"Je veux être religieux"


Jean DRAVET *

"Que représente aujourd’hui, pour un jeune, avoir un projet de vie religieuse, entrer en vie religieuse ?" C’est la question qui m’a été posée. Elle porte sur les vocations masculines. En continuité avec cette présentation, il m’est demandé de traiter également de l’accompagnement des candidats à la vie religieuse. Deux remarques préalables s’imposent.

Des jeunes entrent dans les noviciats : En petit nombre, il est vrai, mais sans exclure aucune forme de vie : monastique ou apostolique, laïque ou cléricale, hospitalière ou missionnaire. Face à une telle diversité, peuton tenir des propos valables pour tous, peut-on, par exemple, parler d’un même appel ? Et comment être objectif quand on est soi-même religieux et donc moins bien situé qu’un témoin extérieur ? Cette position permettra du moins de ne pas en rester à des généralités et de faire sentir l’intensité de vie qui s’exprime à travers la variété de ces choix.

Essager de dégager la spécificité d’un projet de vie religieuse est une entreprise risquée. Il est toujours à craindre que l’on n’en absolutise les traits, ou encore qu’on ne laisse croire que ce qui est affirmé de la vocation religieuse est, du même coup, nié des autres vocations chrétiennes.

Lorsqu’on situe le religieux prêtre et le prêtre diocésain l’un par rapport à l’autre, on échappe difficilement à ces pièges. La vie apostolique d’un religieux prêtre est, dans bien des cas, très proche du ministère du prêtre diocésain. En conséquence on assiste souvent à une assimilation du premier au second ou, inversement, à une méconnaissance du second dans la dimension mgstique de son appel propre sous l’effet de l’absolutisation de l’originalité du premier. Qu’on veuille bien se souvenir de cette remarque pour bien interpréter ce qui va être présenté.

Trois parties dans cette présentation de la vocation religieuse :

1 - "Je veux être religieux" : un projet de vie

2 - Pédagogie de l’accueil

3 - Des critères pour le discernement.

Un Projet de Vie

A travers la diversité des projets correspondant aux multiples formes de vie religieuse qui attirent les jeunes, une constante se repère sans peine : Un projet de vie religieuse est d’abord un projet de vie. Le jeune a vu s’ouvrir devant lui un chemin de pleine existence. Les aspirations les plus ardentes pourront s’y réaliser ; ses peurs, elles aussi, trouveront à s’y exorciser, elles seront prises en compte avec sérieux et non pas négligées ou tout simplement ignorées. Toute vocation humaine qui ambitionne d’aller le plus loin possible dans l’accomplissement de ses rêves est animée d’une dynamique faite de risques et de dépassements : être un vivant, c’est bien cela. On repère sans peine la présence de cette dynamique dans le désir d’être religieux.

Lorsque chez un candidat dominent les tendances suicidaires, même si elles se dissimulent sous des propos édifiants, ses compagnons manifestent sans tarder leur malaise et bientôt leur désarroi. Ils ne se reconnaissent pas en ce jeune homme (ou cette jeune fille) qui montre une telle incapacité à faire des choix qui aillent dans le sens de la vie.

On dit de cette génération qu’elle a peur de s’engager : mariage, militantisme, contrats à long terme... A l’inverse on constate ceci : Le plus souvent, pas de débat indéfini, pas d’hésitations invincibles parmi les jeunes religieux au moment d’émettre leurs premiers voeux, même lorsque ces voeux présentent déjà un caractère perpétuel. Pareil engagement est possible dès la fin du noviciat, en rupture avec la mentalité ambiante, précisément parce que ces jeunes ont reconnu que ce chemin de vie qui les avait attirés était effectivement ouvert pour leur itinéraire d’hommes.

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L’exemple des premiers voeux introduit à un deuxième aspect : Un projet de vie religieuse est un projet qui concerne toute la vie. Il est totalisant, en ce sens qu’il s’adresse à la personne dans toutes ses attentes, il la saisit selon toutes ses dimensions, pour tout consacrer : rapport à la nature, à l’autre personne et à l’avenir, par des voeux qui, de fait sinon de droit, sont toujours envisagés comme engageant pour toute la durée de l’existence. 0n brûle ses vaisseaux, on s’interdit tout retour en arrière. Intuitivement le candidat a découvert qu’il n’y a d’existence pleine que celle qui accepte joyeusement de renoncer à tout tenter. Impossihle de goûter aux rudes satisfactions de l’aventure si l’on se réserve la possibilité de décrocher. Prendre la route dans ces conditions, c’est assumer sa finitude humaine, c’est déjà accepter sa propre mort. Des ruptures concrètes viendront immédiatement le signifier, à commencer par la distance physique que l’on va vivre vis-à-vis des siens, y compris si l’on entre dans une congrégation liée au terroir dont on est soi-même issu.

Le danger correspondant à cette totalisation de l’existence que propose la vie religieuse, c’est de fournir ample matière à absolutisation. A fortiori aujourd’hui où l’idéalisme des jeunes se trouve exaspéré par la situation de la société. De ce fait, il y aura sur-valorisation du chemin de vie entrevue chaque fois que le candidat aura connu de grandes déceptions "dans le monde" et aussi longtemps qu’une réconciliation ne se sera pas amorcée avec ce qu’il entendait fuir. En revanche la perspective de se donner "entièrement et sans réserve" à Jésus-Christ n’entraîne pas l’absolutisation de leur démarche chez ceux qui commencent à percevoir la présence de Dieu en tout événement : dès lors l’estime de leur vocation ne se traduit pas par la méconnaissance des autres formes de vie et ils n’entravent pas pour eux-mêmes le jeu normal des médiations qui inscriront leur appel dans l’actualité du Royaume. A cet égard, employer à propos de la vie religieuse le terme de radicalité est source de bien des malentendus : le radicalisme évangélique est proposé à tous les croyants, les religieux ayant seulement, selon l’enseignement de Paul VI (Evangelii Nuntiandi) à incarner le radicalisme des Béatitudes qui est à l’oeuvre en tout baptisé.

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Aux yeux des jeunes générations qui se trouvent à l’étroit dans une société saturée de rationalité stérile et sans âme, la vie religieuse peut apparaître comme nimbée d’un halo de mystère et, à ce titre, séduisante à peu de frais. Cela se vérifie en particulier des formes de vie religieuse qui semblent les moins proches des situations ordinaires : le monastère du contemplatif, les terres lointaines du missionnaire, mais aussi les sommets de la recherche du théologien ou encore les régions frontières du combat contre l’athéisme. Ces images peuvent nourrir aussi bien d’authentiques aspirations que des besoins d’évasion. S’il s’avérait trop uniquement accroché aux mirages de ces situations exceptionnelles, le projet du candidat serait amené tôt ou tard à laisser voir son inconsistance ; il viendrait grossir la collection, sans doute déjà abondante, des illusions perdues.

Autre chose est le projet mis en route par la rencontre d’hommes vivants, de communautés vivantes. Ici, "Je veux être religieux" signifie bien "je veux vivre comme ces hommes de chair et de sang qui m’ont permis de reconnaître ce que l’Esprit murmure en moi". Au contact de cette visibilité qui est de l’ordre du vécu, le projet se confirme comme choix de vie, d’incarnation. La relecture de l’itinéraire d’une vocation repère les événements qui ont favorisé la prise de conscience et la formulation progressive des attentes : lecture, visite, contact, prédication, cours, nouvelle, accident... on sera assuré de la consistance du projet lorsqu’il aura été confronté à sa réalisation actuelle en des personnes "vases d’argile" qui inscrivent la grandeur du mystère dans la banalité accessible du quotidien.

Pédagogie de l’Accueil

"Que faites-vous avec ces jeunes qui ont un projet de vocation ?"

C’est en décrivant quelques aspects de la pédagogie de l’accueil que je voudrais répondre à cette question.

Déjà il a été fait mention à plusieurs reprises de reconnaissance, de vérification, d’incarnation. Il s’agit maintenant de présenter les procédures initiales de la probation, ce temps de mise à l’épreuve du projet du candidat. Accueillir un candidat, c’est lui permettre d’exprimer le désir qui l’habite et qui le conduit à frapper à votre porte. En disant : "Je veux être religieux", ce jeune homme amorce avec son accompagnateur un dialogue qui va se poursuivre sur une durée et qui explicitera progressivement le sens de cette première affirmation. Dialogue qui ne sera pas principalement verbal, qui se développera surtout à la faveur de choix qui "prouveront" la vérité du désir. Retenons trois niveaux de vérification.

Quelle est la solidité de ce "JE VEUX" ?

La détermination d’une personne ne se mesure pas à l’éloquence de ses propos mais à sa capacité de prendre et de mettre en oeuvre les moyens correspondant à son désir. Il s’agit de devenir religieux et non d’acquérir un statut social : cela se traduira par des changements dans la manière de vivre du candidat, observables dans son champ social ; ces changements assureront que son projet n’est pas velléitaire.

Quelles sont les racines de ce "JE VEUX" ?

Ici, il faut faire de nouveau mention des pièges que comporte l’attrait pour la vie religieuse. Quand chez un sujet dominent des tendances de défense ou de fuite, un projet de vie religieuse peut offrir un vaste champ d’exercice à des comportements de déviance : pauvreté qui ne serait que le refus des risques afférents à l’emploi des moyens humains, chasteté qui viendrait habilement dissimuler la peur d’aimer ; obéissance qui faciliterait l’aliénation dans la volonté d’autrui pour n’avoir pas à affronter sa propre liberté. Si elles n’interdisent pas au candidat l’accès à une autonomie de plus en plus grande, ces déviances ne sont pas incompatibles avec une vocation religieuse sous réserve, bien entendu, d’une formation vigoureuse et clairvoyante, mais aussi de la vérification proposée par le niveau suivant.

Quelles sont l’origine et la fin de ce "JE VEUX" ?

Il n’y a pas de démarche humaine qui ne soit que simplicité et transparence. Un projet de vocation n’échappe pas à cette constatation générale. Il ne s’agira donc pas, en dernière analyse, de chercher à lever les ambiguités qui grèvent la résolution du candidat - on pourrait presque dire qu’elles sont bon signe ! -, mais bien plutôt de constater, à l’épreuve du temps, que cette résolution vient de Dieu et qu’elle tend vers Dieu.

Lorsqu’un candidat, dans la durée, manifeste par sa conduite qu’il ne peut tenir joyeusement et de façon épanouissante les exigences de la pauvreté, de la chasteté et de l’obéissance religieuse, il faut alors "constater" que la grâce de la vie religieuse ne lui est pas donnée et donc que son projet ne vient pas de Dieu. Et ceci ne préjuge en rien de la profondeur de sa foi, de la force de son adhésion en acte à sa vocation baptismale. L’accompagnement de probation aura seulement montré que le "je veux" de ce candidat n’a pas encore trouvé son véritable objet ; peut-être lui permettra-t-il une nouvelle orientation plus assurée.

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"Je veux être religieux parce que la vie communautaire m’attire".

En exprimant ainsi son projet, ce candidat signale le point de fixation (ou un des points de fixation) de son appel. Pour d’autres, ce sera la prière, ou l’image sociale de tel institut, ou la liberté apostolique...

La pédagogie de l’accueil va aider à recentrer la démarche sur la personne de Jésus-Christ. Cela ne se fera pas sans que, d’une certaine façon, le candidat n’ait à passer par le renoncement au point de fixation de son projet et donc, par une première forme de mort à soi-même. Prenons un exemple.

Ce qui, bien souvent, met en route vers un institut de vie religieuse de type conventuel c’est la découverte d’une communauté fraternelle, célébrante, apostolique. Cette découverte, rencontre l’aspiration du jeune à vivre un style de relations humaines, de prière, de présence au monde qui soit vrai, chaleureux, ouvert. Il y a fixation sur la communauté. Aussi proposera-t-on des procédures de vérification des approches communautaires de telle sorte qu’apparaissent effectivement possibles dans l’existence du candidat :

  • la liberté affective dans les relations fraternelles,
  • l’acceptation des frustrations par rapport à l’image de la communauté fusionnelle,
  • l’accueil de l’intervention du Supérieur qui invite à l’obéissance comme révélateur du rapport à l’Eglise institutionnelle...

Cette vérification suppose impérativement une postulance en communauté.

A travers ces étapes une nouvelle image de la communauté se fait jour, tout imprégnée du mystère pascal, lieu de configuration à la mort et à la résurrection du Christ qui en est le centre. La pédagogie de l’accueil a conduit le candidat de la périphérie du projet à son coeur.

C’est une démarche analogue qui est proposée dans le cadre plus condensé d’une retraite d’élection.

En commençant, le candidat est invité à déposer son projet, à le remettre au Seigneur, pour ne plus s’occuper que de Lui en le contemplant et en l’écoutant. Cette remise à Dieu du projet constitue un acte d’abandon et de détachement qui n’est pas de peu de prix car il sera en quelque sorte le révélateur du "je veux" : Est-il seulement de l’ordre de la fixation du moi qui trouve à se valoriser dans la forme de vie envisagée, ou bien est-il réponse à l’appel de Dieu ?

Dans le second cas, le projet sera restitué au terme de la retraite mais sous la forme d’un don tout nouveau : sa substance, suivre Jésus-Christ pauvre et humble par amour pour lui, sera première par rapport aux déterminations qui l’inscriront dans le monde. Risquons cette schématisation de la succession des étapes de la retraite : projet - abandon du projet - choix de Jésus-Christ - accueil du projet renouvelé. Dans le cas où le retraitant serait dans l’incapacité de se détacher de son projet, cela signalerait l’absence, au moins pour le moment, de cette liberté sans laquelle on ne peut engager une démarche de consécration.

Remarquons enfin que la probation proposée au candidat s’inspire de la conduite de Dieu à l’égard de notre père dans la foi : "Après ces évènements (la naissance d’Isaac), il arriva que Dieu mit Abraham à l’épreuve". Dès qu’il s’agit de servir Dieu en mettant ses pas dans ceux de Jesus, on ne peut faire l’économie d’une renonciation totale à ce qui n’est que moyen pour aller à Dieu, on ne peut éviter l’étape où l’on sacrifie le don de Dieu pour signifier que le Donateur est premier. La pédagogie de l’accueil entend fournir l’occasion de vivre ce passage décisif : elle ne le fait pas sans s’assurer qu’elle est animée vis-à-vis du candidat d’une bonté qui trouve son inspiration dans la bonté même de Dieu pour Abraham qu’il met à l’épreuve.

Des critères pour le discernement

Dans les procédures d’accueil et d’accompagnement qui viennent d’être évoquées on aura déjà pu remarquer le jeu des critères de discernement. Il reste à les présenter brièvement mais en avertissant que le petit classement retenu ici porte la marque à la fois d’une spiritualité parmi d’autres et d’une forme particulière de vie religieuse ; il ne prétend pas avoir valeur universelle.

- Le critère affectif

Devenir religieux, c’est entrer dans un corps porteur d’un projet, incarnant un charisme ; ce n’est pas adhérer à une idéologie ni choisir une entreprise indépendamment des hommes qui s’y consacrent. Le compagnonnage est une dimension essentielle : partage quotidien de l’existence, faite de travaux et de détente, de peines et de joies, de naissance et de mort. On parle en vérité de "famille religieuse". Lorsqu’un jeune est heureux à l’idée de devenir le frère de ces hommes qu’il a commencé à fréquenter, lorsqu’il désire lier son sort au leur, pour le meilleur et pour le pire, sans méconnaître les évidentes pesanteurs humaines des communautés rencontrées, on peut dire que le critère affectif se vérifie.

- Le critère des aptitudes

"A quoi reconnaît-on qu’une personne est appelée à un état de vie ? Au fait qu’il a reçu de Dieu les aptitudes requises".

Réponse moins simpliste qu’il n’y paraît : on voit trop souvent des responsables de l’admission des candidats s’efforcer d’ouvrir la porte à quelqu’un qui ne pourra jamais tout-à-fait franchir le seuil.

Dans ce domaine des aptitudes, il est bon de formuler celles qui sont déterminantes. Lorsque dans les Constitutions de la Compagnie de Jésus, Saint Ignace énumère, à propos du choix du Général, les qualités dont il doit être pourvu, il achève sagement sa liste en signalant qu’à défaut des autres aptitudes du moins doit-on remarquer en lui bonté et jugement.

Pour ma part, je suis guidé dans mon discernement par le souci d’observer chez le candidat l’alliance de la passion et du réalisme : Qu’il y ait en lui à la fois le feu de l’amour - pour entreprendre, refuser toute frontière, vibrer à l’univers entier - et la sagesse dit discernement - qui le guidera sur les chemins de l’étude et de la mission.

- Le critère mystique

"Ce jeune a-t-il été saisi par Jésus-Christ ?", selon l’expression de Saint Paul au chapitre 3 de la Lettre aux Philippiens.

La demande qu’il fait de devenir religieux est-elle d’abord réponse à l’intiative de Dieu ? En d’autres termes, ce jeune homme a-t-il fait une première expérience personnelle du Dieu de Jésus-Christ ? Saint Ignace parle de "vocation divine" par opposition à une vocation qui serait seulement l’effet d’une décision humaine. S’il y a vocation divine reconnue, que celui qui a la charge d’admettre les candidats ne s’inquiète pas : les motivations impures, les traits de tempérament peu satisfaisants, trouveront à se convertir et à s’unifier sous l’action de la grâce reçue qui va se déployer dans les étapes de la formation et de la vie communautaire et apostolique.

Comme les autres critères, le critère mystique doit se vérifier dans la durée ; on sera attentif en particulier à ce qui constitue le coeur, selon l’enseignement de Saint Paul : "Nul ne peut déclarer : Jésus est Seigneur, sinon dans l’Esprit-Saint". C’est dire qu’on doit reconnaître chez le candidat, comme un don reçu de l’Esprit, une adhésion sans réserve à cet homme crucifié que le Père a ressuscité et qui est le seul Seigneur. A cet égard, il est remarquable qu’on trouve fort peu d’instituts religieux qui ne se réfèrent à l’hymne de Philippiens 2, comme à l’expression la plus décisive de leur vocation.

Conclusion : La suite de Jésus-Christ -

Une dernière question m’était posée : "De quelle identité de la vie religieuse cette politique d’accueil est-elle révélatrice ?"

Les divers moments de la pédagogie du discernement visent à rejoindre l’essentiel. En allant de la périphérie au centre, en passant du point fixateur à la personne qui appelle, que cherche-t-on à faire apparaître ? Non pas si ce jeune homme est apte à faire un membre valable de cet institut, mais s’il est invité à suivre Jésus-Christ selon la manière propre à cet institut "d’incarner le radicalisme des Béatitudes".

Chez un religieux prêtre aussi bien que chez un frère laïc, chez un missionnaire tout autant que chez un moine, ce qui est premier c’est sa profession religieuse. Comme d’autres font profession d’exercer dans la société tel ou tel métier, le religieux a pour mission fondamentale de suivre Jésus-Christ pauvre, chaste et obéissant, dans un état de vie socialement défini. Il se présente comme ayant été saisi par Jésus-Christ pour vivre dès maintenant, et dans toutes les dimensions de son être, l’invitation que Jésus-Christ adresse à tout homme de se laisser configurer à Lui. Cette profession religieuse se vit bien évidemment selon des déterminations précises qui varient d’un institut à l’autre, mais elles sont secondes par rapport à l’essentiel qui. est un appel à se situer parmi les hommes selon les conseils évangéliques.

La vie religieuse est une "profession" parmi d’autres dans l’Eglise et le monde. Les religieux ont besoin pour leur propre croissance spirituelle et l’exercice de leur mission, de la sainteté des hommes et des femmes qui sont engagés dans la voie évangélique du mariage, dans la voie évangélique des divers ministères et charismes.

Tous ensemble ils construisent le Corps du Christ.

* Le Père Jean DRAVET, jésuite, est chargé de l’animation pastorale des jeunes de la Compagnie.[ Retour au Texte ]