Suivre le Christ, envoyé du Père dans la Mission de Salut. La Vie Religieuse Apostolique dans l’Eglise


Damien SICARD *

Dans son Assemblée Plénière de Lourdes en Novembre 1983, la Conférence des évêques de France a voulu ouvrir pour les deux années qui viennent le dossier de la VIE RELIGIEUSE et de son rôle dans les perspectives missionnaires de l’Eglise en notre pays.

Le Service National des Vocations a, depuis bien longtemps et sous de nombreuses formes, invité nos Centres Diocésains, nos équipes et les lecteurs de "VOCATION" à écouter des témoignages, analyser, réfléchir, discerner la vie religieuse et les vocations religieuses dans nos communautés chrétiennes (1). Cependant l’année 1983 a vu paraître à Rome deux documents importants qui méritent de retenir l’attention car ils invitent à renouveler le regard du théologien et du pasteur sur la Vie Religieuse apostolique et sa place dans l’Eglise.

L’un de ces documents intitulé "Réflexions théologiques sur les fondements et les caractères distinctifs de la Vie Religieuse Apostolique", a pour auteur un groupe d’étude composé de cinq religieuses et de quatre religieux, tous théologiens et, pour la plupart, Supérieurs généraux, constitué à Rome à l’initiative de l’Union Internationale des Supérieures Générales.
Travaillé en dialogue avec toutes les Supérieures Générales du monde, durant les années 1979-1983, ce "Document de base" (D.B.) servit de canevas de réflexion aux 760 Supérieures Générales réunies à Rome du 10 au 13 Mai 1983 (2).

Le deuxième document émane de la Sacrée Congrégation pour les Religieux et les Instituts séculiers.
Annoncé par le Saint Père dans une lettre aux évêques des Etats-Unis d’Amérique en date du 3 Avril 1983, il a paru à Rome le 31 Mai 1983 sous le titre "Eléments essentiels de l’enseignement de l’Eglise sur la Vie Religieuse, adressés aux Instituts religieux voués aux oeuvres d’apostolat" (E.E.).

Postérieur à la publication du nouveau Code de Droit Canonique, ce texte du magistère ordinaire, approuvé par le Saint Père, se présente comme une récapitulation des documents conciliaires et post-conciliaires qui "approfondissent et affinent une théologie de la vie religieuse qui s’est développée constamment au cours des siècles" (E.E. 3) (3).

Faut-il se faire pardonner de parler de la vie religieuse sans être soi-même religieux ? C’est au secrétaire de la Commission Episcopale pour l’Etat Religieux, en lien constant avec les instances nationales ou régionales françaises des religieuses et des religieux que cette réflexion est demandée.

C’est avec le recul du théologien et du prêtre diocésain au service de la vie religieuse depuis des années que j’essaie d’écrire ces lignes pour JEUNES ET VOCATIONS qui n’a pas que des religieuses et des religieux pour lecteurs. Mais à ces derniers, je suis à l’avance reconnaissant de compléter et corriger mon incompétence par la richesse de leur expérience.

"LA VIE RELIGIEUSE EST UNE DONNEE HISTORIQUE EN MEME TEMPS QU’UNE REALITE THEOLOGIQUE" (E.E.4)

L’introduction du document du Saint Siège commence par cette constatation qui, de fait, est capitale. Il faudrait inaugurer par un parcours historique, toute réflexion théologique sur la vie religieuse. Nous ne pouvons ici qu’en évoquer le tracé (4).

La vie religieuse n’est pas née avec les premières communautés chrétiennes et le Nouveau Testament n’en porte pas de traces évidentes.
Si nous ne manquons pas dé témoignages sur les martyrs et sur les vierges des premiers siècles, on ne voit naître les formes de vie chrétienne, qui s’appelleront un jour vie religieuse, qu’avec Antoine, Pacôme et les moines de Haute-Egypte.
Au début du IVème siècle, marqué, ô combien, par la liberté constantinienne et les controverses dogmatiques, christologiques et trinitaires, les ermites et les anachorètes, bientôt St Augustin, St Basile et, au Vème - VIème siècles St Benoît, lègueront à la vie religieuse leur désir de ne pas se laisser absorber par le monde, le sens de la prière, de la louange, de l’étude, le sens de la communauté et de l’accueil hospitalier.
Au Xllème siècle, les grands retours à l’Evangile feront découvrir l’importance ecclésiale de la consécration, la dimension fondamentale de la fraternité, la présence du Christ dans le lépreux, le pauvre, le malade.
Mais François d’Assise et Dominique de Guzman ou, plus anonymement, les soeurs de l’hospice d’Aubrac (l162) ou les Augustines des Hôtels-Dieu voudront vivre avec les laissés pour compte, vivre l’Evangile seul et le prêcher, le répandre, vivre la fraternité de "mendiants" avec les pauvres et les petits.

Les difficultés que, sous des formes différentes, leur règle de vie connût pour s’institutionnaliser et être approuvée par les autorités hiérarchiques de l’Eglise faisaient présager celles que l’audacieuse Angèle de Merici au XVIéme siècle, François de Sales et Jeanne de Chantal peu après, rencontrèrent dans leur projet d’une vie religieuse féminine proche des femmes de leur époque, levain au milieu de la pâte.
Ignace de Loyola du côté masculin sût réaliser un corps au service de l’Eglise et dans la disponibilité au Pape, pour le monde entier et, au siècle suivant Jean-Baptiste de la Salle saura jeter les bases d’une consécration vécue au coeur d’un métier précis, celui de maître d’école pour la jeunesse populaire.

Mais la Constitution Circa pastoralis (1566) de Saint Pie V , exigeait pour les femmes la clôture et les trois voeux solennels et Vincent de Paul inventera, avec Louise de Marillac, les Filles de la Charité qui ne prendront pas le titre officiel de religieuses.
Et après avoir toléré, l’Eglise hiérarchique va bientôt reconnaître et "accueillir comme un don de Dieu le charisme propre des congrégations religieuses apostoliques", (D.B.17).

"Les religieux voués aux oeuvres d’apostolat continuent dans notre temps le Christ, ’annonçant le Royaume de Dieu à la multitude, guérissant les malades et les infirmes, convertissant les pécheurs, bénissant les enfants, faisant le bien à tous et obéissant toujours à la volonté du Père qui l’avait envoyé"’, (L.G. 46).

Cette oeuvre salvatrice du Christ est partagée par les religieux réalisant des services concrets pour lesquels ils sont mandatés par l’Eglise au moyen de l’approbation des constitutions. Le fait de cette approbation détermine la nature du service entrepris qui doit "être fidèle à l’Evangile, à l’Eglise et à l’Institut", (L.L.24).

Ce passage du document du magistère de l’Eglise va nous introduire à la réalité théologique de la vie religieuse apostolique.

SUIVRE LE CHRIST "CONSACRE ET ENVOYE"

Pendant très longtemps et probablement à cause de l’histoire que nous avons trop sommairement survolée, on a raisonné comme s’il y avait une "vie religieuse" au contenu et à l’apparence identiques, certains religieux et religieuses lui adjoignant comme un supplément secondaire et postérieur une activité "apostolique".

Il est vrai que toute vie religieuse, qu’elle soit contemplative, monastique ou apostolique ne peut avoir dans l’Eglise d’autre ambition ni d’autre règle suprême que la suite du Christ telle que l’Evangile la propose (cf. P.C. 2a), mais la physionomie et le mystère du Christ sont si riches que les manifester aux croyants et aux non-croyants peut se faire en le suivant ou bien "dans sa contemplation sur la montagne", ou bien "dans sa mission d’envoyé du Père auprès des hommes" (cf. L.G.46).

"La réalisation existentielle du don de soi à Dieu et à son service s’accomplit en une vie d’union à la suite du Christ, envoyé dans le monde pour le sauver", telle est la spécificité de la vie religieuse apostolique déclare le Document de Base (19).

Ce disant, il ne fait que reprendre l’enseignement de Vatican II affirmant que "toute la vie religieuse des membres (des instituts voués aux oeuvres d’apostolat) doit être pénétrée d’esprit apostolique et toute l’action apostolique doit être animée par l’esprit religieux", (P.C.8), car pour ces instituts, "l’action apostolique et bienfaisante appartient à la nature même de la vie religieuse".

Le canon 675,§1 du Nouveau Code reprend littéralement ces phrases du Concile.

A ses contradicteurs qui, après sa parabole du Berger et de la Porte, voulaient le lapider, Jésus se présente comme "Celui que le Père a consacré (sanctifié) et envoyé (constitué apôtre) dans le monde" (Jn 10, 36). Au début de sa mission publique, appelant à Lui ceux qu’il voulait "Il en établit douze pour qu’ils soient avec lui et pour qu’ils soient envoyés (constitués apôtres) prêcher (proclamer)" (Mc 3, 14).

Le Concile dira la joie de l’Eglise de voir en son sein des hommes et des femmes vouloir suivre le Christ de plus prés et manifester plus clairement l’anéantissement de leur Sauveur par leur pauvreté et leur dépendance volontaires (cf. L.G. 42).

C’est le même mouvement de systole et de diastole du mystère du Christ qui est communiqué à l’Eglise et à la vie religieuse apostolique.
"La consécration implique inévitablement la mission : ce sont deux aspects de la même réalité. Le choix d’une personne par Dieu est pour le salut des autres : la personne consacrée est envoyée pour accomplir l’oeuvre de Dieu dans le pouvoir de Dieu. Jésus lui-même en avait pleinement conscience : il se savait entièrement dédié au Père dans l’adoration, l’amour et l’abandon, entièrement donné à l’oeuvre du Père qui est le salut du monde" (L.L.23).

L’absolu de la relation inconditionnelle à Dieu et, conjointement, la disponibilité évangélique à la mission caractérisent la vie religieuse apostolique.

Cet absolu de la relation inconditionnelle est un pur don d’alliance que Dieu propose.
"En insistant sur ce point, l’Eglise place en premier lieu l’initiative de Dieu et le changement dans la relation avec Lui que la vie religieuse apporte. La consécration est une action divine" (L.L.5).
Les voeux "réponse au don de Dieu sont une triple expression d’un unique ’oui’ à la relation de consécration totale" (L.L.14).

Ils sont "trois manières de s’engager à vivre comme le Christ a vécu dans des zones qui comprennent toute la vie : possessions, affections, autonomie. Chaque aspect met l’accent sur une relation particulière à Jésus, consacré et envoyé" (E.E.15).
"Le fait de les vivre a toujours témoigné des valeurs qui sont un défi à la société : la pauvreté, la chasteté et l’obéissance religieuses peuvent parler avec force et netteté aujourd’hui à un monde qui souffre de l’excès de consommation, de la discrimination, de l’érotisme et de la haine, de la violence et de l’oppression" (E.E.17).

La disponibilité évangélique à la mission, c’est le fait que dans la vie religieuse apostolique, "la vocation est comprise comme un appel à être avec le Christ qui est tout pris et absorbé par l’accomplissement de sa mission d’envoyé du Père... avec le Christ qui vit avec les gens et au milieu d’eux, qui se dépense à leur service sans compter" (D.B.34).

Cette disponibilité à la mission ne peut que revêtir des aspects variés :
"Aucune Congrégation, comme par ailleurs aucune personne prise individuellement, ne peut vivre simultanément et d’une manière intégrale tous les aspects de l’Evangile" (D.B.24).

Les sensibilités à tel ou tel aspect du mystère de Dieu dans le Christ peuvent en effet légitimement colorer l’expérience spirituelle des fondateurs et fondatrices au sein de la multiforme mission de l’Eglise.

UNE MISSION EVANGELISATRICE de SALUT

L’Eglise nous a été présentée par Vatican II comme mystère ou sacrement universel de salut (L.G.1, 8, 48...). C’est dans le sillage du Mystère du Salut qu’il faut situer la Vie Religieuse Apostolique.

La notion de Salut est une donnée essentielle du message biblique. Le sens précis du mot employé dans l’Ancien testament plus de 200 fois est celui d’une idée d’espace : être sauvé c’est être au large, être à l’aise. D’où le sens dérivé le plus fréquent, celui de la délivrance d’un danger, d’une maladie, de la mort. Jamais employé en forme réfléchie, le verbe sauver a toujours Yahvé comme sujet. C’est Lui seul qui sauve.

Dans le Nouveau Testament, on trouve aussi, surtout chez St Paul, près de 200 emplois du vocabulaire de salut. Le sens le plus courant c’est celui de la délivrance d’un danger (la tempête, les éléments). Mais très souvent c’est la guérison de la maladie (Synoptiques) et, plus rarement mais plus profondément, la rencontre qui permet d’échapper à la solitude, qui met en relation deux regards qui se croisent (Mt.9, 22 ; 8,26 ; 14,31). On ouvre sa maison, on accueille comme Zachée, et le salut entre (Lc 19, 9). On est retrouvé, on franchit la porte (Jn 10, 9) ou on l’ouvre (Ap. 3, 20).

L’Eglise, sacrement universel de salut, est en charge de cette mission de salut qu’elle doit signifier au monde entier. "Evangéliser, disait Paul VI, est sa grâce et sa vocation propre, son identité la plus profonde, Elle existe pour évangéliser" (E.N. 14).

Elle doit transmettre la Bonne Nouvelle de la vraie mise au large, de la vraie délivrance, de la vraie guérison, de la définitive rencontre. La vie religieuse apostolique veut se situer dans cette mission évangélisatrice de l’Eglise. En elle, religieux et religieuses veulent assumer les tâches apostolique, caritative, libératrice ou diaconale que l’envoyé du Père avaient reçues et qu’Il a voulu transmettre (Jn 20, 21).

Jésus avait vécu sa consécration et son envoi dans l’adhésion à la volonté du Père (cf. Jn 4, 31-34, etc.) et dans le labeur incessant pour l’oeuvre que le Père lui avait donné à faire (Jn 17, 4). L’oeuvre et la mission du Christ sont à poursuivre à travers les services concrets pour lesquels l’Eglise, qui a approuvé leurs constitutions, mandate les religieux apostoliques.

Cette mission évangélique de salut que reçoit l’institut doit se vivre comme une responsabilité solidaire et communautaire délimitée par une quadruple fidélité

  • à l’homme et à notre temps,
  • au Christ et à l’Evangile,
  • à l’Eglise et à sa mission dans le monde,
  • à la vie religieuse et au charisme de l’Institut.(5)

Fidélité à l’homme et à notre temps, car "l’homme est la première route que l’Eglise doit parcourir dans l’accomplissement de sa mission", disait Jean-Paul II (Redemptor hominis, 14). Et l’homme de notre temps, ici et ailleurs, au Nord et au Sud, à l’Est et à l’ouest, ne lance-t-il pas assez fort ses appels au salut ?

Fidélité au Christ et à l’Evangile, car il n’y a qu’un Sauveur et "aucun autre nom en lequel nous puissions être sauvés" (Ac 4, 12).
"Comme le Christ, (les religieux) sont appelés pour les autres : entièrement donnés au service de salut pour leurs frères" (E.E.24).

Fidélité à l’Eglise et à sa mission, car la vie religieuse apostolique intrinsèquement liée à sa nature et à sa mission deviendrait insignifiante sans elle.
N’appartient-elle pas inséparablement, comme disait L.G.44, à sa vie et à sa sainteté ?

Fidélité à la vie religieuse et au charisme, car elle a reçu en patrimoine la dynamique du charisme des fondateurs, cette "expérience de l’Esprit, transmise à leurs disciples pour être vécue par ceux-ci, gardée, approfondie, développée constamment en harmonie avec le Corps du Christ en croissance perpétuelle" (6).

AVEC LE CHRIST SAUVEUR, VIVRE en "EXPERTS DE COMMUNION" (7)

Dès lors qu’on veut rester à la suite et à l’école du Christ, consacré et envoyé, la vie baptismale ne peut "s’enraciner intimement et s’exprimer avec plus de plénitude" dans la vie religieuse (cf. P.C.5) que dans la forme communautaire de la primitive communauté de Jérusalem (Ac 2, 42 et sommaires parallèles).

L’art de vivre selon l’Evangile va se traduire dans une tension communautaire qui mettra ensemble hommes ou femmes non pas parce qu’ils se seraient mutuellement choisis mais parce qu’ils veulent tous suivre le Christ sur la même route.

C’est par le fait du "Christ Jésus en lequel le Père se réconcilie le monde" (2 CD. 5, 19) que la communion dans la communauté prend son sens. Il s’agit là de ce "projet de communion" qui se trouve au sommet de l’histoire de l’homme selon Dieu, à laquelle la communauté religieuse, signe prophétique de la communion intime avec Dieu aimé souverainement, est appelée (cf. R.P.H.24 citant le document final de Puebla 1979, n°721 : "La vie consacrée est en elle-même évangélisatrice par la communion et la participation").

Fondée sur la communion trinitaire, la communauté religieuse est rassemblée autour du Christ, et par le Christ, pour tenter de vivre le "Que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi" de Jésus (Jn 17 ; 11, 21, 22).
"La capacité de vivre la vie communautaire, avec ses joies et ses exigences, est une qualité qui marque la vocation religieuse dans un Institut, c’est un critère essentiel dans le discernement des vocations des candidats" (E.E.19).

La communauté n’est pas d’abord amitié ou affinité humaine mais construction d’une cellule de l’agapè évangélique selon le commandement unique du Seigneur : "Aimez-vous les uns les autres COMME je vous ai aimés" (Jn 15, 12).
L’agapè ne sera vraie que si sont vécus le pardon et la réconciliation.
Il faut accepter l’autre tel qu’il est, pardonner à l’autre d’être ce qu’il est, jouer le jeu évangélique de l’altérité.
Par là, la communauté religieuse apostolique peut manifester qu’il est possible de vivre réconciliés, c’est-à-dire, au sens étymologique paulinien (kat-allaghé) "selon l’altérité".
Les religieux apostoliques ont vocation d’être agents de réconciliation. Ils ont à le vivre dans une communauté locale et dans le monde où ils sont envoyés.

En communauté locale, religieux et religieuses rencontrent des tensions. On a heureusement donné plus de place à la spontanéité, à la créativité, à la liberté, au "statut personnel". Cela ne pouvait que faire indirectement surgir des occasions de divergences. Et depuis que religieux, prêtres et laïcs collaborent davantage pour le bien de la mission, des écoles de pensée multiples, des méthodes de travail différentes, des formations un peu hétérogènes peuvent se heurter ou s’affronter.

Dans les Instituts internationaux, des tensions interculturelles, internationales ou dépendant simplement des fonctions différentes dans le groupe humain peuvent se faire jour, voire des idéologies contradictoires

Pour vivre un projet de communion en agents de réconciliation, il faut apprendre à lire avec des tensions, les intégrer dans le dynamisme de la foi, les lire en positif.

Il faut surtout s’essayer sur les chemins de la réconciliation dans la coordination des objectifs par la communication, l’entente, la collaboration, dans le climat de la vraie tolérance qui se rappelle la devise augustinienne "l’unité pour les choses essentielles, la liberté pour ce qui est secondaire, la charité en toutes circonstances".
Il faut tant d’autres choses, et pas seulement à la vie religieuse apostolique mais à la vie chrétienne.

Au Synode sur la Réconciliation d’octobre 1983, les Pères aimaient à dire : "Pour être réconciliateurs, soyons d’abord réconciliés".

C’est sans doute pourquoi on a pu dire des religieuses apostoliques :
"Plus les religieuses sont profondément attirées et plus elles se laissent attirer par l’amour du Père, du Fils et de l’Esprit, et par leur union entre elles, plus elles seront poussées par l’urgence de devoir accomplir leur mission.
Ce désir sincère de servir l’Evangile et de contribuer à la promotion humaine exige qu’elles mettent au coeur de leurs préoccupations, celles d’édifier la communion à tous les niveaux. De cette manière leur communauté s’enrichira et leur présence au milieu du monde deviendra plus stimulante et signifiante : les Religieuses Apostoliques devraient se faire reconnaître comme ’expertes de la communion’"
(D.B.31).

Et ceci doit être appliqué à toute vie religieuse apostolique :
"La vie en communauté est si importante pour la consécration religieuse que tout religieux, quel que soit son apostolat, y est tenu" (E.E.19).

C’est ainsi, pour reprendre les termes de Jean-Paul II rencontrant le 15 Août dernier à Lourdes les religieuses : "qu’au coeur des réalités humaines", les communautés religieuses apostoliques, dans la légitime variété de l’expérience spirituelle de leur Institut, dans la fidélité à leurs Constitutions rénovées et approuvées, vivront "disponibles, désintéressées et libérées" une vie eucharistiée de "témoins privilégiés de la gratuité de l’amour".

C’est ainsi que dans l’Eglise, dans l’Eglise de France, religieuses, religieux, Services Diocésains des Vocations au premier chef, nous pourrons répercuter l’appel à la Vie Religieuse Apostolique.

NOTES :-------------------------------

*Le Père Damien SICARD, prêtre du diocèse de Montpellier, est secrétaire épiscopal de la Région "Provence-Méditerranée" et secrétaire de la Commission épiscopale de l’Etat religieux. [ Retour au Texte ]

1 - Est-il nécessaire de rappeler qu’à intervalles presque réguliers, la Vie Religieuse a été choisie comme thème de la Journée Mondiale de prière pour les Vocations, et de citer les numéros spéciaux de la revue VOCATION : - 295, Juillet1981 ; 280, octobre1977 ; 270, Avril1975 ; 259, Juillet1972 ; 249, Janvier1970, etc. [ Retour au Texte ]

2- Ce document et les conférences dont il fit l’objet à la Session de Mai 1983, ont été publiés dans le numéro spécial 62 du bulletin U.I.S.G. 1983 "Spiritualité Apostolique : En vue du Règne de Dieu". On peut se le procurer à : l’Union Internationale des Supérieures Générales - Piazza di Ponte S. Angelo, 28 - 00186 ROME - ITALIE on peut aussi s’adresser à : U.S.M.F. - 10, rue Jean Bart- 75006 PARIS [ Retour au Texte ]

3 - Les n° 1859 et 1861 de la "Documentation Catholique" (2-10-1983 et 6-11-1983) ont publié ces Eléments Essentiels. Nous citerons ce document d’après le texte français officiel publié à la Cité du Vatican. [ Retour au Texte ]

4 - Aux bonnes Editions récentes d’Histoire de l’Eglise, on pourrait joindre J.-M. R. TILLARD : "Le fondement évangélique de la Vie Religieuse", dans NOUVELLE REVUE THEOLOGIQUE, Novembre 1969, pp.916-955, dont les éléments se retrouvent dans "Devant Dieu et pour le monde", Cerf 1974, pp. 59-134. On retrouverait d’intéressantes précisions dans R. HOSTIE, "Vie et mort des ordres religieux", Desclée de Brouwer,1972. [ Retour au Texte ]

5 - Nous reprenons ici les termes du Document de la Congrégation pour les Religieux paru le 12 Août 1980, sous le titre "Religieux et Promotion humaine (R.P.H.-, Doc. Cath. n° 1802 du 15 Février 1981) n° 13 à 31. [ Retour au Texte ]

6 - Nous citons ici le Document commun aux Congrégations pour les évêques et pour les Religieux paru le 14 Mai 1978 et connu par ses premiers mots latins : "Mutuae Relationes (Doc. Cath. n° 1748 de Septembre 1978, n° 11). [ Retour au Texte ]

7 - Le Droit Canon, c. 602, invite religieux et religieuses à vivre à titre exemplaire l’universelle réconciliation dans le Christ.
L’expression "experts de communion" avait été employée par R.P.H.24 : "Les religieux, communauté ecclésiale, sont donc appelés à être dans l’Eglise et dans le monde des ’experts de communion’ témoins et artisans de ce ’projet de communion’ qui se trouve au sommet de l’histoire de l’homme selon Dieu." Le texte renvoie à G.S.10 et 32 et au document final de Puebla 1979, n° 211-219 et 721-776. [ Retour au Texte ]