Ministère des prêtres hors paroisse


ASSEMBLEE PARTIELLE n° 3 :

LE MINISTERE DES PRETRES
EN MOUVEMENTS,AUMONERIES...
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Gérard NASLIN, responsable du S.D.V. de NANTES délégué pour la région OUEST

Notre assemblée partielle - la plus nombreuse - se compose de personnes qui aujourd’hui vivent dans l’Eglise, soit en Mouvements, soit en aumôneries, soit dans un Service, soit encore dans d’autres groupes divers.
Autour de moi sont réunis des témoins très divers de par leur état de vie et leur engagement en Eglise. Je vais commencer par leur demander de se présenter, ensuite nous aurons un débat entre nous pour essayer d’illustrer ce petit slogan que l’on dit souvent entre nous : "Faire Eglise", et voir ensemble ce que nous mettons derrière ces mots. Vous aurez ainsi devant vous un peu comme un carrefour à porte ouverte et à voix haute.
Ensuite vous aurez la parole car c’était un peu le but de cette assemblée partielle, et vous avez sûrement beaucoup de choses à dire.
Je donne la parole à quelqu’un que vous avez déjà entendu ce matin, Robert BOUCHER, de QUIMPER, 46 ans, marié, deux enfants, ouvrier ajusteur de profession aujourd’hui employé de bureau et militant ouvrier, engagé surtout dans le syndicalisme et membre de l’A.C.O.
- Peux-tu dire en une phrase ce que représente pour toi, aujourd’hui, de par ton engagement en Eglise et dans le monde, "faire Eglise ensemble" ?

Robert BOUCHER

Je dirais que les prêtres rassemblés autour de l’évêque sont un élément essentiel de ma foi et de ma rencontre de Jésus-Christ. Leur tâche, leur fonction, ce qu’ils représentent, pour moi, va très largement au-delà de leur personne, de leurs qualités ou défauts individuels.
C’est vraiment quelque chose qui est indispensable à ma rencontre de Jésus-Christ.

Marie LECHARNY

J’ai 47 ans, mariée, et j’ai quatre enfants. J’habite ARGENTEUIL, diocèse de PONTOISE. Je travaille à mi-temps dans la formation permanente des adultes et en Eglise je participe à la Commission "Vocations" de mon diocèse et j’accompagne une équipe de jeunes adolescents.
Je fais également partie de l’équipe locale C.C.F.D. et, depuis quelque temps, d’une équipe biblique parce que cela m’a semblé indispensable.

C’est surtout dans les petites cellules - équipes-vocations, groupes d’animation de jeunes - que j’ai vraiment l’impression de faire Eglise avec les autres responsables, ensemble nous travaillons, nous prions. Et puis aussi avec le prêtre, bien sûr, dont la présence n’est pas toujours fréquente, mais qui pour nous est vraiment le témoin d’un attachement particulier à Jésus-Christ.

M.-Thérèse VERSCHAVE

Je suis laïque, célibataire, permanente en aumônerie de l’Enseignement public, dans le diocèse de LILLE.

Je viens juste de quitter l’aumônerie d’un gros bourg dans un secteur à dominante plutôt rurale, où j’étais au service d’un collège qui recrutait, pratiquement exclusivement, des jeunes de milieu ouvrier pour arriver dans un second cycle de centre-ville.
Je rencontre également comme adjointe l’équipe d’une aumônerie de deux collèges de centre-ville et suis adjointe de l’aumônerie de l’Enseignement public pour la zone de LILLE.
A titre expérimental sur cette zone vient d’être créé une équipe pour mettre plus en lien les prêtres, notamment, et tous les responsables de l’aumônerie avec les autres instances ecclésiales, dans une volonté de dialogue et pour nous rendre tous capables de prendre des initiatives communes, tant en direction des jeunes qu’en direction de la formation des éducateurs.

Par ailleurs je fais partie d’une équipe locale du S.D.V. depuis quelques années déjà, d’une équipe de C.C.F.D. et d’une association.

Il me semble que prêtres et laïcs nous sommes ensemble responsables de signifier l’Eglise qui naît dans ce monde scolaire de l’Enseignement public.

Frère Albert LE DORLOT

Je suis religieux, Frère de PLOERMEL, une congrégation fondée au XIXème siècle par deux prêtres, essentiellement pour l’éducation chrétienne de la jeunesse. Je crois que c’est important de le signaler aujourd’hui : une congrégation reconnue officiellement par l’Eglise parce qu’elle fait oeuvre d’Eglise, une congrégation qui a toujours travaillé en collaboration étroite avec le clergé paroissial.
Aux débuts de la congrégation les frères résidaient dans les presbytères pour bien montrer que la volonté de nos fondateurs étaient de faire un travail en Eglise et en étroite collaboration avec les prêtres... Aujourd’hui encore les Frères, du moins dans ma Province - je suis responsable actuellement du Morbihan et des Côtes du Nord - sont en étroite collaboration avec le clergé.

Quelle a été la place des prêtres dans mon expérience de quelque trente ans en école catholique ? Nous avons la chance d’avoir vécu une situation privilégiée dans une collaboration étroite avec des prêtres.
J’ai été quatre ans en école primaire et à l’époque le recteur et le vicaire passaient régulièrement toutes les semaines dans l’école. Ensuite, j’ai été deux fois sept années en collège et dans une paroisse de cinq à six mille habitants, à une époque où il y avait quatre prêtres dans la paroisse. Ma dernière expérience de collège remonte à deux ans et, là aussi, un prêtre chargé de paroisse venait toutes les semaines pratiquement nous prêter son concours.

François-Xavier DELEPINE

Laïc, 25 ans, originaire de la Somme et depuis deux ans et demi, à l’équipe nationale du M.E.J. où je m’occupe plus particulièrement des 17-19 ans.

Pour moi on ne fait pas Eglise tout seul et le travail en équipe est très important. Pouvoir partager les responsabilités, ne pas les prendre seul et donc tout le travail mené en collaboration : laïcs-religieux-religieuses-prêtres.
Dans ce travail en équipe, il y a un certain "vivre ensemble" qui fait qu’on s’intéresse aussi aux autres au-delà de la raison pour laquelle on est réunis, qui fait que les autres sont des personnes avec qui on doit travailler, qu’il faut vraiment connaître.

François CORDIER

J’ai 35 ans, je suis médecin et, depuis octobre, séminariste.

Jusqu’au mois d’octobre dernier, j’ai beaucoup fait dans le Mouvement des Scouts de France où j’étais chef d’unité, responsable départemental et permanent à l’équipe nationale en France et en Amérique Latine.

Le lieu dont je parlerai pour l’expérience d’Eglise, sera donc le Mouvement scout. D’emblée ce qui me paraît être très important, car le prêtre a un rôle indispensable pour le signifier, c’est que l’Eglise ne naît pas d’elle-même, elle naît de l’amour de Dieu, elle naît de l’appel d’un Seigneur. Cela a besoin d’être manifesté clairement.

H. B.

Prêtre de là Mission de France, je suis dans une période de mutation puisque jusqu’à l’été dernier j’étais naviguant, c’est-à-dire partageant les conditions de vie des marins dans la Marine Marchande comme électricien, et j’étais basé à la Mission de la Mer à MARSEILLE.
Depuis cet été, je suis responsable du 1er cycle du séminaire de la Mission de France, une autre sorte de service dans l’Eglise.
J’accompagne aussi une petite équipe de J.O.C. dans la banlieue parisienne et je continue à avoir quelques liens avec la Mission de la Mer en participant à une initiative d’accueil à FOS S/MER, des marins en escale, en particulier des marins du Tiers-Monde.

S’il fallait donner une phrase, je dirais que ce que ces cinq années en Mission de la Mer m’ont fait découvrir, et je peux dire la même chose de ma nouvelle responsabilité, c’est qu’on ne peut pas être prêtre en soi et que les prêtres ne peuvent donner la signification de leur ministère que dans un ra-port vivant avec les laïcs. C’est peut-être moins évident à vivre au quotidien dans un séminaire, et pourtant...

Michel LASSOU

47 ans, paysan, marié, trois enfants. Je viens de Lorraine, du diocèse de NANCY. Militant en Action Catholique dans le rural depuis longtemps, engagé professionnel depuis pas mal d’années et appelé à une responsabilité départementale en Action Catholique, j’ai laissé le professionnel pour essayer de mieux assumer la coordination des affaires qui m’étaient demandées en A.C.
A l’origine aussi d’un Conseil pastoral de secteur et de la constitution d’une Commission "animation" pour le rural, qui regroupait les C.M.R., Mouvements d’Action Catholique, éventuellement en lien avec le Mouvement Rural des Jeunes Chrétiens et l’Action Catholique des Enfants.

En une phrase, ce n’est pas facile. On ressent des tiraillements en ce qui concerne l’engagement des militants entre leurs paroisses d’origine ou les nouvelles, à cause des regroupements de paroisses. Entre les paroisses et les Mouvements, la tentation est grande de s’investir partout, il faut parfois savoir dire non et ne pas prendre la place d’autres. Il faut être attentif aussi à ne pas faire des églises parallèles, il y a risque de sectorisation. Nous sommes persuadés d’être en Eglise et de faire Eglise chaque fois que prêtres, religieux, religieuses et laïcs nous pouvons partager collectivement nos vies dans une co-responsabilité. La seulement on peut témoigner de ce partage.

- Voyez un peu la physionomie de cette Table dite "ronde" !
Vous avez là des personnes qui viennent de vous dire qui elles étaient et puis, en quelques mots, comment elles voyaient aujourd’hui leur expérience d’Eglise ensemble.
Il y aurait bien sûr d’autres témoignages qui pourraient être apportés ; mais ces personnes qui témoignent déjà depuis le début de cette Table ronde le font en leur nom personnel, pas au nom du Mouvement ou du Service auquel elles appartiennent. Mais déjà nous avons entendu des mots qui ont sans doute retenti pour nous. J’en ai noté quelques-uns : le prêtre comme indispensable, les petites cellules d’Eglise, être ensemble responsables, voire co-responsables, collaboration vivre ensemble, être prêtre mais être prêtre avec. On a parlé aussi de tiraillements dans les différents engagements.
Pour continuer un peu cet échange, voulez-vous justement que l’on commence par les difficultés, non pas pour les évacuer mais pour qu’elles puissent être dites ? C’est vrai qu’on emploie souvent cette expression : "faire Eglise ensemble", on en est convaincu ; si vous êtes là, autour de moi, c’est bien parce que là où vous êtes vous essayez de faire Eglise. Mais est-ce que vous pourriez évoquer rapidement quelques-unes des difficultés que vous rencontrez dans cet "ensemble" précisément, dans cette co-responsabilité, dans ce partage de responsabilités, dans cette collaboration ? S’il n’y a pas de difficultés je ne vais pas en créer !

Michel LASSOU

Nous avons une énorme difficulté de formation des laïcs qui acceptent d’être au service, je dis bien au service, ils ne prennent pas la place de responsables dans ces cas-là, ce sont deux choses différentes. Chez nous, une Commission s’est constituée pour réfléchir à une formation qui pourrait être commune : prêtres-religieuses-laïcs, deux week-ends d’été sont programmés. Difficulté de remettre le prêtre à sa vraie place, c’est-à-dire le détacher des tâches administratives qu’il a prises ou qu’on l’a laissé prendre : le secrétariat, la permanence.., en clair utiliser le prêtre à ce qu’il doit être destiné, c’est-à-dire vivre la co-responsabilité dans l’animation. Là on découvre un autre visage du prêtre et une autre manière d’être prêtre.

- Donc formation des laïcs, un besoin ressenti. La question des prêtres gui doivent retrouver leur vraie place... Et puis ?

François-Xavier DELEPINE

Dans ce contexte il faut aussi que les laïcs retrouvent leur vraie place car dans ce travail de co-responsabilité on voudrait, parfois, bien reprendre tout ce que les prêtres avaient en main et ceci oblige à définir un petit peu ce qui est plus spécifique à chacun.
Dans la mesure où on essaie de faire cette clarification, même si ce n’est pas toujours facile, on s’enrichit beaucoup mutuellement ; c’est un travail parfois difficile, parce qu’on n’a pas eu forcément l’habitude de partager les responsabilités ou parce qu’on s’adjuge telle ou telle responsabilité, qu’on soit laïc ou prêtre.

- Ensemble oui, mais chacun à sa vraie place

Albert LE DORLOT

Parmi les collaboration que personnellement j’ai à vivre en tant que Provincial, je suis confronté à des situations dans certaines écoles catholiques où la collaboration n’est pas toujours des plus faciles. Aussi je souhaiterais que nos établissements ouvrent davantage la porte aux prêtres, que nous suscitions vraiment leur collaboration, que nous facilitions aussi leur tâche en les accueillant peut-être "un peu mieux.

- Donc collaboration, oui, mais peut mieux faire

Marie LECHARNY

Le gros problème dans notre diocèse, le Val d’Oise, c’est qu’il n’y a pas beaucoup de prêtres et que, par exemple, pour accompagner les jeunes, notamment après la profession de foi, le seul prêtre qui peut les accompagner, entre 14 et 25 ans, soit débordé et qu’on le voit très rarement. Il nous épaule tout à fait, il nous fait confiance, certainement, dans une grande collaboration "par l’esprit" mais il est très rarement là, il est complètement mangé. Il nous annonce qu’il vient et il ne vient pas, on prévoit une célébration, il n’est pas là car il avait autre chose de plus urgent. Vis-à-vis des jeunes je crois que ça pose vraiment un problème, parce que nous laïcs pouvons être là auprès des jeunes, mais la présence d’un prêtre par moments nous semble vraiment indispensable.

- Dans la réalité d’un diocèse plus pauvre en prêtres, des prêtres qui apparaissent souvent comme "mangés"

M.-Thérèse VERSCHAVE

Je dirais que les difficultés sont de plusieurs ordres parce que la collaboration prend des visages très divers selon les lieux et les situations qu’on connaît.

Si je me limite à ma seule petite expérience pendant les cinq premières années où j’étais permanente, responsable d’une aumônerie de collège, j’ai connu une collaboration régulière et très fructueuse avec des prêtres, curés, sur neuf paroisses de ce secteur et aussi avec un séminariste qui était en insertion pastorale sur le secteur. Là nous avions ensemble à essayer de mettre en commun nos efforts pour que naisse une aumônerie d’Enseignement public, qu’enfin il soit clair que l’Eglise est présente à ce monde des jeunes, des enseignants et des parents qui vivent leur condition de chrétiens attachés à l’Enseignement public.

J’ai connu aussi, ensuite, le partage de la responsabilité de cette aumônerie avec le jeune prêtre qui était venu d’abord comme séminariste. Donc là on est dans un autre registre que celui du partage des tâches.

Pendant ces cinq ans, j’ai connu aussi tout un temps de formation sur le terrain avec un prêtre qui suivait un peu l’expérience. Tout un temps de collaboration régulière au niveau de la préparation des temps forts, comme suivi de cette expérience de création d’une aumônerie, et d’une réflexion sur les orientations à prendre sur le plan pastoral sur le secteur, étant donné que naissait une aumônerie. Tout cela évidemment se répercutait sur la collaboration avec les prêtres, curés de paroisses sur le secteur. Et c’est sûr que cela va à proprement parler, initier à vivre la co-responsabilité.

Quand je suis arrivée comme responsable d’une aumônerie de second cycle, je succède à un prêtre qui quitte cette aumônerie, je me trouve dans un premier temps toute seule attelée à la tâche et obligée de marquer des liens plus nets en responsabilité avec le secteur sur lequel elle se trouve, avec les prêtres, curés de paroisses, avec l’autre prêtre responsable d’une aumônerie. Quand je suis présente dans une aumônerie, c’est là, dans ce contexte, où un prêtre est responsable avec une petite équipe de permanents très divers : il y a un jeune objecteur de conscience, une mère de famille, moi-même et, en étant adjointe, par ailleurs, j’assiste là à quelque chose d’un peu neuf, c’est de vivre la co-responsabilité dans un service qui se cherche et où je suis amenée aussi à voir vivre cette co-responsabilité par d’autres que moi. Sur ces différents niveaux, je dois dire que les expériences sont très diverses et les difficultés que j’ai rencontrées moi-même et que j’ai vu vivre par d’autres sont de toutes sortes.

H. B.

J’aurais voulu intervenir sur ce qu’on disait tout à l’heure : remettre chacun à sa place. Je crois que l’expression est juste et en même temps je me pose la question : est-ce que cette place est toujours de l’ordre d’un faire ? Est-ce que c’est forcément bon de figer chacun dans des activités, dans des "faire" différents ? Je crois qu’il faut creuser plus profond et que la différence qui fait vivre l’Eglise, entre laïcs et prêtres, est plus de l’ordre de ce que chacun rappelle à l’autre. Si je peux donner un tout petit exemple :
Dans mes années de navigation j’ai été beaucoup frappé par le souci qu’avaient un certain nombre de marins chrétiens arrivant en escale dans chaque port, de rencontrer la communauté chrétienne de la Mission de la Mer locale, de parler de celles qu’ils avaient rencontrées aux escales précédentes, et avec je crois autant d’autorité et de compétence que moi. Je crois que, un peu comme tous les prêtres navigants, jamais nous n’avons eu l’impression qu’ils nous faisaient concurrence. Je crois qu’ils vivaient quelque chose qui avait un peu à voir avec notre propre ministère, un peu itinérant, de communion dans l’Eglise, mais au niveau du faire il n’y avait pas beaucoup de différence...

François CORDIER

Il faut signaler deux sources de difficultés.

La première peut provenir du prêtre. Le Scoutisme est un Mouvement spécial, comme tous les Mouvements, avec son jargon, ses habitudes, ses coutumes, il faut y entrer et ça demande d’y passer un peu de temps, de bien vouloir comprendre, écouter ; de bien vouloir peut-être aussi se former, ce qui n’est peut-être pas toujours évident d’emblée.

La seconde difficulté peut venir aussi du côté des laïcs : ce n’est pas toujours facile de se faire à l’idée qu’on n’est pas propriétaire de son aumônier, qu’on n’est pas propriétaire de son prêtre qui ne sera là qu’à temps partiel et qu’il va falloir faire avec.

- Pourriez-vous nous évoquer maintenant des situations très précises où vous avez vu que ce "faire Eglise ensemble" était très possible et même pouvait réjouir et les prêtres et les laïcs ?

Marie-Thérèse VERSCHAVE

Au niveau de la solidarité de chacun dans la mission reçue, il est important que nous ne vivions pas chacun dans son logis ou dans sa spécialité, mais que nous partagions et que nous vivions l’expérience ensemble sur tout ce qui construit l’Eglise.

Concrètement qu’est-ce que cela veut dire pour moi ? c’est que dans l’équipe il y ait un partage sur le projet d’aumônerie, que nous le portions ensemble, que nous collaborions ensuite mutuellement sur ce qui se vit dans nos groupes, dans les célébrations que nous animons, à travers un vrai partage.

- Et à travers d’autres expériences que l’aumônerie ?

Robert BOUCHER

Je voudrais dire que c’est surtout à travers l’expérience un peu quotidienne, celle des groupes, des communautés, où l’on partage la vie de tous les jours et où le prêtre est là pour rappeler la gratuité du don de Dieu. J’écoutais tout à l’heure quelqu’un dire que l’Eglise est un don qui nous est fait : je crois profondément à cela. Ce don nous avons à l’accueillir, et le prêtre est là pour nous rappeler sa dimension historique.
On le vérifie aussi lorsqu’on célèbre dans nos communautés ce Dieu vivant, à travers nos gestes de solidarité humaine, tous ces dépassements, pour être de plus en plus sur le chemin de la justice comme un peuple en marche, en communion .

François CORDIER

Ce qui m’étonnerais, c’est que ça ne puisse pas fonctionner. A partir du moment où on reçoit une seule mission d’un seul Seigneur, et qu’on est bien d’accord sur cette mission, je ne vois pas où peuvent être les difficultés.

Dans le Mouvement, c’est la chance d’avoir cette seule mission, où même le spirituel n’est pas séparé du reste, où le prêtre n’est certainement pas celui qui aurait la mission spécifique, bien à lui et à lui tout seul, son domaine réservé, qui consisterait à assurer l’animation spirituelle. Ce n’est pas forcément lui qui dirigera les temps de prière, qui les présidera ; ce n’est pas forcément lui qui prendra les initiatives dans le domaine spirituel. C’est un "vivre ensemble" où il accompagne là une équipe d’éducateurs, avec eux, au même titre qu’eux, pour faire en sorte que des jeunes connaissent le Christ.

Le prêtre marque donc une très grande proximité mais en même temps il est différent, il est étranger au milieu du groupe parce qu’il n’est pas scout comme les autres. Sa mission, il ne l’a pas reçue de son Mouvement, il l’a reçue de son évêque ce qui est quand même très différent et les jeunes sentent bien que s’il est proche, il marque aussi un ailleurs : il est prêtre, il est pauvre, il est célibataire, il a d’autres références et il marque un attachement préférentiel à Jésus-Christ. Ce qui, au sein du groupe de jeunes, du groupe d’animateurs, marque et fait réussir la mission parce que le prêtre montre bien où est la source de cette mission.

Michel LASSOU

Je voudrais rapporter un cas concret vécu sur le terrain où la place des prêtres et des laïcs n’est pas forcément bien définie ou bien déterminée, mais enfin où ils ont fait les choses ensemble.

Dans une Lorraine défavorisée, déchirée au niveau de l’emploi, comme beaucoup le savent, au vu de 97 licenciements sur 400 salariés, dans une cristallerie à VANNES LE CHATEL, toutes les communautés d’Eglise du coin, dans le but de soutenir les plus démunis et les plus défavorisés, ont décidé de s’associer à une manifestation de la capitale régionale, NANCY, contre ces licenciements. Et si le fait n’a pas été très positif au niveau de l’emploi, il l’a été pour le "faire Eglise" car il y a eu reconnaissance de l’Eglise au cœur du problème des hommes par l’environnement.

Robert BOUCHER

Ma conviction c’est bien que tout le peuple est sacerdotal et que les prêtres me rattachent à cette initiative historique de Jésus-Christ qui a donné des apôtres à son peuple.

Marie LECHARNY

Je crois qu’il faut avoir le courage de parler. Pas forcément à contre temps, mais en essayant que ce soit avec discernement, qu’il faut notamment dire aux jeunes que Dieu continue d’appeler.

M.-Thérèse VERSCHAVE

Je compléterais en disant que les prêtres signifient par leur présence et leur collaboration que nous sommes l’Eglise ensemble, et que les responsabilités diverses que nous exerçons vis-à-vis de cette portion du peuple chrétien sont un don de Dieu.

Albert LE DORLOT

Ma conviction première est que l’avenir de l’enseignement catholique est lié à la collaboration étroite entre directeurs d’établissements et prêtres de paroisses, entre enseignants et prêtres de paroisses

Ma seconde conviction : c’est une invitation à la conversion. C’est peut-être là le fond du problème de l’enseignement catholique : nous avons à nous battre pour peut-être retrouver notre identité, nous convertir, ce oui ne peut se réaliser sans le concours du prêtre.

François-Xavier DELEPINE

Pour moi, le prêtre a un rôle de communion qui nous rappelle que nous recevons notre mission d’un autre. On parlait aussi tout à l’heure des prêtres qui étaient surchargés ce qui est vrai, mais dans une certaine mesure, quand un prêtre n’est pas rattaché à un seul Mouvement, cela peut constituer une richesse, une ouverture pour éviter à ce Mouvement de ronronner ou de s’imaginer que tout seul il fait l’Eglise. Porter plusieurs casquettes, comme on dit, ça peut aussi être un enrichissement.

François CORDIER

Je dirais que là où quelques-uns sont réunis au nom du Seigneur, le Seigneur est au milieu d’eux. Que là où l’Eglise existe, là où elle est bien centrée sur son Seigneur, là où elle a bien compris sa mission, l’Esprit de Dieu travaille et appelle les gens pour faire vivre cette communauté.

H. B.

Puisque le service que je remplis aujourd’hui dans l’Eglise est d’accompagner, de préparer des jeunes à un ministère de type plus missionnaire, je dirais que ma première conviction c’est qu’aujourd’hui il y a un chantier immense. Trop de gens dans notre monde ne soupçonnent pas encore la Bonne Nouvelle que va être pour eux la rencontre de Jésus-Christ.

La seconde conviction est une invitation à vivre cette mission en Eglise. C’est à dire à la fois dans la certitude que les prêtres sont d’abord ceux qui vont permettre aux communautés chrétiennes d’être suffisamment visibles et missionnaires pour porter cette parole, et qu’en même temps le souhait qu’ils ne restent pas en retrait, c’est-à-dire que eux-mêmes participent dans le plus quotidien de leur vie à cette mission, à ce partage de vie avec les jeunes.

Michel LASSOU

J’ai comme conviction que tous ces multi-contacts, ces tandems avec les responsables laïcs, ce partenariat que nous vivons, permettent à tous de s’auto confirmer au fil du temps, de redécouvrir le sens de la mission qui ne peut être effective et crédible qu’en essayant de faire concorder le dire et le faire.

- Je veux vous remercier parce que vous n’avez pas seulement donné des convictions mais aussi des professions de foi.