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Le concile face au problème des vocations
René SALAUN *
Des prêtres, il en faut.
C’est bien clair dès le début de l’Eglise. Paul et Barnabé, visitant à nouveau les jeunes communautés de Lystre, Iconium et Antioche, "leur désignèrent des presbytres", (Ac l4, 23).
Et puis, déjà vers la fin du premier siècle, l’évangile de Matthieu montre qu’il n’y a pas assez de volontaires : "Priez le Maître de la moisson, dit Jésus, d’envoyer des ouvriers dans sa moisson. La moisson est abondante mais les ouvriers peu nombreux." (9, 36-38).
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C’EST TOUTE l’EGLISE QUI APPELLE
- VOCATION, APPEL DE DIEU
Oui, prier. La foi nous renvoie au premier responsable de l’entreprise évangélique. Le Pasteur suprême ne peut laisser les brebis errer, sans berger (Vatican II, P.o. n° 11).
D’où l’insistance traditionnelle, depuis les origines, sur la prière en faveur des vocations. Le Concile, à son tour, y insiste. (O.T. n° 2c).
- VOCATION, APPEL DE l’EVEQUE ET DE l’EGLISE
Mais entre la vocation intérieure, travail de l’Esprit de Dieu au fond des consciences, et l’appel décisif que fera l’évêque, après consultation de la communauté, au moment de l’ordination, se situe un appel extérieur, la provocation formulée par l’Eglise : elle a besoin de pasteurs, aussi bien pour ceux qui sont en dehors, pour ceux qui sont déjà agrégés au corps (Ep 4, ll-16), et pour ceux qui appellent au secours, tel le macédonien des Actes des Apôtres(16, 9-10).
"AINSI C’EST A TOUTE LA COMMUNAUTE CHRETIENNE QU’INCOMBE LE DEVOIR DE SUSCITER DES VOCATIONS" (Vatican II - O.T. n° 2a).
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LA RELANCE DU CONCILE ET LA CRISE
L’effort du récent concile pour rénover la pensée chrétienne sur le ministère des prêtres et leur vie pouvait être une heureuse contribution. Il a ouvert des portes :
- sur la priorité à la tâche évangélisatrice, (P.O. n° 4)
- sur la présence au monde, (P.O. n° 3)
- sur de meilleures relations et collaborations entre évêques et prêtres (P.O. n° 7) ; entre les prêtres (n° 8) ; entre prêtres et laïcs (n° 9)
- sur une vie spirituelle nourrie et dynamisée par l’exercice même du ministère (P.O. n° 12 et 13).
Les Pères conciliaires n’étaient pas sans connaître le malaise qui traversait le clergé, ni pressentir la crise qui se préparait (P.O. n° 22). Les textes du concile arrivaient tard. Ont-ils été lus ? Ont-ils été compris ? Ont-ils pénétré les esprits, vaincu les résistances, rénové les pratiques ? Ils n’ont pas conjuré la crise.
Beaucoup de prêtres ont renoncé à l’exercice de leur ministère. Les canditatures de jeunes se sont de plus en plus raréfiées. Alors que naguère les prêtres étaient heureux et fiers d’avoir éveillé une vocation, le doute s’est installé : "Avons-nous honnêtement le droit d’inviter des jeunes à se présenter pour un tel mode de vie, et des activités si peu comblantes ?"
Nous voyons que le peuple croyant a besoin, et que des masses humaines attendent obscurément. Nous croyons fermement que Dieu est prêt à travailler les consciences. Nous savons bien sûr que les évêques ne demandent pas mieux que d’appeler.
Mais, l’Eglise, elle, fait-elle son travail ?
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UNE COMMUNAUTE CHRETIENNE APPELANTE
"C’est à toute la communauté chrétienne qu’incombe le devoir de susciter des vocations", dit le concile.
Comment le fera-t-elle ?
"C’est d’abord par une vie pleinement chrétienne qu’elle doit poursuivre cette fin", (O.T. n° 2a).
Remarque de bon sens !
Une Eglise endormie, sclérosée, crispée sur ses routines, ne peut constituer un appel pour des jeunes qui rêvent de Pentecôte.
Pratiquement, cette communauté chrétienne appelante ce sera les familles, les paroisses, les Mouvements, les associations (ibidem).
Bien entendu, au coeur de tout cela, l’Eglise appelante ce sera, aujourd’hui comme avant-hier, les prêtres eux-mêmes.
"De par sa mission, le prêtre participe au souci qu’a toute l’Eglise d’éviter toujours ici-bas le manque d’ouvriers dans le peuple de Dieu", (P.O. n° 11).
Prêcher pour les vocations, assurément. Mais prêcher d’exemple plus que jamais, "par une vie qui soit un témoignage d’esprit de service et de joie pascale", (ibidem) : il y a des prêtres qui donnent envie d’être prêtres, et d’autres qui font fuir.
"Celui qui est descendu sur terre est aussi celui qui est monté plus haut que tous les cieux, afin de remplir l’univers. Et c’est lui qui a donné certains comme apôtres, d’autres comme prophètes, d’autres encore comme évangélistes, d’autres enfin comme pasteurs..." (Ep 4, 11).
* Le Père René SALAUN est prêtre de la Mission de France [ Retour au Texte ]