L’interpellation en vue du ministère presbytéral


Eric Poinsot
Service diocésain des Vocations de Besançon

Une réflexion sur le ministère presbytéral

Bref historique

1981 : Le 15 février, arrivée du nouvel Archevêque, Monseigneur Lucien Daloz.

1982 :

Mise en route de « l’École des Ministères » (formation de deux ans pour laïcs en responsabilités). Les doyennés, les mouvements, les services ont proposé des noms. Les candidats ont été directement appelés : ils étaient quarante-quatre.
1984 : Il a été proposé, à une quinzaine d’hommes, une recherche en vue du diaconat éventuel.
1985 : Le 8 janvier, le Père Daloz écrit à tous les prêtres et responsables de mouvements pour leur faire une proposition de réflexion sur le ministère presbytéral. « Beaucoup de laïcs se sont mis en route pour prendre des responsabilités dans l’Église. Il nous faut compléter cet effort pour l’appel au ministère presbytéral. La demande serait la suivante : les doyennés, les mouvements, les services proposent des noms de jeunes entre 18 et 30 ans susceptibles d’être interpellés pour une recherche en vue du ministère presbytéral.
Depuis quelques semaines, une petite équipe a été mise en place pour prendre contact avec prêtres, mouvements, services et aussi proposer un cheminement pour réfléchir avec des jeunes au ministère du prêtre. »

Quelques dates et évolutions

Janvier 1985

L’Archevêque écrit à tous les prêtres du diocèse (cf. lettre du 8 janvier 1985) pour les inviter à proposer des noms de jeunes de 18 à 30 ans susceptibles d’êtres interpellés par une recherche en vue du ministère presbytéral. Cent noms ont été proposés par les prêtres et soixante-quinze personnes ont été retenues.

Avril 1985

Une équipe d’accompagnement composée de cinq prêtres et d’une laïque est constituée pour prendre contact avec prêtres, mouvements, services, réfléchir à l’élaboration du projet et aussi proposer pour des jeunes un cheminement vers le ministère de prêtre et les accompagner dans cette démarche.

Juin 1985

L’évêque invite les communautés religieuses à prier pour ces jeunes (cf. lettre du 13 juin 1985).

Juillet 1985

Démarche auprès des jeunes et proposition d’un premier week-end en octobre.

Année scolaire 1985/1986

Lancement du premier Groupe Ministère Presbytéral (GMP) avec six week-ends dans l’année.

1986

La même démarche d’interpellation a été mise en place pour des vocations féminines avec le Groupe de Recherche Vie Consacrée.

1989/1990

Le Groupe Ministère Presbytéral devient interdiocésain avec le diocèse de Belfort-Montbéliard.

1995

Le groupe s’ouvre au diocèse de Saint Claude (Jura). A partir de cette date, le GMP est donc Franc-Comtois. Chaque diocèse est autonome quant à l’information et l’interpellation.

1996

Nouvelle démarche pour le diocèse de Besançon. Avec l’officialisation des nouvelles Unités Pastorales et l’évolution de notre Église, l’Archevêque s’adresse aux équipes de Coordination Pastorale. Il leur demande que la question des vocations fasse partie de leurs objectifs prioritaires et aussi de chercher dans les Unités Pastorales des jeunes à qui proposer la participation à ce groupe.

1998

Nouvelle formule du Groupe Ministère Presbytéral (GMP). Deux constats sont faits :

- un essoufflement ;

- la formule des six week-ends ne parait plus adaptée.
Proposition plus souple avec :

- seulement deux rencontres dans l’année ;

- plus « à la carte » ; la participation à des soirées « vocation », et/ou temps forts de réflexion sur le ministère presbytéral, et/ou séjour chez un prêtre, et/ou retraite de discernement...

Septembre 2001- avril 2002

Après un travail de réflexion, le Groupe Ministère Presbytéral (GMP) laisse la place au Groupe Samuel qui devient mixte avec un parcours sur dix-huit mois.

Avril 2002

Création du premier groupe Samuel.

« Toi, suis-moi ! »

Quand Jésus a voulu trouver des apôtres qui, avec lui deviennent « pêcheur d’hommes », quand il a jeté les fondements de son Église et cherché des ouvriers pour la moisson de son Royaume, il ne s’est pas borné à faire appel aux bonnes volontés qui voudraient bien se présenter.

Il a rencontré des hommes à leur travail, au bord du lac ou à la table de la douane. Ils les a regardés et il les a appelés. Ils se nommaient Jacques, Jean, André, Simon, Philippe ou Matthieu... Ils avaient une famille, un métier, des amis. Chacun avait son caractère, ses qualités et ses défauts. A chacun d’eux personnellement, Jésus a dit : « Toi, suis-moi ! » Sauf celui qui était trop riche pour se séparer de ses biens, ils se sont mis à marcher à sa suite. Puis ils sont partis, envoyés dans le monde pour annoncer à tous la Bonne Nouvelle de celui qu’ils avaient appris à connaître.

Aujourd’hui encore, pour continuer dans le monde où nous vivons la tâche des apôtres, des hommes ont accepté de laisser là leurs filets, leur métier, leur famille et se sont mis à suivre Jésus. Nous les connaissons, avec leurs qualités et leurs défauts, avec leur volonté d’annoncer Jésus, le Sauveur, dans des situations parfois difficiles, et aussi avec la joie qu’ils portent au cœur d’avoir entendu un appel et d’y avoir répondu. Plusieurs d’entre eux témoignent ici de cet appel. Nous en connaissons d’autres, à travers les médias, qui ont accepté d’aller jusqu’au bout de la réponse et du témoignage de leur fidélité.

Pour la moisson qui se prépare, pour annoncer encore demain la Bonne Nouvelle à un monde qui en a tellement besoin, Jésus appelle toujours. Ce n’est pas un appel lancé à la cantonade, pour ceux qui voudront bien le saisir au vol. Il s’adresse à des jeunes précis et les concerne personnellement : « Toi, suis-moi ! » Ne cherche pas ailleurs, ne regarde pas autour de toi, ne te dis pas que tu n’es pas capable ou que tu n’es pas concerné... Demande-toi - même si ça t’étonne - si ce n’est pas toi qui es invité à laisser là ton ouvrage et tes projets pour être aujourd’hui associé comme prêtre à la mission des apôtres !

Nous allons, dans notre diocèse, oser poser cette question. Nous allons mettre sur pied un groupe qui pourra aider des jeunes à discerner si le Seigneur Jésus ne les appelle pas à le suivre comme prêtres sur la route des apôtres. Ce sera un effort de tous. Je le confie à la prière de tous, pour que le Maître de la moisson envoie des ouvriers à sa moisson.

Jésus n’embrigade pas. Il ne recrute pas, il appelle. Il s’adresse à quelqu’un et l’invite à marcher. Il lui propose de travailler avec lui pour ses frères, et à donner sa vie. Il n’en fait pas son serviteur, mais son ami. Et il le comble de la joie de son amitié... Ça vaut la peine d’ouvrir ses yeux et ses oreilles pour reconnaître son appel !

Mgr Lucien DALOZ, Revue Vocations, Avril 1985

Lettre aux prêtres

Interpellation directe

Je vous propose donc que nous fassions, pour le ministère presbytéral, une démarche semblable à ce que nous avons fait pour l’École des Ministères : que les doyennés, les mouvements, les services, proposent des noms de jeunes entre 18 et 30 ans, susceptibles d’être interpellés pour une recherche en vue du ministère presbytéral.

Il ne s’agit pas de les appeler directement, mais de proposer des noms pour que leur soit faite une interpellation, sous une forme à laquelle il faudra réfléchir, en vue d’un groupe de recherche et de discernement.

Il y aura certainement des jeunes qui se sentiront concernés. Il ne s’agit pas de les « embrigader », mais de leur proposer un cheminement.

Extrait de la lettre de Mgr Daloz, 8 janvier 1985

Lettre aux religieuses

Partenariat

Je viens faire appel à votre prière.

Au mois de janvier, j’ai demandé à tous les prêtres de donner des noms de jeunes hommes de 18 à 30 ans à qui pourrait être faite la proposition de réfléchir au ministère presbytéral.

Maintenant il nous faut, dans la communion des saints, prier l’Esprit Saint d’ouvrir le cœur de ces jeunes et de leur donner d’oser se mettre en route. C’est pourquoi je vous « mobilise », et je pense que je n’ai pas besoin de vous expliquer longuement l’enjeu de cette initiative.

Si cette initiative s’avère positive, nous ferons d’ailleurs la même chose l’an prochain pour les vocations féminines.

Extrait de la lettre de Mgr Daloz, 13 juin 1985

Pour une interpellation éventuelle
à participer au Groupe ministère Presbytéral

1. Nom, Prénom : ______________________________ Age : ____________
Adresse :
Téléphone :

2. Situation professionnelle :

3. Lien avec la communauté chrétienne :

4. Insertion dans la société :

5. Au for externe : dons - qualités - traits de caractère :

A renvoyer au GMP

Mode d’interpellation

Hier

L’Archevêque demande aux prêtres de donner des noms de jeunes qui pourraient faire le GMP. Deux hypothèses :

- le prêtre qui a proposé tel ou tel jeune accepte de faire la démarche d’interpellation lui-même ;

- un membre de l’équipe d’accompagnement fait la démarche.

Aujourd’hui

Les personnes (prêtres et laïcs) font directement la démarche d’interpellation à l’aide du tract « Samuel ».

Demain ?

L’Archevêque écrit une lettre :

- aux prêtres et aux équipes de coordination pastorale ;

- aux religieux et religieuses en lien avec des jeunes ;

- aux responsables de services et mouvements de jeunes ;

- aux directeurs des lycées d’enseignement catholique ;

- aux responsables de la confirmation ;

- ou aux jeunes directement : qui enverrai-je ? Qui prendra la suite des prêtres, des religieux et des religieuses présents dans nos Églises diocésaines ? (Exemple : initiative de Mgr Pontier à La Rochelle, cf. Jeunes et Vocations n° 111, p. 85-89.)

Quelques chiffres

1985-1986 Noms de jeunes proposés par les prêtres : 100
Personnes retenues et contactées : 75
Personnes qui se sont engagées dans le cheminement : 10
1986-1987 15
1987-1988 5
1988-1989 6
1989-1990 11
1990-1991 6
Bilan à 6 ans : 53 jeunes sont passés par le GMP
1991-1992 6
1992-1993 9
1993-1994 2
1994-1995 11
Bilan à 10 ans : 82 jeunes sont passés par le GMP
1995-1996 4
1996-1997 6
1997-1998 3
1998-1999 8
1999-2000 5
Groupe Samuel :
2002-2003 6 garçons et 6 filles 12
2004-2005 (En cours) 5 garçons et 2 filles 7

Bilan à 19 ans : 127 jeunes sont passés par le Groupe Ministère Presbytéral et le Groupe Samuel. Environ 35 sont entrés au séminaire ou en vie religieuse.