Une passion d’Eglise ravivée


Marie-Neige EIMER *

Nous sommes parties à trois, de "St Joseph de Tarbes", et c’est déjà une aventure que d’arriver à Paris, du fin fond des Pyrénées ! Toutes trois embarquées dans un service de Congrégation (deux conseillères générales et une conseillère provinciale), et dans l’accompagnement de groupes de jeunes.

Je livre ici quelques impressions, un peu de ce que j’ai ressenti et perçu durant ces trois jours de Rencontre en Eglise.

J’AI RENCONTRE UNE GRANDE FAMILLE EN FETE !

Nous étions des centaines, et nous nous connaissions : nous nous sommes reconnus ! Au-delà de la joie des retrouvailles de beaucoup de visages, cette impression très agréable et qui met tout de suite à l’aise, d’être accueilli par des gens de la maison, et comme des gens de la maison : tous, frères et soeurs, heureux d’être là, religieuses de vie apostolique, moniales, animateurs du Service National des Vocations, de l’Union des Supérieures Majeures de France : tous appelés à servir dans cette part du Corps du Christ qui est l’Eglise en France.
Cette fraternité vécue sans problèmes, je sais que nous la devons à la très bonne préparation de la session : une organisation sans défaut, un fonctionnement au service de la rencontre des personnes : il allait de soi de se sentir à l’aise, de risquer sa propre parole, de donner sa part active... comme si de rien n’était... Débats, tribunes, exposés, témoignages, lecture "enlevée" et intelligente des pages d’enquête, animation d’ensemble, carrefours, liturgie : j’ai tout vécu agréablement. Merci aux organisateurs.

UN CONCERT DE VOIX PLURIELLES

Oh, combien ! Cela a commencé dans la prière : canons, refrains à plusieurs voix, nous ont fait vivre, expérimenter, et vibrer ensemble à cette harmonie du pluriel, quand "toute la terre proclame : Christ est vraiment ressuscité, Alléluia !". oui, Pentecôte, c’était déjà les 23-24 et 25 Avril. Je suis sûre de n’avoir pas été la seule à reprendre, pour les assemblées liturgiques de Pentecôte, un ou plusieurs des refrains de la session !

Voix plurielle aussi que la variété et la qualité des intervenants à tous les niveaux, comme autant de signatures de la variété et de la qualité de notre passion pour Dieu, et de notre passion pour le monde, en vie religieuse :
Dieu lui-même fait de nous des passionnés de lui et de l’humanité !

UNE JEUNESSE DE L’EGLISE

Au-delà des sigles toujours trop nombreux pour nos oreilles provinciales (S.N.V. - S.R.V. - S.D.V. - C.S.M. - C.E.E.R. .. !) (l), nous avons pénétré au coeur d’une aile vivante, vitalisante, de l’Eglise, celle qui pose les pierres de l’à-venir.
Marie-Thérèse, ma compagne conseillère générale pour le Venezuela dans la congrégation, me confiait ceci : "Je croyais qu’en France, l’Eglise était comme vieille et sans avenir. Et j’y rencontre une grande jeunesse, un dynamisme fou. On y fait du travail sérieux, urgent, qui conduit à un renouveau très beau."... Oui, dans la variété et l’audace de nos pratiques pour un à-venir de la vie religieuse, nous manifestons que "l’Esprit n’est pas à court" chez nous non plus !

UN RENOUVEAU DE MA PROPRE VOCATION

Essayer de comprendre "la manière de Dieu" quand il se fait l’Appelant auprès de jeunes, c’est aussi entrer toute neuve dans le mystère de ma propre vocation. Cette expérience-là a habité chaque instant de la session et tous, nous étions ces êtres "pris aux entrailles" de la tendresse de Dieu dans nos vies : aujourd’hui, comme au premier jour. "Dieu me saisit dans le mouvement de ma vie", je lis sa signature dans mon quotidien, et dans ma liberté apte à lui répondre, apte à donner sens aux heures du temps.

Ces trois jours de convivialité de nos vocations respectives, furent réellement une excellente "pastorale de nos propres vocations" : au service des vocations des jeunes, nous ne possédons pas non plus notre propre vocation, nous ne sommes propriétaires ni de la vie religieuse, ni de nos charismes mais "serviteurs" toujours découvrant, avec étonnement, la manière très à lui que Dieu a de nous "convertir" à son appel. Et ceci restera l’un des dix-huit objectifs - fleurons de la session, au troisième jour.

UNE PASSION DE l’EGLISE

Plonger ainsi dans nos propres profondeurs est devenu possible parce qu’en même temps, et avec l’ardeur de sa foi, le Père BODIN, responsable du Service National des Vocations, nous a , dès le premier jour, livré sa passion pour l’Eglise.
Il a situé la pastorale des vocations dans la vie de l’Eglise : du mystère de l’homme que Dieu appelle, au mystère de l’Eglise, première appelée. Etres de vocation, nous sommes tous "invités à vivre du Christ et à servir l’Evangile au coeur du monde". Chaque vocation étant "une manière de vivre en conformité avec Christ" ; chaque vocation venant de Dieu, et se découvrant au fur et à mesure qu’elle se réalise en Eglise.
Foin de nos angoisses par rapport à la survie de nos communautés ! Il s’agit de vivre, et de faire vivre des personnes, aujourd’hui ! La pastorale des vocations, faite d’éveil et d’accompagnement, est articulée sur toutes les forces vives de l’Eglise : Vive Dieu !

UN "CONSENTIR"

"Consentir" est un des mots forts que je garde de la session. Je l’ai entendu souvent. Il a signifié pour moi cette manière qu’a l’Eglise de Jésus de se vouloir docile à l’Esprit.
A quoi consentir ? A Dieu. L’Autre. L’Inconnu. L’Inespéré. Consentir à la nouveauté, à l’adaptation. S’ajuster en permanence à l’existence.

Ce qui nous entraîne non pas à faire de généreux projets et programmes pour les jeunes, mais AVEC eux. Et eux, comme ils sont. Il s’agit d’affiner notre sensibilité à ce qui se joue chez les 20-30 ans... Consentir ensemble à cet "ailleurs et autrement" dont sont porteurs les jeunes... Et ce fut l’exposé du Père DRAVET, nous renvoyant aux multiples visages des jeunes que nous accompagnons, à notre manière d’être à leur écoute, à notre manière, eux et nous, d’être à l’école du Maître.

Tous appelés à vivre avec ce que nous sommes, nos fragilités et nos solidités, nos manques et nos richesses. Consentir.

UNE ECOLE DE VERITE

Parler de l’accompagnement des jeunes, c’est aussi accepter de se former à l’accompagnement, au discernement. Se former à l’accompagnement, c’est aussi le vivre soi-même, et cela dure toute la vie. J’ai ressenti là chez tous, un grand souci d’authenticité, un bon accueil et respect du réel : nous sommes, nous aussi, "ceux qui se laissent instruire".

Accompagner des jeunes, tâcher de saisir le Christ dans leur vie, "ayant été moi-même saisie", c’est vouloir évangéliser ma propre existence, c’est avoir le sens du possible, ici et maintenant, pour chacun.

UNE COLLABORATION A DEVELOPPER

Ecole de vérité aussi que de faire la lumière, pour se redire les objectifs différents et complémentaires des Services Diocésains des Vocations et des initiatives de congrégations en pastorale des vocations. Il m’a semblé que nous avions définitivement ouvert la porte de la confiance réciproque. Reste à clarifier quelques points au niveau de nos structures et de la circulation de l’information.
L’avenir est devant, tous nous voulons servir la vie, servir CHAQUE vocation chrétienne, sans projeter sur les autres nos propres désirs.

CET ETE, AU COURS D’UN CAMP A CANTAOUS

Nous essayerons de répondre à la demande d’un groupe de jeunes : "Apprenez-nous à prier". Je suis certaine que, grâce à la session de Paris, notre camp aura une allure plus ecclésiale. Nous serons mieux, et autrement, attentives à ce qu’il y a derrière cette demande des jeunes.
Nous oserons mieux vivre avec eux et devant eux la passion de notre vie, parce que notre foi en la vie religieuse apostolique est grande.

Entrée comme à nouveau dans "l’espérance des fous de Dieu", en Eglise, je sais que tous, nous serons mûs par le "vent fou de l’Esprit", comme nous le chantions aussi à Paris.

NOTE : -------------------------

1 - S.N.V. : Service National des Vocations
S.R.V. : Service Régional des Vocations
S.D.V. : Service Diocésain des Vocations
C.S.M. : Conférence des Supérieures Majeures
C.E.E.R. : Conférence Episcopale de l’Etat Religieux [ Retour au Texte ]

* Soeur Marie-Neige EIMER est Conseillère générale de la Congrégation de SAINT JOSEPH de TARBES [ Retour au Texte ]