Une pastorale du oui


Philippe Barbarin
archevêque de Lyon

Permettez-moi de commencer en vous souhaitant la bienvenue à Lyon et en vous remerciant de l’invitation à participer à votre réflexion.

La pastorale du « oui » - l’appel de Dieu et la réponse humaine - est un sujet qui nous tient à cœur, tant à vous qui représentez les Services Diocésains des Vocations, qu’aux Évêques et à tous les chrétiens. En fait, dans les circonstances actuelles, il n’est pas facile d’en parler sereinement ; en France et dans bien des pays du Nord, notre espérance est rudement mise à l’épreuve en ce domaine. Pourtant, je suis heureux d’échanger avec vous aujourd’hui, en vérité. Nommer les obstacles, exprimer nos convictions, comparer nos axes d’effort, c’est un travail qui ne peut que porter du fruit, une condition pour progresser ensemble vers un service authentique des jeunes, de leur liberté, de leur vocation.

Le « oui » de Marie et le « oui » du Christ

Partons du « oui » de Marie, la servante du Seigneur. Ce « oui », qui condense toute sa vie, est un fiat à un mystère qui se présente à elle et auquel elle adhère, alors même qu’elle ne le comprend pas. A sa question : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? », la réponse de l’Ange, loin d’apporter les explications attendues, épaissit le mystère : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre... » Mais cette réponse divine contient aussi pour Marie un signe visible de miséricorde : la grossesse - « elle en est à son sixième mois » ! - de sa vieille parente Élisabeth. Et Marie se met aussitôt en route pour la rencontrer.

Le « oui » de Marie est assurément un « oui » sans condition. C’est le « oui » de la foi ; Jean-Paul II le rapproche de l’amen que prononce chaque fidèle quand il reçoit le Corps du Christ (1). Amen, oui, qu’il vienne et intervienne dans ma vie pour que je devienne vraiment son disciple, son serviteur. Dans l’adhésion de Marie demeure une part de cécité qui ne se dissipe que lorsqu’elle entend la bénédiction d’Élisabeth sur elle et sur l’Enfant qu’elle porte. C’est ce « déclic » qui fait monter à ses lèvres le chant d’exultation du Magnificat. Marie proclame alors la miséricorde de Dieu qui s’est déployée depuis des siècles sur « Israël son serviteur » et qui vient sur elle, l’humble servante. Marie se sait prise à l’intérieur de cette immense vague de la miséricorde de Dieu pour le monde, que le peuple élu, et elle-même en son sein, doivent servir. Ce « oui » de Marie nous conduit à contempler surtout le « oui » du Christ.

Saint Paul, l’apôtre des Gentils qui a répandu l’Évangile dans tout le bassin méditerranéen, est aussi - et d’abord, me semble-t-il -un contemplatif. Dans le début de la 2e Épître aux Corinthiens, qui donne quelques notes précieuses pour la direction spirituelle : « Il ne s’agit pas d’exercer un pouvoir sur votre foi, mais de collaborer à votre joie » (1,24). Paul résume toute la vie de Jésus dans son oui : « Il n’a jamais été que "oui". Et toutes les promesses de Dieu ont trouvé leur oui dans sa personne. Aussi est-ce par le Christ que nous disons "Amen", notre "oui" pour la gloire de Dieu (2). » Le Père Henri-Jérôme Gagey avait déployé, dans une conférence (3), cette thématique : « Jésus est le oui de Dieu sur le monde. » Oui de Dieu sur le monde, enraciné dans la vie trinitaire et à l’œuvre dans le « oui » concret, quotidien de Jésus ; un « oui » de combat, au moment de l’agonie de Gethsémani : « Père, éloigne de moi ce calice, non pas ma volonté mais la tienne », et de la mort sur la croix : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit. »

Pour peu que l’on ne récite pas le Notre Père comme une formule, on sait combien le combat se trouve à cet endroit-là : voulons-nous vraiment que sa volonté soit faite, ou préférons-nous la nôtre ? Indiquer ce lieu de combat, dire aux jeunes qu’il n’est pas étonnant que souvent nous ne désirons pas faire la volonté de Dieu, ce peut être pour eux stimulant et libérateur.

Le seul « oui » du ministère public de Jésus (Lc 10,21 ) appartient à un épisode que je regarde comme un sommet de l’Évangile. Jésus vient d’exprimer son amertume devant Chorozaïn, Bethsaïde et Capharnaüm (10,13-15). Les soixante-douze reviennent joyeux, racontant leurs exploits : « Seigneur, même les esprits mauvais nous sont soumis en ton nom. » Jésus leur répond en deux versets accrochés l’un à l’autre : « Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair (...) Vos noms sont inscrits dans les cieux » (10,18 et 20). Le second, bien connu, est devenu un des cantiques les plus répandus dans nos communautés, mais le premier est... un peu oublié ! Le décalage est ici évident entre les disciples et Jésus : eux sont partis pour une mission et, de retour, ils en rendent compte ; heureux de leur succès, ils se vantent de leurs maigre exploits. Jésus, lui, leur rappelle qu’ils ne sont que les modestes instruments de l’action de Dieu, de son immense plan d’amour, et qu’en cela seulement doit résider leur joie.

Une joie dont il va, à l’instant même, leur donner l’exemple. Pourquoi le découpage liturgique des lectures dominicales isole-t-il ce récit de l’éblouissant verset qui suit ? « A ce moment, Jésus exulta de joie sous l’action de l’Esprit Saint, et il dit : "Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bonté » (10,21). Voici le « oui », le seul « oui » que nous entendons sortir de la bouche de Jésus, dans l’Évangile. Il s’agit d’un « oui » au déferlement de l’amour de Dieu sur le monde, d’un « oui » à l’immense don fluvial de la miséricorde de Dieu (l’eudocia, mot essentiel qui nous permet de faire le lien avec des moments aussi importants que le chant des anges à Bethléem, le baptême du Jourdain ou la transfiguration (Lc 2,14 ; Mt 3,17 et 17,5).

Les disciples doivent apprendre qu’ils ont été choisis pour servir un dessein de miséricorde qui les dépasse. Leur joie doit donc être convertie, se rapprocher de celle de Marie qui, dans le Magnificat, ne voit que ce que Dieu fait et le proclame, sans penser à se mettre en valeur. Le contraste est frappant. Alors que les disciples voient leurs succès, la Vierge ne voit que ce que Dieu fait : « Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles, il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. » Son esprit exulte car elle, l’humble servante, trouve sa place dans le déploiement de la miséricorde, la réalisation de la promesse faite à Abraham. De même, l’action de grâce profonde de Jésus réside en ce qu’il voit ce que Dieu fait, et il est heureux d’être le serviteur de cet amour. En mon for intérieur, j’appelle ce passage le Magnificat de Jésus.

Puis Jésus montre que cette joie était attendue depuis les siècles : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! Car je vous le déclare : beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu » (10,23-24). Il s’agit de dire oui à l’amour de Dieu qui vient en ce monde, et de s’offrir pour le répandre dans le cœur et la vie des hommes. Aux disciples venus avec leur petite joie, authentique certes mais abîmée par la vanité, Jésus donne de contempler la sienne, afin de les conduire sur le chemin de la vraie joie.

Il faut remarquer qu’immédiatement après, Jésus enseigne une parabole célèbre qui n’est pas située, sans raison, à cet endroit de l’Évangile. Le Bon Samaritain qui s’est penché sur l’humanité blessée, gisant au bord du chemin, c’est lui, Jésus. Il nous prend sur ses épaules et nous conduit à l’hôtellerie pour que l’on prenne bien soin de nous. Dans la parabole du bon Samaritain, c’est toute la vie de Jésus qui est résumée : la miséricorde de Dieu est offerte à l’humanité : « En lui, j’ai mis tout mon amour. » La mission des disciples se déploie à l’intérieur du déploiement de cette miséricorde divine d’âge en âge. C’est dans cet humble service que doit résider toute leur joie.

Notre« oui » au Christ

C’est ce « oui » du Christ que nous avons intérêt à contempler longuement. D’abord pour redire à nouveau le nôtre, quelle que soit notre vocation. Chacun de nous a fondé toute sa vie sur un « oui » - celui du baptême et de la profession de foi, celui du mariage, de l’ordination sacerdotale ou de la profession religieuse. Nous avons prononcé ce « oui » de tout notre cœur ; c’est le pivot de notre existence, et pourtant nous l’avons malmené. Pour réentendre l’appel et redonner ce « oui », il nous faut longuement contempler le « oui » de Jésus. C’est le « oui » du Christ qui nous permet de dire notre « oui » au Christ. Un « oui » d’humilité et de joie, car c’est Dieu qui fait de grandes choses à travers ceux qu’il prend pour serviteurs. Soli Deo gloria !

L’essentiel de ma vie de prêtre a été consacré à la pastorale des jeunes, en particulier dans les aumôneries de lycées, et j’ai eu la joie d’accompagner un certain nombre de vocations. Je me suis souvent interrogé sur la manière de préparer le oui de toute une vie, de l’orienter vers le Christ. Vous savez combien ce sont des questions délicates : doit-on parler à tout un groupe ou à un jeune seul, en tête à tête ? Dans le sacrement du pardon ou dans la direction spirituelle ? Vous connaissez les objections de toujours sur le risque d’influence ou d’emprise, sur les maladresses et les erreurs commises... L’expérience m’a d’ailleurs obligé, comme beaucoup d’entre vous sans doute, à prendre une distance critique à l’égard de ma manière de voir et de faire : en effet, certaines vocations naissent là où on ne les attend pas, alors que d’autres que l’on considérait comme prometteuses ou pleines d’espérance n’ont pas abouti ou n’ont pas tenu longtemps. Je regrette pourtant de constater que ces difficultés, qui ont engendré en nous des blessures et qui posent de vraies questions sur notre attitude, aient parfois érigé la distance, l’attentisme, voire le soupçon, en principe pastoral. Cela a été décourageant pour beaucoup de jeunes dont les vocations étaient peut-être authentiques et se sont perdues. Mon but, dans le service des enfants, des adolescents et des jeunes était de les accompagner, à ma place, vers la grande porte de leur vie, pour que le jour venu, ils puissent prononcer un « oui » qui tienne.

Aujourd’hui, nos « oui » sont incroyablement fragilisés, à la merci des événements et des circonstances. C’est un drame de nos sociétés, de notre civilisation. Si la vie de Jésus s’est engagée sur son « oui » à la volonté de son Père, selon le verset de l’Épître aux Hébreux : « Je suis venu, ô Dieu, pour faire ta volonté », je suis sûr que la nôtre peut aussi, avec sa grâce, s’engager sur une parole unique, un « oui » donné un jour. Mais il faut apprendre aux jeunes, très tôt, à mettre leur liberté et plus tard leur choix de vie, à l’abri des fluctuations de la sensibilité. Il n’existe pas de garantie absolue contre les épreuves ou les attaques de l’Adversaire, mais une vie humaine charpentée, une vie spirituelle solide, bien accompagnée dès la jeunesse, seront des aides précieuses dans ces moments délicats où nos vies semblent longer un précipice.

Pour moi, comme prêtre, le plus grand déchirement de mon existence fut de voir, souvent sans comprendre, « partir » certains de mes meilleurs amis avec qui j’avais partagé mon cheminement, qui m’avaient aidé à progresser, et que parfois j’admirais secrètement... Il m’est arrivé d’être tout étonné d’être encore là, que Dieu, avec l’aide de ceux que je croise dans mon ministère, m’ait gardé fidèle à ma vocation sacerdotale... Mais j’ai cette conviction fondamentale - elle vient du Christ - que j’ai tout « livré » dans ce « oui » qui donne son sens à ma vie. Je voudrais être un serviteur de mes frères, en particulier des plus jeunes ; je voudrais les aider à parvenir à la grande porte de leur vie, de telle sorte qu’ils soient capables de prononcer un « oui » qui tienne, un « oui » qui dure et qui fasse la joie des autres. Je ne cherche pas leur bonheur, notion abîmée par notre monde d’images, et réalité somme toute assez fugitive. Je crois que le message de bonheur par lequel Jésus inaugure sa prédication décrit le chemin d’une vie humaine, et d’abord de la sienne qui nous donne à comprendre la maxime rapportée par le livre des Actes : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (20,35).

Le hasard a voulu que je sois, un temps - c’était une demande de mon évêque, Mgr de Provenchères - aumônier du MEJ, mouvement qui, auparavant, n’existait pas dans le diocèse de Créteil. C’est un excellent souvenir. On récite au MEJ une très belle prière : « Apprends-nous, Seigneur, à te choisir tous les jours, à redire ton oui en chacun de nos actes. » « Te choisir tous les jours » : c’est une réalité spirituelle vraiment très juste. Ensuite, il ne s’agit pas seulement de formuler mon « oui », trop fragile, mais en chacun des actes que je pose effectivement, de reprendre ton « oui », Seigneur, un « oui » qui tienne dans ma prière quotidienne, dans mes actes, car c’est ton oui qui les garantira.

Il en va de même quand nous faisons notre profession de foi. Une pauvre, une misérable profession de foi, mais exprimée de tout cœur, car nous prenons pour garantie la foi de l’Église que nous proclamons. Dans le rituel de la Confirmation, après avoir interrogé les jeunes, l’Évêque s’adresse à l’assemblée, à peu près en ces termes : « Vous tous, vous devez garantir leur foi, parce que l’Église est comme une famille et qu’elle soutient la foi de ceux qui avancent dans la fragilité de leur propre foi. »

La pédagogie a une grande importance dans le travail auprès des jeunes ; que notre pensée voyage de Don Bosco à la JOC, en passant par les Scouts pour s’en convaincre. Beaucoup de mouvements leur permettent de faire un vrai apprentissage de la vie : éducation de la volonté, du rapport aux autres, de la vie en équipe ou en communauté... Il y a une immense beauté, une force extraordinaire dans chacun des petits « oui » : ceux du travail, du service, de la prière quotidienne, de l’accomplissement du devoir d’état. Cela se produit non par nos propres forces, mais en gardant le « oui » du Christ : « Apprends-nous, Seigneur, à te choisir pour redire ton oui en chacun de nos actes. » Il me semble possible de montrer à un jeune la grandeur qu’il y a à savoir dire un « oui » à douze ou quatorze ans afin d’être capable, à vingt-cinq, de dire le « oui » définitif de sa vie ; de lui montrer la totalité de sa vie, et comment on construit peu à peu ce « oui » définitif. C’est dans cet état d’esprit et dans un tel cadre pastoral que j’essaie de parler à des jeunes de leur vocation.

L’éducation à l’obéissance me semble essentielle. Sa présentation a été infantilisée ou omise, de sorte que beaucoup ont oublié que c’est une vertu chrétienne essentielle puisque que c’est par son obéissance que le Christ a sauvé le monde... Il est révélateur que rares sont les adultes qui s’accusent d’avoir désobéi... Quand je confessais des enfants et des adolescents - ce qui ne m’arrive plus beaucoup - je ne leur parlais pas de la même manière de l’obéissance à dix ou à quatorze ans, car un adolescent qui commence à percevoir les défauts, les erreurs ou les péchés de ses parents, et ainsi acquiert une certaine autonomie, n’a plus à obéir comme un petit enfant, et il faut le lui expliquer. Pourtant, l’obéissance à ses parents reste une exigence, car il y a fort à parier que celui qui, à douze ou quinze ans, n’obéit plus à ses parents, une fois adulte, n’obéira pas à Dieu...

Reste la question du célibat, parce que le grand moment de la vie d’un jeune est celui où il décide de donner sa vie. Le « oui » qu’il donne alors n’est pas seulement celui de la fidélité à l’Eucharistie dominicale, à la prière quotidienne, à la lecture de l’Évangile ou encore au service communautaire et familial. C’est le « oui » du moment où l’on décide du grand choix de sa vie, le « oui » du célibat consacré, le « oui » donné le jour du mariage à un époux, à une épouse, ce « oui » à partir duquel toute la vie appartient désormais à un autre. Je plaide pour qu’on fasse entendre la force concrète des paroles qui sont au cœur de l’Eucharistie. Quand j’étais enfant, on m’a appris à m’incliner au moment de la consécration, en disant : « Mon Seigneur et mon Dieu », c’est-à-dire à reprendre la parole de Thomas devant Jésus ressuscité - ce qui est génial ! Mais on ne m’a pas clairement expliqué, je crois, que cette parole convient justement parce que le Corps vivant, ressuscité du Christ se trouve devant nous et que nous allons le recevoir dans la communion.

En outre, il faut redire que la parole de Jésus, « Ceci est mon Corps livré pour vous », réalise en vérité ce qu’elle signifie : la fécondité de la vie de Jésus consiste à livrer son corps pour le salut du monde. Or, cette fécondité, qui est le centre de sa vie, devient le centre de la mienne, de tous ceux qui sont à la messe. On pourrait parcourir toute l’assemblée avec cette parole du Christ : « Ceci est mon Corps livré pour vous. » Elle nous dit la vérité de sa Pâque, de toute sa vie et des nôtres : les époux dont la vocation est d’être offerts l’un à l’autre, de ne plus s’appartenir, une femme qui porte un enfant et qui livre en vérité son corps à ce petit qui fortifie le sien, des jeunes qui mûrissent leur amour et luttent pour vivre chastement, et tous ceux que cette parole fait souffrir à cause d’une séparation, les veuves et les veufs, les divorcé(e)s...

Cette parole du Christ redite à chaque Eucharistie est le fondement même de la vocation sacerdotale. Quand un jeune parvient à dire : « Ceci est mon corps livré pour toi », il donne le « oui » fondamental de son existence, il dévoile la vérité essentielle et ultime de sa vie. Le « oui » de Dieu, c’est l’Incarnation du Verbe. Le « oui » du Christ, c’est son Corps livré, et le « oui » de la vie du prêtre, c’est l’offrande de toute sa vie que traduit de façon ardente et manifeste, et malgré ses défauts et ses limites, le choix du célibat consacré. Il faut d’abord entendre le « oui » du Christ, en découvrir la fécondité pour soi, afin de pouvoir ensuite choisir le Christ, dire « oui » au Christ. A la Messe, celui qui découvre sa vocation entend « Ceci est mon Corps livré » comme la description même de son propre avenir, c’est-à-dire aussi de son combat présent.

C’est, je crois, dans cette perspective que l’Église peut parler de la continence avant le mariage. Le moment central de la vie d’un couple de baptisés, c’est l’acte sacramentel du Christ, son Alliance scellée dans son Corps livré. Dans le sacrement de mariage, chacun des époux, en recevant l’alliance à son doigt, peut dire à l’autre la parole même du Christ : « Ceci est mon corps livré pour toi. » Saint Irénée de Lyon, dans le livre V de l’Advenus Haereses, unit sans difficulté, et de façon lumineuse, la Résurrection qui relève de la christologie, l’Eucharistie qui appartient aux sacrements et le domaine de la sexualité que l’on traite d’ordinaire en théologie morale. Il serait bon de retrouver aujourd’hui cette fraîcheur de l’Église primitive qui ne compartimentait pas l’enseignement de la foi.

Le choix du Christ

« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis » (Jn 15,16). Cette parole fondamentale de Jésus mériterait d’être déclinée de mille manières. Il est frappant que nous raisonnions souvent à l’inverse de cette phrase, comme le prouve par exemple la manière dont nous parlons des sacrements : je vais à la messe, je vais me confesser, je demande la confirmation (ou pire, selon l’expression rencontrée dans de nombreuses lettres à l’évêque : je vais me confirmer), nous allons nous marier... J’ai pesté contre un vieux numéro de Fêtes et Saisons intitulé « Mariés devant Dieu », alors qu’il aurait fallu dire « Mariés par Dieu », selon la parole de l’Évangile : « Ce que Dieu a uni que l’homme ne le sépare pas. » Dans le sacrement de mariage, Dieu n’est pas seulement témoin, il est Celui qui unit les époux, qui les « conjoint » en mariage.

« C’est moi qui vous ai choisis » : cette parole fondamentale doit avoir une incidence concrète dans notre vie sacramentelle, notre vie en Église. Car c’est Dieu qui, par grâce, nous appelle, nous instruit, nous nourrit du bon pain dont nous avons besoin, nous pardonne. Certes la démarche personnelle, l’acte libre bien préparé ne doit pas être minimisé ; c’est la condition essentielle pour que Dieu puisse agir. Mais les choses doivent être remises dans le bon ordre : ce n’est pas vous qui... mais c’est moi qui... C’est sans doute dans la préparation des catéchumènes au baptême que l’on perçoit le mieux, avec beaucoup d’admiration et de joie, combien c’est vrai : la grâce de Dieu arrive, saisit un être qui parfois était très loin... Il nous faut lutter contre la pesanteur des habitudes acquises pour que cette parole de Jésus ait une incidence concrète dans beaucoup de domaines, par exemple dans la manière dont les équipes de liturgie préparent la messe.

« C’est moi qui vous ai choisis et établis. » Pourquoi ces verbes ? Il n’est pas dans les habitudes de Dieu de nous installer, de nous établir ! En regardant le texte grec, j’ai constaté que la traduction, inexacte, esquive ou fausse une vérité fondamentale. Pour comprendre, il faut remonter au verset 13, que tous connaissent par cœur : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner [dans la TOB, « ...que de se dessaisir de »] sa vie pour ceux qu’on aime. ». Or il se trouve qu’on a traduit par deux verbes différents - donner ou se dessaisir et établir - un verbe grec unique qui signifie : poser, déposer en un geste sacrificiel. Jésus dit donc qu’il n’y a pas de plus grand amour que de jeter sa vie, de la perdre, de l’offrir en sacrifice pour celui que l’on aime. Et il en donne lui-même la preuve dans l’épisode de la résurrection de Lazare. Au moment où Jésus sauve son ami, il sait qu’il signe son arrêt de mort : « Ce jour-là, ils décrétèrent sa mort », dit l’Évangile (Jn 11,53). Les verbes donner et même se dessaisir évoquent insuffisamment la dimension sacrificielle de ce que vit le Christ, et du véritable amour qu’il commande à ses disciples.

Le plus grand amour consiste donc pour un disciple à jeter sa vie là, en plein milieu de l’Église et du monde, et à dire au Seigneur : « Fais-en ce que tu veux ; tu peux en disposer. » A déposer sa vie en sacrifice, à l’offrir par amour, sans se soucier de ce que Dieu voudra en faire. Ce verbe grec, magnifique, dit une vie disponible, dont le Seigneur et l’Église peuvent entièrement disposer. Le « C’est moi qui vous ai choisis », adressé aux apôtres, signifie qu’ils ont été placés par Jésus là où leur vie, comme la sienne, est perdue, c’est-à-dire en fait gagnée et, avec la leur, celle des autres. Une même dynamique anime donc les deux versets, celui qui concerne Jésus et celui qui concerne les apôtres qu’il a choisis. C’est la même histoire qui arrive au Maître et à ceux qui marchent à sa suite.

Il me semble que telle est la présentation juste de la notion difficile de « sacrifice », qui est une expérience spirituelle majeure, une réalité fondamentale de la Bible et de toutes les religions ; elle est parfois expliquée de façon révoltante et parfois lâchement évitée par un silence gêné. Jésus n’a cessé de lutter contre les sacrifices menteurs et de leur opposer la miséricorde. Mais il y a un sacrifice à l’intérieur de la miséricorde, profondément accordé au commandement de l’amour, et qui résulte du choix que Dieu fait de notre vie par amour.

Peut-être faut-il ainsi comprendre la « mise à part » : celle de saint Paul « mis à part pour l’Évangile de Dieu » (Rm 1,1), celle de tant de génies - je pense à saint Augustin sorti des honneurs de l’Empire pour servir l’Église - et de saints qui ont déposé, jeté là, sacrifié leur vie au Carmel, à la Chartreuse ou dans les missions, car tel était le service qui leur était demandé pour la gloire de Dieu. Origène a une expression superbe, qui me touche beaucoup, pour désigner les apôtres : « Ils étaient des sacrifices d’Évangile. » Effectivement, ils ont été rejetés, mis en prison, crucifiés, déposés et perdus ; leur vie a été entièrement donnée, mais uniquement par amour du Christ, pour que l’Évangile soit annoncé.

Ce choix du Christ, qui met à part certains, pose des problèmes difficiles aujourd’hui, tant du point de vue théologique que dans une perspective sociologique. Il y a un refus culturel des différences et l’on freine fort devant tous les superlatifs. Plus personne n’ose parler de « la plus belle voie », de « la plus belle vocation »... Et pourtant Jésus lui-même n’emploie-t-il pas le comparatif et même le superlatif quand il dit de Marie qu’elle a choisi la meilleure part (Lc 10,42) ? Certes, il est évident que la seule voie, pour les disciples du Christ est celle de la sainteté : être là où Dieu me met et remplir la tâche qu’il me confie, aujourd’hui, demain et si possible jusqu’à mon dernier souffle... et la comparaison à l’un ou à l’autre n’a aucun sens ! Mais il est très difficile dans la culture contemporaine de comprendre que certains soient « mis à part », que l’un puisse faire telle tâche que l’autre ne peut pas faire.

Sur la question des ministères, il y a aussi des considérations fonctionnelles qui brouillent beaucoup les choses. Combien de fois, par exemple, quand j’étais président du Comité épiscopal de la Santé, n’ai-je pas entendu des équipes d’aumônerie dire : « Nous sommes le sacrement de la présence du Christ dans l’hôpital », nous voudrions donner le sacrement des malades ou le pardon des péchés, sans distinguer les ministères. Je sais bien qu’on peut entendre le terme « sacrement » dans un sens très large ; c’est ce qu’ont fait de nombreux théologiens, et Hans Urs von Balthasar parle même du « sacrement du frère ». Ainsi, à l’intérieur de l’hôpital, une équipe d’aumônerie, visage d’Église, signifie la présence du Christ, et cela a une valeur sacramentelle, puisque l’Église est comme un « sacrement » du Christ. Mais la confusion est grave si l’on confond le sacramentel et le fonctionnel : le sens englobant du mot sacrement n’enlève pas du tout, dans l’enseignement du concile Vatican II et dans le magistère de l’Église, la place particulière du sacerdoce ministériel.

Qu’on me permette de raconter deux anecdotes personnelles. En décembre 1986, je vais passer quelques jours avec des amis prêtres dans le village d’origine de ma famille : accueil fraternel du curé, je dispose de l’église, de sa clé... mais impossible d’y dire la messe le dimanche, car ce jour-là une ADAP est prévue... Il nous est demandé de nous effacer. Nous sommes partis et revenus la nuit tombée, pour célébrer la messe le soir, presque en cachette... Tout le monde, boulangère en tête, qui me connaît depuis mon enfance, s’est étonné de notre absence : « C’était bien à toi de dire la messe puisque tu étais là ! » Cinq ans plus tard, à Madagascar, avec un de mes amis venu me visiter, nous avons été pris par un torrent de boue et nous avons dû nous arrêter un samedi soir dans un village que je connaissais. La jeune malgache présente me dit que tous les Pères, partis en brousse, sont absents et que c’est formidable de pouvoir avoir une messe le lendemain à la place de l’ADAP prévue... J’ai confessé de 7 h 30 à 9 h, et j’ai tenu à ce que le catéchiste fasse le sermon qu’il avait préparé. Quel contraste ! Comment se fait-il que l’arrivée d’un prêtre dans un village français soit une gêne, et dans un village malgache, une joie ?

Cette question autour du ministère ordonné comporte aussi un aspect œcuménique. Le rapprochement qui s’est fait, notamment grâce au travail du groupe des Dombes, sur l’Eucharistie ou sur la Vierge Marie, est plus encourageant et prometteur que celui qui touche la question des ministères. Pour un catholique, les paroles de Jésus à saint Pierre s’appliquent à ses successeurs et celles qui s’adressent aux apôtres s’appliquent aux évêques et aux prêtres, tandis que pour un protestant, ces paroles s’appliquent à tout le monde. Je ne vois pas comment en sortir, car il y a une interprétation traditionnelle de ces textes que les uns reçoivent et que les autres refusent. L’œcuménisme se fait en bas, mais l’unité nous sera donnée d’en haut, et comme tout le monde, j’attends un cadeau du ciel !

Je suis ami d’un pasteur, qui était mon voisin quand j’étais curé dans la banlieue de Paris. Cela me valut d’être un jour invité au baptême de ses trois enfants de huit, six et quatre ans. Toute la paroisse protestante était là, l’animation musicale était de haut niveau, et j’y ai appris beaucoup de choses que je trouve utiles pour ma façon de célébrer les baptêmes. Mais pourquoi, ai-je demandé, alors qu’il y avait cinq pasteurs dans l’assemblée, a-t-on demandé à des laïcs (deux messieurs et une dame) de baptiser les enfants ? Mon ami, le pasteur m’a répondu que, chez les protestants, tous les fidèles sont pasteurs. Mais alors, pourquoi certains se sont-ils fait ordonner pasteurs ? Il y a là une difficulté importante dans le dialogue œcuménique, mais comme ces objections vis-à-vis du ministère ordonné sont présentes dans l’esprit de certains catholiques, elles ont une incidence directe sur l’appel au ministère ordonné, sur notre pastorale des vocations.

Discerner à partir de la Parole de Dieu

Je voudrais aborder, dans une dernière partie, la question du choix personnel, le discernement d’une vocation qui se fait, à mon sens, à partir de la Parole de Dieu. En effet, quand cette Parole, vivante, active, vient sur quelqu’un, elle produit des effets très différents. Elle dit à chacun qui il est, elle montre à chacun sa grâce propre, ce cadeau éminemment personnel, que nous fait le Père : grâce d’humilité, de prédication, de douceur, de miséricorde, de pédagogie... que sais-je encore ! La sagesse de Dieu est infinie en ressources (Ep 3,10). Il est essentiel de comprendre que la grâce ne doit jamais s’arrêter à celui qui la reçoit, et qu’elle lui indique sa mission, sa vocation.

Du chapitre 14 de saint Jean, nous retenons tous les questions que Thomas et Philippe posent à Jésus. Elles nous valent des réponses précieuses, que nous connaissons par cœur. Celle que Jésus fait à Philippe est suivie d’un discours sur l’habitation du Père dans ceux qui croient en son Fils et gardent ses commandements. C’est ce discours, presque trop beau, qui pousse Jude à poser une troisième question, souvent oubliée (la coupure liturgique est ici bien maladroite, puisqu’elle sépare la réponse de la question) : « Seigneur, pour quelle raison vas-tu te manifester à nous, et non pas au monde ? » Jésus lui répond en substance que la grâce reçue est en réalité une mission. Le début du verset 27 - que nous redisons chaque jour à la messe, en oubliant qu’il fait partie de la réponse à Jude ! - « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix », loin d’être une redondance, dit clairement que la grâce reçue inclut une mission, celle de faire la paix dans le monde entier. La paix intérieure que l’on reçoit quand Dieu nous fait l’immense cadeau d’établir sa demeure en nous (« Je vous donne ma paix ») est le réconfort dont nous avons besoin pour accomplir une mission littéralement impossible (« Je vous laisse la paix »... à faire dans le monde). A Jude qui a deviné que la grâce de Dieu ne peut s’arrêter à lui, Jésus fait donc une réponse missionnaire.

Pour discerner le chemin de quelqu’un, on a intérêt à le placer sous la Parole de Dieu. Je continue à faire de la « direction spirituelle » (je ne sais pas si c’est bien raisonnable, mais, après tout, un évêque continue d’être prêtre) et, ce matin, j’ai discuté de l’Évangile de Zachée (Lc 19) avec un garçon d’une vingtaine d’années. Il regardait Zachée humblement, Zachée qui veut sortir de son marasme, qui monte sur un arbre, qui est tout content que Jésus vienne chez lui. Se reconnaître en Zachée repentant et assoiffé de libération, c’est heureux ! L’humilité est vraiment une grâce, mais pour lui éviter toute pusillanimité ou d’en rester à la considération de son péché ou de ses limites, j’ai invité ce jeune à regarder surtout Jésus, à entendre ses deux paroles qui sont des perles : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison » et « Aujourd’hui le salut est arrivé pour cette maison » et à laisser ces paroles opérer, agir en lui. Le plus intéressant, lui ai-je dit, est de laisser le Seigneur venir chez toi, faire de toi un « fils d’Abraham », un saint, un membre de la communion des saints. Et il m’a dit : « Oui, Zachée, c’est bien ; mais Jésus, c’est mieux ! »

Dans l’Évangile du bon Samaritain, il n’est pas équivalent de se mettre dans la peau du Samaritain, dans celle du malheureux à moitié mort ou encore à la place de l’hôtelier. Le choix spontané de l’endroit où quelqu’un se met, s’inscrit dans son cheminement spirituel et en dit beaucoup sur sa grâce propre. Car il y a, en général, coïncidence entre la grâce et la mission, comme aussi entre la mission et le péché. En effet, c’est à l’endroit qui peut être le plus utile pour la construction du Royaume, que le démon se tient et nous attaque...

On peut procéder de la même manière pour tous les récits évangéliques, en observant où les jeunes, dans leur prière, viennent spontanément se mettre. Je l’ai expérimenté, pendant des pèlerinages en Terre Sainte ou des retraites, à propos des Béatitudes : s’arrêter à l’une d’elles - sauf peut-être la première et la dernière, qui sont trop belles ou trop grandes - et se demander pourquoi elle nous touche... Chacun est porté vers une béatitude, et ce n’est pas un hasard ; il y a une raison, une raison secrète de grâce qui tient à la manière dont Dieu nous a « fabriqués », tout simplement ! Tel entend : « Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu », car il veut voir Dieu présent en lui et dans le monde, présent et agissant dans le cœur des autres. C’est peut-être le signe d’une purification nécessaire, d’un appel au « désencombrement » intérieur et à la découverte de la prière contemplative. Tel autre s’arrête à la béatitude de la construction sociale et politique : « Heureux les artisans de paix », et cela me rend heureux de voir des jeunes aptes à s’engager dans la vie sociale et politique et, pourquoi pas... à devenir hommes politiques, pour faire venir le Royaume sur la terre comme au ciel !

Le plus intéressant est de laisser ainsi le Christ « bâtir » son Église, à partir de sa propre Parole. Dans ce diocèse de Lyon, nous essayons de développer cette méthode : trois jours pour apprendre à prier ou une semaine de retraite, uniquement avec la Parole de Dieu, de façon à ce que les jeunes soient toujours plus nombreux à être imprégnés de l’Écriture. Il me semble fondamental pour construire et réveiller l’Église aujourd’hui, de mettre l’Évangile au premier plan de notre vie. Le fait que Jules César ait franchi le Rubicon est un événement du passé, dépourvu de toute valeur actuelle. L’histoire de Zachée aussi est passée, mais elle a une force de lumière et de discernement pour tous les temps et toutes les cultures, car elle se trouve consignée dans un livre qui nous transmet une Parole éternelle.

A Madagascar, pendant quatre ans, j’ai fait une expérience fabuleuse. Chargé du cours de christologie, il me fallait bien parler, donner aux séminaristes malgaches un enseignement sur les Pères de l’Église et les premiers Conciles, dont ils ne savaient pas grand-chose. Mais je leur ai dit : « Le Christ, vous le connaissez depuis votre enfance, vous le priez, vous avez décidé de lui donner votre vie. Voici ce que je vous propose : au début de chaque cours, un séminariste viendra lire un passage d’Évangile qu’il aime, et il partagera ce qui le frappe, quel trait du visage de Jésus l’éblouit. » Je vous assure que j’ai entendu des choses que je n’avais jamais entendues en France ! J’ai vu les fruits, d’une beauté incroyable, qu’a produits un siècle de christianisme dans la mentalité malgache. J’ai pris ainsi de merveilleuse manière, et gratuitement, une leçon d’inculturation.

C’est sur cette conviction que je veux terminer : la valeur éternelle, infiniment personnelle et concrète de la Parole de Dieu, permet de discerner sa volonté sur nous et de conduire chacun à y répondre oui, en vue de la mission, c’est-à-dire de l’édification de l’Église et de l’avènement du Royaume.

Notes

1 - L’Église vit de l’Eucharistie, n° 55. [ Retour au Texte ]

2 - 2 Co 1,19-20, et les versets suivants, capitaux, eux aussi, pour la pastorale des vocations : « Celui qui nous rend solides pour le Christ dans nos relations avec vous, celui qui nous a consacrés, c’est Dieu ; il a mis sa marque sur nous, et il nous a fait une première avance sur ses dons : l’Esprit qui habite nos cœurs. » [ Retour au Texte ]

3 - Henri-Jérôme Gagey, in Documents Épiscopat n° 14, septembre 1993. [ Retour au Texte ]