portée pédagogique, voire initiatique. C’est une chemin de croissance, une épreuve par certains aspects : rupture avec sa culture d’origine, ses sécurités, ses conforts ; entrée dans un projet qui n’est pas le sien ; dépassement des préjugés, mais en même temps ajustement d’un regard sur un « autre » trop souvent idéalisé.

De ce fait un temps de formation est indispensable. Il se déroule sur deux week-ends. Lors du premier week-end, appelé « de discernement », les jeunes travaillent sur leurs motivations, leurs attentes. Ils découvrent également les divers aspects d’une telle expérience : rencontre d’une autre culture, d’une Eglise missionnaire, du travail en partenariat. Alors, le jeune confirme ou non son choix de partir et les formateurs évaluent son aptitude à vivre un tel séjour. Ce n’est qu’à ce moment là qu’une proposition de poste est faite, tenant compte du profil du jeune (formation, engagement chrétien, compétences) et de ses désirs.

Le bénévole prend alors contact avec la communauté qui l’accueillera. Durant le second week-end, chaque jeune présente à ceux qui vont partir en d’autres lieux, le projet dans lequel ils s’engageront.

Une autre rencontre aura lieu dans les mois qui suivront le retour des jeunes : la relecture est un moment essentiel du parcours. La plupart du temps, les jeunes soulignent le positif de leurs découvertes, mais il est tout aussi important d’évaluer avec eux les difficultés rencontrées. Enfin, les formateurs invitent les jeunes à réfléchir sur la suite à donner à l’expérience vécue.

Certains renouvelleront l’expérience ou poursuivront leur soutien à la communauté qui les a accueillis. D’autres envisageront un engagement plus long, un volontariat de deux ans. D’autres encore se mettront au service des plus défavorisés de notre société, dans le cadre associatif (Coopération Missionnaire, CCFD, ATD Quart-monde, Secours Catholique, Restos du Cœur, etc.). Depuis sa création Opération Amos a ainsi formé et envoyé plus de sept cents jeunes.

Une aventure intérieure

Dans nos rencontres en pastorale des vocations, il est souvent affirmé que « l’humanitaire » est un créneau porteur pour les vocations. Il est sans doute difficile d’en évaluer l’impact, encore moins d’établir des statistiques. Pour certains, l’expérience a pu être déterminante dans leur choix d’existence, dans leur engagement chrétien. Certains, au terme de leur temps de coopération, de bénévolat, ont découvert ou confirmé leur projet de vie religieuse, sacerdotale ou missionnaire.

Voici ce qu’écrivait Olivier à son retour de deux mois au Togo. « Ces deux mois, c’était une véritable aventure spirituelle ! Mais pourquoi parler à l’imparfait ? Pourquoi tout s’arrêterait-il maintenant ? Je rentre avec une foi plus grande, avec une riche expérience de la prière, avec des yeux plus ouverts sur la beauté de chaque homme, avec un désir plus profond de partage et de service, avec un appétit plus féroce de la vie qui s’ouvre à moi ! Il ne tient qu’à moi de faire d’aujourd’hui l’aventure spirituelle et joyeuse de ma vie ! Partir pour revenir changé et changer les autres... Partir loin pour changer ici en France... Je sais qu’un travail m’attend. Je sais qu’un bonheur m’attend. »

Opération Amos
10 avenue de la Forêt Noire
67000 STRASBOURG
operation.amos@noos.fr