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La Vie Religieuse Apostolique - exposé théologique
Soeur Christiane HOURTICQ
Supérieure Provinciale des Auxiliatrices.
Maître-Assistant à l’Institut catholique de Paris.
N.D.L.R.
Nous remercions le secrétariat de la Commission Episcopale de l’Etat religieux, de l’U.S.M.F. et de la C.S,M.F., de nous avoir autorisés à transcrire la conférence donnée par soeur Christiane HOURTICQ à la session des vicaires épiscopaux tenue à Francheville, sur la vie religieuse. On lira plus loin un compte-rendu de cette session, dans ce numéro de JEUNES ET VOCATIONS (1).
Dans son introduction, la conférencière soulignait d’abord le caractère ambigu et inadéquat du qualificatif "apostolique", quand on dit vie religieuse apostolique, parce que, notamment, la vie dite "contemplative" est apostolique et la vie dite "apostolique" est contemplative.
Elle contredistinguait ensuite la vie religieuse apostolique de la vie monastique : en ce sens d’abord que des activités au service du prochain sont un élément essentiel de la vie religieuse apostolique au point d’entraîner la suppression d’éléments constitutifs de la vie monastique ; en ce sens encore, que si le rapport au monde est toujours de présence et de rupture, la rupture n’est plus signifiée géographiquement, elle est intériorisée.
Enfin, après avoir fait l’option de parler exclusivement de la vie religieuse apostolique féminine, elle énonçait les trois parties de son propos que l’on va lire.
*
1 - La vie religieuse apostolique : une forme de vie religieuse dont la spécificité est à mieux cerner et appelle un effort d’approfondissement théologique.
La première constatation qui s’impose, c’est que la vie religieuse apostolique est une forme de vie religieuse. Or sur la vie religieuse en général nous disposons de tout un acquis théologique. Beaucoup de choses ont été dites par l’Eglise dans de grands textes. Je pense en particulier à Perfectae caritatis et au chapitre 6 de Lumen Gentium qui a tant contribué à resituer la vie religieuse dans le mystère total de l’Eglise. Mon intention n’est pas de reprendre les grands thèmes de la théologie conciliaire et post-conciliaire. La répétition paresseuse ou obstinée d’une théologie, si belle soit-elle, peut avoir des conséquences dommageables. Quand il s’agit du ministère ou de la vie religieuse, une telle répétition peut même entraîner de dangereuses crises d’identité. Car une théologie demande toujours un effort d’appropriation ou d’approfondissement. Surtout quand, comme c’est le cas ici, il s’agit d’une théologie trop générale, trop englobante, qui ne suffit pas à dire la spécificité d’une forme particulière.
De fait, la vie religieuse apostolique est une soeur cadette, et face à son aînée, la vie monastique, elle a eu, elle a encore du mal à affirmer son originalité.
L’histoire est témoin de cet apport difficile. Je crois utile de rappeler quelques faits qui sont autant de signes qu’une réalité neuve avait du mal à naître et à se dégager.
Rappelons-nous d’abord les cas où des projets de vie se sont heurtés à un refus ou à des difficultés telles que l’intuition originelle s’en est trouvée dénaturée. Je pense ici à Angèle Merici, à Mary Ward et, bien sûr, à la Visitation.
Rappelons-nous également les cas où des projets analogues ont resurgi latéralement, sous des formes moins menacées parce que les femmes qui s’y engageaient, évitaient de se prétendre religieuses. Je pense bien entendu aux Filles de la Charité et à tous les groupes de "Filles séculières" qui se sont multipliées aux XVIIème et XVIIIème siècles.
En ce qui concerne la reconnaissance de la vie religieuse apostolique féminine dans sa spécificité, le XlXème siècle mérite qu’on lui fasse une place à part. Ce fut un siècle de grande expansion et, sembleraitil, d’affirmation triomphante. A y regarder de plus près cependant, on s’aperçoit que plusieurs facteurs se conjuguaient pour rendre cette affirmation assez ambigüe. Parmi ces facteurs, il faut compter, d’abord et toujours, le poids du modèle monastique. Il me semble que, dans un contexte de restructuration plus ou moins imprégnée de romantisme, ce modèle a joué pour encourager la conventualisation croissante du style de vie qu’on observe dans la deuxième moitié du XlXème siècle, et au début du XXème. Peut-être l’influence du modèle monastique se faisaitelle d’autant plus sentir que la vie religieuse monastique était alors pour les femmes, la seule officiellement reconnue comme vie religieuse (puisque la seule à comporter des voeux solennels).
A la même époque, une autre ambiguité pesait sur la vie religieuse apostolique féminine, ambiguité paradoxalement liée à des conditions sociopolitiques trop favorables. S’il est vrai que l’histoire de la vie religieuse apostolique n’est pas à lire comme une suite de réponses à des besoins, il faut avouer que sur ce point, le XlXème siècle fait exception. Les besoins étaient immenses et les Congrégations y ont répondu massivement, avec l’appui du pouvoir politique, aboutissant pour la vie religieuse apostolique féminine, à une intégration sociale qu’on pourrait qualifier d’excessive. La condition féminine étant alors ce qu’elle était, la vie religieuse est devenue pratiquement la seule voie permettant aux femmes d’exercer une activité professionnelle dans le monde de l’éducation ou de la santé. Il s’ensuivait un risque de confusion entre vie religieuse et profession, entre vocation religieuse et vocation de soignante ou d’enseignante.
Si nous terminons ce rapide survol par un regard sur ce qui se passe aujourd’hui, nous apercevons un autre risque de confusion, cette fois-ci entre vie religieuse et ministère, entre vocation religieuse et vocation pour un service ecclésial. Le poids des besoins actuels de l’Eglise est tel qu’il est tentant de considérer la vie religieuse apostolique féminine comme une force pastorale d’appoint. Et il est vrai que, à quelques nuances près, la vie religieuse reste le seul véritable support institutionnel existant pour des femmes qui veulent se mettre au service de l’Eglise. Cette situation pèse sur l’identité de la vie religieuse apostolique féminine et comporte pour elle, à l’intérieur même de l’Eglise, un risque d’instrumentalisation.
Je viens de faire un rapide détour par l’histoire pour montrer que la vie religieuse apostolique féminine est une forme de vie religieuse dont l’originalité a fait effort et doit encore faire effort pour se dégager.
Je voudrais maintenant développer le même thème, en prenant les choses du point de vue non plus de l’histoire, mais de la théologie.
Au plan théologique, la vie religieuse apostolique n’est pas encore pleinement reconnue dans sa spécificité. Reprenant une analyse faite par le Père DORTEL-CLAUDOT, je dirai que "la théologie conciliaire et postconciliaire de la vie religieuse est plus directement applicable à la vie purement contemplative". Dans cette théologie de la vie religieuse, on insiste beaucoup sur sa fonction de signe prophétique, et sur le fait qu’elle remplit cette fonction par le moyen de ruptures fondamentales et par la vie en communauté. Pas d’objection à cela, "mais les tâches du religieux apostolique se trouvent rejetées un peu en dehors de cette perspective théologique" (2).
On pourrait montrer par une analyse de nombreux documents combien la prévalence du modèle monastique se fait sentir. Schématiquement, cette prévalence peut être repérée à plusieurs signes :
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Le premier de ces signes est une exaltation sans réserve de la vie religieuse dite contemplative. Sur ce point, on ne peut qu’être profondément d’accord.
- Le deuxième signe consiste en une tendance à parler du rapport entre union à Dieu et action dans la vie apostolique selon un thème qui oppose intérieur et extérieur, et qui valorise ce qui relève de l’intériorité.
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Un troisième signe apparaît dans les mises en garde adressées aux religieuses de vie apostolique. L’action est alors présentée comme ce qui les met en contact d’un monde à la fois dangereux et séduisant, dont l’influence peut entraîner des déviations par rapport aux exigences de leur vocation.
Il ne s’agit en aucune façon de nier ce qu’il y a de vrai dans tout cela. Mais, à s’en tenir là, on risque de maintenir les religieux de vie apostolique dans un certain malaise, un certain tiraillement, et finalement dans un certain doute sur le sens profond de leur vocation propre.
C’est ainsi qu’en lisant le document sur LA DIMENSION CONTEMPLATIVE DE LA VIE RELIGIEUSE, bien des religieux de vie apostolique ont eu le sentiment que la spécificité de la vocation propre n’était pas suffissamment mise en valeur.
Un tel sentiment vient confirmer la nécessité d’un effort d’approfondissement théologique. Cet effort, les religieuses de vie apostolique sont conscientes qu’elles doivent contribuer à le fournir. C’est bien pour cela que l’Union Internationale des Supérieures Générales (U.I.S.G.) a mis en place un groupe d’étude dont le travail a été rendu public en Mai 1983 sous la forme d’un document de base intitulé : REFLEXIONS THEOLOGIQUES SUR LES FONDEMENTS ET LES CARACTERES DISTINCTIFS DE LA VIE RELIGIEUSE APOSIOLIQUE. Et ce document a servi de point d’appui aux travaux de l’Assemblée Plénière de l’U.I.S.C. qui avait précisément pour thème : "La spiritualité apostolique : en vue du Règne de Dieu" où apparaît la conscience claire qu’une théologie est "à faire" (n° 16-17-18).
Je parlais d’une théologie "à faire". Pour être juste, je devrais plutôt parler d’une théologie en train de se faire. Les travaux de l’U.I.S.C en sont une preuve. La présente session en est une autre.
Mais je voudrais insister sur le principal lieu où se fait actuellement la théologie de la vie religieuse apostolique. Je veux dire le travail réalisé à l’intérieur des différents Instituts pour retrouver la source, l’intuition originelle, et pour rédiger aujourd’hui des Constitutions fidèles à cette intuition. Nous assistons en ce moment à toute une floraison de textes. Sans doute peut-on regretter trop souvent l’adoption d’un langage un peu répétitif, trop marqué par une certaine mode et les slogans en vogue. Mais il serait injuste de s’arrêter à ces scories et de ne pas reconnaître la réelle beauté et la profondeur de beaucoup de textes. La somme d’énergies mobilisées est considérable, et les intuitions originelles que l’on retrouve dans leur jaillissement se révèlent souvent beaucoup plus vigoureusement et plus nettement apostoliques qu’une certaine uniformisation inspirée par le modèle conventuel ne le laissait supposer. Le résultat c’est qu’un certain nombre de religieuses de vie apostolique sont en train de redécouvrir, de façon plus claire et plus confiante, la valeur et la spécificité de leur vocation propre.
2 - Quelques réflexions en vue d’une théologie qui manifeste mieux l’originalité de la vie religieuse apostolique
On vient de voir comment, malgré les difficultés, une telle théologie est en train d’émerger. Avant de poser quelques jalons sur la voie où, me semble-t-il, cette théologie doit s’engager, je voudrais dire quelques mots de l’importance et des enjeux d’une telle entreprise.
A propos de l’Eglise ou de la vie religieuse, on entend souvent poser la question de la visibilité et des formes qu’elle peut prendre.
Cette question de la visibilité est assurément très importante, pour la vie religieuse comme pour l’Eglise. Mais elle ne se pose pas exactement dans les mêmes termes dans un cas et dans l’autre. L’Eglise a beaucoup parlé d’elle, à Vatican II et depuis. Dans ces conditions, il est très heureux qu’elle se préoccupe non seulement de la vérité des paroles qu’elle prononce, mais aussi de la vérité des signes concrets et visibles, effectifs, qu’elle pose. Parole et signe vont de pair.
Dans le cas de la vie religieuse, la question de ia visibilité se pose en des termes différents car il manque une parole de la vie religieuse apostolique féminine sur elle-même. Et il est bien difficile de°savoir ce qu’on veut signifier et, a fortiori,comment le signifierquand une certaine venue au langage, quand une certaine prise de parole n’a pas eu lieu. Beaucoup de religieuses de vie apostolique portent au fond d’elles-mêmes la conviction de vivre une expérience singulière, importante pour la vie de l’Eglise, mais il leur manque "les mots pour le dire" et par le fait même, elles se sentent désarmées pour rechercher les formes d’une visibilité signifiante.
Une autre raison, plus radicale, rend nécessaire un effort d’approfondissement théologique concernant la vie religieuse apostolique. Cette raison, c’est que le discours sur le Christ se fait aussi et surtout à partir de ce que vivent ceux qui se mettent à sa suite. Il y a, si l’on peut dire, une "christologie pratique" qu’il ne faut pas abandonner à la seule spiritualité, en tant qu’elle serait séparée de la théologie.
Dans son petit livre int.itulé UN TEMPS POUR LES ORDRES RELIGIEUX ?, le théologien J.-B. METZ l’a dit avec force :
"Le Christ est.., une ’voie’. Toute tentation pour le ’savoir’, pour le ’comprendre’ est donc toujours un ’marcher’, un suivre... La pratique de la suite est elle-même une partie centrale de la christologie... Il faut toujours penser le Christ de telle sorte qu’il n’est jamais exclusivement pensé. La christologie n’est pas seulement un enseignement sur la suite de Jésus, elle se nourrit, au prix de sa vérité propre, de cette suite pratique. Elle exprime par essence un savoir pratique... Le savoir christologique ne se constitue et ne se transmet pas avant tout dans le concept, mais dans les récits racontant la suite de Jésus. Il a donc nécessairement un aspect narratif et pratique". (3).
Ainsi, toute l’histoire de la sainteté chrétienne, toutes les formes de vie religieuse qui sont autant de manières de suivre le Christ sont des paroles sur le Christ, et il est très important qu’elles trouvent leur expression théologique si l’on veut que le christianisme trouve son "identité pratique", selon une expression qui est encore de J.-B. METZ.
Une dernière raison plaide en faveur d’un approfondissement théologique concernant la vie religieuse apostolique. Cette dernière raison tient au fait que cette forme de vie correspond à un besoin urgent de notre monde. Il semblerait que spontanément l’intérêt de nos contemporains se porte vers des extrêmes : soit vers la vie monastique, à cause du caractère abrupt des ruptures qu’elle pose ; soit vers des formes du service du prochain où le dévouement prend un caractère radical, hors du commun. Mais je pose la question : ce dont notre monde a besoin, n’est-ce pas que des options, des ruptures évangéliques s’inscrivent au coeur de luimême, dans le respect de sa quotidienneté et de toutes les réalïtés qui le constituent ?
Il ne suffit pas de dire la nécessité ou l’importance d’une entreprise, il faut encore s’y risquer. C’est pourquoi je vais m’efforcer de cerner le principe d’unité d’une théologie de la vie religieuse apostolique.
Disons d’emblée que ce principe d’unité n’entraine aucune uniformité. Il rend possible des réalisations très diverses et se retrouve derrière de multiples figures. Il y a DES vies religieuses apostoliques. Ce que j’en dirai sera de tonalité ignatienne, puisque telle est la tradition de l’Institut auquel j’appartiens. Mais l’essentiel vaudra, me semblet-il, pour l’ensemble des formes de vie religieuse apostolique.
Il est vrai qu’une forme de vie religieuse vise toujours à témoigner de l’absolu de Dieu. Il est non moins vrai qu’elle se caractérise toujours par un certain rapport au monde, même lorsqu’il s’agit d’une séparation.
Pour la vie religieuse apostolique, j’ai parlé d’un rapport fait à la fois de présence et de rupture intériorisée. Rupture intériorisée et non pas abrupte, car il s’agit de rester au milieu des hommes pour y exercer des activités à leur service. Je résiste à parler de "vie religieuse active" parce que cette expression risque de réduire l’essentiel de cette vie aux gestes posés, aux activités exercées. Il n’en reste pas moins que ces gestes, ces activités sont essentiels à cette forme de vie, en tant précisément qu’elle est une forme de vie religieuse.
Cette vie est inséparablement témoignage rendu à l’absolu de Dieu, union à Dieu et service effectif du prochain. C’est cela qu’il s’agit de penser non comme la juxtaposition ou le mélange de plusieurs éléments mais dans l’unité.
Une remarque préalable peut nous y aider. Elle concerne le caractère spécifiquement chrétien d’une telle forme de vie religieuse. Le monachisme se retrouve dans les autres grandes traditions religieuses de l’humanité. Mais le projet de vivre au coeur du monde une vie totalement consacrée à Dieu, a ses racines dans la spécificité de l’Evangile et du christianisme. Ce projet est d’ailleurs dans le prolongement de la vie chrétienne elle-même, telle que la décrit par exemple l’EPITRE A DIOGNETRE. Qu’une vie religieuse soit possible en plein monde est une parole sur la relation entre Dieu et le monde. Le Dieu dont on cherche à faire l’expérience, le Dieu dont on témoigne, c’est le Dieu de JésusChrist entré dans notre monde et dans notre histoire pour les sauver. Vivre une vie religieuse en plein monde est une façon de dire que quelque chose est changé dans notre monde où Jésus est venu et où l’on attend son retour.
Dans ces conditions, la vie religieuse apostolique doit être inséparablement présence au monde et expérience de Dieu. Un tel projet de vie religieuse s’éloigne de son intention profonde s’il est vécu dans le tiraillement, l’écartèlement. C’est une unité qui est visée. Et fondamentalement une telle unité ne peut procéder que de l’union au Christ incarné, envoyé du Père pour servir en ce monde. L’union à la personne du Christ et la conviction de participer à sa mission sont inséparablement liées comme sont indissociables la personne et la mission dans le Christ lui-même. C’est bien ainsi que le document de base publié par l’U.I.S.C. détermine la spécificité et le principe d’unité de la vie religieuse apostolique (cf. n°19).
A la suite du Christ, la religieuse de vie apostolique est envoyée. Cette dimension passive de sa vie, qui est l’accueil d’une mission, est inséparable d’une action, qui est effort pour rejoindre ceux auxquels elle est envoyée. Elle reçoit de participer à la mission du Christ et à son mouvement d’incarnation. L’unité visée n’est pas un alliage de contemplation et d’action, mais une unité simple : rejoindre dans les situations les plus variées ie mouvement même du Christ obéissant à son Père et livré pour nous.
Ce mouvement conduit à porter sur l’humanité le même regard que le Christ et à l’aimer comme le Christ l’a aimée. Suivre le Christ venu dans notre monde pour servir et sauver, c’est accepter que s’opère au plus profond de soi et dans ses comportements le renversement évangélique des valeurs. C’est alors que l’on reconnait le privilège évangélique des petits et des pauvres.
Ces petits, ces pauvres, on se met à leur service, on s’emploie à les guérir, comme le Maître l’a fait. J’ouvre ici une parenthèse pour dire qu’il y aurait sans doute beaucoup à découvrir grâce à un effort d’approfondissement théologique concernant ce qu’on appelait les "oeuvres de miséricorde corporelles". Jésus n’a pas seulement parlé. Il a aussi posé des gestes qui consistaient à toucher ou à rejoindre autrui dans son corps, pour le guérir, le laver, le nourrir. Aujourd’hui la pratique des nouvelles lectures des textes évangéliques, les progrès de l’anthropologie, une réflexion renouvelée sur le corps ou sur les symboles auraient sans doute beaucoup à apprendre à la théologie sur le sens des activités dites caritatives.
Soigner, guérir n’est pas la seule façon de servir. Toujours à la suite du Maître, les religieux de vie apostolique désirent que la Bonne Nouvelle soit annoncée, mais aussi ils se réjouissent de reconnaître que déjà les pauvres et les petits l’ont accueillie et en vivent : "Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents, et de l’avoir révélé aux tout-petits", (Mt 11, 25 - Lc 10, 21).
Il faut encore aller plus loin. Le mouvement du Fils, envoyé du Père, c’est de rejoindre les hommes au point de s’identifier à eux. Suivre ce mouvement jusqu’au bout conduit à reconnaître le Christ lui-même et à le servir, lui, dans les petits et les pauvres. Ce que vous avez fait, "chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait", dira le Fils de l’Homme quand il viendra comme un roi (Mt 25). Toute l’histoire de la vie religieuse apostolique témoigne du sérieux et de la force avec lesquels ce texte a été entendu. Le pauvre est accueilli, soigné, visité, secouru, avec amour et respect, parce qu’on voit en lui le Seigneur. On peut s’étonner que le chapitre 25 de l’Evangile de Matthieu, qui dit des choses si fortes sur l’identité entre le Fils de l’Homme ou le roi et les plus petits, ait tenu si peu de place dans l’élaboration de la christologie classique. Mais il en a tenu une considérable dans cette christologie pratique, oeuvre de ceux qui se mettent concrètement à la suite du Christ.
On le voit, la vie religieuse apostolique est à la fois et d’un même mouvement une vie tout entière consacrée à Dieu et une vie tout entière donnée aux frères. En théologie chrétienne, il est toujours de mauvaise méthode de considérer que ce qui est donné à Dieu est retiré aux hommes et vice versa. Dans la vie religieuse apostolique, le service du prochain est, comme tel, service de Dieu et non pas seulement occasion de servir Dieu à travers les frères.
Après avoir tenté d’esquisser le mouvement d’union au Christ qui fait l’unité d’une vie religieuse apostolique, je voudrais dire quelques mots de ce que cela implique concrètement.
On l’a vu, il s’agit d’une forme de vie religieuse entièrement unifiée par la mission accueillie et mise en oeuvre. Une telle vie suppose des choix car elle a sa cohérence propre. Pour une religieuse de vie apostolique, le monde est non seulement le lieu de l’action et du témoignage mais le lieu de l’appel à la conversion personnelle la plus radicale.
S’il est vrai que l’union à Dieu et l’action dans le monde sont inséparables, le sommet d’une telle vie, si l’on peut dire, c’est l’action accomplie dans une parfaite union aimante à Jésus-Christ, envoyé du Père et nous communiquant son Esprit. Il est bien évident qu’une telle union est impossible sans des moments prolongés de prière. C’était déjà vrai pour Jésus lui-même ! Mais en un sens la prière est une activité parmi d’autres : on lui consacre un temps précis. Comme activité particulière, la prière est irremplaçable, car elle a pour objet propre d’accueillir l’initiative de Dieu. Mais c’est toute la vie, dans ce qu’elle a de quotidien, de profane, qui est "culte en esprit et en vérité", (cf. Rom. 12, 1-2 et Col. 3, 17). Il n’y a pas la liturgie ou la contemplation d’une part et le reste de la vie d’autre part. Inutile de souligner l’importance d’une telle affirmation à une époque où l’on retrouve l’importance des liens qui unissent culte et morale, liturgie et éthique.
Ce qui vient d’être dit vaut pour toute vie chrétienne, et pour la vie monastique elle-même. Mais chacun, chacune doit le vivre d’une façon, cohérente avec sa vocation propre. Pour la religieuse de vie apostolique, il convient que l’action dévoreuse de temps et d’énergies soit le lieu même d’une très profonde union à Dieu. Pour parvenir à cette unité, il faut mettre en oeuvre des moyens adaptés.
DOM LOUF a parlé du désert comme d’une structure fondamentale de l’Eglise, et nous a décrit l’expérience de la crise et du "brisement de coeur" comme ce qui permet de renaître par grâce. Il nous a fait entrevoir comment une telle expérience se déploie dans le cadre d’une vie monastique.
Sous des formes différentes, il faut que quelque chose d’analogue se produise pour qu’une véritable vie religieuse apostolique soit possible. Il faut avoir goûté quelque chose du fait d’être donné à soi-même et d’être sauvé, il faut que soit touché en nous ce lieu de la plus grande vulnérabilité qu’on pourrait appeler le coeur, pour que, dans la vie courante, le rapport entre union à Dieu et action soit une union aimante des volontés. Sinon nous serons des religieux résignés et des tâcherons sans joie.
C’est ainsi que dans la vie religieuse apostolique, la formation initiale prend une grande importance : c’est le temps des ruptures, le temps où les Instituts visent à structurer les personnes en les introduisant à une expérience spirituelle vigoureuse et en les initiant à la pratique du discernement. Evoquer les moyens qui sont à mettre en oeuvre par la suite serait trop long. Disons seulement qu’il est très important que les religieuses de vie apostolique puissent faire régulièrement le point, dans un dialogue vécu en vérité.
Une preuve concrète que la vie s’unifie progressivement autour de la mission, c’est qu’une religieuse de vie apostolique, âgée ou malade, ne devient pas pour autant une moniale : ses réactions, ses conversations, sa forme de prière montrent qu’elle reste en mission, en lien étroit avec celles qui sont à l’oeuvre sur le terrain.
3 - Une forme de vie religieuse dont l’originalité est à vivre concrètement dans le monde et dans l’Eglise
Un effort de réflexion théologique sur la vie religieuse apostolique ne peut ignorer le contexte dans lequel cette forme de vie vient s’insérer.
On l’a vu, les religieuses de vie apostolique optent délibérément pour la présence au monde. De ce fait même, un certain nombre de questions se posent, car il y a plusieurs formes possibles de présence au monde.
Nous ne pouvons nous contenter de croire qu’être présent au monde consiste à s’habiller comme tout le monde, travailler comme tout le monde, ou même se syndiquer comme tout le monde... Les religieuses de vie apostolique doivent s’interroger bien plus profondément sur ce monde dans lequel elles vivent et auquel elles sont envoyées. Elles doivent vouloir consciemment leur type de présence, quitte à vivre dans la souffrance d’un écart, ou à prendre parti activement pour une transformation des conditions historiques. .
Quand règnent l’exploitation et l’injustice, peut-on suivre Jésus-Christ venu dans notre monde pour le sauver, autrement qu’en s’engageant pour
la justice ? Telle est la grande question que l’état du monde et des prises de conscience de plus en plus vives posent aux chrétiens d’aujourd’hui et plus particulièrement aux religieux. C’est ainsi que nos Instituts ont tous connu, sous des formes diverses, cette vague de fond qui les a poussés à s’interroger sur leur solidarité réelle avec les plus pauvres et sur leur façon de travailler à promouvoir un monde plus juste. Un indice parmi d’autres de cette vague de fond est le document romain RELIGIEUX ET PROMOTION HUMAINE. La place centrale du pauvre a été mieux reconnue. Il s’en est suivi, dans beaucoup d’Instituts, une mobilité accrue et même de grands déplacements, des engagements courageux pour se placer aux côtés des pauvres ou militer en leur faveur. Sur ce point l’Amérique Latine a joué un rôle moteur dans l’Eglise et dans beaucoup d’Instituts.
Mais cela ne va pas sans problèmes, surtout dans les Instituts internationaux et pluri-culturels. Il ne suffit pas de dire "service des plus pauvres", "engagement pour la justice". Car qui est pauvre ? Est-ce celui qui n’a pas de quoi vivre ? ou celui qui a perdu le sens de la vie ? En occident nous vivons dans un monde sécularisé, éclaté, où nous faisons l’expérience de l’absence de Dieu.N’est-ce pas dans ce monde que les religieux doivent se rendre présents pour signifier efficacement que l’Evangile est pour tous, et que la Bonne Nouvelle apportée par JésusChrist est destinée à traverser l’épaisseur de toutes les réalités humaines ?
Le désir de rejoindre, à cause de l’Evangile, des lieux où se pose de façon radicale, quoique souvent très obscure, la question du respect de l’homme et du sens de sa vie, a poussé les religieuses de vie apostolique à prendre des engagements très divers. Un grand nombre d’entre elles, quittant leurs oeuvres ou leurs institutions traditionnelles, se sont retrouvées dans des situations humaines et professionnellement variées. Ce déplacement rend nécessaire une réflexion renouvelée sur le caractère communautaire du témoignage rendu par les religieuses de vie apostolique.
Dans le passé beaucoup d’Instituts avaient leurs oeuvres propres. Et pourtant une communauté religieuse n’est pas d’abord un "groupe à tâche" Aujourd’hui on assiste à une dispersion et à un éclatement plus ou moins grands. Comment alors maintenir ce principe fondamental que la vie religieuse est communautaire jusque dans sa façon d’être apostolique ?
Une solution consiste à insister sur l’oeuvre propre (ce qui ne veut pas dire nécessairement prise en charge d’une institution).
Pour ma part, je ne crois pas que cette insistance sur l’oeuvre propre apporte une solution suffisante au problème posé. Elle me semble ne pas faire assez la différence entre ce qui est collectif et ce qui est communautaire. Mais surtout elle me parait marginaliser les soeurs qui ne collaborent pas à l’oeuvre propre, pour des raisons parfaitement légitimes, authentifiées par les supérieures et souvent encouragées par l’Eglise locale. Selon le Père DORTEL-CLAUDOT "établir un projet apostolique ne portant pas seulement sur les problèmes rencontrés en dehors des heures de travail est la quadrature du cercle dans une communauté où la polyvalence est au cube ou au carré. On exerce des métiers différents dans des lieux diamétralement opposés et on y est en contact avec des mondes sociologiquement différents". (4).
Mon expérience personnelle de travail, de vie communautaire et de gouvernement me pousse à dire que c’est réellement difficile, mais que ce n’est pas impossible.
Cela suppose, il est vrai, une certaine conception de la vie communautaire et du mode d’appartenance à un corps apostolique. Selon les Instituts, il existe des sensibilités très différentes concernant le rapport entre communauté et mission. De ce point de vue, l’écart est grand entre la tradition dominicaine et la tradition ignatienne. Pour ma part, je regrette que la théologie française contemporaine de la vie religieuse ait été un peu trop exclusivement marquée par l’influence dominicaine. Il est des traditions où le fait d’être envoyée crée un lien plus fort que la cohabitation, et où la communauté est d’abord un lieu de soutien mutuel pour vivre la dispersion entraînée par l’envoi en mission. Même si une religieuse s’engage à titre individuel, ce qui est très important, c’est qu’elle ne fasse pas son affaire, qu’elle ne soit pas à son compte. Pour qu’il en soit ainsi des conditions très exigeantes sont à remplir : clarté avec laquelle on la reçoit et on en rend compte, ouverture avec laquelle on en parle aux autres membres de sa communauté ou de son Institut, simplicité avec laquelle sur son lieu de travail on parle de son appartenance à une communauté (si c’est possible), liberté avec laquelle on est prête à laisser son activité pour être envoyée ailleurs ou pour rendre un service à l’intérieur de l’Institut. Sachons reconnaître honnêtement que ces conditions sont rarement toutes parfaitement remplies, mais qu’un idéal soit difficile à atteindre n’est pas une raison pour ne pas y tendre.
Insérée dans le monde, la vie religieuse l’est aussi dans l’Eglise.
En un sens, la vocation religieuse apostolique peut s’exprimer dans les mêmes termes que la vocation de l’Eglise : communion, diaconie, témoignage. De fait, dans ses documents officiels, l’Eglise place la vie religieuse au coeur de sa propre vie. Je pense bien entendu au chapitre 6 de LUMEN GENTIUM, mais aussi au paragraphe 18 d’AD GENTES, qui montre combien la vie religieuse est normalement liée à l’aile mobile et missionnaire de l’Eglise en exode vers des terres étrangères. Théoriquement donc, la place de la vie religieuse est au coeur de l’Eglise.
Mais à prendre les choses historiquement, canoniquement, concrètement, on s’aperçoit que tout n’est pas si simple.
Ainsi, dans beaucoup d’Instituts, il est traditionnel de valoriser la disponibilité pour la mission universelle de l’Eglise. De ce fait, le statut d’une religieuse appartenant à l’un de ces Instituts est profondément différent de celui d’une "militante". La militante se sent d’abord solidaire du milieu où elle vit et travaille. La religieuse, sans nier l’importance d’une telle solidarité, se tient prête à être envoyée dans un autre contexte ou un autre pays. Parfois même elle en porte le désir au fond d’elle-même. Il s’ensuit une mobilité, une disponibilité qui signifient dans l’Eglise locale la réalité et l’appel de l’Eglise universelle, mais qui nécessitent parfois des ajustements un peu laborieux. Pour que les choses se passent bien, il faut qu’il y ait
concertation entre l’Eglise locale et l’Institut, entre l’Evêque et la Supérieure Majeure. Depuis la publication de MUTUAE RELATIONES, beaucoup de progrès ont été réalisés dans le sens d’une meilleure collaboration. Quand les tâches ont un caractère pastoral, il existe une étroite imbrication entre le rôle de l’Evêque et celui de la Supérieure Majeure. C’est la Supérieure Majeure, au nom de l’Institut, qui envoie en mission soeurs et communautés, mais c’est l’Evêque ou son délégué qui confie telle mission précise. Et, alors même qu’une religieuse accomplit la mission que lui a confiée l’Evêque, c’est la Supérieure Majeure qui reste responsable de la vie religieuse de la soeur, dans sa globalité et sa cohérence. C’est la Supérieure Majeure qui doit continuer à s’assurer que l’équilibre est maintenu entre les activités exercées, et la vie de prière, la vie communautaire, la fidélité à la tradition de l’Institut, sans parler de la nécessaire détente et des relations diverses.
S’il est vrai que des grands pas ont été faits dans la concertation entre diocèses et Instituts, notamment en ce qui concerne la prise en charge de tâches pastorales, il est permis de penser que la communication pourrait et devrait aller plus loin entre d’une part les Eglises locales et les différentes communautés chrétiennes et d’autre part les religieuses exerçant une activité professionnelle et participant de multiples manières à la vie de la cité. Sur ce point je me permets de citer la présidente de l’U.S.M.F. :
"Tout engagement d’une religieuse dans un travail, une vie professionnelle, a une portée pastorale. Dans un effort d’incarnation et de communion à la vie d’un peuple, par le souci de se rendre proches de réalités souvent dures où règnent des situations d’injustice, les religieuses veulent manifester que Dieu voit les détresses des siens et veut les sauver. Par la présence dans un milieu de travail ou de vie où l’Eglise n’est pas, elles font pénétrer l’annonce de l’Evangile et rappellent à l’Eglise la conversion à laquelle elle est appelée au contact de la non-foi...
Au niveau de l’Eglise locale, il n’a pas été trouvé, en général, de structure de dialogue satisfaisante pour intégrer les découvertes que font les religieuses au contact des réalités qui sont loin de l’Eglise, ni pour que les communautés et les religieuses se sentent interpellées par les orientations du diocèse où elles vivent". (5).
Conclusion
Au terme de cette réflexion, je risque une question : quel est l’avenir de la vie religieuse apostolique féminine ? Cette soeur cadette, dont l’enfance a été difficile, dont l’adolescence a connu une croissance peut-être trop brusque, ne serait-elle pas atteinte de sénilité précoce et vouée à une mort prématurée ?
La conviction que cette forme de vie religieuse correspond à un besoin urgent de notre monde me fait envisager l’avenir de façon beaucoup moins pessimiste, mais avec une claire conscience qu’il faudra y mettre le prix.
Une première condition pour avancer est de ne pas craindre les risques. L’ampleur des mutations que nous vivons nous expose a des tâtonnements et à des erreurs. Ce qui a été fait trop vite et maladroitement depuis Vatican II, ce qui donc a partiellement échoué, ne condamne pas l’intuition profonde qui était derrière ces tentatives : celle de trouver des formes d’une vie religieuse apte à rejoindre et à servir les hommes de notre temps.
Mais, s’adapter, prendre des risques ne mène nulle part sans la volonté de tenir les quatre grandes fidélités dont parle le document Religieux et promotion humaine :
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Fidélité à l’homme et à notre temps, car ce qui est porteur d’avenir dans la vie religieuse procède toujours d’une intuition décisive concernant le rapport au monde, en une époque donnée.
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Fidélité au Christ et à l’Evangile, car la vie religieuse apostolique renonce à son identité même si la présence au monde n’y est le lieu d’une profonde expérience de Dieu.
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Fidélité à l’Eglise et à sa mission dans le monde, car un groupe reliligieux qui s’éloigne de la grande Eglise devient une secte insignifiante.
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Fidélité à la vie religieuse et au charisme du propre Institut, fidélité qui suppose non seulement une réflexion approfondie sur la vie religieuse en général, mais encore une attention renouvelée pour que soit reconnue la cohérence propre de chacune des figures prises par la vie religieuse apostolique.
NOTES------------------------------
1) Le compte-rendu complet de la session de Francheville, avec tous les textes, va paraître sous le titre "Vie Religieuse et Perspectives Missionnaires". On peut se le procurer au : Secrétariat de l’U.S.M.F.- 10, rue Jean Bart - 75006 PARIS [ Retour au Texte ]
2) Michel DORTEL-CLAUDOT s.j. - LA VIE RELIGIEUSE APOSTOLIQUE - Cours polycopié - Centre Sèvres 1979 - pages : 49-50. [ Retour au Texte ]
3) Johann-Baptist METZ - UN TEMPS POUR LES ORDRES RELIGIEUX ? Cerf 1981 - pages : 33-34. [ Retour au Texte ]
4) Cours polycopié - Centre Sèvres - page 63. [ Retour au Texte ]
5) Soeur France DELCOURT - UN TEMOIGNAGE POUR l’ASSEMBLEE DES EVEQUES Lourdes 1983 - pages : 74-76. [ Retour au Texte ]