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Une typologie de l’interpellation
SNV
« Prête l’oreille de ton cœur, Il t’appelle. » Le message de la Journée mondiale des vocations 2004 était clair et vous avez été nombreux à le reprendre dans vos tracts, vos revues. Oui, le Seigneur continue à appeler, l’Église continue à appeler, c’est notre conviction profonde. Alors, pourquoi interpeller ?
L’Église, comme l’indique l’étymologie même du mot, est elle-même née d’un appel. Sa vocation est de témoigner du Royaume de Dieu, de proposer la Bonne Nouvelle. Depuis la Pentecôte, l’Église ne cesse d’être missionnaire, pourquoi interpeller encore aujourd’hui ?
Si nous voulons des prêtres pour reproduire la situation d’hier, si nous voulons des prêtres pour mettre un nom en face de toutes les rubriques de l’Ordo, nous ne trouverons personne. Mais si nous sommes persuadés que l’Église existe pour Dieu et pour les hommes, si nous sommes persuadés qu’il y a besoin de traduire le message du Christ pour les hommes d’aujourd’hui, dans un langage qui leur soit familier, si nous sommes persuadés que l’Évangile est vraiment un chemin de bonheur, la suite du Christ une aventure qui vaut la peine d’être vécue, alors nous saurons être audacieux pour interpeller. Nous saurons faire preuve d’imagination créatrice pour être fidèles à l’Esprit. Nous saurons regarder ensemble les besoins de l’Église d’aujourd’hui et faire appel à des personnes qui n’avaient peut-être pas pensé avoir la vocation ou qui n’avaient peut-être pas osé y penser.
Si nous évoquons rapidement l’Évangile ou l’histoire de l’Église, nous voyons ces différents types d’interpellation.
Dans le texte bien connu de l’appel des disciples, chez Jean, au chapitre 1, Jean-Baptiste indique à ses disciples où est le Christ : « Voici l’Agneau de Dieu », c’est une manière discrète d’interpeller.
Quand Jésus s’adresse aux disciples de Jean, il leur dit : « Que cherchez-vous ? » II ne les interpelle pas directement en fonction de lui, « Que cherches-tu pour ta vie ? » C’est une question qui est respectueuse de la liberté des personnes. Et le Christ leur dit : « Venez et vous verrez. » Cette invitation s’offre à la fois comme une marche et comme un lieu d’enracinement à habiter. Cela implique d’aller en proximité avec quelqu’un pour vivre quelque chose de fort.
Troisième exemple dans ce même Évangile : Jésus trouve Philippe et lui dit : « Suis moi. » Interpellation directe.
Si nous prenons quelques exemples dans les Actes des Apôtres, l’adjonction de Matthias au chapitre 11 se fait après une prière adressée au Seigneur et par tirage au sort. L’institution des Sept se fait pour régler le problème entre deux communautés de l’Église primitive. Tout cela montre que l’Église s’est toujours montrée inventive et a créé les ministères dont elle avait besoin au fur et à mesure de son évolution et des modifications de la situation.
Plus tard, dans les premiers siècles de l’Église, quelques petits flashs sur quelques personnages très connus.
• Saint Augustin devient prêtre un dimanche matin : quatre ou cinq personnes s’emparent de sa personne et le conduisent devant l’autel.
• Saint Ambroise est interpellé par la foule alors qu’il venait rétablir l’ordre après la mort de son évêque, et c’est lui qui est choisi comme évêque.
• Saint Martin, que nous fêtons aujourd’hui, est enlevé à sa vocation de moine pour devenir évêque.
Survolons les siècles. Aujourd’hui, l’Église a une grande habitude de l’appel : elle appelle catéchistes, permanents, responsables de mouvements... Depuis le rétablissement du diaconat permanent, l’interpellation est faite à des hommes connus dans la communauté chrétienne. Ces derniers exemples peuvent nous faire réfléchir à la signification du mot interpeller. Si nous consultons le Petit Robert, nous trouvons cette définition : « Adresser vivement, brusquement, la parole à quelqu’un. » C’est un mot habituellement utilisé dans le contexte d’opérations policières, il a donc une connotation négative, mais on dit aussi : « Je suis interpellé par cette situation. » Hier, j’avais au téléphone une agence immobilière qui m’a dit : « Votre petite annonce m’a interpellé. » Donc, tout au long de cette session, nous allons réfléchir à cette pertinence de l’interpellation.
Toute vocation chrétienne vient de Dieu, mais elle arrive à l’Église et passe toujours par des médiations. S’il est vrai que l’appel doit être adressé à tous, il est tout aussi vrai que ce même appel doit être personnalisé et adressé à une personne précise à l’intérieur d’une relation personnelle.
Ce tableau que nous vous présentons est le résultat d’une réflexion menée depuis longtemps dans certains diocèses et c’est à partir de vos réflexions, de ce que vous nous avez apporté dans les rencontres régionales, et maintenant dans les rencontres de provinces, que nous avons essayé de vous proposer cette typologie. Nous remercions particulièrement les équipes diocésaines de l’ancienne région Sud-Ouest qui ont beaucoup contribué à ce travail (cf. tableau).
1/ Pastorale de l’éveil |
2/ Pastorale de l’appel |
3/ Pastorale du discernement |
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« Toute vie est vocation » |
« Venez et vous verrez » |
« Viens et suis-moi ! » |
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Visées |
• "Eveiller", c’est-à-dire :
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• Aider les jeunes qui se posent la question du sens de leur vie. Les aider à approfondir, en les tenant ensemble, la dimension humaine et la dimension spirituelle de leur vie. |
• Aider les jeunes qui se posent clairement la question d’un choix de vie :
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Objectifs |
•Proposer le maximum d’initiatives suscitées par nos différents partenaires,
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Proposer de regarder de près :
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Rôle du SDV et moyens |
Le SDV
en étant présent dans les différents secteurs de la pastorale ou très en lien avec eux. |
• Les SDV :
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Les SDV suscitent des groupes de recherche diocésains ou envoient les jeunes dans des groupes de recherche plus larges (inter-dio-cèse, province...)-Ils proposent éventuellement des "lieux communautaires" ou mettent les jeunes en lien avec ceux qui existent à proximité. |
En partenariat avec | •Les lieux ordinaires de la pastorale, en particulier la pastorale familiale, la pastorale des jeunes, la catéchèse, l’aumônerie, l’enseignement catholique, les mouvements... | •Tous les partenaires proches des jeunes en général (lycéens, étudiants, professionnels, etc.) | • Les lieux de la pastorale (services, mouvements...) susceptibles de répondre aux objectifs ci-dessus |
La mission des Services des Vocations est une mission à trois facettes : la pastorale de l’éveil, la pastorale de l’appel, la pastorale du discernement. Nous avons essayé de mettre, en exergue, une phrase qui symbolise chacun de ces aspects.
Pour la pastorale de l’éveil : « Toute vie est vocation. » Pour la pastorale de l’appel : « Venez et vous verrez. » Pour la pastorale du discernement : « Viens et suis-moi. »
Pastorale de l’éveil : « Toute vie est vocation »
Toute vie est vocation : chaque homme, chaque femme reçoit un appel à faire quelque chose de sa vie. La pastorale des vocations, c’est l’annonce de la foi et du salut en termes d’appel de Dieu et de réponse de l’homme.
Les visées de cette pastorale
1. Permettre aux communautés ecclésiales de découvrir l’ensemble des vocations qui s’offrent aux chrétiens en rappelant que le point de départ, c’est la vocation baptismale et la vocation de tous à la sainteté. Découvrir l’ensemble de ces vocations, c’est mieux connaître la mission et la vie des prêtres, révéler le visage de la vie religieuse, annoncer le mariage comme une vocation. C’est ce que font les diocèses, certains par le biais de l’Année de l’appel : de nombreux diocèses (Chartres, Rennes) ont proposé ces années de l’appel, plus récemment Metz et Aix-en-Provence ; Saint Etienne a lancé une année de la vie religieuse, .
C’est aussi ce qu’ont fait les diocèses à travers les synodes. Tel diocèse a travaillé sur les « ouvriers de l’Évangile », une réflexion sur les différentes vocations.
2. Initier enfants et jeunes à vivre leur vie comme une réponse à un appel. Jacques faisait allusion à l’article de A. Cencini que vous avez pu lire dans Jeunes et Vocations. La phrase qui résume un peu cet article est la suivante : « La vie est un bien reçu, qui tend par nature à devenir un bien donné. » C’est ce qui a été développé au Congrès européen des Vocations de 1997. C’est le cœur de la pastorale des vocations. Chacun reçoit un appel et il doit le vivre à quatre niveaux. Vivre sa vie d’homme ou de femme en étant pleinement humain. Devenir fils ou fille de Dieu le Père. Vivre en disciple à la suite du Christ. Enfin, être témoin de l’Évangile avec la force de l’Esprit. Ces différents niveaux sont développés dans la catéchèse, bien sûr, qui vise à faire des chrétiens, des hommes et des femmes de foi, vivant dans le monde d’aujourd’hui et se rassemblant pour célébrer.
La catéchèse aide les jeunes à découvrir les appels adressés par Dieu dans la Bible et propose la suite du Christ. De nombreux diocèses font des propositions en lien avec ces services de catéchèse : Valence, Grenoble. D’autres diocèses ont proposé des écoles de prière : plusieurs diocèses de l’Ouest, Soissons.
Quels objectifs dans cette pastorale de réveil ?
Proposer le maximum d’initiatives suscitées par nos différents partenaires. La dynamique d’une pastorale de l’éveil passe par de multiples initiatives et partenariats. C’est cela développer une culture de l’appel, constituer un terreau vocationnel.
Développer une culture de l’appel, c’est affirmer que la pastorale des vocations est la vocation de toute pastorale. C’est une pastorale audacieuse, explicite, provocante au sens originel du terme. La pastorale des vocations ne se limite pas à souligner de façon globale le sens de l’existence mais elle conduit à une implication personnelle dans un choix de vie précis. Elle ne s’adresse pas seulement à quelques personnes privilégiées, mais elle est adressée à tous, puisqu’elle est fondée sur les valeurs élémentaires de l’existence. Un des aspects de cette culture, c’est peut-être le travail auprès des parents, des familles. Aider les parents à être des éducateurs vocationnels : ce sont eux les premiers éducateurs de leurs enfants. Ce sont des interlocuteurs privilégiés dans l’orientation de leur enfant. Que vont-ils promouvoir : la recherche de l’argent, la volonté d’avoir la meilleure situation possible, le désir de se mettre au service de la société et du monde ? Voilà quelques exemples choisis pour montrer que cette pastorale de l’éveil touche tous les domaines.
Quel est le rôle du SDV ?
Une liste de verbes : stimule, suscite, encourage. La liste souligne l’importance pour les SDV d’être présents dans le champ pastoral ordinaire, et tout particulièrement dans celui de la pastorale des jeunes. Il stimule les autres services en partageant avec eux la mission, en faisant connaître ses propositions, en se faisant connaître. Ainsi dans certains diocèses, les SDV vont à la rencontre des services diocésains, des secteurs paroissiaux, des paroisses ; d’autres proposent des tracts pour dire ce qu’ils sont, ce qu’ils font (Nanterre...).
Il suscite une réflexion avec tel ou tel service. Certains diocèses choisissent d’axer leur effort, un an sur la pastorale familiale, une autre année sur la catéchèse. Beaucoup de diocèses ont mis en place des temps de prière pour les vocations. Le SDV peut susciter une réflexion sur ce qu’est une prière chrétienne pour les vocations.
Il encourage ce qui existe déjà, et cela requiert la mise en place d’un partenariat avec les autres services. Partenariat avec la catéchèse, j’y ai déjà fait allusion, avec un autre exemple, les mercredis des vocations dans le diocèse de Reims (cf. dossier d’animation 2005).
Partenariat avec l’aumônerie ou la Mission étudiante. Un certain nombre de diocèses travaillent autour du sacrement de la Confirmation, qui est souvent pour les jeunes l’occasion de réfléchir à la place qu’ils vont prendre dans l’Église. Châlons-en-Champagne, Strasbourg sont de ces diocèses. D’autres proposent au niveau de la Mission étudiante des temps de rencontre avec les étudiants.
Partenariat avec les services de formation permanente. Certains SDV participent à des temps de récollection, d’approfondissement spirituel qui aident les personnes à relire leur vie.
Partenariat avec la pastorale familiale. Là aussi vous êtes un certain nombre de diocèses à projeter cette année une action commune : Beauvais, Cambrai, Vannes.
Partenariat avec la pastorale des jeunes - cette année, en particulier avec les JMJ de Cologne - et l’on sent bien que depuis 1997, l’année des JMJ de Paris, la coordination de la pastorale des jeunes a fait beaucoup pour une meilleure connaissance des services qui gravitent autour de cette pastorale et dans lesquels souvent le Service des Vocations est intégré.
Partenariat avec l’enseignement catholique : un certain nombre de SDV organisent des journées avec les collégiens, des récollections avec des lycéens, participent aux forums des métiers. D’autres partenaires aussi, les mouvements : le MEJ, les scoutismes, l’ACO, etc.
La pastorale de l’éveil a donc pour but de sensibiliser toutes les communautés ecclésiales à l’importance de l’appel et à la responsabilité pour chacun de se sentir appelé et de devenir appelant.
Pastorale de rappel : « Venez et vous verrez. »
Dans cette pastorale de l’appel, c’est surtout la question du sens, de l’orientation profonde et générale de la vie d’un jeune adulte qui est posée.
La visée
Elle devient plus précise qu’à l’étape précédente. Il s’agit d’aider des jeunes qui s’interrogent sur le sens de leur vie : que vais-je faire de ma vie ? Dans quelle direction m’orienter ? Comment savoir à quoi Dieu m’appelle ? Quelle est la volonté de Dieu ? Quelle est ma vocation ? Et beaucoup d’autres questions que l’on entend fréquemment.
Ces jeunes sont des chrétiens qui s’interrogent sur leur avenir et souhaitent y réfléchir. Donc, les aider à cette étape, ce sera les inviter à regarder leur vie de plus près, la totalité de leur vie humaine et spirituelle et approfondir avec eux la question : qu’est-ce que vivre du Christ, finalement ? Qu’est-ce que suivre le Christ en tant que baptisé ?
Les objectifs
Il s’agit de prendre en compte tout ce qui fait leur vie, dans toutes ses dimensions. Bien sûr, on sait que dans une personne tout est imbriqué et que l’humain et le spirituel sont très mêlés, mais on est obligé de distinguer - ce qui ne veut pas dire séparer - pour y voir plus clair et aider un peu mieux. C’est le sens des propositions qui suivent.
- D’abord, on peut regarder tout ce qui existe du côté de la dimension humaine, c’est la base, car il n’y a pas de spirituel s’il n’y a pas d’abord de l’humain. Deux ou trois suggestions : aider le jeune à découvrir les dons reçus et les limites, à mûrir son désir et à mieux se connaître dans sa vie affective, à décrypter les appels de Dieu. Cela n’est pas exhaustif mais c’est ce qui ressort des différents rapports ou de réunions auxquelles nous avons participé. Chacun pourra probablement enrichir, ajouter ou discuter les propositions que nous faisons.
- •Regarder ensuite du côté de la dimension spirituelle : aider les jeunes à apprendre à prier, à se familiariser avec la Parole de Dieu, à approfondir leur relation au Christ, à relire leur vie à la lumière de la Parole de Dieu, à commencer à découvrir ce qu’est l’accompagnement, en le pratiquant.
Les moyens
Le SDV n’est pas le seul à proposer des moyens. Tout ne repose pas uniquement sur lui. Dans sa relation habituelle avec les autres partenaires de la pastorale, il s’informe de leurs propositions, peut susciter un travail ensemble pour qu’ils aient bien conscience qu’ils ont un rôle à jouer dans la pastorale de l’appel, selon leur type d’activités et de possibilités. Cette attitude était déjà en germe dans la première étape mais évidemment, cela va plus loin, à ce niveau-là. Dans certains cas, le SDV et tel autre service peuvent faire des propositions communes. Il s’agit alors d’un véritable travail de communion et de collaboration en Église, comme l’a souligné par exemple le diocèse de Saint Étienne dans la fiche verte « Appel à témoignage », que Jacques Anelli a évoquée.
Dans d’autres situations, le SDV n’hésitera pas à faire lui-même ses propres propositions. Il se peut en effet qu’il y ait des difficultés dans le diocèse ou pas de projets précis. C’est donc à lui de prendre l’initiative et de faire des propositions. Quel genre de propositions peut-on faire ? Elles sont nombreuses et variées et finalement dépendent beaucoup de la créativité des diocèses. Voici quelques exemples.
- Une enquête a été réalisée à Clermont-Ferrand pour mieux connaître les attentes des 18-35 ans.
- Des propositions pour l’approfondissement de la vie chrétienne, sous la forme de parcours sur la vie baptismale. L’accent est mis davantage sur la vie du baptisé, donc sur la vocation fondamentale de tout chrétien, avec ou sans, selon les cas, ouverture sur les vocations spécifiques. Ces parcours sont très nombreux et portent souvent un nom biblique : le groupe Samuel, le groupe Timothée, etc. On trouve aussi des propositions du style « École de l’Évangile » pour Arras, Montpellier, Lourdes. Des « Écoles de la Foi » comme celle de Coutances.
- Des récollections ou des « Journées Oasis », « Trois jours pour Dieu » et autres temps forts.
On voit aussi apparaître, et c’est là peut-être le plus nouveau - même si le diocèse de Besançon est très ancien et pionnier en la matière - ces fameuses « lettres d’interpellation » adressées aux jeunes adultes. Besançon qui pratique cette forme d’interpellation depuis longtemps nous la présentera dans un atelier, ainsi que le diocèse de La Rochelle qui s’est lancé l’année dernière. Cambrai et Nanterre sont également en route. C’est quelque chose de relativement nouveau et qui mérite notre attention et réflexion. Ces « lettres d’interpellation » peuvent avoir des styles assez différents, car les destinataires ne sont pas les mêmes.
Ces lettres qui viennent du SDV ou de l’évêque, sont adressées à des groupes d’Église divers, des EAP ou bien des prêtres d’un doyenné, ou des religieuses. Elles sont plutôt adressées à des groupes qu’à des individuels pour signifier que c’est toute l’Église qui appelle. A ces groupes, on demande de signaler des noms de jeunes qui paraissent actifs et moteurs dans l’Église locale, là où ils sont, et susceptibles d’être intéressés par une ou plusieurs rencontres pour réfléchir à une éventuelle vocation spécifique. C’est l’Évêque alors qui les invite, au moins à une première rencontre. Parfois, les contacts se poursuivent avec le SDV. Ailleurs, les destinataires des lettres sont les jeunes eux-mêmes, directement ; par exemple les confirmands ou les confirmés.
On note également des propositions d’interpellation qui se situent dans la vie quotidienne, genre « Maison des Vocations ». C’est une interpellation dans et par la vie quotidienne car il s’agit d’une manière de vivre ensemble. Les formules sont très diverses. Parfois les jeunes habitent sur place ou bien ils restent chez eux et se retrouvent pour certains temps forts, ou à des moments réguliers de la semaine. Des presbytères louent quelques chambres disponibles à des jeunes, occasion pour des jeunes hommes de voir de plus près ce qu’est le ministère de prêtre diocésain. Les diocèses de Tours et de Saint-Etienne nous présenteront leurs Maisons des Vocations.
Il s’agissait donc de la pastorale de l’appel « Venez et vous verrez », privilégiant, chaque fois que c’est possible, le partenariat avec toutes les instances proches des jeunes, lycéens, étudiants, professionnels.
Pastorale du discernement :« Viens et suis-moi. »
On se situe davantage dans l’appel direct. Dans l’étape précédente on disait : « Venez voir... ce que vivent les chrétiens, venez voir qui ils sont, venez voir qui est le Christ pour eux. » A la troisième étape, nous sommes plutôt dans le « Et vous, où en êtes-vous ? Dans quel sens voulez-vous orienter votre vie ? » C’est là qu’intervient la pastorale du discernement.
La visée
A ce stade, il s’agit d’aider les jeunes qui se posent clairement, c’est-à-dire explicitement ou assez explicitement, la question d’un choix de vie, d’un état de vie : prêtre, vie religieuse, mariage ; à un moment où la question devient plus pressante.
Trois objectifs importants
Aider ces jeunes à vivre un discernement suppose qu’ils continuent eux-mêmes d’approfondir leur foi : il y a donc tout un aspect formation qui continue par rapport à l’étape précédente, une formation adaptée à leurs questions.
Récemment, j’ai reçu un appel téléphonique d’une adulte qui me dit : « Voilà, je pense à la vie religieuse, à la vie monastique, mais pas pour être religieuse, mais quand même, je participerais bien à la prière, mais surtout je voudrais apprendre à faire du fromage. » Ce sont exactement ses mots. Je l’ai renvoyée délicatement à son SDV, qui pourra l’aider à découvrir ce qu’est la vie religieuse. Je me rends compte que des jeunes emploient le mot « vie religieuse » mais dès qu’on creuse un peu, on s’aperçoit qu’ils ne savent pas du tout ce qu’est la « vie religieuse ».
Une autre personne, d’environ 45 ans, est venue me voir.
- J’ai la vocation !
Bon très bien, vous en avez parlé avec quelqu’un, vous êtes accompagnée par quelqu’un ?
Non, mais j’ai la vocation !
Alors la vie religieuse pour vous, c’est quoi ? Qu’en dites-vous ?
Grand silence. Je commence à parler d’une manière de suivre le Christ, qui se concrétise par une certaine manière de vivre, les vœux, etc. Je donne rapidement quelques précisions et quand je dis que la pauvreté consiste, entre autres, à tout mettre en commun car plus rien ne nous appartient en propre, elle s’écrie :
- Ah ! Mais il n’en n’est pas question, j’ai une maison et je n’ai l’intention ni de la vendre, ni de la quitter.
Je lui réponds qu’elle doit peut-être chercher une autre forme de vie consacrée car ce qu’elle cherche ne correspond pas à la vie religieuse.
Beaucoup de personnes ont des schémas, des images (vues à la télévision, au cinéma ou ailleurs) sur la vie religieuse et se découvrent rapidement une vocation religieuse. En réalité, elles ne savent pas du tout de quoi il s’agit. C’est pourquoi l’étape du discernement est si nécessaire.
Pour les éclairer, il est souvent indispensable de leur présenter les divers états de vie, et si possible, de faire venir des témoins qui en vivent et qui en disent l’intérêt et la richesse.
Il est souhaitable aussi qu’ils aient une insertion pastorale.
Il est nécessaire qu’ils vivent un accompagnement spirituel personnel, peut-être déjà commencé à l’étape précédente. Cela les aidera à repérer les appels de Dieu dans leur vie, les réponses qu’ils ont déjà données et qu’ils continuent de donner. L’accompagnement les aidera à faire le tri entre les options possibles et, espérons-le, à identifier leur véritable appel.
Des moyens possibles
Un moyen privilégié est certainement celui du groupe de recherche, compris dans un sens un peu plus restreint que celui qui a pu être proposé à l’étape 2. N’oublions pas cependant que les cloisons ne sont ni étanches ni imperméables entre les étapes 2 et 3.
Le groupe de recherche, qui est parfois appelé « Groupe de discernement », peut s’organiser soit au niveau de la province ou du diocèse, ou même en inter-province, comme c’est le cas pour le « Groupe Projet » des provinces de Poitiers et Bordeaux. En général, ces groupes proposent un certain nombre de week-ends à de jeunes adultes qui s’interrogent sur le ministère ordonné ou la vie religieuse.
C’est également le cas pour le « Service régional des Vocations féminines d’Île-de-France » : la plupart des diocèses d’Île-de-France se sont regroupés pour proposer un groupe de discernement pour des jeunes femmes en vue de la vie consacrée.
A cette étape du discernement, les lieux de vie communautaire, les « Maisons des Vocations » ou autres réseaux peuvent être utiles.
Pour conclure la présentation de cette typologie, je soulignerai trois points.
- Ce que nous venons d’évoquer n’est pas du tout exhaustif, c’est ce que nous avons retenu de ce qui nous est parvenu au SNV. Mais cela mérite d’être enrichi.
- Comme toute typologie, celle-ci a aussi ses limites, il faut la considérer comme un outil qui peut aider à penser, à réfléchir mais pas du tout comme un absolu. Cette typologie veut essayer d’éclairer ce que l’on met sous le terme général de pastorale de l’interpellation, ce mot recouvrant des réalités très diverses.
- Les propositions concrètes peuvent être très variées, mais dans tous les cas, il s’agit d’aider des jeunes à trouver l’orientation profonde et unique de leur vie de baptisé ; en travaillant en Église avec d’autres partenaires, en évitant au maximum de faire cavalier seul.
L’idée générale est la suivante : à quelle place le Seigneur appelle-t-il tel jeune à servir l’Église et le monde ? C’est la vraie question et notre responsabilité de SDV n’est pas de donner nous-mêmes la réponse, mais d’éclairer le chemin du jeune adulte pour qu’il puisse répondre en toute liberté : « Me voici, je viens pour te servir et te suivre » par tel chemin qu’il aura discerné grâce à tout ce qui lui aura été proposé au long de son itinéraire.