Les fruis d’un temps fort


des laïcs d’Orléans

Marie-Bernadette et Dominique LE GALL,
laïcs, engagés à Orléans dans le scoutisme
et l’aumônerie de l’Enseignement Public

Le hasard de l’annulation d’activités scoutes devant remplir notre week-end de Pentecôte 1987, a fait que Marie-Bernadette, mon épouse, et moi, nous nous sommes retrouvés libres pour répondre à deux invitations à participer au Congrès national des vocations, à LOURDES :

- celle des Scouts de France pour une des grosses paroisses d’ORLEANS où Marie-Bernadette est responsable d’une troupe,

- celle de l’aumônerie de l’Enseignement Public des trois lycées et collèges du centre ville d’ORLEANS, pour ce qui me concerne ; j’y suis animateur pour des jeunes de 4ème et de 3ème.

Nous avons .la quarantaine naissante et nos quatre enfants : deux garçons (16 ans, 14 ans) et deux filles (12 ans, 9 ans) nous ont toujours conduits à participer à différentes activités d’Eglise : catéchèse, aumônerie, mouvements... et à y prendre quelquefois des responsabilités. Déjà, adolescents, puis étudiants, nous cherchions à vivre en équipe, à communiquer autour de nous, à faire un bout de chemin avec les autres...

La participation à ce congrès ne nous a pas déçus : nous sommes même revenus plutôt enthousiasmés par la grande diversité des échanges, des apports et des célébrations ; la qualité du travail et de l’organisation.

TROIS IMPRESSIONS FORTES nous ont plus spécialement marqués :

  • LA SOLIDARITE des laïcs et des clercs au sein de l’Eglise
  • L’importance des LITURGIES dans les temps forts de la vie d’un chrétien
  • La nécessité de dire aux autres les PROJETS que l’on fait sur eux.

• UNE SOLIDARITE FACE A l’AVENIR

Notre impression dominante restera peut-être celle d’une Eglise de France, solidairement soucieuse de son avenir, privilégiant - au moins momentanément ! -l’écoute réciproque et l’interpellation inquiète de tous les partenaires, face à un avenir sociologiquement difficile du fait de la raréfaction des prêtres.

Ces attitudes d’ouverture et d’accueil entre laïcs, religieux, diacres, prêtres et évêques, - à propos de l’appel au sacerdoce - nous ont semblé plutôt nouvelles ; car autrefois, ce sujet devait vraisemblablement rester le domaine réservé de la "Hiérarchie".

Le fait d’ouvrir ce partage aux laïcs ne simplifie sans doute pas la tâche des clercs, car, dans les carrefours du congrès, il est apparu une réelle difficulté d’obtenir un consensus, au niveau diocésain et entre les diocèses, sur des modalités et des "stratégies d’appel", comme si chacun avait encore peur de prendre toutes ses responsabilités...

Cependant nous croyons que cette démarche simultanée de tous les membres de l’Eglise rend davantage compte du "Sacerdoce commun" des chrétiens, au sens de Vatican II. En effet, comme les laïcs apportent le monde à l’Eglise, ne serait-ce que par leur vie familiale et professionnelle, cette démarche met en lumière plusieurs éléments :

- d’abord, que l’EGLISE EST FAITE POUR LE MONDE et non pas pour el1e-même,

- ensuite que LE PRETRE EST AU SERVICE DES LAÏCS, du Peuple de Dieu et non pas fait pour faire fonctionner la structure ecclésiale en tant que telle,

- enfin, que LA VIE LAÏQUE ORDINAIRE, celle d’une famille chrétienne, EST LE PREMIER LIEU d’APPEL : ainsi le souci de cet appel, la manière de le porter précède-t-elle l’initiative de l’évêque ou du presbyterium, même si tous sont imprégnés du même Esprit-Saint. Ceci sans revendiquer une quelconque antériorité, mais dans la conviction que l’appel de l’évêque sera d’autant mieux entendu si le terreau familial a, dès le départ, pris en compte la question.

Nous garderons ainsi d’abord le souvenir d’une même responsabilité, partagée par tous, d’assurer l’avenir de l’Eglise de Jesus-Christ en France.

• UNE EGLISE QUI CELEBRE

Les liturgies très intenses et profondément "communiantes" de ce congrès auront beaucoup contribué à notre enthousiasme au retour : la veillée de prière le samedi soir, à l’église paroissiale, la messe de la Pentecôte à la basilique St Pie X et la messe à la grotte, le lundi "à la fraîche", avec le cardinal MARTY, en furent les temps forts.

Célébrer dans de telles conditions élargit le cœur à une dimension plus universelle et donne la certitude expérimentale que notre petite contribution locale à la Mission de l’Eglise, se rattache à une multitude d’autres contributions analogues, toutes sous-tendues par le même Esprit Saint. Cette Pentecôte 87 fut pour tous une effusion tangible de l’Esprit.

Nous en avons tiré quelques pistes pour notre réflexion et notre pratique locale :

- les chrétiens ont tous besoin de vivre assez régulièrement DES TEMPS FORTS et plus particulièrement les jeunes, les adolescents. Il nous paraît important, en aumônerie, de monter un temps fort par trimestre ou, au moins, deux par année scolaire,

- les actes liturgiques couronnent les autres phases des temps forts : carrefours, ateliers, témoignages, conférences... Ils les EPANOUISSENT A UN AUTRE NIVEAU ; il ne nous semble pas possible de concevoir des temps forts entre chrétiens sans qu’il y aie des célébrations liturgiques. Ce sont des actes-signes où chacun, avec les autres, se donne à Dieu et se reçoit de Lui.

- les célébrations liturgiques nous DECENTRENT DE NOS PROBLEMES LOCAUX, elles les relativisent en les situant dans un contexte plus universel, celui du Salut du Monde.

• SORTIR DE LA CLANDESTINITE. AVOIR DES PROJETS

Le dernier point qui nous a marqués est la volonté commune d’abandonner le complexe de la relance, de la "retape"... pour enfin oser parler simplement et directement de l’appel au sacerdoce et de la vocation de prêtre diocésain : faire sortir ce sujet de la clandestinité. On ne peut pas appeler si on ne parle pas !

Nous avons compris qu’il fallait parler plus souvent et mieux de la vocation baptismale de tout chrétien : la vocation sacerdotale ne germera que sur ce terreau. Dans nos groupes Scouts de France et Aumônerie publique, il nous semble important de provoquer davantage chaque jeune à réfléchir à sa vocation personnelle, là où il est et avec ceux avec lesquels il vit.

Nous avons pris également à notre compte les propos du Père Robert JORENS :
"que beaucoup de membres d’une communauté chrétienne aient une intention, un projet pour les autres membres de la communauté". Nous souhaitons en effet que dans les groupes de jeunes que nous avons en charge, chacun puisse dire ce qu’il voudrait faire personnellement de sa vie et qu’il dise en même temps ce qu’il pense que les autres pourraient faire de leur propre vie.

Merci pour ce congrès qui nous pousse à aller plus loin.