Convictions et questions partagées


Une déléguée U.S.M.F.
Marie-Noëlle LAPOINTE *

La session des S.D.V. qui avait pour thème "L’APPEL A LA VIE RELIGIEUSE EN PASTORALE DES VOCATIONS", était attendue.

Depuis quinze ans et plus, des religieuses travaillent dans les Services des Vocations de nos diocèses. Elles sont les collaboratrices des prêtres responsables de ces Services. Par leur présence, elles amènent ces prêtres et les autres membres des équipes à se demander et à leur demander : Quelle est donc cette vocation qui vous habite et vous anime ?

Aujourd’hui, la question est posée au plan national et aucun S.D.V. ne peut plus ne pas l’avoir entendue et accueillie. Je ne sais pas ce que ces trois jours ont produit dans leurs coeurs. Pour ma part, j’ai relu ce que j’ai entendu, noté, compris, et je me permets de partager avec les lecteurs de JEUNES et VOCATIONS mes convictions et mes questions.

l - A MES SOEURS ET FRERES EN RESPONSABILITE DANS LA VIE RELIGIEUSE APOSTOLIQUE

je voudrais leur dire ceci :

  • Continuons à approfondir l’originalité de notre vie religieuse, afin qu’elle soit de plus en plus évangélique.
  • Notre vocation est au service de la mission prophétique de l’Eglise.
    Ainsi ont vécu nos fondateurs qui ont su actualiser la Bonne Nouvelle de l’Evangile, et porter l’Eglise à ses frontières.
        • Vivons-nous aujourd’hui, et préparons-nous nos soeurs, nos frères, à vivre demain d’une manière qui soit prophétique ?
          A quelle(s) frontière(s) vivent nos communautés ? nos instituts ?
  • Nos instituts sont interpellants lorsqu’ils vivent leur charisme. Soyons des "hommes et des femmes de convictions". Et sans complexe, osons dire notre identité et nous montrer.
    "Dans la société française sécularisée, il est important que les associations de citoyens soient fortement typées et manifestent des projets qui donnent sens à la vie. Cela vaut aussi pour l’Eglise. N’ayons pas peur de la référence évangélique dont nous vivons car elle est une garantie de liberté", (M. Rondet).
        • Alors, pourquoi la mystique dont nous vivons est-elle souvent "incommuniquée" ?
          Quelles sont la visibilité et la lisibilité de nos vies ? de nos communautés ? de nos instituts ?
  • Le Père MADELIN nous a dit : "Demain les vocations ne viendront pas uniquement des enfants de groupes de pratiquants. Elles surgiront aussi des générations "post-athées". Ce monde a tout à apprendre, mais il est disponible".
        • Quelle est notre connaissance de l’environnement socioculturel dans lequel nous vivons ? Dans lequel vivent les jeunes ?
          Comment nous préparons-nous, aujourd’hui, à être ouverts à ce monde de demain, dans nos propres vies ? Dans nos formes de vie ?
  • Parmi les interpellations reçues des Communautés nouvelles que sont le PAIN de VIE, BETHANIA, CHEMIN NEUF, j’ai retenu celle-ci : Les jeunes de nos sociétés cherchent des lieux de vie.
        • Nos communautés sont-elles vraiment des lieux de vie, pour nous mêmes ? Pour d’autres ?
        • Faisons-nous l’effort de connaître les jeunes ?
          L’accueil des jeunes en quête de sens est-il possible dans nos communautés ? A quelles conditions ?
  • La prière pour les vocations.
    Des diocèses, des instituts ont dit proposer à des chrétiens, à des communautés religieuses de prier pour que ceux que le Seigneur appelle, entendent et répondent avec joie.
    En effet, nous croyons que l’Esprit-Saint est sans cesse à l’oeuvre dans notre monde, qu’Il continue d’éclairer les consciences et les coeurs.
    De jeunes religieux ont rendu ce témoignage devant nous.
        • Notre prière pour les vocations...
          Quelle est-elle ?
  • Les instituts ont souvent - et de plus en plus - leur propre pastorale des vocations ; et cela est bien car personne n’a le monopole de l’éveil et de l’accompagnement. Mais :
        • Notre pastorale des vocations est-elle toujours ecclésiale ?
        • Existe-t-il une réelle collaboration avec le, ou les, S.D.V. ? "Les instituts ont-ils besoin des S.D.V. ?" (question entendue au cours de la session...)
        • L’accompagnement de filles et de garçons implique-t-il bien une prise de distance par rapport à leur projet ?
        • Permettons-nous à ces jeunes de rencontrer d’autres filles, d’autres garçons, ailleurs, qui se posent les mêmes questions ?

2 - AUX S.D.V. QUI ONT RECU UNE MISSION IMPORTANTE DANS LA PASTORALE DIOCESAINE ET AU S.N.V.

Durant ces trois jours, j’ai senti de la part des religieux présents des attentes très fortes à leur égard, attentes que je traduis maintenant :

  • Le S.D.V. pourrait-il être davantage lieu de concertation, de "carrefour des initiatives" prises par :
        • les Mouvements d’Action Catholique les instituts et monastères .
        • les C.D.R. et Unions de Religieuses l’aumônerie scolaire et universitaire
        • la catéchèse
        • .....
    Lieu aussi où les instituts pourraient se connaître entre eux et se reconnaître.
  • Comment se fait l’interpellation des communautés chrétiennes ?
    Elles sont en effet le terreau où naissent et mûrissent les vocations particulières dont l’Eglise a besoin.
    Plus précisément, quels liens créer entre le S.D.V, et les communautés éducatives au sein de l’Enseignement catholique ?
    Les religieuses en Mission Educative (R.M.E.), présentes à la session, se sont interrogées sur le pourquoi de cette ignorance réciproque.
  • Quelle attention porte-t-on aux vocations d’enfants par le biais de la catéchèse, de l’A.C.E., de la Pastorale familiale ?
  • Le S.D.V. (ou le S.N.V.) pourrait-il aider les Instituts à former des accompagnateurs au discernement spirituel ?
    Dans cette ligne, une collaboration entre S.D.V. et Equipe de Formation est souhaitée par certains instituts.
  • Le S.D.V. est-il en lien avec le vicaire épiscopal délégué à l’Etat Religieux ?
  • Quelle est la place des religieuses et des religieux dans les S.D.V. ?
    Sont-ils toujours de vrais partenaires ?
    Par qui les religieuses sont-elles envoyées ? ou reconnues ?
    Pour quelle mission ?

En guise de conclusion, je me permettrai de poser à tous, une dernière question :

        • Riches de l’apport de cette session, quels moyens allons-nous mettre en oeuvre, ensemble, pour que soit mieux pris en compte l’appel à la vie religieuse par toute l’Eglise ?

Dès maintenant, merci au Père BODIN ; il a reçu la question et nous a promis de ne pas la laisser sans réponse. Car, si cette session a permis "une convivialité entre S.D.V. et instituts", nous savons tous qu’il reste à inventer bien des passerelles entre S.D.V, et vie religieuse féminine, et encore davantage entre S.D.V, et vie religieuse masculine dont on parle si peu lorsqu’elle est de type apostolique.

L’avenir de la vie religieuse est notre affaire à tous.

* Soeur Marie-Noëlle LAPOINTE, de la congrégation des Soeurs de Sainte Chrétienne est déléguée U.S.M.F. au Service des Vocations de la Région Est. [ Retour au Texte ]