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Les prêtres diocésains : qui sont-ils ?
Michel MOUTEL,
prêtre, supérieur du séminaire St Jean à NANTES
(séminaire inter-diocésain des Pays de Loire – 2e et 3e cycles)
L’article gui suit est la reprise d’une intervention faite à la rencontre régionale des Services des Vocations de la Région Apostolique de l’OUEST à Rennes, en octobre 1987 : les responsables des Services Diocésains avaient souhaité poursuivre la recherche sur les prêtres diocésains engagés au Congrès de LOURDES, à la Pentecôte 1987.Ce texte est donc une contribution, parmi d’autres, à la réflexion et à l’effort pastoral entrepris pour une relance de l’appel au ministère de prêtres diocésains.
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C’est la volonté de donner une suite au Congrès de Lourdes, à la Pentecôte 1987. sur les prêtres diocésains qui est, de façon immédiate, à l’origine de la demande qui m’a été faite d’aborder ce sujet. Mais la demande, me semble-t-il, vient de plus loin. Depuis quelques années on observe dans la vie de l’Eglise une tendance assez nette à souligner l’importance du diocèse et à valoriser les différentes manifestations de la vie diocésaine. Du même coup la question des prêtres diocésains se trouve elle-même mise en avant : on en parle volontiers pour affirmer leur importance et leur nécessité. Mais en même temps, on a un peu de peine à articuler des propositions précises à leur sujet. Surtout, il faut le dire simplement, on s’inquiète de leur rareté. Les Services des Vocations en particulier sont souvent confrontés à cette difficulté : un certain nombre de jeunes habités par un désir de vie apostolique semblent redouter le ministère diocésain et s’orientent plus volontiers vers des formes anciennes ou nouvelles de vie religieuse.
Cette situation doit être considérée avec sérieux, mais sans affolement. Elle n’est pas tout à fait nouvelle : "Beaucoup de jeunes fuient le ministère diocésain, parce qu’ils en ont peur, pour leur persévérance personnelle, et parce qu’ils ne croient plus à son pouvoir de conquête". Ce constat était déjà, en 1946, celui du cardinal SUHARD (1). Nous devons éviter surtout d’entrer dans les polémiques et d’entretenir des rivalités. Nous sommes appelés plutôt à faire valoir positivement la vocation qui est celle des prêtres diocésains et à dire comment ce ministère, pour ceux qui y sont appelés, peut être le lieu du don de soi au Christ et à l’Eglise et le chemin d’une véritable sainteté.
Ces remarques préalables étant faites il convient maintenant de répondre à la question posée : les prêtres diocésains, qui sont-ils ?
La question, je pense, porte essentiellement sur l’adjectif : "diocésains". Mais il me paraît nécessaire de rappeler tout d’abord quelques affirmations fondamentales sur les prêtres, ce qu’on peut retenir comme la doctrine commune largement reçue aujourd’hui, à la suite de Vatican II, sur le ministère ordonné dans l’Eglise. Ce sera la première partie. Après quoi j’aborderai, dans une seconde partie, ce qui concerne le qualificatif "diocésain".
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LE MINISTERE ORDONNE DANS l’EGLISE
Nous avons l’habitude de parler des prêtres, et c’est bien. En toute rigueur théologique il faudrait parler du Ministère ordonné, c’est-à-dire du corps ministériel constitué par l’évêque, les prêtres et les diacres. Au sujet de ce ministère ordonné, sans donner tous les développements possibles et sans entrer dans les justifications qui seraient nécessaires, je retiens quatre affirmations qui permettent de dire l’essentiel.
1 - Une réalité d’ordre sacramentel
Dans l’Eglise les prêtres - le ministère ordonné - sont une réalité d’ordre sacramentel.
Cette affirmation ne signifie pas que les prêtres seraient seulement les hommes des sacrements. Elle veut dire que les prêtres relèvent de l’ordre sacramentel d’une double façon. Tout d’abord on devient prêtre par ordination et l’ordination, ce n’est pas seulement une célébration un peu exceptionnelle et festive, c’est un sacrement. Il faut toujours s’en souvenir et il est heureux, à cet égard, que ce caractère proprement sacramentel de l’ordination soit désormais davantage reconnu et mis en valeur.
Mais on peut aller plus loin. L’ordination, c’est un sacrement qui fait du sacrement. Un sacrement, c’est – toujours - une réalité humaine, saisie par l’Esprit du Christ ressuscité pour dire quelque chose du Salut et pour le faire advenir ; le sacrement dit le salut, et ce qu’il annonce, il le réalise. De cette façon, les ministres ordonnés, évêques, prêtres et diacres, sont des hommes saisis par l’Esprit du Ressuscité pour être dans l’Eglise signe du Christ Pasteur et Tête de l’Eglise.
Il convient, ici, d’être un peu précis : les prêtres ne sont pas simplement comme on le dit parfois rapidement signe ou sacrement du Christ ; c’est l’Eglise qui est sacrement du Christ et tous les chrétiens le sont à leur façon et pour leur part. Le ministère ordonné est dans l’Eglise le sacrement du Christ Pasteur, c’est-à-dire celui qui fait vivre l’Eglise, la guide, l’éclaire et la nourrit.
Ainsi les prêtres par leur existence même et par leur ministère renvoient au Christ Pasteur de son Eglise. Ils sont le rappel constant que l’Eglise ne se fait pas elle-même, mais se reçoit du Christ et n’existe que parce que le Christ lui donne d’exister.
2 - Au nom du Christ Pasteur
L’exercice du ministère est une ACTIVITE accomplie au nom du Christ Pasteur, dans la puissance du Christ ressuscité qui a pour raison d’être d’AIDER l’EGLISE A ETRE l’EGLISE DU CHRIST. A vivre de son Evangile et à en témoigner.
Pourquoi faut-il des prêtres ? Pour que l’Eglise soit bien, authentiquement, l’Eglise du Christ. Les prêtres ne sont pas toute l’Eglise, il n’ont pas à tout faire. Mais ils sont à leur place en tout lieu où se jouent la vie, le témoignage et la mission de l’Eglise. On peut, comme vous savez, comprendre et décrire la vie de l’Eglise de bien des façons, en distinguant plusieurs lieux ou plusieurs dimensions nécessaires de la vie ecclésiale : l’écoute de la Parole dans la foi, la célébration sacramentelle du Mystère du Christ, le témoignage rendu à l’Evangile dans la vie des hommes. Encore une fois, les prêtres n’ont pas à tout faire et à tout vivre. Mais leur service et leur responsabilité, c’est d’aider les chrétiens, la communauté chrétienne à vivre ces différentes dimensions et à les articuler, et à vivre ainsi comme Eglise dans la dépendance du Christ.
Leur service est un service d’aide, de stimulation, de coordination, de communion, de ré-enracinement et de ressourcement.
3 - Prêtre pour l’Eglise et avec d’autres
On n’est jamais prêtre tout seul et pour soi-même. Etre prêtre c’est être prêtre pour l’Eglise et avec d’autres.
Les prêtres sont pour l’Eglise. Ce que nous venons de dire sur la signification du ministère et sur le service qui est celui des prêtres est, je pense, suffisamment clair. Mais il faut ajouter autre chose. Devenir prêtre, c’est être ordonné c’est-à-dire entrer dans "l’ordre", dans le collège ou la catégorie des prêtres, selon le sens primitif du mot. C’est être introduit par l’évêque dans le groupe des prêtres et être accueilli par eux, pour travailler avec lui et avec eux au service de cette Eglise, de sa vie, de son rayonnement, de sa croissance.
Cela fait une grosse différence avec les professions de type libéral ou artisanal. Il n’appartient pas à chacun de s’établir là où il le juge bon et de faire son ouvrage comme il l’entend. Les prêtres, avec et sous la responsabilité de l’évêque, sont ensemble en charge du service de l’Eglise et c’est l’évêque qui, en quelque sorte, organise et distribue le travail, en tenant compte autant que possible, bien sûr, des compétences et des sensibilités des uns et des autres.
Ce que nous disions tout-à-l’heure du Ministère ordonné comme signe du Christ Pasteur doit d’ailleurs s’entendre en ce sens. Chaque prêtre est déjà un peu ce signe. Mais cela est vrai d’abord de l’évêque et de son presbyterium ; c’est ensemble qu’ils sont ce signe sacramentel du Christ Pasteur et Tête de son Eglise.
4 - Les prêtres sont appelés à la sainteté
Les prêtres sont des chrétiens et comme tels ils sont appelés à la sainteté et à emprunter les chemins évangéliques de la sainteté chrétienne. Le fait d’être prêtres ne les met pas à part de cette condition commune, de la fraternité chrétienne, et ne les dispense pas des voies et des moyens de la vie évangélique.
Mais pour eux, le lieu et le moyen privilégié de leur sanctification ce sera l’exercice de leur ministère vécu sous la conduite de l’Esprit de sainteté. Le Décret de Vatican II sur le Ministère et la vie des prêtres l’affirme très nettement (cf. P.O. n°12 et 13). La formule doit être bien comprise : il ne suffit pas de faire des actes ministériels pour grandir dans la sainteté ; nous n’avons pas ici un éloge de l’activisme. C’est en accomplissant leur ministère d’une façon vraie et profonde, non pas comme un moyen de réalisation de soi-même, mais pour le service de leurs frères, en le vivant spirituellement c’est-à-dire sous la conduite de l’Esprit Saint, à la suite et à la manière de Jésus, avec le ressourcement continuel que cela suppose, que les prêtres grandiront en sainteté. Et l’essentiel là, le texte conciliaire encore l’indique clairement (cf. P.O. n 14), s’appelle "Charité pastorale". La sainteté, c’est toujours aimer. La sainteté du prêtre, c’est aimer avec le Christ Pasteur et à sa façon ; aimer l’Eglise, aimer les gens, donner sa vie par amour pour ses frères (cf. Jn 10).
LES PRETRES DIOCESAINS
Il était sans doute nécessaire de rappeler ainsi la doctrine commune sur le ministère des prêtres. Mais il faut maintenant en venir à la question précise qui était posée : que signifie et qu’implique, pour les prêtres, le fait d’être "diocésains" ? Nous partirons ici d’une affirmation fondamentale sur le diocèse et son presbyterium puis nous essaierons de dire ensuite ce qui va caractériser le ministère des prêtres diocésains.
1 - Le diocèse et son presbyterium
Qu’est-ce qu’un diocèse ?
Dans les textes du Concile Vatican II, au Décret sur la charge pastorale des évêques, le diocèse est défini de la façon suivante :
"Une portion du peuple de Dieu confiée à un évêque pour qu’avec l’aide de son presbyterium, il en soit le pasteur : ainsi le diocèse, lié à son pasteur et par lui rassemblé dans le saint Esprit grâce à l’Evangile et à l’Eucharistie, constitue une Eglise particulière en laquelle est vraiment présente et agissante l’Eglise du Christ, une, sainte, catholique et apostolique."
(Christus Dominus, n° 11)
Ce texte n’est pas très long ; il est très dense. Le diocèse est présenté et défini ici à partir de ses éléments nécessaires et constitutifs une portion du peuple de Dieu, un évêque et son presbyterium, le rassemblement dans l’Esprit Saint, l’Evangile accueilli et vécu, l’Eucharistie.
C’est tout cela ensemble qui constitue "une Eglise particulière dans laquelle est vraiment présente et agissante l’Eglise du Christ, une, sainte, catholique et apostolique".
La fin de cette phrase peut surprendre. Ces qualificatifs de l’Eglise, ces "Notes", nous sommes en effet habitués à les attribuer, dans la récitation du Credo, à la grande Eglise, à l’Eglise universelle.
Il ne s’agit pas ici de développer une réflexion théologique sur ce point, mais ce que nous pouvons retenir, ce que le texte conciliaire nous indique, c’est que dans l’Eglise particulière, dans le diocèse, relié bien sûr aux autres diocèses dans la communion catholique, il y a tout le mystère de l’Eglise du Christ vraiment et pleinement réalisé, donné et communiqué. C’est en ce sens que Paul parle dans ses lettres de l’Eglise de Dieu qui est à Corinthe ou à Thessalonique et que nous pouvons parler de l’Eglise de Coutances ou de Quimper ; il ne s’agit pas là d’une formule élégante et flatteuse, mais bien d’une affirmation de foi.
Le diocèse est une communauté humaine particulière rassemblée par l’Esprit-Saint, à laquelle il est donné de vivre authentiquement le Mystère du Christ et d’en témoigner. Une histoire l’a façonné ; le tempérament d’un peuple, d’une région, s’y retrouve ; des hommes et des femmes l’ont marqué, ceux qui les premiers lui ont annoncé l’Evangile et ceux qui ont été des témoins privilégiés, qui ont réveillé sa ferveur évangélique et relancé son dynamisme apostolique. Ainsi un diocèse aura toujours "un style", quelque chose d’unique et de particulier, sa manière propre d’accueillir l’Evangile et d’en vivre. C’est ce que produit, toujours surprenante, la rencontre d’un groupe humain et de l’Esprit-Saint.
On l’a remarqué, parmi les éléments constitutifs de l’Eglise particulière, le Concile mentionne "l’évêque avec son presbyterium".
En effet une Eglise ne peut exister et ne peut vivre sans la présence et le service du Ministre ordonné. Ceux qui sont appelés à ce ministère dans un diocèse et ordonnés pour cela, sont donnés à cette Eglise particulière pour la servir, pour l’aider à être véritablement une Eglise vivant le Mystère du Christ dans toutes ses dimensions, y compris bien sûr, celui du témoignage et de la mission.
Etre prêtre diocésain, c’est être prêtre pour faire vivre l’Eglise en un lieu donné et à un moment donné de l’histoire des hommes.
2 - Le ministère des prêtres diocésains
le lien avec l’évêque et le presbyterium
Ici, il faut sans doute commencer par une précision. On distingue à bon droit entre prêtres diocésains et prêtres appartenant à un institut -religieux ou apostolique, mais en un sens le ministère des prêtres, de tout prêtre, y compris lorsqu’il est membre d’un institut, est toujours diocésain. En effet si les prêtres membres d’un institut ne dépendant pas de la même façon d’un évêque, leur ministère s’exerce toujours dans le cadre d’un diocèse et en dépendance d’un évêque qui les accueille et leur donne mission.
Cela dit, le lien du prêtre diocésain avec son diocèse, avec l’évêque et le presbyterium, est d’une autre nature. En termes canoniques on parle "d’incardination". Cela signifie que les prêtres sont liés au diocèse, de façon stable et solide. Ils constituent, avec l’évêque, ce collège, ce groupe des ministres ordonnés qui portent ensemble le souci de la vie de cette Eglise particulière et qui se mettent à son service.
Cette appartenance n’interdit pas, bien au contraire, un service apostolique hors des frontières de cette Eglise particulière. Mais pour un prêtre diocésain, aller servir au dehors, ce n’est pas une affaire de convenance et de choix personnel : c’est une Eglise particulière qui met une partie de ses forces au service d’une Eglise sœur. C’est de cette façon qu’il faut comprendre la situation des prêtres "fidei donum" et les autres formes d’échange et d’entre aide entre diocèses.
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LA PROXIMITE
Par leur origine, les prêtres diocésains sont habituellement proches de ceux auprès desquels ils exercent leur ministère. Ils vivent très intégrés à la communauté locale, leurs relations s’inscrivent dans un tissu humain. Ils sont souvent très mêlés à la vie des gens.
Cette proximité n’est pas toujours sans problème. Elle comporte des risques. A être ainsi proche et mêlé à la vie des hommes, le prêtre risque de signifier moins clairement l’altérité du Christ ; il peut aussi y perdre la liberté nécessaire pour l’annonce et le service de l’Evangile ; enfin l’ouverture à l’universel qui fait partie de son ministère peut parfois se trouver compromise.
Le risque est bien réel, et considérable. Mais c’est un risque reconnu et accepté qui vaut la peine d’être couru. En effet le choix n’est pas seulement pratique. Ce qu’il s’agit de marquer par cette proximité des prêtres, c’est la présence et la proximité du Christ Pasteur.
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L’ACCUEIL REALISTE ET AFFECTUEUX DE l’EGLISE COMME ELLE EST
Pour les prêtres, il s’agit d’aimer cette Eglise particulière comme elle est, avec ses dynamismes et ses faiblesses. Cette Eglise est marquée par une histoire et un environnement, elle a un style et une manière de vivre l’Evangile, avec une sensibilité et des insistances. Se mettre au service de cette Eglise dans le ministère c’est en un sens l’accueillir et l’épouser telle qu’elle est, en l’aimant pour ce qu’elle est. C’est renoncer à la tentation de modeler l’Eglise selon ses propres vœux.
Ce réalisme et cet accueil interdisent les jugements sévères et les attitudes désabusées : c’est l’Eglise du Christ et ce sont des frères pour qui le Christ est mort (cf. 1 Co 8, 11). Cela ne conduit pas pour autant à une démission résignée. Aimer vraiment cette Eglise, c’est l’aider à vivre mieux selon sa vocation, à être davantage l’Eglise du Christ. Et c’est ici qu’apparaît la manière dont les prêtres diocésains vont servir la réforme de l’Eglise. Habituellement leur rôle et leur charisme n’est pas d’intervenir à la manière des grands réformateurs. Ils sont plutôt les serviteurs de la réforme permanente de l’Eglise, de sa conversion à l’Evangile sans cesse renouvelée.
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LA CHARITE PASTORALE AU QUOTIDIEN
La charité pastorale consiste à aimer l’Eglise, à donner sa vie pour elle, en communiant à l’amour du Christ pour son Eglise. Ce n’est pas un activisme fiévreux, une vie bourrée et explosive, c’est l’amour des gens, l’accueil et la disponibilité, le service des plus démunis, le souci et la recherche de ceux qui sont loin.
Pour les prêtres diocésains la charité pastorale se manifestera en particulier dans la disponibilité constante et le service de la vie quotidienne de l’Eglise. Cela consiste d’abord à être là, présent en permanence sur le terrain. Cela veut dire accueillir la demande, les demandes de toute sorte, et y répondre. Bien sûr répondre à la demande, ce n’est pas forcément la satisfaire immédiatement selon les termes dans lesquels elle s’exprime ; c’est aussi éduquer cette demande, mais c’est d’abord la recevoir et l’accueillir.
Ici apparaît une différence avec les religieux. Habituellement et très normalement ceux-ci sont en charge d’un service plus spécialisé et plus ponctuel ; ils ont à promouvoir une dimension particulière de la vie ecclésiale, ils ont souci d’être davantage présents à un secteur de la vie des hommes, de répondre à tel besoin particulier et plus urgent.
Les prêtres, avec l’évêque, ont à faire face à tout, sans spécialisation préalable, même s’il y a entre eux une indispensable répartition des tâches et des spécialisations nécessaires. Les prêtres diocésains ont charge du service ordinaire, du service quotidien, de toute la vie de l’Eglise.
Cette charité pastorale au quotidien, si elle est authentique, n’entraîne aucune déperdition d’énergie spirituelle. Elle est au contraire la forme de sainteté des prêtres et le lieu de leur croissance spirituelle. C’est en vivant de cette façon, en se livrant avec le Christ, que les prêtres entrent plus pleinement dans la communion à l’amour de Dieu.
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UN MODE DE VIE COMMANDE PAR LE MINISTERE
Les prêtres sont d’abord des chrétiens parmi leurs frères ; pour eux comme pour tous, la base, c’est le baptême et l’appel universel à la sainteté selon l’Evangile. Mais sur cette base, pour les prêtres diocésains ce qui est premier, c’est l’amour et le service de l’Eglise. C’est cette orientation fondamentale qui va conduire à un certain nombre de choix. En d’autres termes, le prêtre ne choisit pas d’abord un état de vie auquel viendrait s’ajouter un service apostolique. Il répond à un appel pour servir ses frères dans le ministère et le mode de vie qui sera le sien sera déterminé d’abord par ce ministère.
On peut éclairer ce propos général en évoquant rapidement trois aspects particulièrement sensibles aujourd’hui : la vie commune, le célibat, la prière.
Une certaine vie d’équipe, un soutien fraternel, sous une forme ou sous une autre, sont hautement souhaitables et l’on trouve cette recherche dans tous les mouvements de réforme des prêtres à travers l’histoire. Mais pour les prêtres diocésains ce n’est pas un choix fait pour lui-même et une priorité qui l’emportera sur les exigences du ministère pastoral ; elle est voulue comme une condition et un moyen au service de ce ministère.
Le célibat, lui-même, pour les prêtres diocésains, s’inscrit dans la logique d’un amour pastoral de l’Eglise et c’est de cette façon qu’ils sont appelés à le vivre dans la communion au Christ Pasteur.
Les prêtres sont des chrétiens appelés à entrer dans la prière de l’Eglise avec toute l’Eglise ; parce qu’ils sont prêtres au service de leurs frères leur prière sera une des tâches de leur ministère ; elle sera remplie de la vie de leurs frères, prière de louange et d’action de grâce pour l’œuvre de l’Esprit dans l’Eglise, prière d’intercession insistante pour ceux qui sont atteints par le malheur, pour ceux qui sont engagés dans une recherche douloureuse, dans un difficile combat.
CONCLUSION
Faire valoir la vocation des prêtres diocésains, tel était notre programme. Cela suppose une réflexion et des discours. Ils sont sans doute nécessaires. Mais il y a mieux : le témoignage simplement rendu par les prêtres qui portent au long des jours le poids de la vie de l’Eglise ; c’est leur joie profonde et leur humble sainteté qui dit mieux que tout qui sont les prêtres diocésains.
NOTES------------------------------------
(1) Intervention à la journée sacerdotale des vocations le 20/11/1946 citée dans LA CROIX du 27/12/1946 et reprise dans E. MASURE "Prêtres diocésains" - Editions sociales du Nord 1947, p. 246 -L’ensemble de ce texte mériterait d’être cité) [ Retour au Texte ]