Dans notre Eglise de France, une pastorale plurielle

Damien SICARD *

Nous venons de vivre ensemble une session très riche, très originale en ce sens qu’elle n’aurait sans doute pas pu avoir lieu comme elle a eu lieu, il y a très peu d’années.

En tant que secrétaire de la Commission Episcopale de l’Etat Religieux ce qui m’a frappé c’est la qualité théologale de la session et je ne fais pas allusion seulement à la recherche fondamentale qu’Yvon BODIN, Jean DRAVET et d’autres, à leur manière, moins bâtie mais tout aussi importante, ont engagée devant nous, mais je pense au caractère profondément pascal de la session.
Le message que les envoyés de Dieu confiaient le jour de Pâques aux saintes fermes : "Allez dire à Pierre et aux disciples qu’il vous précède en Galilée" invitait à rejoindre le Seigneur sur lés terrains de l’à-venir de la Vie Religieuse.

Le Père Jean DRAVET nous a parlé de ce monde qui est le nôtre. J’aurais envie de dire que la concertation dont la session a été la preuve est d’autant plus importante que nous sommes de ce monde. C’est notre grâce de nous laisser interpeller par ce monde décrit hier et présent dans nos expériences aux uns et aux autres. Le cadre de notre recherche a été un cadre ecclésial. Ce sont des Services d’Eglises particulières dialoguant avec des responsables légitimes d’instituts. La session elle-même est un élément de la vie de l’Eglise en France.

Depuis trois ans déjà, les évêques de France ont engagé sur la Vie Religieuse, très précisément sur la Vie Religieuse Apostolique, une recherche qui va avoir, non pas son point d’orgue, mais un sommet mélodique, les 26-27 et 28 octobre prochains. Sur les trois jours de l’Assemblée plénière publique, quatre demi-journées vont être consacrées par nos évêques à travailler, réfléchir et décider en ce qui concerne la place de la Vie Religieuse dans l’Eglise de France en général, dans chacun de ses diocèses en particulier.

On a fait appel tout à l’heure à un approfondissement de la recherche théologique. Le dossier théologique de l’Assemblée plénière de Lourdes sur la théologie de la Vie Religieuse Apostolique est maintenant prêt. Il ne paraîtra qu’au lendemain de Lourdes mais les évêques et les invités à l’Assemblée plénière vont le recevoir dans le courant du mois de Juin.

Il ne sera pas un point final, même s’il émane de onze signatures très différentes et très riches, parmi lesquelles celle d’Yvon BODIN. Il apportera à ce que nous essayons de faire dans les diocèses et les congrégations, dans les Chapitres généraux, dans les sessions de tous ordres et au S.N.V., en particulier, quelques lueurs de phare pour indiquer où l’Esprit nous invite à être aux aguets aujourd’hui pour retrouver ce que Dieu attend de la Vie Religieuse à l’intérieur d’une Eglise aux perspectives missionnaires.

"Lourdes" va être centré sur ce que nous appelons provisoirement "le document pastoral". Les évêques avaient été invités à s’exprimer sur la Vie Religieuse. Les Commissions épiscopales aussi. L’ensemble de leurs réponses va être analysé et deviendra la trame même du document pastoral des quatre demi-journées sur la Vie Religieuse de "Lourdes 85".

C’est-à-dire que "Lourdes" devrait se conclure, si le Seigneur et Notre-Dame à leur manière y mettent la main, par un assez important texte des évêques de France disant ce qu’ils pensent et ce qu’ils croient de 1a Vie Religieuse.

La session que nous venons de vivre aidera à préparer ce que, à titre provisoire, nous appelons "la lettre au Peuple de Dieu". Il s’agira d’un appel aux vocations religieuses dans l’Eglise de France.
Le Service National des Vocations participera avec les délégués des Conférences des Supérieurs Majeurs et des Supérieures Majeures à tout ce travail de nos évêques.

Je voudrais dire encore que notre pastorale plurielle et concertée m’apparaît comme une pastorale de l’espérance théologale.
Soeur Jacques HERTSSARD parlait de la foi. La foi est liée à une histoire. Nous nous passons, des uns aux autres, le credo qui n’est autre chose qu’une histoire. Notre Dieu est le Dieu de l’Exode, celui qui nous appelle à aller et à regarder devant, celui qui nous appelle à rester sur la route de la terre des promesses.
La Résurrection de Jésus que nous célébrons durant ce temps pascal nous a introduits dans cette nouvelle histoire, cet univers de résurrection où avec des moyens pauvres mais suscités par son Esprit, nous essayons d’être attentifs à l’appel des pauvres et aux cris des petits.

Pastorale de l’espérance, notre pastorale est une pastorale de l’unité. Ce matin, nous lisions le chapitre 4 de la Lettre aux Ephésiens :
"Je vous convoque, disait Paul prisonnier du Seigneur, à aller et venir dans la dignité... dans la convocation à laquelle vous avez été convoqués".
Cette convocation c’est celle de "garder l’unité de l’Esprit dans le lien de l’agapè", "nous sommes un seul corps et un seul esprit comme nous avons été appelés par notre convocation à l’unique espérance."

Cette unité, le même texte nous disait qu’elle n’était pas faite et que nous étions "comme des enfants ballottés à tous vents de doctrine, affrontés à l’erreur" et qui avions sans cesse, voilà le sens de la marche vers l’unité, à "devenir des adultes en Christ" et à nous mesurer, à prendre comme instrument de mesure la place donnée au Christ dans notre vie.

C’est cet amour inconditionnel du Christ qui est au secret de la vie évangélique et de la Vie Religieuse, c’est cela qu’une pareille session nous invite à vivre et à traduire là où Dieu nous place.

* Le Père Damien SICARD est secrétaire de la Commission Episcopale de l’Etat Religieux [ Retour au Texte ]