- accueil
- > Archives
- > 1987
- > n°044
- > Renvoyés au courage de l’appel... des témoignages
- > Déceler les étincelles d’espérance
Déceler les étincelles d’espérance
Un séminariste de Vannes
Nous reproduisons ici le texte du témoignage demandé à un séminariste, pour la matinée de récollection à ARS, le 6 octobre 1956, et qui n’a pu être entendu.
Je me retrouve, cette année, en alternance de vie au séminaire et dans un secteur pastoral d’une petite ville de Bretagne. Pour dire mon expérience et mes convictions, je prendrai quelques exemples :
* Comme visiteur de prison, je rencontre souvent des gars qui sont tombés pour vols ou meurtres. Derrière ces délits connus et pénalisés, il y a presque toujours un manque d’affection, un manque d’amitié.
En dialoguant avec les détenus, en rencontrant leurs familles, je parviens tant bien que mal à rompre la solitude et à donner au gars le goût pour envisager l’avenir, même s’il en a pris pour quinze ans.
Reconnaître, démasquer les pauvretés apparentes ou cachées, y remédier activement, c’est la première exigence à laquelle l’Evangile me convie.
* Dans le secteur pastoral, nous vivons des tensions entre communautés chrétiennes diverses. Cela est dû à l’histoire propre de chacun des groupes. On s’ignore, donc on se fait peur. Il faut alors s’apprivoiser lentement, faire l’unité, créer des ponts plutôt que des barrières. C’est une autre exigence à laquelle me convie Jésus-Christ.
* Il est difficile d’éveiller l’homme à l’Evangile. C’est ce que nous, les séminaristes à Vannes, écrivions à Jean-Paul II, en juin dernier, pour préparer cette matinée.
Dans la portion d’Eglise où je suis, nombreux sont les baptisés qui désirent faire connaître Jésus-Christ, surtout aux jeunes et aux enfants. Des groupes de J.O.C. essaient de favoriser des rencontres, de préparer des actions pour ne pas laisser s’installer la démission ni le désespoir chez les jeunes sans emploi. Et voilà que l’on se prend à espérer quand un malade alcoolique n’est pas licencié parce qu’il a accepté de se soigner et d’être épaulé par l’association "Alcooliques Anonymes".
Déceler et propager les étincelles d’espérance qui sont de toute vie, c’est la troisième exigence que le Ressuscité me presse d’accomplir. C’est cela, pour moi, l’Evangélisation : Evangélisation qui est la tâche de tout le corps du Christ, et le Corps du Christ est composé très majoritairement de laïcs.
* Faire l’unité, démasquer les formes de pauvreté et s’efforcer d’y remédier, n’est pas possible, n’est pas pensable - pour moi chrétien - sans l’exercice continuel de la prière. C’est en osant m’agenouiller chaque matin en présence de Dieu que je laisse la Sainte Trinité susciter et ressusciter en moi les forces qui font vivre.
Je voudrais conclure en disant que j’ai la chance d’être formé dans un séminaire inter diocésain où les deux cycles forment une même communauté de vie.
Que de contrastes entre les quatre diocèses, entre les préoccupations d’un "bleu" en 1ère année et celle d’un diacre en 6ème année ! Mais aussi quelle richesse de participer - déjà au cours de la formation - à de nombreuses activités pastorales, de pouvoir les reprendre et les partager ensuite au séminaire ! Que d’échanges fructueux, pour nous aider à vivre demain dans une Eglise diocésaine ouverte, accueillante, réceptive à tous et à tout !