Eveiller les 11-15 ans aux vocations spécifiques


Quelques points de repère pour les animateurs

Ce document est le fruit d’un travail commun entre des représentants du Mouvement Eucharistique des Jeunes, de l’Action Catholique des Enfants, de l’Ecole catholique, de l’Aumônerie de l’Enseignement Public, des Scouts de France, des Guides de France, de Services Diocésains des Vocations, tous réunis à l’initiative du Service National des Vocations.

Conscients de l’enjeu important que constitue l’appel aux vocations dans l’Eglise, ils veulent apporter aux animateurs, éducateurs qui rencontrent les 11-15 ans quelques points de repère. Il ne s’agit donc pas d’un texte clos et figé : il doit savoir s’adapter à des situations ou à des pédagogies diverses.

Il ne s’agit pas non plus d’un texte utilisable dans n’importe quelle circonstance : tous les 11-15 ans, tous les animateurs ne sont pas d’emblée prêts à aborder la question des vocations. A chacun donc de l’employer avec tous le discernement nécessaire là où il se trouve.

I - Quand nous parlons de vocations...

  • VOCATIONS : un mot qui peut faire peur ou déranger. Et pourtant, il ne désigne pas une réalité mystérieuse ou désuète.

Même si le contexte actuel paraît peu favorable, même s’ils sont peu nombreux, des jeunes aujourd’hui s’interrogent sur leur propre vocation. Ils expriment le désir d’un choix de vie plus radical, d’un projet plus précis. Certains s’engagent pour devenir prêtres, religieux, religieuses, laïcs consacrés ou missionnaires. C’est bien le signe vivant que le Seigneur continue d’appeler des jeunes pour l’annonce de l’Evangile.

- En 1988, ils étaient près de 1 253 à se former dans les séminaires diocésains pour devenir prêtres.
On recensait en 1988 près de 225 novices dans les monastères féminins, et près de 300 chez les religieux de vie apostolique.

- Chaque année des jeunes se retrouvent autour des Services des Vocations pour réfléchir sur le sens de leur vie confrontée à l’appel de Dieu.

- Enfin, parmi tous ceux qui suivent un chemin de vocation, beaucoup ont fait une expérience d’Eglise dans un mouvement, une aumônerie, un service... Certains reconnaissent même que c’est là qu’ils ont été appelés à se mettre en route.

Ecoutons ce qu’en dit, par exemple, Marie-Sylvie, novice dans une congrégation de vie apostolique et qui évoque son engagement à l’A.C.E. :

"C’est dans ce contexte de service des enfants, qu’au plus profond de mon être a resurgi l’appel à une vie tout entière tournée vers Jésus-Christ et donnée à lui, qui plus tard se concrétisera par le choix de vie religieuse. A l’âge de huit ans, cet appel m’avait déjà été adressé mais c’est alors que je cheminais avec des enfants en A.C.E. qu’il s’est précisé".
Revue RELAIS - avril 1988 - p.26

On pourrait en dire autant en aumônerie, au M.E.J., ou ailleurs... Autant de témoignages modestes mais réels, qui montrent que les vocations ne sont pas une réalité dépassée.

  • Chrétiens, nous avons TOUS UNE VOCATION : par notre baptême et notre confirmation,
    nous sommes tous appelés à suivre de plus près le Christ et à vivre notre existence comme une réponse à l’appel qu’il nous lance.

Tous nous sommes invités à annoncer l’Evangile, à louer le Seigneur, à servir nos frères et à construire l’Eglise.

Mais cette vocation commune fondamentale, nous la vivons tous de manière différente. Il n’y a pas de hiérarchie ou de différence de valeurs entre les vocations, elles se complètent et s’interpellent mutuellement au sein d’une même Eglise où tous sont appelés.

Comme laïcs certains vivent leur vocation de baptisés au cœur du monde, soucieux de sa transformation évangélique en cohérence avec leur foi. Parmi eux, beaucoup vivent aussi leur vocation chrétienne dans le mariage, rappelant à tous l’importance d’une foi qui s’incarne au cœur du monde, l’actualité de l’alliance d’amour que Dieu a fait avec les hommes.

Comme évêques, prêtres, diacres, certains vivent leur vocation chrétienne pour rappeler à tous que c’est bien le Christ aujourd’hui qui nous rassemble comme unique Pasteur, que la construction de l’Eglise et l’annonce de la Parole constitue des appels urgents.

Comme religieux, religieuses, laïcs consacrés, certains vivent leur vocation chrétienne pour rappeler à tous la radicalité à laquelle Dieu les appelle dans leur propre existence, par l’annonce concrète de l’esprit des béatitudes.

Enfin, comme missionnaires à l’extérieur, certains vivent leur vocation chrétienne pour rappeler à tous que l’Evangile doit être annoncé aux quatre coins du monde et appelle chacun à quitter sa propre terre.

On le voit, les vocations ne sont pas des réalités fermées, n’existant que par elles-mêmes : elles permettent à l’Eglise d’être un corps vivant, signe par des dons multiples de l’amour de Dieu pour l’homme. Elles témoignent aussi du lien personnel que chacun tisse avec le Christ au cœur de sa vie : "Tu m’as séduit et je me suis laissé séduire", comme dit Jérémie.

  • Chrétiens, nous sommes donc TOUS CONCERNES par la question des vocations.

L’avenir de l’Eglise, le souci de sa mission d’évangélisation nécessitent que nous soyons sans doute plus attentifs à cette question. Car il est urgent aujourd’hui que l’Evangile soit annoncé, tant par des laïcs responsables que par des prêtres, des diacres, des religieux, des religieuses, des laïcs consacrés, des missionnaires, qui ont donné leur vie au Christ.
Aussi, lorsque nous témoignons de notre foi auprès des 11-15 ans en partageant leur vie d’équipe, leurs jeux, leurs inquiétudes et leurs joies, ce souci ne peut pas nous laisser indifférents :

  1. L’APPEL DE DIEU n’est pas sans effet une réalité désincarnée qui ignorerait les relais humains :
    - il se traduit dans la vie concrète, dans l’existence quotidienne des enfants
    - il s’exprime dans une recherche de foi, personnelle ou en équipe
    - il passe par des médiations humaines dont nous sommes partie prenante : l’Eglise et ses diverses communautés, mouvements, équipes..., les nombreux témoins.
  2. LES ENFANTS ne sont sans doute pas trop jeunes pour en parler, y penser
    - le souci des vocations n’est pas de l’ordre du recrutement, mais bien le service des appels que Dieu lance à des jeunes, en toute liberté. Il ne s’agit pas de lancer un appel à la cantonade mais d’accepter que la question reste ouverte.
    - Comme le montrent les statistiques et nombre de témoignages, le "premier appel" se situe souvent dans cette tranche d’âge des 11-15 ans. S’ils sont trop jeunes pour décider, ils ne sont pas, pour autant, trop jeunes pour y penser.
II - Eveiller aux vocations, à partir de ce que nous vivons déjà
  • C’est vrai qu’il existe des difficultés pour cet éveil : moins de prêtres, manque de culture religieuse chez les jeunes, sécularisation ambiante, peur de s’engager pour longtemps.

Mais en même temps, on constate DES POSSIBILITES PROMETTEUSES :

- De plus en plus les laïcs ont mieux conscience de leur vocation de baptisés, prennent leur responsabilités dans la mission de l’Eglise et redécouvrent le prix des vocations spécifiques. Ainsi ils s’engagent nombreux dans l’animation des aumôneries, mouvements, catéchèse.

- Les 11-15 ans font preuve aussi de dynamismes porteurs, expriment une soif de vivre et de se réaliser.

- Enfin, beaucoup de ces jeunes sont en recherche de foi, voire se préparent au baptême ou à la confirmation.

Ce contexte offre donc des éléments favorables pour ne pas laisser dans le silence la question des vocations.

  • Sans doute peut-on essayer d’abord de SAISIR OU CREER CERTAINES OCCASIONS
    - Un temps fort, une récollection, une enquête, la rencontre de témoins divers, les camps...
    - Une démarche sacramentelle qui va engager un jeune : baptême, confirmation... C’est l’occasion d’un choix, mais aussi d’un appel à aller plus loin dans la vie chrétienne
    - La Journée Mondiale de prière pour les Vocations, l’ordination d’un séminariste proche des jeunes...
  • Et plus, savons-nous qu’il existe aussi des moyens d’animation adaptés à la question et proposant des pédagogies d’éveil ?

III - Que faire quand un jeune confie un projet de vocation ?

Ceci peut très bien arriver. Que faire alors pour ne pas être pris au dépourvu par la question du jeune ?
S’il n’existe pas de recette toute faite, on peut en revanche proposer quelques points de repère :

l/ DABORD BIEN ECOUTER LE JEUNE

- le laisser parler, lui permettre d’exprimer son projet

- accueillir sérieusement sa question, lui faire comprendre qu’elle n’est pas marginale, mais normale et pas définitive

- être attentif aux autres moyens d’expression du jeune : la parole n’est sans doute pas le tout de son expression

2/ PERMETTRE UN PREMIER ACCOMPAGNEMENT
Même si cela reste à un niveau modeste, ce premier échange peut aider le jeune à respirer, à mieux porter sa question :

- l’aider à découvrir que son projet s’enracine dans la vie quotidienne, dans son histoire personnelle riche de multiples dimensions : la vie familiale, les copains, les rencontres qu’il fait, la découverte de son milieu de vie...

- l’inviter à continuer de vivre pleinement, à être réellement acteur de sa vie là où il est, avec les autres.

- l’aider à relire cette histoire personnelle et sans doute l’interpeller sur sa recherche.

3/ OFFRIR UN LIEU DE PARTAGE
Selon le contexte, le degré de discrétion souhaitée, il est parfois possible que le projet soit confié à une équipe, un groupe de 11-15 ans ; si bien entendu le jeune le souhaite.
Cela peut être l’occasion d’un partage, d’une discussion, d’une interpellation réciproque des jeunes entre eux.

Cet aspect peut être positif si l’on n’enferme pas le jeune dans son projet, dans une image de "futur curé" ou de "future bonne sœur". Rien ne serait plus dommageable pour sa liberté.

4/ LUI PROPOSER DES TEMPS DE PRIERE
Il est important d’inviter aussi le jeune à partager sa question avec Dieu, de la confier dans la gratuité de la prière.
C’est l’occasion de découvrir que le Dieu de Jésus-Christ l’aime en profondeur, que sa propre vocation a une dimension personnelle et communautaire. Il l’appelle à vivre sa vocation avec d’autres, en Eglise.

5/ SAVOIR LE RENVOYER A D’AUTRES
Il n’est pas facile sans doute de poursuivre le premier accompagnement d’un jeune dans sa recherche. Il ne faut pas hésiter alors à le renvoyer à d’autres, plus compétents :

- un prêtre, une religieuse, un laïc du mouvement, du service ou de l’aumônerie,

- voire le Service Diocésain des Vocations qui peut donner aussi quelques conseils, ou orienter le jeune vers une personne compétente localement proche.

• N.B. - QU’EST-CE QUE LE SERVICE DIOCESAIN DES VOCATIONS ?

Dans chaque diocèse, autour d’un prêtre nommé par l’évêque, une équipe diversifiée a plus spécialement le souci des vocations spécifiques : c’est le Service Diocésains des Vocations. Il a surtout à cœur de mettre en oeuvre une triple dimension :

  1. SENSIBILISER l’ensemble des chrétiens (paroisses, mouvements, services, aumôneries...) à la responsabilité des vocations, à l’occasion de la Journée Mondiale des Vocations, d’une ordination...
  2. EVEILLER les plus jeunes aux différentes vocations dans l’Eglise, en travaillant avec ceux qui les rejoignent (catéchèse, mouvements, aumôneries...)
  3. ACCOMPAGNER tous ceux qui se posent la question d’un projet de vocation spécifique, pour les aider à mieux discerner

Des formules variées d’accompagnement personnel ou en groupe peuvent être posées en fonction de l’âge du jeune, de son type de projet, de son degré de maturité.

- Pour obtenir l’adresse du Service Diocésain des Vocations de votre diocèse et tout autre renseignement à ce sujet, s’adresser au : SERVICE NATIONAL DES VOCATIONS - 106 rue du Bac - 75341 PARIS cedex 07 - tél. : 42.22.51.20