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Quelques échos de la session de Francheville
Thierry HENAULT-MOREL *
Les 17, 18 et 19 Juin derniers, nous étions en tant que responsables des Services Diocésains des Vocations, invités à nous retrouver à FRANCHEVILLE (près de Lyon), pour une session sur le thème :
"APPELER AU MINISTERE DE PRETRE DIOCESAIN"
Nous ne nous sommes pas fait prier : nous avons presque tous répondu à l’appel du Service National des Vocations. D’où venait cet empressement ?
- Probablement de l’intérêt pour le thème : appeler au ministère de prêtre diocésain, n’est-ce pas une des urgences de notre pastorale des vocations ?
- Mais aussi du goût de nous retrouver entre responsables, ne serait-ce que pour partager nos expériences.
- Et enfin, il faut le dire, de notre confiance envers le National. Nous n’avions pas à craindre de perdre notre temps ! Et c’est bien ce qui s’est passé. Du temps, nous n’en avons pas perdu une miette. C’est à peine si nous avons eu un moment de libre pour admirer le vieux Lyon. De plus, le partage fut dense, substantiel, nourrissant.
Je voudrais en retenir deux aspects.
l - UN PARTAGE d’EXPERIENCES QUI NOUS A PERMIS DE VERIFIER
NOTRE MANIERE d’APPELER AU MINISTERE DE PRETRE DIOCESAIN
Nous étions, comme je l’ai dit, venus pour cela. Nous n’avons pas été déçus.
Dès le premier jour, nous nous retrouvions en Carrefours sur des thèmes qui correspondaient aux divers moyens d’appeler au ministère presbytéral.
Pour ma part, j’étais dans le Carrefour "Séminaristes et ordinations", avec sept collègues qui venaient de diverses régions de France. Là, nous nous sommas dit ce qu’il nous est arrivé de vivre, soit à l’occasion d’une ordination, soit du fait de la présence d’un séminaire ou de séminaristes dans une région.
A l’OCCASION d’une ORDINATION, il ressortait que beaucoup de choses sont possibles qui permettent de sensibiliser un secteur, voire un diocèse, en tenant compte des âges :
- veillées de prière ou d’action de grâce
- soirée de réflexion
- rassemblement de jeunes
- concours d’affiches
- exposition .
- parcours catéchétique à partir de "Pierres Vivantes", etc.
- Mais, la présence d’un séminaire qui ouvre ses portes à l’Eglise locale
et 1’insertion de séminaristes dans un secteur sont aussi des facteurs importants d’une pastorale d’éveil. Nous en avions de nombreux exemples.
Ce partage d’expériences révélait finalement que pour appeler au ministère de prêtre diocésain, il fallait bien souvent "profiter" des évènements, mais parfois aussi les provoquer et prendre les devants…, sans que pour autant toutes les initiatives viennent du Service des Vocations !
Les Mouvements, les secteurs ont eux aussi leurs responsabilités à prendre. Ils les prennent de plus en plus, nous étions heureux de le constater.
Est-ce le signe qu’un nombre plus grand de chrétiens porte le souci des vocations ? Nous l’espérons. C’est en tout cas vers cela qu’il faut tendre.
2 - UNE REFLEXION SUR CE QU’EST LE MINISTERE DE PRETRE DIOCESAIN
Restait à voir dans un second temps, en quoi consiste le ministère du prêtre diocésain auquel il nous faut appeler.
C’est ce que nous avons fait, surtout la deuxième journée. Et c’est sur ce point, je pense, que la session m’a le plus apporté.
Nous venions avec un certain nombre de questions dans 1a tête :
- Qu’en sera-t-il du prêtre diocésain dans l’avenir ?
- D’où vient que nombre de jeunes qui pensent au sacerdoce se méfient du ministère diocésain et préfèrent un "modèle" plus "religieux" ?
et je me réjouis du chemin qu’il nous a été donné de parcourir.
Plutôt que de répondre à ces questions de façon théorique, il nous a été demandé de partir de notre propre vie et de voir ce qu’est notre ministère, ce qui nous y fait tenir, ce pourquoi nous ne voudrions pas qu’il cesse.
A travers le témoignage de l’un ou l’autre, a été tracé le profil du prêtre diocésain (à la manière d’un idéal !)
- Homme d’écoute, il est attentif à ce qui fait la vie des personnes et des groupes et à la qualité évangélique de cette vie,
- chercheur, il se doit de tirer, pour les cultures nouvelles, dans les trésors de l’Eglise, du neuf et de l’ancien,
- contemplatif, il est aux premières loges de ce que l’Esprit accomplit dans les cœurs,
- priant, il entre peu à peu dans la louange et l’intercession,
- serviteur de l’unité, il est écartelé, parfois, dans ses solidarités mais soucieux de ne jamais "s’installer à son compte", il désire travailler avec d’autres.
Il se souvient que son "lieu" c’est le diocèse dont il aime et connaît les réalités humaines et la physionomie spirituelle.
Apres un tel partage, nous étions prêts à entendre les paroles très fortes du Père BOUCHAUD. Des paroles qui réconciliaient Mission et Mystique (enfin montrant comment la mission reste première dans la vie du prêtre diocésain mais comment AUSSI cette mission est mystique, expérience spirituelle et pascale.
Elle est une expérience qui prend le prêtre dans toute son humanité (avec ses richesses et ses limites) et le conduit, à travers les épreuves inévitables et une réelle conversion, vers un épanouissement.
Le prêtre diocésain est invité alors dans son "agir" à engager le fond de son "être" et à se laisser configurer au Christ, dans son ministère qui burine en lui son visage intérieur. Son célibat trouve dès lors tout son sens.
Ce langage du Père BOUCHAUD, j’avoue que je l’ai apprécié, le sentant éclairant
-
pour le prêtre qui s’étonne de trouver éprouvantes les premières années de son ministère
- et pour le jeune en recherche qui, par crainte de je ne sais quel fonctionnariat, "louche" vers un modèle "religieux" de ministère presbytéral.
J’ajoute que quelque chose d’analogue aurait pu être dit sur le visage intérieur du diacre, buriné par son ministère, comme il ressortait du témoignage du diacre dans notre équipe.
La présence aux pauvretés à combattre mais aussi l’exercice d’une profession et les engagements d’une vie familiale sont pour lui (et pour son épouse probablement) les lieux d’une expérience spirituelle qui révèle aussi la grandeur d’un ministère ordonné, vécu dans le mariage.
QUELQUES APPELS, EN CONCLUSION
Ce témoignage, ainsi que celui de laïques diversement engagées dans la pastorale, nous invitait à rechercher le lien organique entre les divers ministères dans l’Eglise.
Cette question a été posée. Elle reste à l’étude. Nous aimerions pour l’aborder être aidés par le Service National des Vocations, ainsi que par les diverses instances compétentes. Cela constitue, je crois un premier appel.
En voici un second :
N’y aurait-il pas, dans chacun de nos diocèses, à entreprendre avec les prêtres une recherche sur l’expérience humaine et spirituelle, que constitue leur ministère, et à en rendre grâce ?
Troisième appel :
Je me sens, pour ma part, invité à un certain éclaircissement avec les séminaristes et les jeunes en recherche, jusqu’à l’envie de leur dire :
-
que de les appeler au ministère de prêtre diocésain, ce n’est pas les envoyer au ’casse pipe" !
- et que d’exercer ce ministère n’entraîne pas nécessairement la perte de son âme !
Enfin,
J’aimerais que les Instituts séculiers nous disent, dans cette perspective, ce qu’ils ont à nous dire sur "Consécration et sécularité".
Voilà donc quelques échos de la session de FRANCHEVILLE. Faut-il vous dire aussi que j’en suis rentré joyeux ?
A vrai dire lorsqu’on m’a demandé de vous en parler, on ne m’a pas conseillé d’être complet ni même objectif ! J’espère seulement que ce que j’ai pu vous en dire ne vous a pas fait perdre le goût et le désir d’en lire et étudier les Actes.
* Le Père Thierry HENAULT-MOREL est responsable du S.D.V. du diocèse de SEES [ Retour au Texte ]