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Ouvrir les horizons d’appel
vicaire épiscopal du diocèse de Poitiers
Est-il possible de « rendre l’appel crédible du point de vue anthropologique » ? En effet, si l’appel trouve ses propres motifs de crédibilité sur les plans historique, théologique, spirituel et pastoral, peut-on le qualifier aussi du point de vue anthropologique ? La question mérite effectivement réflexion, ceci pour au moins trois raisons :
Tout d’abord, le fait de regarder l’appel du point de vue anthropologique permet de ne pas s’enfermer dans une problématique interne à l’Église. Il s’agit d’expliciter le fait que l’appel est un acte proprement humain et de plaider une cause qui paraît perdue aux yeux d’un certain nombre de personnes. Aujourd’hui, en effet, scepticisme, doutes et critiques pointent vers une même direction : Est-ce crédible humainement de s’engager sur la voie d’une vocation spécifique ? Est-ce même pertinent ? Citons quelques exemples : Pour certains, l’Église est perçue comme appartenant au musée de l’histoire, tout engagement en son sein devient donc caduc ; pour d’autres, c’est la notion d’engagement à vie qui paraît impossible à tenir ; pour d’autres encore, dans un contexte de pluralisme, la vérité se trouve relativisée, chacun la définissant à sa mesure, comment dès lors se lier à une institution qui a la prétention de témoigner du Christ comme chemin, vérité et vie ? Ou encore, nombre de personnes doutent que l’on puisse se réaliser humainement dans l’exercice du ministère pastoral ou s’interrogent : à la vue de situations concrètes, cet engagement est-il viable humainement ? Par ailleurs, le contexte culturel produit un environnement et promeut des modes de vie qui ne sont guère compatibles avec une vie évangélique, comment dès lors assumer de tels choix de vie avec les ruptures qu’ils impliquent aujourd’hui ? Enfin, comment ne pas reconnaître que la pratique de l’accueil et de l’accompagnement de jeunes et jeunes adultes aujourd’hui donne de saluer la qualité et la profondeur de démarches personnelles mais confronte en même temps à de réelles fragilités psychologiques, affectives et spirituelles ?
Adopter le sujet proposé, c’est accepter de se situer dans la société actuelle (1). Nous sommes pris dans le mouvement du temps, sans pour autant avoir à renoncer à ce qui constitue le cœur de notre foi et de notre mission. Plus encore, c’est dans ce contexte nouveau (2) que nous avons à rendre raison de ce qui nous fait vivre et croître en humanité. Disons-le clairement, aucune période de l’histoire n’est idéale. Il est souvent plus facile de rêver le passé ou le futur que d’affronter le présent de l’existence humaine. Comme l’écrit saint Augustin « on rencontre des gens qui récriminent sur leur époque, et pour qui celle de nos parents était le bon temps (...). Le temps passé dont tu crois que c’était le bon temps n’est bon que parce que ce n’était pas le tien (3). » La nostalgie est souvent l’idéalisation d’un passé révolu et ne permet pas d’assumer l’aujourd’hui. Nous le savons d’expérience, l’appel à avancer en eau profonde suscite souvent dans un premier temps la peur, voire même la stupeur (Lc 5,4-10). Pourtant, les eaux profondes de la culture et de la société, des modes de pensée et de vie constituent le lieu de notre envoi. Pour avancer, il y faut tout à la fois intériorité et audace. L’aujourd’hui de la foi ne peut pas être la pure répétition du passé. La fidélité vraie est créatrice d’avenir (4).
De fait, de multiples expériences humaines nous mettent en situation d’appel : l’appel d’un enfant à la vie est une expérience humaine bouleversante pour nombre de couples ; un appel au secours ou celui d’une personne en difficulté suscite une réponse immédiate ; l’appel au voisinage et l’entraide pour un service demeurent fréquents ; l’appel aux dons financiers pour une cause qui touche ou pour une œuvre humanitaire trouve écho chez nombre de personnes ; l’appel à l’engagement appartient à la culture de la vie associative ; l’appel du 18 juin 1940 est inscrit dans la mémoire française ; à l’heure du portable, l’appel téléphonique est devenu un geste banal... Ou encore, pour prendre un simple exemple sur le plan pastoral, l’appel de catéchistes demeure souvent un défi à chaque début d’année... Ces quelques expériences indiquent que l’être humain est fondamentalement un être de relation. Il ne se fait pas seul. Il advient à lui-même par un ensemble de médiations. C’est dans cette perspective que je voudrais déployer quelques dimensions fondatrices de l’appel pour le rendre crédible du point de vue proprement humain (5).
La relation à autrui donne d’advenir à sa propre identité
Membres de la communauté humaine
Personne n’est une île ! Le terme « interpellation » met en valeur le fait que tout appel passe par des relations. Il pointe notre responsabilité propre. Il a donc l’avantage de montrer que chacun de nous advient à lui-même dans un tissu de relations. Personne ne se donne la vie à lui-même. Elle est reçue comme un don. Personne ne se donne son propre prénom, ni non plus son premier univers familial et culturel. Il existe un déjà-là du monde. L’histoire d’enfants loups est suffisamment connue : ils sont restés dans des conditions infrahumaines, n’accédant pas au langage. Que l’on pense encore aux personnes malades, âgées ou isolées qui dépérissent par absence de relations humaines ou encore à la banalité des jours, à l’ennui et à la solitude vécus par nombre de personnes - spécialement des jeunes - pour qui la vie n’a ni goût, ni sens. Les défis culturels et sociaux appellent à mener le combat de l’humanité de l’homme en raison même des formes d’inhumanité qui marquent la société comme autant de plaies vives. C’est le principe même d’humanité qui est en cause (6). Nous ne pouvons céder ni à la facilité, ni à la fatalité. La conscience d’appartenir à la même famille humaine se trouve ainsi appelée car la vérité du sujet vient de ce qu’il surgit dans la relation avec d’autres. Aussi peut-on dire que « c’est sur le mode éthique de l’interpellation que le moi est appelé à la responsabilité par la voix de l’autre (7). » Ce nom reçu de mes parents - ce qui peut paraître une infirmité de la part de partisans de l’individualisme pour qui l’autonomie absolue est la valeur suprême - n’est pas une infirmité, mais l’espace relationnel dans lequel et par lequel il m’est donné d’advenir à ma propre responsabilité. Nommer l’autre en vérité, c’est le donner à son identité (8), c’est le révéler à son propre mystère d’existence. Ek-sister (comme l’indique son étymologie), c’est sortir de soi, c’est surgir à soi. Vivre de vie vraie, c’est donc advenir à une liberté responsable, c’est-à-dire capable de réponse à la parole entendue. Comment naître à soi-même si personne n’appelle ? Car nous sommes convoqués à naître et à vivre. Il y faut courage et ténacité (9) !
Responsables d’autrui
Là se tient un enjeu décisif pour le devenir humain. C’est le fait d’avoir à choisir et à décider qui nous donne à notre propre liberté. C’est cette perspective que souligne Bossuet lorsqu’il affirme que la liberté n’est pas de faire ce que l’on veut, mais de vouloir ce que l’on fait ! Si elle est un don, la liberté est aussi une tâche, celle de s’humaniser. Ainsi en est-il pour les ouvriers de la dernière heure. A la question de Jésus : « Pourquoi êtes-vous restés là tout le jour sans rien faire ? » La réponse se fait entendre : « Personne ne nous a appelés ! » (Mt 20,6-7). Personne n’a porté le regard sur eux et ne leur a donné d’entendre qu’ils avaient du prix ! Personne n’a fait retentir une parole qui les révèle à leurs capacités propres... Or, ce sont bien ces paroles de vie, de dialogue et d’appel qui constituent la trame de la mission de Jésus, parole adressée à toute personne, parole souvent prononcée à l’impératif ou à l’optatif, parole qui ouvre un avenir : à un paralysé « Lève-toi et marche » (Mt 9,5-6 ; Mc 2,11 et Lc 5,24) ; à une femme souffrant d’hémorragie depuis 12 ans « Ta foi t’a sauvée » (Mt 9,22 ; Mc 5,34 ; Lc 8,48) ; à un homme ayant la main paralysée « Lève-toi » (Mc 3,3 et Lc 6,8) ; à une fillette « Mon enfant, réveille-toi/lève-toi » (Lc 8,54 et Mc 5,41) ; à un aveugle « Confiance, lève-toi, il t’appelle » (Mc 10,49) ; à un jeune homme « Je te l’ordonne, réveille-toi/lève-toi » (Lc 7,14) ; à une pécheresse « Ta foi t’a sauvée, va en paix » (Lc 7,50) ; à un lépreux samaritain « Relève-toi, va. Ta foi t’a sauvé » (Lc 17,19) ; à un homme infirme depuis 38 ans « Lève-toi, prends ton grabat et marche » (Jn 5,8) ; à une femme adultère « Va, et désormais ne pèche plus » (Jn 8,11 ), etc. Disons-le clairement, dans l’être humain, rien n’est jamais perdu, rien n’est inexorable, rien n’est fatal ni irréversible. Nombre de voix aujourd’hui - si on les écoute - disent la fatalité, l’inexorable, l’irrémédiable. Or les paroles citées ici témoignent que tout peut être sauvé. Nous croyons de foi vive que l’histoire est dé-fatalisée et qu’il existe des possibles ignorés. Non, ne vivons pas selon un destin fatalisé, mais selon la confiance reçue et donnée !
C’est sur fond d’une parole de vie et de salut adressée à tous que Jésus appelle plus précisément quelques-uns à le suivre et à participer à sa mission : à deux disciples de Jean « Venez et vous verrez » (Jn 1,39) ; à des pêcheurs « Venez à ma suite » (Mt 4,19 ; Mc 1,17) ; à un collecteur d’impôts « Suis-moi » (Mt 9,9 ; Mc 2,14 ; Lc 5,27) ; à un jeune homme riche « Viens et suis-moi » (Mt 19,21 ; Mc 10,21 ; Lc 18,22) ; à Pierre, Jacques et Jean « Levez-vous ! Allons ! » (Mt 26,46 ; Mc 14,42 et Jn 14,31 ). Ce sont des verbes de mouvement et d’action.
Les premiers disciples se font les témoins de cette attitude active : c’est André qui invite Pierre à la suite de Jésus (Jn 1,41), Philippe qui va trouver Nathanaël (Jn 1,45), Barnabé qui va chercher Paul (Ac 11,25), Pierre qui invite la communauté de Jérusalem à chercher sept hommes de bonne réputation, remplis d’Esprit et de sagesse (Ac 6,3), etc. C’est une dynamique de mise en relation, de recherche active et d’appel qui est attestée. Nous sommes nous-mêmes convoqués à cette attitude active en prenant des initiatives concrètes d’invitation, de proposition et d’interpellation (10). Elle passe par l’estime de l’autre mais aussi par l’estime des vocations qui manifestent la vitalité de la foi et la beauté de l’Église. Cela demande des communautés chrétiennes vivantes, confessantes et fraternelles qui se situent avec joie dans l’espace de communion qu’est l’Église, lieu où s’attestent la responsabilité d’autrui et le témoignage authentique de l’agapè. Dès lors, l’invitation à dépasser les passivités, les doutes et les intérêts personnels pour offrir une disponibilité confiante à l’autre que soi se fait entendre clairement (11).
Entre mémoire et promesse, des horizons d’appel
Dans l’aujourd’hui de l’humanité
Si l’appel passe par la responsabilité d’autrui, il n’est possible d’y répondre que si nous avons des horizons de mission à proposer. C’est ainsi que l’être humain se dévoile comme un homo viator. C’est en marchant que se tracent les chemins de l’avenir. En cela même, la vocation n’est ni réalité statique, ni démarche privée. Singulière et unique, elle engage toujours un envoi : « Réservez-moi donc Barnabas et Saul pour l’œuvre à laquelle je les destine » (Ac 13,2). C’est une constante du témoignage biblique. La parole du Ressuscité « Allez... » (Mt 28,19 ; Mc 16,15), est à entendre à la suite du « Va » des récits de vocations prophétiques : pour Abraham (Gn 12,1 ), pour Moïse (Ex 3,10), pour Gédéon (Jg 6,14), pour Amos (Am 7,15), pour Isaïe (6,9), pour Jérémie (1,7), pour Ézéchiel (3,1-4.11), etc. C’est cet envoi en mission qui constitue le témoin. C’est ce qu’attesté également le concile Vatican II. Ainsi, par exemple, le décret sur le ministère et la vie des prêtres situe le ministère ordonné dans la mission de l’Église (12). Il en est de même pour la vie consacrée dans le décret conciliaire sur la vie religieuse (13). C’est donc en référence à l’aujourd’hui de Dieu et à la mission de l’Église que toute vocation spécifique est située. Du même coup, une question se pose à nous : quels sont aujourd’hui les horizons missionnaires ? Quels espaces nouveaux avons-nous à défricher ?
C’est le décentrement d’une problématique personnelle ou bien de préoccupations internes à l’Église ou encore de questions d’organisations que nous avons à vivre ! Il est remarquable que, dans l’évangile selon saint Marc, l’appel des quatre premiers pêcheurs (Mc 1,16-20) se fasse aussitôt la première prédication de Jésus (Mc 1,14-15). Celle-ci concerne la venue du Règne de Dieu. L’accomplissement des temps constitue l’horizon d’appel des premiers disciples. Nous ne pouvons pas oublier non plus le fait que l’appel à prier le Maître d’envoyer des ouvriers à la moisson est placé sous l’horizon de la mission : « La moisson est abondante ! » (Lc 10,2) ou encore : « Levez les yeux et regardez ; déjà les champs sont blancs pour la moisson » (Jn 4,35). L’appel est clair : lever les yeux et regarder... Nous sommes situés dans un contexte humain qui demande considération (14). En conséquence, quels projets avons-nous à offrir aujourd’hui qui puissent mobiliser une existence entière ? Pro-jeter, c’est lancer en avant de soi. Le projet est ainsi une façon de mobiliser des capacités d’action et de solliciter des énergies qui attendent d’être appelées (15). Il ne suffit donc pas d’entretenir ce qui se fait, sans horizons nouveaux à ouvrir. Nous avons bien plutôt à initier des formes d’annonce de l’Évangile pour ce temps qui soient puissance d’appel et d’action.
Réaliser toutes ses capacités d’agir
Mémoire du passé et promesse d’avenir nourrissent notre capacité d’appeler aujourd’hui. Le « Souviens-toi » (Ex 32,13 ; Dt 8,18 ; 9,27...) est précieux : comment oublier l’héritage reçu ? Pour autant, celui-ci ne nous paralyse pas. Au contraire, il nous invite à accueillir « la promesse faite à nos pères en faveur d’Abraham et de sa race à jamais » (Lc 1,55). Le présent peut être vécu comme un temps favorable (un kairos) dans la mesure où il assume sa propre mémoire et qu’il accueille la promesse, celle d’une postérité. J’ai proposé plus haut de vivre la promesse sous mode de projets. Ceux-ci suscitent des espaces de créativité et des motivations nouvelles pour appeler. Ces projets doivent intégrer l’aspiration actuelle à la réalisation de soi (16). En effet, l’essentiel n’est pas tant ce que nous faisons que ce que nous devenons à travers ce que nous faisons. Dès lors, en quoi sommes-nous nous-mêmes transformés par la mission reçue ?
Mais préparer l’avenir sous le signe de la promesse passe aussi par l’acte de mémoire. Aussi avons-nous à être nourris des grands récits fondateurs du Peuple de l’Alliance, et donc à fréquenter l’Écriture comme le lieu qui révèle notre histoire et nous donne de surgir à notre destinée. Nous avons à portée de main de nombreux trésors oubliés, cachés, ou méconnus. Ainsi par exemple, lors de la Vigile pascale, la litanie des saints est chantée. Celle-ci constitue non seulement un fait liturgique mais également un appel à vivre selon ces visages de la foi. Connaissons-nous - comme peuple chrétien - ces figures de sainteté, leur originalité, leur fécondité ? Ces visages d’humanité témoignent pour nous « du travail de la foi, du labeur de l’amour et de la patiente espérance » (1 Th 1,3-4), car ces trois verbes - croire, espérer, aimer - nous instituent en humanité. Ces témoins de la foi ont connu eux aussi des difficultés, des échecs, des joies, des jaillissements de nouveauté en des périodes historiques autres. Ils ont dû tracer des chemins au milieu d’incompréhensions. Ils ont eu leurs propres combats à mener. Avec évidence, ils ont porté du fruit et souvent suscité des courants de vie spirituelle et apostolique. En leur temps, ils ont été facteurs d’interpellation autour d’eux. Aller aux sources de leur témoignage constitue un chemin privilégié pour attester aujourd’hui de la fécondité d’une vie accomplie (17).
« Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui ? »
Une anthropologie résolument théologale
La question posée par le psaume 8 est reprise par le concile Vatican II : « Qu’est-ce que l’homme ? (...) Que peut apporter l’homme à la société ? Que peut-il en attendre ? Qu’adviendra-t-il après cette vie (18) ? » Au cours de son histoire, l’homme a tenté de se comprendre de diverses manières, souvent dans un acte d’auto-fondation (19). C’est parce que - au titre même de notre confession de foi - nous prenons en compte l’agir de Dieu à l’égard de l’homme que nous parlons de « la très haute vocation de l’homme (20) » ou encore de « la sublimité de sa vocation (21) ». C’est donc dans une anthropologie résolument théologale que nous nous inscrivons (22). Créé à l’image et ressemblance de Dieu (Gn 1,27), l’être humain est donné à lui-même comme une tâche à accomplir (Gn 1,28). La mission est claire : faire fructifier l’œuvre de la Création et la porter à son achèvement. Il n’y a donc pas sur cette terre que du rentable, de l’utile ou de l’économique. L’homme n’est pas à lui-même sa propre mesure. Son mystère est plus grand que ses propres actes. L’autre est donc à regarder selon la nouveauté qui l’anime, non pas de façon utilitariste. En aucune manière, nous ne pouvons accepter qu’il soit instrumentalisé ou réduit au rang d’objet. Il est destiné à devenir le sujet d’une histoire d’alliance. En ce sens, l’homme est un être finalisé : « Tu nous as fait pour toi Seigneur et notre cœur est inquiet tant qu’il ne repose en toi (23). » Comme l’indique la préface de la première prière eucharistique pour la réconciliation, « Bien loin de te résigner à nos ruptures d’Alliance, tu as noué entre l’humanité et Toi, par ton Fils, Jésus, notre Seigneur, un lien nouveau, si fort que rien ne pourra le défaire. » Pilate lui-même nous invite à reconnaître l’Ecce Homo (Jn 19,5) sous les traits du Crucifié en qui « tout est accompli » (Jn 19,30). Le matin de Pâques s’offre comme recréation du monde : le tombeau est à jamais ouvert et le Ressuscité nous précède en tout lieu !
Sous le signe de l’ouvert
La métaphore de l’ouverture (24) parcourt l’histoire biblique. Le travail de mémoire maintient l’avenir ouvert. Ainsi par exemple lors de la sortie d’Égypte, les eaux s’ouvrent (Ex 14,21-22). L’homme biblique doit ouvrir sa main toute grande à son frère (Dt 15,11). L’appel de Dieu et l’appel du frère blessent l’homme au cœur et ouvrent à des réponses inédites. Au moment du baptême de Jésus, ce sont les cieux qui s’ouvrent (Mt 3,16 ; Lc 3,21). A l’heure de la Croix, son côté est ouvert (Jn 19,34). Au matin de Pâques, le tombeau est trouvé ouvert (Jn 20,1). Ce même jour, le Ressuscité ouvre à l’intelligence des Écritures les disciples en marche vers Emmaüs (Lc 24,27) et il se fait reconnaître des disciples, à Jérusalem, en leur montrant ses plaies ouvertes alors qu’ils se tiennent dans la maison toutes portes verrouillées (Jn 20,19-20). Lors de son martyre, Etienne contemple les cieux ouverts (Ac 7,54). Le livre des Actes des Apôtres témoigne du fait que Dieu ouvre aux païens la porte de la foi (Ac 14,27) et il s’achève sur la figure de Paul prêchant librement et ouvertement à Rome (Ac 28,31). Désormais, l’histoire ne peut plus se refermer. Il nous faut donc sortir des gémissements de ceux et celles qui ne voient l’Église qu’en terme de récession (25). Elle se tient sous la grâce. C’est ainsi que chaque matin commence notre prière liturgique : « Seigneur, ouvre mes lèvres et ma bouche publiera ta louange. » Telle est la posture de l’homme de foi. Dès lors, comme l’affirme saint Paul « ce n’est pas à cause d’une capacité personnelle que nous pourrions mettre à notre compte, c’est de Dieu que vient notre capacité » (2 Co 3,5). Qui d’entre nous n’a jamais découvert des possibilités cachées ou ignorées, alors qu’au départ, il se percevait incapable de répondre à l’appel ou à la proposition faite ? Se tenir sous le signe de l’ouvert, c’est restituer à Dieu l’initiative de l’appel et tenter de reconnaître sa voix par de multiples médiations humaines, pour y coopérer (26). Contrairement à une image encore souvent répandue, les vocations spécifiques ne naissent pas par génération spontanée. Elles viennent au monde et mûrissent par un ensemble de médiations, tout d’abord par la parole et le témoignage de vie. Ceci nous conduit à la reconnaissance d’une dette à l’égard de ceux et celles qui ont été pour nous des témoins. « Saisis par le Christ » (Ph 3,12), nous pouvons répondre de notre foi en devenant à notre tour des appelants, sans crainte ni prosélytisme pour autant. Respecter l’autre, c’est désirer qu’il vive ! Nous croyons en effet que « le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné (27). » La réalité ne se mesure pas seulement à ce que nous voyons. Nous sommes appelés à scruter le visage de l’humanité non seulement sur le visage de l’homme rencontré, mais plus radicalement sur le visage du Christ Ressuscité en qui nous vivons déjà une existence véritablement humaine, espérant un avenir dont nous avons reçu les arrhes (2 Co 1,22). Car « ce que nous serons ne paraît pas encore » (1 Jn 3,2).
Favoriser la mise en œuvre des dons de l’Esprit
En conséquence, dans le temps de l’histoire humaine, nous avons à mettre en œuvre tous les dons de l’Esprit. En effet, parce que l’Esprit Saint parle dans les langages humains, nous croyons que toute voix mérite d’être entendue et encouragée, spécialement celles que nous écoutons peu (28). Comme l’exprime une oraison de la liturgie, « Pour le bien de tous et pour ta gloire, Seigneur, tu as voulu que chaque membre de ton Peuple te serve selon sa grâce et les appels de l’Esprit ; accorde à chacun de trouver sa fonction dans l’Église, en vue de constituer avec ses frères le corps de Jésus-Christ (29). » Cette dimension pneumatologique indique le dynamisme de la foi et nous pousse à offrir à chacun l’espace où manifester en actes les dons qui l’animent. Telle est notre responsabilité. Si personne n’avait appelé Augustin, aurions-nous une telle œuvre ? Si personne n’avait été sur le chemin de Martin et ne l’avait appelé, aurait-il été cet évangélisateur de la Gaule ?
Concrètement, le dynamisme de la foi appelle une pédagogie d’éveil et de croissance des libertés humaines, fondée sur la capacité à prononcer une parole personnelle, un « je crois ». La conscience y est reconnue comme « le centre le plus secret de l’homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre (30) ». Selon la parole de l’Apôtre, « tout est permis, mais tout ne convient pas » (1 Co 6,12). C’est ainsi que l’aptitude à choisir passe par le chemin de l’intériorité et du discernement. Il s’agit de mener le bon combat sans lequel « le bien n’aurait aucun charme (31) ».
La joie d’une postérité
J’ai privilégié trois dimensions : la relation à autrui donne d’advenir à sa propre destinée (I). C’est dans le corps de l’histoire - entre mémoire et promesse - que nous portons cette mission d’appel (II) à la suite du Christ dont nous sommes les disciples animés par l’Esprit (III) : « Tu m’as façonné un corps (...). Me voici ô Dieu pour faire ta volonté » (He 5,7). C’est notre foi en l’incarnation qui fonde la crédibilité et la capacité à appeler aujourd’hui, du point de vue anthropologique. Porter à son achèvement l’œuvre de la Création nous tourne résolument vers le terme de l’histoire et nous inscrit passionnément dans l’aujourd’hui de ce monde.
Cependant, nous ne pouvons pas assumer notre foi en l’incarnation sans avoir à traverser l’énigme de la mort. Celle-ci pose la question de notre postérité. Les difficultés que nous vivons - concernant les vocations spécifiques - ne sont pas sans nous toucher au cœur. Elles peuvent être vécues avec angoisse. Elles peuvent aussi trouver leur signification dans l’aube du matin de Pâques. A cette lumière, nous savons que toute vie humaine est appelée à se vivre debout. La mort n’est pas le dernier mot de l’histoire humaine. Les vieillesses stériles dont témoigne la Bible - de Sara à Élisabeth - ont un sens et ne sont pas vaines. Elles annoncent des temps nouveaux. La promesse de Dieu n’est pas illusoire et sa grâce n’est jamais stérile (1 Co 15,10). Nous devons renoncer à toute forme de volonté propre et à toute mainmise sur le temps de Dieu, précisément parce que nous ne connaissons ni le temps de Dieu, ni le visage de la postérité attendue. Il n’en demeure pas moins que, au creux de notre fidélité quotidienne, s’enfante un nouveau visage d’Église dont nous n’avons pas la mesure. Les incertitudes du temps font de nous des guetteurs d’aube...
Par la force d’appel qu’elle cherche à réveiller et à susciter dans les communautés chrétiennes, la logique d’interpellation (32) trouve son fondement ultime dans la nouveauté pascale. Elle invite à prendre l’exact contre-pied de la résignation et de la léthargie qui imprègnent un certain nombre de mentalités, comme si les vocations spécifiques relevaient de la sphère privée et de la pure subjectivité alors qu’elles sont données « afin de mettre les saints en état d’accomplir le ministère pour bâtir le corps du Christ » (Ep 4,12). L’interpellation s’exprime par un ensemble de médiations d’ordre relationnel où s’éprouve la vérité d’un chemin d’humanisation. Le fait d’appeler a -profondément et radicalement - capacité de susciter des libertés humaines. Dès lors, si l’appel est nécessaire pour naître à soi-même et à sa propre destinée, il reste à le rendre possible aujourd’hui... La logique d’interpellation met clairement en valeur notre responsabilité propre. Est-il, en effet, plus belle parole humaine qu’un « Oui » librement offert ?
Notes
1 - Il ne m’appartient pas ici d’évaluer les défis et les signes d’espérance actuels. Cette tâche est cependant nécessaire et contribue aux discernements requis aujourd’hui. [ Retour au Texte ]
2 - Que nous vivions dans une société sécularisée, marquée par le pluralisme éthique et religieux mais aussi par une montée des requêtes personnelles plus que par la référence aux institutions est un fait. C’est ainsi que nous assistons à une profonde évolution de la conscience religieuse : voir par exemple le document publié - après enquête - par le Conseil Pontifical pour la Culture, Où est-il ton Dieu ? La foi chrétienne au défi de l’indifférence religieuse, Paris, Salvator, 2004. Dans une problématique de type sociologique, voir Frédéric Lenoir, Les métamorphoses de Dieu, Paris, Pion, 2003. [ Retour au Texte ]
3 - Saint Augustin, Sermon 2,92 : « De tribulationibus et pressuris mundi », PL, supplément II, col. 441-442. [ Retour au Texte ]
4 - A. Jacquard - généticien de renom - fait une remarque qui donne à réfléchir. Il note que deux chemins ont été suivis par les espèces vivantes à partir des ancêtres lointains qu’étaient les mollusques : « Pour mieux affronter le milieu, les animaux ont dû se doter d’une armature. Certaines espèces ont adopté la formule du squelette à l’intérieur des tissus, d’autres la formule de la carapace entourant la totalité des tissus. La seconde est, apparemment, plus efficace puisque la protection est totale, alors que la première laisse les organes exposés. Mais cette protection se paie de l’impossibilité de se transformer, de s’adapter. Ce sont finalement les espèces qui semblaient les moins protégées qui ont connu l’évolution la plus créatrice. » Petite philosophie à l’usage des non philosophes, Paris, Calmann-Levy, (Livre de poche 14562), 1997, p. 174. [ Retour au Texte ]
5 - Il ne s’agit évidemment pas ici de rendre compte des études menées en anthropologie - d’autant qu’elles sont extrêmement variées -mais d’assumer bien plutôt quelques accents majeurs dont témoigne la tradition chrétienne. Pour une première approche, on se reportera volontiers à l’anthropologie déployée par le concile Vatican II, dans la Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps Gaudium et spes. Celle-ci présente tout d’abord la dignité de la personne humaine et l’éclairé dans le Christ, homme nouveau (chapitre I). Elle inscrit ensuite toute existence dans la communauté humaine (chapitre II) avant d’indiquer le sens de l’activité humaine dans l’univers (chapitre III). [ Retour au Texte ]
6 - C’est ce plaidoyer que mène par exemple Jean-Claude Guillebaud, Le principe d’humanité, Paris, Seuil, 2001. Il ouvre son essai sur une question : « Redéfinir l’homme ? » et il conclut ainsi : « Le principe d’humanité (...) que nous revendiquons ici - l’éminente dignité de l’être humain - est un choix, en effet. Qu’il s’agisse de l’économie, de la politique ou de la techno science, on traite l’homme selon l’idée qu’on s’en fait, de même qu’on se fait une idée de l’homme selon la manière dont on le traite. Cette circularité renvoie donc chacun de nous à une responsabilité qu’aucune science, aucune technique, aucune fatalité mécanique ou génétique ne sauraient éliminer. » [ Retour au Texte ]
7 - Paul Ricœur, Parcours de la reconnaissance, Paris, Stock, 2004, p. 375. En cela même, le visage d’autrui s’offre comme un appel à ma responsabilité : voir Emmanuel Levinas, Éthique et infini, Paris, Fayard, 1982, p. 77-98. [ Retour au Texte ]
8 - Du point de vue sémantique, « identité » signifie « le même » selon la racine latine idem. Ainsi, l’identité c’est le fait d’être semblable à l’autre. Mais l’identité, c’est aussi ce qui différencie et rend unique. Dès lors, l’identité - au plan même de sa définition - assume le paradoxe d’être à la fois ce qui rend semblable et différent. Cette construction de l’identité se fait tout au long de la vie. Parmi les travaux sur ce concept, Ch. Taylor a établi une remarquable synthèse sur la généalogie de l’identité moderne : Les sources du moi, Paris, Seuil, 1998. [ Retour au Texte ]
9 - Dans un suggestif petit livre, ce propos mérite méditation : « Si l’on voit un saumon adulte dans un torrent ou une rivière et qu’il va dans le sens contraire du courant, c’est qu’il est vivant. S’il va dans le sens du courant, c’est qu’il est mort ou va bientôt mourir. Vivre c’est parfois savoir aller à contre-courant ! » M.-A. Ouaknin, Dieu et l’art de la pêche à la ligne, Paris, Bayard, 2001, p. 89. [ Retour au Texte ]
10 - Comme l’a exprimé Mgr Jean-Pierre Ricard, lors de son discours de clôture de l’Assemblée plénière des évêques de France le 9 novembre 2004, « Nous sentons bien aujourd’hui que nous ne pouvons plus rester dans une Église qui ne ferait qu’attendre ceux qui viennent frapper à sa porte. La diminution des effectifs catéchétiques (...) appelle une pastorale de contact, de rencontre, d’information, d’invitation, de témoignage de foi. C’est en fait dans une véritable dynamique missionnaire que nous sommes invités à entrer », DC n° 2324 (21 novembre 2004), p. 973. [ Retour au Texte ]
11 - Selon l’expression de Jean-Paul II, « Nous devons prendre soin de l’autre en tant que personne confiée par Dieu à notre responsabilité », encyclique L’Évangile de la vie, n° 87. [ Retour au Texte ]
12 - Tel est le titre du chapitre I : « Le presbytérat dans la mission de l’Église ». Dans cette perspective, le n° 3 de ce chapitre I indique que « par leur vocation et leur ordination, les prêtres de la Nouvelle Alliance sont, d’une certaine manière, mis à part au sein du Peuple de Dieu ; mais ce n’est pas pour être séparés de ce peuple ni d’aucun homme quel qu’il soit ; c’est pour être totalement consacrés à l’œuvre à laquelle le Seigneur les appelle (Ac 13,2) ». [ Retour au Texte ]
13 - « Les instituts (...) auront vivement à cœur de répondre à leur divine vocation et à leur mission dans l’Église à l’époque actuelle » (n° 25). [ Retour au Texte ]
14 - La manière dont le synode des évêques sur le ministère épiscopal a situé d’emblée ce ministère vaut pour toute vocation et plus largement pour toute l’Église : « L’Église passe le seuil de l’espérance au début du troisième millénaire, avec une attention particulière pour l’humanité d’aujourd’hui (...). Il faut réfléchir à quel monde les évêques sont envoyés pour annoncer l’Évangile » : n° 15 de l’Instrumentum laboris du synode des évêques (Rome, octobre 2001). [ Retour au Texte ]
15 - Dans cette ligne de réflexion, la psychosociologie développe particulièrement deux concepts, celui de « développement vocationnel » et celui de « projet ». Voir par exemple J. P. Boutinet, Anthropologie du projet, Paris, PUF, 1990. [ Retour au Texte ]
16 - Nombre de symptômes traduisent aujourd’hui l’aspiration à « la réalisation de soi ». Ainsi, par exemple, alors que dans les dix ans à venir, 50 % des enseignants vont partir à la retraite, une récente enquête de terrain menée par deux chercheurs, auprès de jeunes enseignants, indique clairement le fait que chacun doit pouvoir se réaliser en tant que personne : P. Rayou et A. Van Zanten, Enquête sur les nouveaux enseignants, Paris, Bayard,2004. [ Retour au Texte ]
17 - En ce sens, il est remarquable que la Liturgie des heures nous donne à l’office de laudes du commun des pasteurs cette lecture :« Souvenez-vous de ceux qui vous ont dirigés : ils vous ont annoncé la Parole de Dieu. Méditez sur l’aboutissement de la vie qu’ils ont menée, et imitez leur foi (...) »(He 13,7). Se souvenir des grandes figures de sainteté qui ont marqué l’histoire de l’Église ne vise pas d’abord à nous rassurer, encore moins à nous enfermer sur le passé. Les saints nous provoquent bien plutôt à surgir aujourd’hui à la nouveauté de la foi. [ Retour au Texte ]
18 - Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps, n° 10 § 1. [ Retour au Texte ]
19 - Il n’est pas inutile ici de faire part du constat convergent de deux philosophes actuels sur ce point : Luc Ferry et Marcel Gauchet, Le religieux après la religion, Paris, Grasset, 2004. Pour le premier, « Vous pouvez parfaitement respecter les intérêts, la liberté et la dignité d’autrui, vous pouvez appliquer impeccablement les droits de l’homme dans toute votre existence et même aller au-delà des droits de l’homme (...) cela ne répondra en rien, je dis bien en rien, aux questions existentielles liées à la condition humaine : à quoi sert-il, par exemple, de vieillir, comment éduquer ses enfants, comment penser, comment gérer, si je puis dire, le deuil d’un être aimé, ou comment, tout simplement, lutter contre l’ennui, la banalité quotidienne ? Autrement dit, toutes ces questions, et bien d’autres encore, qui jadis appartenaient à l’orbite du discours religieux et métaphysique, aujourd’hui ne sont pas réglées par le discours moral. Bien plus, le discours moral des morales laïques ne vous dit, tout simplement rien sur elles » (p. 45-46). Et le second ajoute : « Il me semble exact que les morales laïques.ne parviennent pas à prendre en charge l’ensemble de l’expérience des individus d’aujourd’hui. Le discours moral, tel que nos sociétés l’entendent ne répond pas à tout. Une vaste gamme de questions relatives à soi-même, à la conduite de son existence, à l’orientation de son expérience, échappe au discours moral. Cette carence enregistrée, il se pose la question de savoir comment traiter ces problèmes » (p. 49). [ Retour au Texte ]
20 - Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps, n°10§ 2. [ Retour au Texte ]
21-Ibid. n°22 § 1. [ Retour au Texte ]
22 - Parler d’anthropologie théologale, c’est poser l’homme comme un être de relation et de relation à Dieu. Pour Pierre de Bérulle, « dans ce monde, la catégorie de relation est une des plus petites, tenuissimae entitatis, et c’est la catégorie la plus puissante et la plus importante dans le monde de la grâce, qui ne subsiste et ne consiste qu’en relation vers Dieu. O que cette catégorie de relation est importante dans le monde de la grâce ! »,cité par Henri Brémond, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, t. III, p. 83, note (2). [ Retour au Texte ]
23 - Saint Augustin, Confessions, I,I,1. [ Retour au Texte ]
24- Elle se traduit aussi par le symbole de la porte. Jésus se présente comme la porte (Jn 10,7). Le baptême constitue la porte d’entrée dans l’Église. L’ouverture de la porte sainte lors d’un jubilé est à comprendre dans cette perspective. [ Retour au Texte ]
25 - La penuria clericorum existait déjà au temps de saint Augustin ! Certains proposaient alors d’ordonner prêtres des moines, solution à laquelle saint Augustin s’est refusé. A toutes les époques, cette question du nombre - et donc du « manque » - a été source d’inquiétude. Cependant, si des questions réelles se posent, pouvons-nous oublier que « la force de Dieu n’est pas dans le nombre » (Jd 9,ll) ? [ Retour au Texte ]
26 - Comme l’indique le concile Vatican II, dans le décret sur le ministère et la vie des prêtres, « cette voix du Seigneur qui appelle, il ne faut pas s’attendre à ce qu’elle arrive aux oreilles du futur prêtre d’une manière extraordinaire. Il s’agit bien plutôt de la découvrir, de la discerner à travers les signes qui, chaque jour, font connaître la volonté de Dieu aux chrétiens qui savent écouter » (PO n° 11). [ Retour au Texte ]
27 - Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps, n° 22 § 1. [ Retour au Texte ]
28 - Le choix de David - le dernier des enfants de Jessé, celui qui est derrière le troupeau et auquel nul ne pense - constitue une leçon que nous ne pouvons pas oublier. En effet, selon ce que rapporte le récit à propos d’Eliav, le premier des fils, « Le Seigneur dit à Samuel : « Ne considère pas son apparence ni sa haute taille. (...) Il ne s’agit pas ici de ce que voient les hommes ; les hommes voient ce qui leur saute aux yeux, mais le Seigneur voit le cœur » »(1 Sm 16,7). [ Retour au Texte ]
29 - Liturgie des heures, oraison des vêpres du mercredi de la 4e semaine. [ Retour au Texte ]
30 - Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps, n° 16. [ Retour au Texte ]
31 - Saint Irénée, Contre les hérésies IV, 37,6. [ Retour au Texte ]
32 - C’est cette voie qu’indiqué la Commission Épiscopale des Ministères Ordonnés : « Dans nos communautés, proposer de devenir prêtres », Jeunes et Vocations 96,2001 / 1, p. 75. [ Retour au Texte ]