Dans une paroisse comme tant d’autres


des chrétiens de LATOUR *

Vieille de plus d’un siècle, la communauté paroissiale de LATOUR compte 170 habitants, en majorité des agriculteurs nés dans le village.

Depuis longtemps le pourcentage de chrétiens pratiquants était élevé. En 1950 nombreux étaient les jeunes militants jacistes, aujourd’hui ils sont engagés dans une équipe de C.M.R.

Depuis 1961, LATOUR est desservie par le prêtre du bourg voisin. Le secteur inter paroissial n’a cessé de s’agrandir ; il est passé à huit paroisses qui, en 1978 sont desservies par une équipe sacerdotale de quatre prêtres, tous dynamiques et soucieux de préparer l’avenir de l’Eglise.

Depuis Vatican II, nous, laïcs, sommes éveillés à nos responsabilités de chrétiens membres actifs d’une Eglise où chacun a un rôle à jouer. Nous avons ainsi été initiés presque sans nous en apercevoir, à la participation lors des célébrations eucharistiques ou dans la catéchèse.

Dès 1976, le prêtre nous a proposé la première assemblée dominicale en l’absence de prêtre. Pendant six ans, avec le prêtre responsable nous préparons trois ou quatre célébrations dominicales par an.

En Novembre 1982, l’équipe ne compte que deux prêtres toujours responsables de huit paroisses !!! Ainsi LATOUR n’aura une messe que tous les quinze jours. Un choix s’impose !.. Irons-nous un Dimanche sur deux dans une paroisse voisine ? Préférerons-nous la périodicité d’une A.D.A.P. un Dimanche sur deux ?
Nous réfléchissons sérieusement avant de prendre une décision qui, nous en sommes tous conscients, engage la communauté entière. La réponse est :
"Nous voulons à tout prix maintenir la communauté". Pour cela, il nous parait primordial de nous rassembler tous les Dimanches pour partager devant le Seigneur ce que nous vivons dans la semaine.

Cinq équipes, soit 20/25 personnes, prépareront et animeront à tour de rôle les célébrations communautaires. Les rencontres de préparation se font dans une famille, en présence du prêtre : là, les textes liturgiques sont étudiés, la Parole de Dieu est mieux comprise, un dialogue enrichissant s’établit, des liens d’amitié se créent entre participants et le Dimanche suivant, un partage d’Evangile s’établit entre les participants qui s’écoutent et s’expriment. Les célébrations communautaires sont toujours "bâties" avec le souci qu’elles ne ressemblent pas à une "messe sans prêtre" et nous veillons à ce que personne ne prenne la place du prêtre.

1983 : un seul prêtre à Prayssac ! Aujourd’hui, LATOUR doit s’organiser pour deux, parfois trois Dimanches sans prêtre ! Nous ressentons de plus en plus la nécessité de nous "prendre en charge", d’approfondir nos connaissances doctrinales et théologiques, de suivre des journées de formation...

Nous n’oublions pas que "nous sommes les héritiers d’une communauté vivante et nous avons le devoir de la transmettre vivante aux générations futures. Pour cela, il nous faut être vigilants et attentifs".

***

Soucieux de l’avenir de notre communauté, une dizaine de laïcs avons réfléchi au ministère du prêtre et à l’avenir.

l - Le ministère des prêtres :

"Nous sommes bien conscients que le prêtre ne peut plus tout faire dans les paroisses. Autrefois, Monsieur le Curé faisait tout... Aujourd’hui nous comprenons qu’il prenait, en partie, la place des laïcs et aujourd’hui encore, quelques prêtres ont des difficultés à laisser aux laïcs la place qu’ils revendiquent".

"Si j’accepte certains ’services’ dans l’Eglise, c’est avant tout pour vivre mon baptême, pour témoigner de ma foi en Jésus-Christ ; ce n’est pas parce que nous avons moins de prêtres".

"Le prêtre est irremplaçable dans l’Eglise. Il ne peut y avoir une Eglise sans prêtre. C’est lui qui consacre le pain et le vin".

"Le prêtre a un rôle irremplaçable, celui de conférer les Sacrements, mais je crois qu’en plus il est "l’âme" de notre communauté".

"Laïcs, nous sommes tous des pierres vivantes d’une Eglise en construction, le prêtre est le ciment qui soude les pierres ; sans ciment pas d’édifice solide, sans prêtre pas d’Eglise !".

"Le prêtre doit travailler à paraître ’inutile’ mais proche de tous, présent dans tous les milieux, accueillant à tous, sa présence est signe de l’amour de Dieu dans le monde".

2 - Et l’avenir ?

Si aujourd’hui, dans les célébrations eucharistiques le prêtre touche surtout les plus de 45 ans et les enfants, nous pensons que dans la mesure où les communautés essayeront de vivre le partage, l’écoute et la communion dans la différence, elles seront porteuses de la Bonne Nouvelle et pourquoi pas, avec la grâce de Dieu, terreau pour que germent des vocations sacerdotales.

"Si notre communauté vit les affrontements inévitables avec sérénité, si elle sait élargir le partage des responsabilités - en suscitant des bonnes volontés - elle sera signe de l’Esprit-Saint qui habite tout homme ; elle deviendra peut-être une communauté dans laquelle d’autres auront envie de vivre".

"Ce n’est pas en faisant preuve de rigidité, de suffisance ecclésiale que nous serons des témoins ’attirants’. Nous avons nos limites, nous ne sommes pas plus ’dégourdis’ que les autres. Essayons de ré-inventer une communauté ouverte à tous, pour cela restons très attentifs à ce qui se vit tous les jours".

"N’ayons pas peur..., prions... Le Seigneur donnera à notre petite communauté et à l’Eglise les prêtres dont nous avons besoin".

* Témoignage d’un groupe de laîcs de la petite paroisse de LATOUR, dans le Lot. [ Retour au Texte ]