Edito


Du récent Synode sur le laïcat, sans doute faut-il retenir un enrichissement notable : l’approfondissement de l’identité des laïcs, déjà bien abordée au Concile Vatican II. Comme l’a souligné récemment Mgr COFFY (1), le Synode s’est refusé à donner une définition du laïc, préférant offrir une description plus positive qui part d’abord de l’Eglise "mystère de communion", C’est en tant que fidèle du Christ que le laïc apparaît d’emblée, et ne se voit pas défini négativement comme le "non clerc" ou le "non religieux".

Par la grâce du baptême et de la confirmation, il se trouve appelé à la sainteté, participant de la mission de l’Eglise à travers son caractère séculier et sa coopération aux services ecclésiaux. Le grand intérêt de cette approche réside dans sa manière d’appréhender les vocations spécifiques qui, du coup, se trouvent resituées désormais par rapport au baptême : le ministère ordonné comme "service du caractère baptismal de tout chrétien", la vie religieuse comme prolongement de la vie baptismale, "appel adressé à tous les chrétiens… à chercher d’abord le Royaume de Dieu là où ils sont et compte tenu de leur situation propre". Tout ceci ouvre à une saine vision de l’articulation entre la vocation fondamentale de tous et les vocations particulières.

A l’abord de ce numéro consacré à la place des laïcs dans la pastorale des vocations, JEUNES ET VOCATIONS ne pouvait passer ce message sous silence : il nous renforce tous dans notre souci d’éveiller les laïcs à la responsabilité de l’appel. Car l’Eglise, où "vocation, communion, mission font un tout" ne vivrait pas sans ces multiples liens de service, d’aiguillon, de convivialité entre les vocations diverses. Ce n’est qu’au cœur de ce contexte, avec des laïcs engagés dans une co-responsabilité effective, que peut trouver place une authentique pastorale des vocations qui est tout autre chose qu’un souci du fonctionnement ou une tâche surajoutée, mais bien un esprit, une foi en l’Eglise qui appelle à la suite du Christ.

Quelques mois après le congrès de Lourdes, des laïcs expriment ici comment ils sont entrés dans l’aventure des vocations, par la découverte de cette dimension nouvelle que nous venons d’évoquer. Et le Père Robert JORENS, que nos lecteurs seront heureux de retrouver, nous offre quelques convictions pour mieux aller de l’avant. Mais ce numéro entend aussi aider à réfléchir davantage cette mise en route du laïcat, à en mesurer les enjeux. Le Père Bernard QUINOT nous aide donc à éviter le piège de l’opposition trop facile entre sacerdoce/laïcat, pour mieux nous mettre en face d’une Eglise tout entière appelante, dans la diversité des ministères. Ce qui permet d’envisager sereinement ensuite les chances qu’a aujourd’hui la pastorale de trouver écho chez les laïcs et la place particulière qu’ils doivent y tenir. Avec quelques repères théologiques, le Père Michel MOUTEL rappelle la visée d’une telle pastorale, tournée davantage dans la dynamique de Lourdes vers l’appel au ministère de prêtre diocésain.

Le partage d’expériences qui achève cet ensemble montre enfin que l’éveil des laïcs à la pastorale des vocations a déjà trouvé des lieux d’incarnation. A LILLE, dans le cadre du Conseil pastoral du S.D.V., à CLERMONT-FERRAND au sein d’une Antenne locale. La MISSION OUVRIERE, quant à elle, nous fait part de son souci de susciter de véritables relais au sein des mouvements. Beaucoup de S.D.V. ont souhaité, à la suite de Lourdes, mettre en place des Antennes-relais dans leurs diocèses : ils trouveront dans ce numéro quelques points de repère qui pourront peut-être leur être utiles.

L’année 1987 fut celle du congrès, temps fort de célébration et de communion... 1988 sera sans doute davantage celle de l’enfouissement, du patient travail d’éveil auprès des chrétiens jeunes ou adultes. Qu’elle soit de toutes manières pour toutes et tous une sainte et heureuse année.

M. L.

NOTES ------------------------

(1) S.N.O.P. - N° 690 - 25 novembre 1987
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