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Eglise et Vocations

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Dans les Institus : La Pastorale des Vocations chez les Filles de la Charité

Filles de la Charité, en Eglise nous portons le souci de l’Appel *

Un REVEIL...

1973 : Soixante Filles de la Charité réunies au cours d’un week-end de Pastorale des Vocations, entendent le Père VENIN, du Centre National des Vocations, leur dire :
"Autant je crois en la primauté d’une pastorale coordonnée des vocations, qu’on ne vit pas toute seule dans son coin, mais là où l’on est, avec d’autres.., autant j’estime utile que, dans une même famille religieuse, des soeurs qui participent à un même effort pastoral se retrouvent occasionnellement entre elles ; il me semble que c’est une sorte de lien qui doit exister pour des soeurs qui, dans une même famille spirituelle, participent à une pastorale des vocations".

Ces paroles confirment les soeurs dans la recherche déjà entreprise et les invitent à aller plus loin. Une petite équipe de soeurs en contact avec des jeunes se met en place peu à peu. Son but est de réfléchir à partir des expériences des unes et des autres, de se mettre à l’écoute des jeunes, de leurs attentes, et d’entraîner les communautés à un nouveau regard sur la pastorale des Vocations.

Dans cette équipe :

deux déléguées de chacune des six Provinces de France
la responsable de chaque étape de formation
une Visitatrice (1)
la Conseillère générale de langue française.

Des soeurs de Belgique et de Suisse, un prêtre de la Mission (2), responsable de la pastorale des Vocations pour sa congrégation, s’intégreront par la suite.

CHEMIN REALISE...

Cette équipe se réunit chaque année au cours d’un week-end. Le thème de travail est choisi en fonction du désir des provinces, des besoins du moment, en gardant le souci de progresser.

1975 : "l’éveil des vocations commence par l’éveil de la foi"

Il a paru important de redécouvrir ensemble les âges de la disponibilité de l’enfance.
Des monographies ont permis de "voir" comment était vécu, personnellement et communautairement, cet éveil de la foi et dans quel sens il fallait poursuivre.

1976 : Après l’éveil, c’est "l’approfondissement de la foi"

Une enquête a été menée par une cinquantaine de communautés locales, près de jeunes qui désiraient approfondir leur foi, afin de connaître leurs questions, leurs attentes.
La synthèse a mis en lumière des constantes, des interpellations qui ont remis en cause nos réponses personnelles et communautaires.

1977 : un pas de plus "l’accompagnement des jeunes en recherche de vie consacrée"

La réflexion s’est faite à partir d’un témoignage de jeune et des différentes expériences d’accompagnement ; elle a permis de dégager des critères de discernement.

1978 : Des nombreux contacts avec les jeunes se dégageait une préoccupation commune :
"LE MONDE DES JEUNES EVOLUE RAPIDEMENT, EN AVONS-NOUS CONSCIENCE ?
CE MONDE EST PAUVRE, PLUS QU’ON NE CROIT ; REJOIGNONS-NOUS REELLEMENT CES JEUNES ? QUE LEUR PROPOSONS-NOUS ?
DE QUELLE FOI SOMMES-NOUS TEMOINS AUPRES D’EUX ?"

1979 : Les soeurs proches des jeunes de l’Enseignement Technique ont provoqué une réflexion sur :
"Vocation et catéchèse",
Comment la catéchèse peut-elle être appelante surtout auprès de ces jeunes bien démunis ?
Ce fut une nouvelle interpellation sur le dynamisme de notre présence de vincentiens auprès des jeunes marqués par toutes sortes de pauvretés.

1980 : Dans un désir de répondre à des questions concrètes soulevées les années précédentes, et pour tirer profit du document réalisé sur les étapes de formation d’une Fille de la Charité (cf. revue VOCATION, n° 291, Juillet1980) (3) le thème retenu fut :
"Rôle et profil de l’accompagnateur"

1981-1982 : Des jeunes ont eu l’occasion de participer a différents temps forts proposés par l’Eglise et la Communauté : (Congrès Eucharistique, 4ème centenaire de la naissance de Saint Vincent). Nous avons entendu leurs appels, leurs attentes.
Ces rencontres ont permis également de découvrir la richesse du "travail" avec les prêtres de la Mission ; l’idée a surgi alors de proposer un week-end en Janvier 1982 avec le Père CUGNASSE ; cent vingt soeurs et prêtres de la Mission qui avaient le souci de répondre aux attentes des jeunes d’aujourd’hui, y ont participé.

THEME :
"LES JEUNES DE 1982 FACE AU MONDE ET FACE à la VOCATION ;
COMMENT REPONDRE A LEURS APPELS EN TANT QUE VINCENTIENS, EN EGLISE".

1985-1984 : Un second week-end, en Janvier 1984, a fait suite au premier, en mettant l’accent sur l’accompagnement de jeunes de plus de 17-18 ans, qui cherchent à discerner l’appel de Dieu dans leur vie, et plus précisément de ceux et celles qui se sentent appelés à être prêtres de la Mission ou Filles de la Charité ; le Père CUGNASSE était de nouveau parmi nous. Notre démarche s’illustrait par un "chemin" : .

- d’un côté, nos communautés avec leurs richesses et leurs limites, leurs recherches pour rejoindre les plus Pauvres,

- de l’autre, des jeunes avec des aspirations à un don plus total à Dieu, pour construire un monde meilleur.

Allons-nous pouvoir nous retrouver ? Et comment ? Que proposer pour permettre à ces jeunes d’aller plus loin dans le discernement de leur vocation

THEME :
"VINCENTIENS en Eglise, dans nos différents engagements, NOUS PORTONS LE SOUCI DE l’APPEL, pour que les Pauvres soient servis, et nous devenons davantage RESPONSABLES DE l’ACCOMPAGNEMENT des jeunes qui, aujourd’hui encore, entendent ce même APPEL DE DIEU".

Au cours de chacune de ces rencontres, une évaluation était faite sur ce qui avait été réalisé au niveau provincial, depuis l’année précédente ; à la fin du week-end des orientations et engagements étaient pris ; un compte-rendu écrit était ensuite envoyé à chaque participant et à toutes les Maisons de France. Pendant l’évaluation, l’attention était portée également sur les liens avec les Service Diocésains des Vocations.

Un APPROFONDISSEMENT...

Pour que ce cheminement se réalise, il fallait, progressivement, exorciser "certains démons", tels que :

- le DESINTERET signifié par des phrases comme celles-ci :
"Les vocations ce n’est pas mon affaire mais celle de spécialistes"
"La pastorale d’ensemble suffit ; pourquoi une pastorale des vocations ? pour tourner sur soi ?"
"La pastorale des vocations, c’est faire du recrutement".

- le DECOURAGEMENT traduit quelquefois par des réflexions de ce genre :
"Malgré la pastorale des vocations, les jeunes ne viennent pas davantage"
"Les jeunes d’aujourd’hui, peuvent-elles vivre notre vocation ?"
"Si une jeune me disait son projet de vie consacrée, son désir d’entrer dans la Compagnie, je ne l’encouragerais pas".

De telles réflexions ont disparu peu à peu, grâce aux efforts poursuivis et aux prises de conscience faites dans les différentes communautés. Les soeurs de plus en plus interpellées par ce service des vocations, comprenaient qu’il est une réelle participation à la mission de l’Eglise. Petit à petit, des CONVICTIONS se sont précisées, affermies ; soulignons-en trois :

1 - "LA PASTORALE DES VOCATIONS EST l’AFFAIRE DU PEUPLE DE DIEU TOUT ENTIER, C’EST D’ABORD POUR LA MISSION DE SON EGLISE QUE DIEU APPELLE".
"LE SERVICE DES VOCATIONS EST l’AFFAIRE DE QUELQUES-UNS MAIS LA PASTORALE DES VOCATIONS EST l’AFFAIRE DE TOUS".
C’est ainsi que "la prière pour les vocations" s’est élargie, est devenue plus "gratuite" ; qu’un plus grand nombre de soeurs ont collaboré avec les Services Diocésains des Vocations.

2 - "LA PASTORALE DES VOCATIONS COMMENCE PAR LE SERVICE DE NOTRE PROPRE VOCATION".
"ETRE FILLE DE LA CHARITE, C’EST ETRE DANS UNE VIE CONSACREE SPéCIFIQUE, ORIGINALE".
Cette prise de conscience est due essentiellement à l’effort de "retour aux sources" qui a marqué la compagnie ces dernières années. Sessions vincentiennes, montages audio-visuels, mise en valeur des documents d’archives, ont permis à chaque soeur de mieux connaître Saint Vincent, Sainte Louise, et d’être interpellée par la vigueur et l’actualité de leur spiritualité. Chacune a pu ainsi se re-préciser son identité de FILLE DE LA CHARITE, SERVANTE DES PAUVRES et mieux saisir la place spécifique de la Compagnie dans l’Eglise. Il devenait alors plus facile d’en parler, d’être plus confiante en l’avenir. "Comment une lampe éteinte pourrait-elle en allumer une autre ?"

De plus, au cours des diverses rencontres, il a été souvent rappelé que les ,jeunes ne perçoivent plus dans le monde d’aujourd’hui le véritable amour ; en conséquence, la qualité de notre vie communautaire, fraternelle, devait être le reflet de "l’Alliance vécue ensemble", dans la joie ; une communauté joyeuse où l’on s’aime est une communauté appelante.

Des soeurs témoignent que, là aussi, des "pas" se font :
"... Des temps forts avec les jeunes ont été possibles, uniquement par le partage communautaire à tous points de vue : la prière et l’offrande permanente des soeurs aînées, l’accueil des jeunes à la communauté, tels qu’ils sont, l’aide concrète de chacune... l’échange entre nous..."

3 - "LE LIEU PRIVILEGIE ET PEUT-ETRE UNIQUE, POUR RENCONTRER DES JEUNES, POUR LEUR OFFRIR LA POSSIBILITE DE SE DONNER, C’EST POUR DES VINCENTIENS, LE SERVICE DES PAUVRES".
C’est dans le compagnonnage d’un service avec les Pauvres, que les jeunes peuvent découvrir ce que sont la dynamique, l’esprit vincentien.
Le Père CUGNASSE a souvent dit :
"Organisez des chantiers St Vincent., le monde a besoin de passeurs.. embauchez des jeunes pour être avec vous des passeurs vers la Vie, vers le Christ...
.... Aujourd’hui les jeunes sont saturés de discours, ils ne croient guère aux paroles. Vous rendez-vous compte de l’atout-maître que vous avez en main avec les activités concrètes que vous pouvez proposer aux jeunes ?".

DYNAMISME POUR AUJOURD’HUI...

Au cours du chemin parcouru depuis onze ans, des propositions concrètes ont été faites, compte-tenu des attentes des jeunes et des convictions qui se précisaient pour nous. Voici quelques-unes des réalisations. Pour chacune d’elles il a fallu temps, patience, évaluations, attention à la vie et, surtout, Ecoute de l’ESPRIT :

des FORUMS regroupent les jeunes des L.E.P, pour une journée. Ces rencontres sont préparées à partir des thèmes répartis sur toute L’année et largement ouverts ; il s’agit de pré-catéchèse !
des GROUPES DE REFLEXION où des jeunes qui ont un projet de vie peuvent approfondir sérieusement ce projet, partager avec d’autres ; ces jeunes se retrouvent pour des week-ends et des camps. Les accompagnateurs, prêtres de la Mission et Filles de la Charité réfléchissent avec les Services Diocésains des Vocations ou Services Régionaux des Vocations.
des CHANTIERS permettent à des jeunes de vivre une expérience auprès des Pauvres en lien avec une communauté de Filles de la Charité, de prêtres de la Mission ou de laïcs vincentiens :
"Des jeunes d’une école ont proposé de venir trois jours par semaine, pendant le mois de Juillet pour prendre en charge les enfants du quartier qui ne partent pas en vacances ; c’est ainsi depuis trois ans.

En Juillet 1983, vingt-quatre jeunes ont accueilli ces enfants et animé les loisirs ; une centaine d’enfants de la cité d’urgence ont pu ainsi jouir d’une saine détente. Ces jeunes ont gardé le contact avec eux durant toute l’année"...

"Dans un autre secteur, des étudiants enseignent le français à des jeunes en difficulté, à des immigrés. Le but poursuivi est la préparation et l’adaptation à la vie scolaire, à la vie de travail, afin d’assurer une meilleure insertion sociale"...

"D’autres jeunes ont fait une chaîne d’amitié avec des personnes âgées, des enfants handicapés, des prisonniers". Citons une de leurs réflexions :
"Notre regard sur la prison ne sera plus général et abstrait ; nous avons découvert par notre correspondance avec les prisonniers, des personnes qui savent aimer".

Un CAMP à MONGESTY, dans le Lot. Depuis deux ans des jeunes essaient de "faire route avec Saint Vincent".
En 1983, trois objectifs :
des ACTIONS PONCTUELLES. Une journée de réflexion animée par le Père ZEVACO (prêtre de la Mission), évêque-médecin à Madagascar, a été proposée à des jeunes engagés dans le monde de la santé.
L’ACCUEIL des jeunes dans les communautés locales se réalise ici où là ; les propositions varient selon la demande des jeunes :

Pour les jeunes intéressées par la spiritualité vincentienne et qui ont déjà un projet de vie :

Une RETRAITE d’une durée de trois, quatre jours leur est proposée chaque année en juillet. Elle est organisée au niveau inter-provincial ; elle regroupe une dizaine de jeunes filles de 18 à .25 ans. Cette retraite comporte des temps de prière, de réflexion personnelle, des temps de partage. Chaque année un nouvel aspect de la spiritualité vincentienne est approfondi ; elle engage à un partage d’expériences et à une révision de vie.

Sur la route parcourue depuis onze ans, nous nous sommes senties plus d’une fois renvoyées à nous-mêmes, provoquées à une conversion, à une meilleure écoute des jeunes, à une réelle confiance en eux, à une action plus dynamisante.

Si le Seigneur veut bien passer par cet effort d’authenticité que nous poursuivons, il est des vocations qui pourront s’éveiller dans l’Eglise et pour le monde de demain :
"Ce que le Seigneur attend de vous, c’est cet effort pour être vraies dans l’humilité, la gratuité, la confiance... C’est LUI qui appelle" (Père VENIN, 1973)

La route de Saint Vincent s’est construite à partir de regards. Il a regardé les faits, les situations, surtout celles des Pauvres. Il a marché au rythme de la Providence. C’est "là" qu’il a trouvé son inspiration, qu’il a vécu ses "annonciations"...
Pour lui, DIEU HABITAIT LE MONDE. A nous aussi de VOIR, d’être inventifs

"L’AMOUR EST INVENTIF JUSQU’A l’INFINI", (St Vincent)

Notes : ------------------------------

1 - Visitatrice : Provinciale, dans une Congrégation religieuse [ Retour au Texte ]

2 - Prêtre de la mission, appelé communément Lazariste [ Retour au Texte ]

3 - Revue VOCATION "Former aujourd’hui", Juillet 1980 : il n’y a plus d’exemplaire disponible [ Retour au Texte ]

* Soeur Marie Bernard et un groupe de Filles de la Charité, au service de la Pastorale des Vocations [ Retour au Texte ]