Préparer le terrain pour le Christ


Le M.E.J.

L’Equipe nationale du M.E.J.

PREPARER LE TERRAIN
POUR LE CHRIST QUI APPELLE...

Dans la pratique qui lui est propre, le M.E.J. (Mouvement Eucharistique des Jeunes) entend bien lui aussi se soucier de l’éveil aux vocations spécifiques.

Le Père Jean-Claude MARCENAC, Patrick RICHARD, Christiane VANVINCQ et Annie DEMURGER tous de l’Equipe nationale du M.E.J., partagent ici les convictions qui nourrissent ce choix, et les questions qu’il suscite.

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JEUNES ET VOCATIONS : Comment articulez-vous votre pédagogie propre et ce souci de l’éveil ?

- C. VANVINCQ : Notre souci premier est que chacun trouve sa vocation quelle qu’elle soit. Ce qui nous intéresse d’abord, ce n’est pas tant de faire naître une vocation spécifique, que d’aider le jeune à chercher sa voie propre de chrétien, de permettre qu’il entende tel ou tel appel. D’où l’importance de la richesse que le M.E.J. peut lui offrir : diversité large d’âges, de spiritualités, mais aussi d’états de vie, de vocations, à travers les différents accompagnateurs (laïcs, prêtres, religieuses...)

- A. DEMURGER : En ce sens, le thème d’année "Devenir soi-même" paraît très porteur. Il témoigne de notre volonté d’aider les jeunes à trouver leur place dans l’Eglise et la société, comme l’illustre aussi le numéro de "JEUNES TEMOINS" d’Avril-Mai 1986, de leur permettre des ouvertures.

- P. RICHARD : Sans doute faut-il redire d’emblée que c’est toujours le Christ qui appelle : nous ne faisons que préparer le terrain, cette terre féconde dont parle la parabole du semeur.
Cela se traduit dans la pédagogie du Mouvement, mais aussi concrètement dans une invitation à vivre habituellement, journellement, cette recherche de Jésus. Il faut permettre que cette expression de foi s’exprime, qu’une réponse soit donnée à l’appel du Christ.

JEUNES ET VOCATIONS : Justement, comment des jeunes répondent-ils aujourd’hui à cet appel, au M.E.J. ? Est-ce facile d’y exprimer un projet de vocation spécifique ?

- A. DEMURGER : C’est vrai, il n’est pas toujours évident de parler de vocations spécifiques dans toutes les équipes. C’est encore un peu un sujet tabou, les jeunes ayant quelques difficultés à en parler entre eux. Ceci se remarque pour les 11-13 ans.

- C. VANVINCQ : On ne retrouve pas ce trait chez les 15-17 ans (Equipes Espérance), qui se sentent très interpellés et ne craignent pas d’affronter le sujet, de s’interpeller mutuellement.

JEUNES ET VOCATIONS : Concrètement, dans quel cadre sentez-vous que le questionnement porte, accroche ?

- A. DEMURGER : En camp, par exemple, cela semble plus facile qu’en équipes. Nous y organisons des forums sur les vocations et les jeunes n’hésitent pas à parler. Ils ont sans doute moins peur des a-priori, étant hors de leur cadre quotidien.

- J.-C. MARCENAC : Là aussi, la présence de vocations diverses dans les équipes d’animation, la découverte de l’Eglise, la vie de relation, jouent un très grand rôle dans cette possibilité de parole. Et le même phénomène se vérifie dans les rassemblements nationaux : le forum "Ma place dans l’Eglise" est toujours plein.
Nous insistons beaucoup aussi sur la rencontre de témoins pour favoriser cet éveil.

- A DEMURGER . : Nos revues mettent ainsi en valeur cette place des témoins, à travers les bandes dessinées ou des portraits (ainsi celui du Père JARLAN, d’un laïc engagé...).
Mais les jeunes doivent comprendre que les témoins ne sont pas seulement des gens extérieurs ou exceptionnels, mais également ceux qu’ils peuvent croiser au quotidien : tel responsable d’équipe, tel aumônier...

- P. RICHARD : Et puis, même si ce n’est pas toujours évident, l’équipe reste aussi un lieu d’appel. J’ai eu pour ma part une équipe de garçons "Témoins aujourd’hui" (13-15" ans) qui se sont tous posé la question du ministère. Pourquoi ? Parce que la découverte de Jésus-Christ vivant aujourd’hui, la rencontre d’une personne aimante, semblait impliquer naturellement la question d’un engagement possible de toute la personne.

JEUNES ET VOCATIONS : Que privilégiez-vous pour permettre la réponse du jeune ?

- C. VANVINCQ : Chacun va répondre à sa manière. L’éducation à la prière, que le Mouvement propose dès l’âge de 9 ans, constitue l’un des éléments fondamentaux pour que le Christ, la Parole de Dieu, leur parle. Elle doit permettre une mise en relation du jeune avec le Christ, un dialogue, un jeu d’appels et de réponses.

- J.-C. MARCENAC : D’autant qu’aujourd’hui peu de jeunes ont la possibilité de faire connaissance avec le Christ, peu ont une réelle vie d’Eglise. En ce sens, la présence de prêtres dans les camps du M.E.J. est importante, car peu nombreux sont les jeunes qui en rencontrent régulièrement, même dans le Mouvement.

- P. RICHARD : La réponse doit aussi se construire dans la vie d’équipe et c’est au responsable, à l’accompagnateur, d’y veiller. Il faut que l’enfant puisse se sentir libre de parler, ne se sente pas prisonnier après avoir exprimé un premier appel. C’est souvent la peur d’être étiqueté vis-à-vis des autres jeunes qui les empêche de parler.

- C. VANVINCQ : Nous insistons beaucoup aussi, et à tous les âges, sur le faire, l’engagement ensemble suscité par ma vie chrétienne conçu comme une réponse à un appel. Le M.E.J. essaie d’apprendre au jeune à répondre au nom de Jésus-Christ.

- A DEMURGER : A travers certains moyens pédagogiques, comme le carnet personnel, nous invitons cependant à relire ces réponses, à voir ce qui est positif, ce qui fait difficulté, à relever ce que le jeune ne perçoit pas forcément de lui-même. Une telle démarche précède la remise de l’insigne du Mouvement, par exemple.

JEUNES ET VOCATIONS : La pédagogie du choix invite donc à une relecture...

- P. RICHARD : C’est vrai. A relire, mais également à relier, à faire l’unité de la vie du jeune, à créer des liens entre les différents domaines de son existence. Il faut que toute la personne soit engagée, réponde à sa taille, avec ses possibilités et son âge. Une réponse à quelqu’un qui aime, appelle et dont nous ne sommes que les médiateurs.

JEUNES ET VOCATIONS : Qu’auriez-vous envie de dire par rapport au contexte actuel de l’appel aux vocations spécifiques, souvent difficile ?

- C. VANVINCQ : Il est faux de prétendre qu’il n’y a plus de vocations !
L’Esprit continue bien d’appeler, mais peut-être pas exactement de la même manière qu’autrefois, en sachant susciter d’autres réponses. Et s’il nous faut prier pour les vocations, cela implique de s’exposer davantage, de se demander d’abord comment nous répondons à notre propre vocation. C’est par cette docilité à l’Esprit que nous deviendrons appelants.

JEUNES ET VOCATIONS : Percevez-vous, là où vous êtes, la fin d’une certaine période où l’on craignait d’appeler ? Participez-vous de cette évolution réelle ?

- J.-C. MARCENAC : Le M.E.J. a toujours été sensible à la question des vocations spécifiques et fait des propositions en ce sens.
Mais nous avons cependant connu une évolution perceptible. Sans doute sommes-nous plus au clair par rapport à la pédagogie du choix, en faisant des propositions plus situées (ainsi le choix apostolique pour les 13-15 ans). Et nous entendons aussi mieux aider les jeunes responsables à réfléchir à partir de leur propre engagement en Mouvement, en offrant des lieux de réflexion, voire d’accompagnement.

- P. RICHARD : Sans doute insistons-nous davantage aussi sur la dimension ecclésiale du Mouvement, sur l’appartenance au peuple de Dieu. Autant de jalons pour une meilleure prise en compte de la question des vocations.

JEUNES ET VOCATIONS : Quels seraient, selon le M.E.J. les axes à privilégier pour une meilleure prise en compte de l’éveil ? Que comptez-vous faire en ce sens pour aller plus loin ?

- C. VANVINCQ : Continuer d’inviter les jeunes à se construire eux-mêmes, à collaborer avec Jésus-Christ dans le monde d’aujourd’hui tel qu’il est, avec sa complexité, sa technicité...
Il est essentiel de rappeler qu’une vocation s’incarne toujours : répondre à l’appel n’est pas fuir le monde, mais au contraire y aller. Toute notre spiritualité, notre place dans l’évangélisation, reposent sur cette conviction. C’est toujours un axe à approfondir.

- P. RICHARD : On dit souvent aux jeunes qu’ils sont "l’Eglise de demain". Mais nous, nous nous adressons à ceux qui font Eglise aujourd’hui, en dépassant le simple cheminement personnel. Nous entendons donner toute la place aux jeunes tels qu’ils sont, en les prenant là où ils en sont.

- J.-C. MARCENAC : Bien nous resituer comme Mouvement apostolique, comme Mouvement d’Eglise, nous oblige à reposer clairement la question des vocations.
Le Père ROL, évêque d’Angoulême, nous a exhorté à cette dynamique, aux Assises de Vichy, en 1985 : "Jésus ne cesse de dire ’Viens et suis-moi’. Osons relancer cet appel à tous, cet appel qui pour quelques-uns, quelques-unes, les conduira à une vocation consacrée ou à un ministère de prêtre".
Concrètement, cela nous a conduits à créer une "Commission-Vocations" en lien avec le Service National des Vocations qui réfléchit la question au coeur du M.E.J., à travers tout ce dont nous venons de parler.

En ce sens, la revue "PARTAGE", destinée aux animateurs du Mouvement, a publié un article pour inciter ces derniers à réfléchir sur leurs pratiques d’appel. Il faudra en gérer les suites...

- C. VANVINCQ : Nous avons sans doute moins de complexe à parler des vocations spécifiques. Et l’on découvre aussi qu’il faut permettre l’accompagnement personnel de certains jeunes, en même temps que celui du groupe.

La "Commission-Vocations" entend bien sortir une plaquette pour permettre aux animateurs de mieux conduire cet accompagnement. La formation d’adultes accompagnateurs, nécessaires pour soutenir et reprendre un premier éveil, sera un enjeu important pour la vie future du M.E.J.