- accueil
- > Archives
- > 1985
- > n°036
- > Le vécu d’une Pastorale
- > Il est temps de faire quelque chose
Il est temps de faire quelque chose
Roger GUYARD *
"Tous, nous devons réveiller en nous le moment privilégié où, jeunes encore, nous avons répondu à l’appel. Demain sera différent d’hier. Aujourd’hui, il faut de nouveau appeler."
Ainsi s’exprimait le Père GILSON, il y a deux ans, en s’adressant aux prêtres du diocèse du Mans. A cette époque déjà, le moment nous semblait venu de "relancer" les prêtres pour qu’eux-mêmes "relancent" l’appel avec et dans leurs communautés.
* * *
UNE JOURNEE d’INFORMATION SUR LES SEMINAIRES
Une première difficulté devait être surmontée : le manque d’informations - et d’informations exactes - sur l’existence et la vie des séminaires inter diocésains, la formation proposée, la situation des séminaristes. Il n’y a pas de séminaire au Mans. Les jeunes vont à Angers et Nantes (aux Carmes et à Rome, pour les études universitaires). Pour beaucoup de prêtres, ces réalités paraissaient lointaines et floues. Pour redonner confiance, il fallait informer.
Une information écrite était insuffisante. Il fallait que les personnes - prêtres du diocèse et responsables des séminaires - se rencontrent et dialoguent.
Ce projet fut réalisé le 9 Novembre 1982. Cent prêtres se sont retrouvés ce jour-là avec leur évêque et les responsables des deux séminaires inter diocésains d’Angers et de Nantes.
Le Père Michel THEGNER, délégué aux séminaristes, après avoir rappelé brièvement l’histoire des séminaires depuis quelques années, nous disait l’état actuel de la situation quant aux séminaristes sarthois.
Le Père Jean GAUTIER, alors responsable du séminaire inter diocésain d’Angers, nous exposait les objectifs de la formation en 1er Cycle, et les moyens proposés.
Le Père Michel MOUTEL, responsable du séminaire inter diocésain de Nantes, présentait à son tour les 2ème et 3ème Cycles. Plusieurs membres de l’équipe des formateurs de l’un et l’autre séminaire étaient venus aussi.
Au milieu de la journée, le repas pris ensemble, les conversations "de couloir", ont permis aux uns et aux autres de mieux se connaître, d’échanger avec simplicité. L’après-midi, après avoir entendu la présentation du Service des Vocations, les prêtres ont été invités à dégager ensemble quelques convictions, et à exprimer des questions. Parmi les convictions, deux sont apparues plus nettement :
1) Le prêtre est un peu le "starter" des vocations, celui qui met en route. Mais il n’est pas seul. Il faut investir au niveau des communautés vivantes, au sein desquelles naîtront des vocations, et sans lesquelles aucune vocation ne pourra naître. Il faut donc affirmer la nécessité d’un soutien collectif et fraternel aux vocations naissantes. Il faut aussi provoquer les gens à s’intéresser aux vocations.
2) L’appel au sacerdoce passe par le visage personnel et collectif que l’on donne aux jeunes. Il ne faut pas présenter l’Eglise en catastrophe. Il faut leur présenter une Eglise plus souriante et plus dynamique, donner l’exemple de prêtres heureux de vivre et qui collaborent avec des laïcs.
Le Père GILSON soulignait en terminant que cette journée avait été marquée par deux qualités : modestie et courage. La modestie, car nous savons bien que nous vivons une crise importante et grave. Le courage, car nous ne baissons pas les bras.
Les échos reçus de cette journée furent positifs. L’un des participants nous a écrit ceci : "La journée n’a pas couvert toutes les questions possibles. Telle quelle, elle m’a parue bonne et j’espère bénéfique. Le climat était à l’attente et à l’écoute ; on est un peu sorti de la peur agressive et paralysante. Ce qui est beaucoup."
UNE FETE DE l’ORDINATION AVEC LES JEUNES
A l’occasion de l’ordination de François CLERET, en Juin 1983, une invitation a été adressée à tous les jeunes de 12 à 25 ans. "La fête" a commencé le matin à 10 heures, au Centre diocésain de l’Etoile. Les jeunes ont rencontré le Père Evêque, des séminaristes, des prêtres et des laïcs, des religieux et des religieuses. Ils ont partagé leurs questions sur le prêtre, sur leur propre avenir. Ils ont préparé ensemble la célébration de l’après-midi. Ils y ont participé : places réservées pour eux, intervention d’un ou d’une délégué par tranche d’âge. Plus de 120 jeunes se sont ainsi retrouvés.
Ils ont donc consacré une journée entière, un dimanche de Juin, pour célébrer la fête d’une ordination. N’est-ce pas un signe auquel nous devons être attentifs ?
Des prêtres, des Services, des Mouvements, des aumôniers, des religieux, des religieuses, des laïcs, attentifs à la suggestion qui leur a été faite, ont osé inviter des jeunes, et ceux-ci sont venus. Pourquoi ne pas s’en réjouir, et s’en souvenir ?
Et pour mieux s’en souvenir, le Service Diocésain des Vocations a demandé à quelques participants (prêtres, ancien et jeune) religieux, religieuse, un couple, un séminariste) non pas de raconter la cérémonie, mais d’en exprimer des échos personnels. Ainsi le Bulletin des Vocations nous a permis de "faire mémoire".
UNE RENCONTRE AVEC DES FRERES ALLEMANDS
Cette année, une nouvelle rencontre avec les prêtres eut lieu à l’occasion de la Saint Julien, la fête patronale du diocèse du Mans, au mois de Janvier. Tous les ans, à cette même période, des prêtres et des séminaristes allemands de PADERBORN, ville jumelée avec LE MANS, viennent passer plusieurs jours chez nous.
La fête liturgique pour l’ensemble du diocèse eut lieu le Dimanche. Le lendemain, tous les prêtres furent invités à venir passer la journée avec des prêtres et séminaristes allemands, et des responsables des séminaires inter diocésains. L’évêque auxiliaire de Varsovie était présent. Le Père Jacques GAILLOT, évêque d’Evreux, devait être là pour présenter les nouvelles normes pour la formation dans les séminaires ; il fut empêché au dernier moment, retenu dans son diocèse par la sépulture d’un prêtre.
Après la célébration eucharistique, tous se retrouvaient au Centre Diocésain de l’Etoile pour un déjeuner amical, chance de communication, de partage, d’information réciproque. A chaque table, il y avait en principe :
-
plusieurs prêtres sarthois, l’un d’eux étant chargé d’animer l’échange,
- des prêtres ou séminaristes allemands,
- un prêtre des séminaires inter diocésains,
- parfois un évêque (celui du Mans, de Varsovie ou de Paderborn),
- un interprète (prêtre, laïc ou religieuse).
Le but de cette rencontre était le suivant : provoquer des échanges sur la question des vocations, spécialement avec les séminaristes eux-mêmes, soutenir et relancer le goût d’appeler, élargir notre horizon. Il y a des vocations, il n’y a pas un seul modèle.
L’après-midi, notre horizon s’élargit aux dimensions de la Pologne et de l’Allemagne. En ce sens, sortir de "l’hexagone" pour écouter ceux qui viennent d’ailleurs est pour nous, Français, une chance et une exigence. Cependant, ce jour-là on aurait aimé disposer de plus de temps pour prolonger le contact avec les responsables d’Angers et de Nantes, suite à la rencontre de Novembre 1982.
Mais cette journée fut tout de même encore une bonne étape vers une prise de conscience plus vive du presbyterium sarthois de notre commune responsabilité.
Une étape, oui... car il faut poursuivre. Nous sentons qu’il est temps de reprendre contact, de faire quelque chose.
* * *
ALLER PLUS LOIN ET FAIRE PLUS
Les prêtres vieillissent. Beaucoup ont du mal à rencontrer des jeunes. Les prêtres récemment ordonnés sont en petit nombre. Mais ils collaborent volontiers à une suggestion du S.D.V. Les prêtres plus âgés s’intéressent mieux et positivement aux initiatives prises en faveur des vocations. Le climat a changé. Depuis quelques années il est devenu plus favorable. En voici quelques signes.
Des communautés chrétiennes ont manifesté leur générosité pour subvenir aux besoins de la formation des séminaristes. On a senti un effort. Les prêtres ont donc bien informé et sensibilisé les chrétiens.
Quand le délégué diocésain aux séminaires demande à des prêtres d’accueillir un séminariste pendant le week-end, au long d’une ou plusieurs années, il reçoit une réponse positive. On craint de ne pas être à la hauteur, mais on se réjouit de pouvoir aider les candidats au ministère presbytéral.
On a remarqué aussi le nombre de prêtres présents aux ordinations : un tiers au moins du presbyterium pour les plus récentes. Cela manifeste de leur part une solidarité vis-à-vis des plus jeunes.
Mais si le climat est devenu plus favorable, bien des obstacles demeurent ; les signes, réels, ne doivent pas cacher les difficultés.
Il faut donc faire plus.
Jusqu’ici ce sont les prêtres qui ont répondu à des invitations. Il faut maintenant aller vers eux, sur place.
Les communautés paroissiales, les Mouvements, les Services diocésains ne sont pas assez sensibilisés à leur responsabilité concernant l’appel, même si plusieurs d’entre eux en ont une conscience plus vive. Pourtant, pour la vie des communautés, des Mouvements et des Services, il faut des prêtres, eux-mêmes se mettant au service de la responsabilité des laïcs.
De même pour les jeunes. Jusqu’ici, le S.D.V. l’es a invités à venir à des rencontres. Il nous faut maintenant aussi aller vers eux, les rejoindre.
C’est pourquoi le S.D.V. envisage de se rendre dans les secteurs, pour rencontrer les prêtres et les communautés, aller au-devant des jeunes, provoquer une réflexion, ranimer la flamme, susciter des initiatives, échanger avec les parents.
On pourrait proposer à certains secteurs de constituer sur place une équipe qui porterait davantage le souci des vocations spécifiques. Ce serait comme une décentralisation, une démultiplication de la mission du S.D.V.
Mais ceci n’est qu’à l’état de projet. Il faut qu’il se mette en place en 1985, même si la réalisation est modeste. Nos moyens en temps et en personnes sont limités, mais l’enjeu en vaut la peine.
L’accent mis sur la relance de l’appel au ministère presbytéral ne nous fait pas oublier l’importance du diaconat, des autres ministères institués, de la vie religieuse et du mariage sacramentel. Les vocations diverses sont indispensables les unes aux autres, pour la vitalité de l’Eglise et le service du monde. Tout se tient.
Il faut aussi relancer le service de la PRIERE pour les vocations, une prière "EXPOSEE", dans le sens exprimé par le Père GILSON : "Chrétien, tu pries pour avoir des prêtres. Tu pries et tu as raison. Prie d’abord pour avoir la passion créatrice que Dieu te donne ; alors tu ne pourras pas ne pas APPELER, tu risqueras une parole. Tu diras à ton fils, à ton frère, à ton voisin : "Viens voir". Par toi, Dieu sera créateur. Il APPELLERA. IL APPELLE déjà."
* Le Père Roger GUYARD est responsable du Service Diocésain des Vocations du MANS [ Retour au Texte ]