Des projets communautaires : Des Filles du St Esprit, dans l’Allier


D’hier à aujourd’hui...
EN FIDELITE A L’ESPRIT *

Arrivées dans l’Allier depuis 1977, en réponse à un appel diocésain demandant l’implantation de communautés religieuses, "pour un regain de vitalité évangélique à travers la Consécration religieuse... et pour créer de nouveaux espaces de Foi, d ’invention apostolique.." nous avons conscience du caractère modeste de notre insertion communautaire (4 soeurs, 5 depuis septembre 1983).

Cependant, relisant ces six années pour partager ici quelques points de notre "projet" nous réalisons combien le charisme de notre Congrégation a été au départ, et demeure, un pôle autour duquel se précise notre marche.

Aussi nous avons choisi de regarder comment certains points clé de notre "Règle de Vie" sont des repères précieux pour chercher notre manière propre de "participer avec d’autres à la Mission de l’Esprit" dans le monde et dans cette Eglise de l’Allier.

DANS QUEL MONDE ?

Nous habitons un village situé dans un secteur rural (24 paroisses, avec deux petites villes) caractérisé par le vieillissement, l’exode, une situation économique inquiétante... Un secteur non christianisé : on y trouve une certaine "religiosité" à laquelle se mêle beaucoup de superstition, 2 à 3 % de pratique religieuse trop souvent réduite au culte, peu de chrétiens engagés.

Au départ, nous avons cherché à rejoindre les gens d’abord par le travail professionnel : celui que nous avons trouvé. Nous avons ainsi compris "de l’intérieur" cette orientation de notre Règle de Vie :

"Appelées à participer à l’oeuvre de l’Esprit, nous vivons simplement les réalités du peuple où nous sommes envoyées et nous partageons son destin".

Peu à peu nous avons été provoquées à une participation plus active

  • au niveau du travail (prise de responsabilités,. engagement syndical pour deux
    d’entre nous)
  • au niveau de la vie des villages (participation à la vie du Bureau d’Aide Sociale, aux fêtes, à diverses activités),

conscientes d’avoir souvent à "vivre la Mission par de simples gestes humains apparemment sans importance".

QUELLE MISSION ?

Appelées par les responsables du diocèse, nous avons eu d’emblée le sentiment d’être envoyées pour devenir, peu à peu, une certaine "présence d’Eglise" hors du "bâtiment église".

"créer de nouveaux espaces de Foi, d’invention apostolique"
Tout en ayant le sentiment d’en être encore à un commencement, nous sommes heureuses de participer ainsi, modestement !, à la construction d’une Eglise qui mise sur la fraternité, la communion, "une Eglise qui aime l’homme et partage ses préoccupations", en essayant d’être nous-mêmes "témoins d’un Dieu de Justice et de Tendresse".

Ce projet global nous a fait opter ensemble pour quelques points forts :

  • une grande attention, un intérêt porté à la vie concrète : l’écouter, la regarder et la partager tant en communauté qu’en équipe de religieuses en F.E.D.E.A.R. (Fédération d’Equipes Apostoliques de Religieuses), pour,

DECOUVRIR PEU A PEU l’ACTION DE DIEU DANS SON PEUPLE

  • Accueillir ce qui naît et marcher nous-mêmes au rythme du peuple, en acceptant son cheminement lent. Ce faisant,

EVEILLER PEU A PEU à UNE VIE d’EGLISE,

tout en étant reliées nous-mêmes à ce qui est "forces vives" dans le diocèse : C.M.R. (Chrétiens en Monde Rural), M.R.J.C. (Mouvement Rural de la Jeunesse Chrétienne), mais aussi partie prenante du "Mouvement pour un Monde Meilleur", au niveau du secteur.

Dans cet espace rural, le rythme des germinations nous rappelle l’importance du temps ; la terre nous dit aussi que "si le grain n’est pas enfoui, il reste seul".

Nous croyons très fort à tout ce qui fait cet humble "partage du destin", non pour "être comme" mais avec le secret désir de "chercher avec les femmes et les hommes de notre entourage" - collègues de travail, voisins, relations diverses - "le sens de la vie et d’éveiller à la question de Dieu".

A travers les engagements apostoliques que nous avons été conduites .à prendre progressivement (catéchèse, Mouvements d’A.C., Mouvement pour un Monde Meilleur, mais aussi C.C.F.D., Foi et Lumière, etc.) nous avons à coeur de "participer à 1a naissance et à 1a croissance de communautés animées par l’Evangile", oeuvre de l’Esprit, mais aussi de nous tous, dans la patience.

Pas DES "Missions individuelles" Mais UNE Mission communautaire

C’est pour nous, depuis le premier jour, une conviction clé.
Oh ! certes notre communauté n’est pas "idyllique" ; elle a connu et connaît des heurts, des tensions, mais ils sont traversés, dépassés par cette orientation fondamentale :

"Quelle que soit notre façon de participer à la Mission nous sommes LIEES LES UNES AUX AUTRES".

"Liées à celles que Dieu nous a associées".., disait un texte très fort de nos origines en Congrégation.

En conséquence, tous nos engagements sont réfléchis ensemble et portés par toutes ; cette référence à la communauté, jointe à l’interpellation de nos autres partenaires, est certes exigeante mais, depuis le début, nous en avons mesuré l’importance et la vivons comme l’un des lieux privilégiés de l’obéissance.

"Nous discernons entre nous, et avec d’autres croyants, le sens des appels de l’Esprit dans les réalités de notre engagement et de notre vie".

Nous croyons également très fort que notre communauté est le premier lieu de notre Mission. Cela était contenu dans la demande de l’Eglise de l’Allier. Nous y avons trouvé une consonance avec cette autre orientation de notre "Règle de Vie" :

"Nos communautés sont appelées à être ’maisons de charité’ (expression datant de nos origines),simples et ouvertes, insérées dans le peuple auquel nous sommes envoyées, elles sont une des réalités visibles de l’Eglise diocésaine".

Certes, ce projet est un "au-delà" et un "en avant de nous"...
Pourtant, regardant ces six ans et demi, nous croyons pouvoir nous dire "en marche".
Rien d’automatique pourtant ! Nous misons beaucoup sur la fidélité à quelques moyens ; ils s’ordonnent autour de trois pôles :

ACCUEIL, PARTAGE, PRIERE

Point n’est besoin de les détailler, disons qu’ils sont pour nous le lieu où se refonde sans cesse la "suite de Jésus-Christ" qui ne cesse de nous "envoyer"..
Appelées à "devenir des femmes de prière dans la Mission...
vivre une prière habitée par la vie, les soucis et les espoirs des gens..",

et cela dans un contexte oïl la référence explicite à Jésus-Christ est si peu fréquente ; nous ressentons en même temps l’importance d’une vie fraternelle dense ;

Est-il nécessaire de conclure ?

Disons que cette manière de vivre est pour chacune de nous une chance.
A travers sa simplicité, nous nous -sentons reliées aux premières Filles du Saint-Esprit qui, en 1706, voulurent

"vivre ensemble pour servir les pauvres, les malades, les enfants., faisant tout ce qui leur était possible pour qu’ils soient, ensemble, témoins de l’amour qui change le monde. Elles formaient une "Maison de Charité".

Il nous est bon d’incarner cette "expérience des origines" -vécue en Bretagne- dans cet espace rural de l’Allier, en lien fraternel avec d’autres religieux et religieuses.

Communiant à leurs propres charismes, nous croyons, comme l’écrivait Christiane HOURTICQ (1), que

"vivre une vie religieuse en plein monde peut être une façon de dire que quelque chose est changé dans notre monde où Jésus est venu et où l’on attend son retour".

* Communauté des Filles du Saint-Esprit - LAREQUILLE (Allier) [ Retour au Texte ]

l - JEUNES ET VOCATIONS, Avril 1984, p. 8.[ Retour au Texte ]