Jeunes d’aujourd’hui... vocations de demain
Daniel PERRIN *
Les sessions nationales portent en elles une grâce particulière : celle d’ouvrir les yeux et de redonner l’Espérance. En même temps, elles agissent comme catalyseurs de prise de conscience. C’est ainsi que la rencontre nationale d’ISSY-les-MOULINEAUX, en Juillet 1984, donna le coup de pouce aux Services Diocésains des Vocations de la Région EST pour organiser une session sur les jeunes et les vocations. |
BUT DE LA SESSION
D’une prise de conscience : "Nous ne connaissons pas assez les jeunes !", la perspective s’ouvrit au fil des échanges et aboutit à la cible suivante : pourquoi ne pas essayer de rencontrer tous ceux de nos partenaires pastoraux qui s’occupent de jeunes de plus de 16 ans ? Avec eux, nous pourrions regarder ces jeunes, voir comment Jésus-Christ et l’Eglise sont une réalité dans leur vie de jeunes, et enfin partager avec tous ces partenaires notre souci d’arriver à une proposition de vocation spécifique à ces jeunes."
Cela nous donnait les trois parties de notre session, mais nous mettait aussi en situation de demandeur par rapport à nos partenaires : chacun s’engageant à venir à la rencontre avec une courte monographie de jeune ou de groupe de jeunes, afin de pouvoir partir du réel, du terrain.
DEROULEMENT
Il fut tout d’abord décidé de démultiplier la session pour permettre au plus grand nombre possible d’y participer. C’est ainsi que la session eut lieu à NANCY les 16-17 Novembre 1985, avec presque 150 participants et à MONT ROLAND (Dôle) les 23-24 Novembre 1985, avec un peu plus d’une centaine de personnes. Le déroulement fut le même bien que modulé en fonction des lieux et surtout des participants.
Un premier temps fut consacré à la reprise des monographies, à l’écoute de quelques-unes d’entre elles. Le Père LECOMTE, sociologue, aiguisait notre écoute et nous proposait des grilles de lecture et d’attention. Pour beaucoup, son questionnement fut difficile à saisir, vu le peu d’habitude que nous avons de nous soumettre aux sciences humaines dans leur rigueur décapante. N’est-il pas important de décrypter un langage et d’en saisir la portée, la manière dont les partenaires du dialogue se situent et se retrouvent ou non d’une même culture ? Comment avancer objectivement vers des éléments de discernement et d’évaluation de la vie d’un jeune ou d’un groupe ? Questions complexes où le sociologue, loin de nous donner des recettes, nous renvoyait à nos propres pratiques pour les interroger d’une manière plus critique et plus exigeante.
Un deuxième temps fut orienté sur l’aspect théologique : comment ces jeunes
vivent-ils de Jésus-Christ ? Quelle Eglise vivent-ils ou construisent-ils ?
Ce furent Robert STRASSER à Nancy et Armand ATHIAS à Mont-Roland qui guidèrent ce deuxième ensemble d’échanges. Comme nous publions leur prise de
parole, je ne m’étendrai pas davantage, sinon pour souligner que l’ensemble
des participants s’y sentit plus sécurisé, même si de nouvelles questions
devaient venir s’ajouter à celles du sociologue.
Le troisième temps, enfin, s’organisa autour de témoignages de séminariste, jeunes religieuses et responsables du service de Vocations qui partagèrent à l’assemblée leur cheminement et l’interpellation vocationnelle qu’ils avaient vécue.
Ce fut aussi dans ce troisième temps qu’eut lieu un long carrefour par diocèse en vue de permettre aux partenaires qui se retrouvaient sur le terrain, d’échanger et de faire des projets.
Ces projets furent partagés et accueillis par un membre du Service National des Vocations qui exprima, en conclusion, ses convictions et son espérance quant à un avenir de collaboration de toutes les forces pastorales avec un même souci des vocations spécifiques.
QUELQUES ELEMENTS DU BILAN
1 - Une telle session a répondu à une attente et le nombre de participants le prouve
2 - D’un diocèse à l’autre, les partenaires qui ont répondu à l’invitation du S.D.V. sont très différents : tel diocèse a vu venir un certain nombre de membres de l’Action Catholique, tel autre des gens de l’aumônerie du Public... Cela nous renvoie à notre carte de relations et aux liens qui sont encore à créer : participation de laïcs aux S.D.V. ...
3 - Si certains ont regretté l’absence de jeunes, il faut dire que le but de la session était de se retrouver entre responsables ou accompagnateurs de jeunes. Il faut d’ailleurs souligner ici qu’une demande forte se fit jour d’une autre session sur la formation à l’accompagnement. Notre but était cependant plutôt de sensibiliser à l’appel.
4- - Une telle session ouvre le S.D.V. à de nombreux collaborateurs et le situe davantage comme Service, au service des autres et non à réaliser son affaire en parallèle avec les autres.
5 - Nous avons apprécié la présence de plusieurs évêques de la Région, non seulement pour la célébration eucharistique en veillée, mais au long de
notre travail. C’est une dimension d’Eglise que beaucoup devaient souligner.
6 - Que reste-t-il à faire ? Beaucoup... ou même tout ! Mais savoir que l’on peut davantage compter les uns sur les autres, se savoir responsable, en Eglise, des vocations, cela a quelque chose de dynamisant et la preuve en est les suites qui s’organisent dans les diocèses : journées d’étude, rassemblement de jeunes...
L’investissement en temps et en personnes en vaut la peine : une telle session fait grandir l’unité entre divers acteurs de la pastorale et de cette expérience d’Eglise jaillit une espérance renouvelée en ce Dieu de Jésus-Christ qui appelle aujourd’hui des jeunes bien d’aujourd’hui !
NOTES ----------------------------
* Le Père Daniel PERRIN, prêtre du diocèse de STRASBOURG, est responsable diocésain du Service des Vocations et délégué pour la région EST. [ Retour au Texte ]