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Une chance et une grâce
Madeleine BOUTTIER *
Avoir participé à cette Assemblée, dont la plus grande partie de l’ordre du jour était le dossier de la Vie Religieuse, fut pour moi une chance, une grâce. Comment ai-je été amenée à y prendre part ? Le Conseil permanent de l’épiscopat donnait à la Conférence des Supérieures Majeures(C.SM.) la possibilité d’une délégation de dix religieuses. Aux représentantes de la C.S.M. se sont ainsi ajoutées une religieuse canoniste, et les Présidentes des trois Unions de Religieuses.
UN CLIMAT - DES QUESTIONS
Ces lignes veulent être un partage de mes impressions, de ce que j’ai saisi, à ma place de Présidente de l’association R.E.P.S.A., habitée alors par tout ce que les religieuses adhérentes vivent sur le terrain de la Santé, par tout ce qui se vit au sein même de l’association. Consciente d’avoir vécu un évènement d’Eglise, un évènement de l’Eglise de France en ses évêques ainsi réunis, je me suis faite tout écoute, tout accueil à leurs interventions.
Le nombre de ces dernières, au cours du débat, manifestait déjà le grand intérêt que tous les évêques portent aujourd’hui à la Vie Religieuse vouée à la contemplation, à celle vouée aux oeuvres d’apostolat. Mais cet intérêt s’exprimait plus encore par la profondeur des travaux, par l’esprit de recherche qui les a guidés.
Si les évêques réaffirmaient que la vie religieuse, enracinée dans le Baptême, est un don de Dieu pour son Eglise, leurs interventions reflétaient leur souci de Pasteurs de l’Eglise. Ils reconnaissaient alors le rôle irremplaçable des Instituts religieux, à la vie de l’Eglise, à sa mission, et l’urgence de promouvoir une pastorale des vocations qui s’inscrit dans une pastorale d’évangélisation.
Bien que le manque de relève sacerdotale préoccupe très vivement nos évêques, j’ai fortement apprécié de les entendre rappeler, avec conviction, dans une réelle confiance à notre égard, notre place originale dans l’Eglise. Place qui nous appelle à devenir de vrais partenaires avec les différents acteurs au service de la Mission, et des membres actifs dans la pastorale de l’Eglise diocésaine.
Dans son expression, cette Assemblée a permis très certainement de faire l’expérience des relations mutuelles entre évêques et religieux, religieuses.
C’est en effet dans un climat de cordialité, dans un accueil réciproque, avec l’intention de donner un nouvel élan à la vie religieuse dans ia Mission de l’Eglise, que chacun à sa place, a partagé sur la situation actuelle de la vie religieuse, sur les questions qui leur tiennent à coeur, sur les attentes pour notre monde, et pour l’Eglise d’aujourd’hui et de demain.
DES APPELS A ENTENDRE
De telles affirmations et cette volonté de relations mutuelles, laissent entendre qu’une nouvelle étape se dessine pour les religieux et les religieuses de France.
Religieuses travaillant dans le monde de la Santé, de congrégations différentes, souvent "aux avant-postes de la Mission", grande est notre responsabilité dans l’Eglise en Mission. La réflexion de cette Assemblée résonne en moi comme un appel pour nous, religieuses, à tout faire pour que la qualité de notre service apostolique, vécu dans la radicaiité de notre engagement, révèle un Dieu qui s’est fait homme, un Dieu proche, et manifeste l’amour de Dieu pour tout’homme.
Oser davantage partager, dans les instances de l’Eglise diocésaine, les réalités humaines qui sont notre quotidien : questions d’ordre éthique, culturel, problèmes rencontrés par les émigrés et leur famille, incroyance, nouvelles formes de pauvreté, expression enrichie par nos interrogations.
A plusieurs reprises, j’ai senti que les interventions des évêques avaient pour point d’appui les échanges qu’ils ont eus avec les religieuses de leur propre diocèse, pendant la période préparatoire à cette Assemblée. Ces temps de dialogue m’ont semblé si riches, qu’ils renforcent ma conviction de les renouveler. L’heure est venue de nous faire connaître à notre évêque, certes, mais aussi aux prêtres et aux chrétiens de tous âges. N’est-ce pas une manière de vivre l’Eglise diocésaine, de construire cette Eglise ?
Religieuses, nous avons à prendre ia mesure de l’expression des évêques sur la Vie Religieuse, à entrer dans la dynamique qui ressort des conclusions de cette Assemblée, élaborée à partir des deux textes : le document théologique et le document pastoral.
Conclusions qui nous appellent "à vivre en communauté de foi" à la suite de nos fondateurs ou de nos fondatrices, à chercher à toujours mieux nous situer dans l’Eglise en Mission où prêtres, religieux, laics, nous construisons ensemble cette Eglise.
* Soeur Madeleine BOUTTIER, de la Congrégation de la Charité de Notre-Dame - EVRON est présidente de l’Association religieuse dans les professions de santé. [ Retour au Texte ]