Une espérance renaît


Pascal PINGAULT *

Ce qui frappe celui qui voit vivre l’Eglise aujourd’hui c’est l’effort de communion et de rencontre des courants et Services divers qui l’animent.

Ainsi, Congrégations et Service National des Vocations ont pu mieux apprécier, au travers du sérieux travail d’enquête préalable à cette session, leur complémentarité dans le service et l’accompagnement des vocations chez les Jeunes.
Je crois qu’il n’aurait pas été envisageable, il y a quelque temps encore, que des responsables de Congrégations échangent publiquement sur leur façon d’accueillir et de discerner une vocation dans un tel climat de confiance et une telle détente.

On perçoit le grand désir maintenant de vivre 1e discernement et 1’accompagnement des vocations avec d’autres et l’on comprend que les Services des Vocations offrent un espace d’ouverture à l’Eglise tout entière et de liberté pour1a maturation d’un vrai choix. Les jeunes seront sensibles à cette pastorale "concertée et plurielle".

Responsable d’une Communauté nouvelle, la Communauté du PAIN DE VIE qui rassemble toutes les vocations, et qui est reconnue comme Association de Fidèles, je suis à ce titre familier des Services Diocésains et Nationaux des Vocations depuis plusieurs années.

Il y a quelques années on entendait au sein de ces Services, même et surtout chez les religieuses et les prêtres, des paroles désespérées comme celles-ci :

  • "Comment accueillir des jeunes lorsque l’on est toutes si vieilles ?"
  • "Lorsqu’un jeune me parle du sacerdoce, je lui dis : ne fais pas ce métier !"
  • "C’est à vous maintenant Communautés nouvelles de prendre la relève".

Je réponds constamment :

  • "Vous êtes vieilles, c’est vrai, mais le Saint-Esprit, Lui, est toujours jeune et c’est à l’intuition fondatrice toujours aussi neuve que les jeunes veulent adhérer."
  • "Il est vrai qu’être prêtre aujourd’hui est difficile, mais ne peut-on le dire pour toute vie chrétienne qui veut vraiment être authentique... A une vie d’offrande Dieu donne toujours fécondité et joie."
  • "Les Communautés nouvelles ne vont pas gommer les fondations anciennes qui ont toujours leur raison d’être. Elles ne font que compléter le ’tableau’ de l’Eglise."

Dans cette rencontre mettant en présence les Supérieures Majeures de 190 Congrégations et de plusieurs Monastères, le ton était enfin à l’espérance, une espérance simple et lucide, fondée sur une conscience plus grande qu’au travers des grandes crises de l’Histoire, l’Eglise avait subsisté et sortait fortifiée et affermie de toute épreuve.
Dans cette ligne, ce qui m’a le plus marqué, c’est 1e basculement, pour les responsables d’Instituts, du souci de la SURVIE de leurs Congrégations (surtout les plus petites) au souci de 1’Eg1ise universelle et de 1’Evangé1isation du monde, aujourd’hui, avec les forces que l’on a.

Ce basculement seul peut permettre de vivre à plein et joyeusement la période d’Eglise qui est la nôtre, avec comme perspective d’approfondir notre vie évangélique au service de l’Eglise et de tout appel de Dieu.
Concrètement, en un lieu au moins je crois, des petites Congrégations se concertent pour le discernement d’une vocation. Plus de concurrence mais un vrai souci à la fois de respecter les personnes dans l’appel qui est le leur et de servir l’Eglise.
Finalement, n’étaient-ils pas seulement douze pour que tout commence ! !

On perçoit maintenant que la recherche se situe plus au niveau de la qualité de "l’être évangélique" que du nombre des membres et de la puissance d’action des Congrégations.

Enfin, comme intervenant au titre d’une réalité qui en d’autres temps aurait pu être ressentie comme concurrentielle. Je remercie toutes et tous de l’accueil plein de bienveillance pour notre "pauvre" Communauté nouvelle.

Finalement, ce sont bien les mêmes jeunes que nous rencontrons et accueillons dans nos Communautés nouvelles et anciennes.
Ils sont souvent attirés par des motions fortes vers Dieu, mais humainement parlant, bien fragiles. En particulier, ils ont du mal à s’engager et à faire un choix.
Pour cela, nous devons bien nous garder de les attirer trop vite à nous, mais les aider à fortifier leurs racines humaines pour que leur choix soit véritablement autonome. L’accompagnement d’une vocation prend du temps : il va falloir déceler les immaturités affectives profondes cachées derrière la compétence professionnelle, ou bien sous une certaine maturité intellectuelle due à l’usage prononcé des médias. Ils préfèrent une piété enrobée de mystère et il faut veiller à ce qu’ils ne retombent pas dans le piétisme, qu’ils ne perdent pas le sens missionnaire de la présence à l’autre, qui s’est développé si difficilement.
Ils se sécurisent volontiers dans des structures fortes et une discipline restaurée : il faut qu’ils apprennent à accueillir les réserves et l’interrogation de l’autre, même conflictuelle, qui seule nous ouvre à la différence...

Et pour cette tâche difficile, nous avons bien besoin les uns des autres et de toutes nos forces rassemblées : conjuguer la jeunesse - et donc l’élan - de nos fondations et l’expérience souvent si douloureusement mûrie des communautés anciennes va nous permettre de faire grandir l’espérance que nous avons sentie revivre au cours de cette session.