La pratique d’une équipe d’accompagnateurs


Le Service Régional des Vocations Féminines
de l’Ile-de-France

Il y a treize ans, quelques jeunes filles, les unes du Monde Ouvrier, les autres des Milieux Indépendants, rencontraient un prêtre délégué aux Vocations. Celui-ci leur a bientôt proposé de cheminer ensemble et c’est ainsi qu’ils ont constitué la première équipe de recherche et donné naissance au SERVICE REGIONAL DES VOCATIONS FEMININES.

Parti d’un besoin précis des jeunes : discerner un appel à une vie consacrée, le S.R.V.F. de l’Ile-de-France a conservé par la suite cette ligne initiale.
Partie prenante du Conseil régional de l’Ile-de-France, il est aujourd’hui un moyen que les différents diocèses reconnaissent et se donnent pour le discernement de l’appel. C’est là, sans doute, son originalité :
Le Service Régional des Vocations Féminines a la responsabilité du discernement et non, directement, de l’appel et de l’éveil des vocations qui relève plus du travail des Services Diocésains.

Depuis son origine, il présente une caractéristique qu’il faut noter ici : il n’a pas de lieu géographique précis.
En effet, prendre contact avec le S.R.V.F., ce n’est pas se rendre dans un lieu donné, c’est d’abord rencontrer tel ou tel accompagnateur chez lui. Quant aux activités proposées, elles se passent dans des lieux qui varient selon le nombre des jeunes et les disponibilités des Maisons d’Accueil.
Souplesse bénéfique dans la mesure où elle permet de ne pas trop ’marquer’ une participation au Service des Vocations ; mais qui peut aussi rendre son identification plus difficile.

Au cours des années, nous avons été amenés à préciser nos choix, à inventer d’autres formes de propositions, à partir des situations et des questions nouvelles posées par les jeunes, au sein d’une Pastorale des Vocations elle-même en pleine évolution.

C’est ainsi que le Service a grandi, cherchant toujours les moyens de mieux répondre aux attentes et aux questions des filles qui demandaient d’être aidées - Souci de réalisme et de fidélité à ce que sont les jeunes et l’Eglise, aujourd’hui, et cela à chaque époque.

Cela interdit, du même fait, que les activités proposées aient jamais un caractère définitif : l’important restant toujours qu’elles soient bien un moyen d’aider des jeunes filles à discerner ce que le Seigneur leur demande et la manière de lui répondre dans la liberté.

Les intuitions du départ, elles, sont restées les mêmes :

  • Cheminer avec des jeunes filles, à leur rythme
  • Travailler en collaboration avec des membres appartenant à la Vie Consacrée
  • Aider à la formation des accompagnateurs.

C’est à travers ces trois points que nous pouvons présenter le fonctionnement et la pédagogie du S.R.V.F., à ce jour.

***

CHEMINER AVEC LES FILLES

I - ACCUEILLIR

  • Un coup de téléphone... une lettre..., souvent il a fallu de longs mois avant d’oser faire cette démarche. Il n’est pas facile de s’ouvrir à quelqu’un - surtout quand on ne le connaît pas - de cette question si personnelle et que l’intéressée a parfois bien du mal à se formuler à elle-même.
  • Comment viennent-elles ? L’adresse leur a été donnée par un prêtre de leur paroisse ou un aumônier, soucieux de les aider mais aussi, parfois, parce qu’il est désarmé ; une religieuse à qui la fille s’est ouverte de son appel : certaines congrégations ou monastères conseillent ainsi, assez systématiquement, de prendre contact avec le Service, ce qui est signe d’une grande liberté.
    Des lieux de retraite comme le Cénacle de Tigery. Parfois une amie, ou tout simplement un tract ou une revue trouvés au fond d’une église. On ne dira jamais assez l’importance des papiers qui traînent...
  • Une première rencontre. En une heure, une heure et demie, l’exercice est périlleux !
    En tant qu’accompagnateur, qu’est-ce que je cherche ?
    Tout d’abord, que la fille puisse dire sa question sans se sentir jugée : on n’est pas anormale parce que l’on pense à "être religieuse" et sans se sentir cataloguée : elle n’est pas une "future religieuse", mais une fille qui cherche ce que le Seigneur lui demande.

Equilibre difficile à tenir car, parfois, dans cette distanciation, la fille a l’impression qu’on ne prend pas sa question au sérieux.

  • Ensuite, en l’écoutant parler, il y a un certain tri à faire :
    • La question est plus vaste : elle concerne sa vie chrétienne, son avenir :
      Nous allons chercher ensemble dans quel lieu d’Eglise elle pourra rencontrer d’autres chrétiens.
    • Il y a des cas difficiles, des manques d’équilibre psychologique :
      Il faudra cheminer jusqu’à ce qu’elle arrive à prendre cela en charge.
    • Il y a les personnes qui ont autour de la quarantaine, ou plus :
      Qui pourra le mieux les aider, le Service étant fait pour des jeunes de 18 à 30 ans.
    • Il y a les trop jeunes - non pour se poser la question, mais pour décider, selon une formule célèbre -.
    • Il y a celles qui se posent bien la question : "Suis-je appelée à une vie consacrée ?"

  • J’essaie alors de vérifier un certain nombre de points importants :
    • Est-elle accompagnée personnellement par quelqu’un ? ou, si non, à qui peut-elle le demander ?
    • Parfois, au cours de la conversation, il apparaît utile de reprendre un point de sa vie familiale, professionnelle ou d’Eglise, où elle est capable de progresser.
    • Enfin, parmi les moyens proposés par le Service, qu’est-ce qui lui convient ? Qu’est-ce qui peut le mieux l’aider ?

Une rencontre... Y aura-t-il une suite ? Certaines, parfois, passent comme des étoiles filantes.

Il - LES WEEK-ENDS "VIENS ET VOIS"

Au bout de quelques années, nous avons senti qu’il était nécessaire pour les filles d’acquérir, sur tel ou tel point important pour la recherche, une vue un peu synthétique.
Un premier essai de formation dans le cadre des équipes de recherche n’a pas donné satisfaction : c’était vouloir faire coïncider deux démarches différentes, les équipes donnant toute leur place à l’échange, au dialogue, à partir de la vie et des questions de chacune et non pas à l’acquisition de données fondamentales même si l’on s’y réfère.

C’est ainsi qu’on été créés les week-ends "Viens et vois".

Ils ont un double but :

  • Offrir un lieu de rencontre où l’on peut venir une fois en passant : voir la tête des animateurs, le style du Service, quelles filles y participent.
    Cette rencontre d’autres jeunes filles permet déjà un début de socialisation du projet.
  • L’acquisition de quelques données concernant la vie humaine et chrétienne d’aujourd’hui - pour certaines, c’est urgent ! - qui vont apporter des éléments pour le discernement.
    Nous tenons très fort à cet enracinement dans "l’aujourd’hui", même s’il a un horizon qui le déborde en la perspective de la vie consacrée.

La réflexion est très souvent soutenue par une recherche biblique et l’apport de moyens audiovisuels.

Chaque année, le parcours est à peu près le suivant :

1 - L’appel, la Vocation, la Volonté de Dieu et le désir de l’homme Il s’agit d’éliminer quelques fausses images qui traînent toujours et de bien poser la question de la Vocation et du discernement.

2 - Féminité, sexualité, célibat :
Une prise de conscience d’une vie de femme sexuée, aujourd’hui célibataire ; la recherche du sens d’une vie consacrée dans le célibat.

3 - Situer la question personnelle de SA vocation dans un ensemble plus vaste : L’Eglise, communauté et Sacrement ; le monde avec ses appels ; justice et pauvreté.

Une question se pose actuellement à nous quant au rythme du week-end que nous avons adopté pour ces rencontres. Il permet une réflexion plus approfondie, la nuit laisse aux questions le temps de mûrir.
Mais n’est-ce pas un investissement trop lourd pour certaines, déjà bien chargées d’activités ?
Des rencontres plus courtes et de type plus informatif permettraient peut-être un plus grand brassage.

III - LES EQUIPES DE RECHERCHE

Elles sont proposées à celles qui sentent que le moment est venu de se mettre en route vers une décision.

Leur problème n’est pas de s’informer, de parler de la vie consacrée ou des diverses vocations dans l’Eglise, d’échanger avec d’autres...
Mais elles portent une question : "Suis-je appelée à la vie consacrée ?" question dont elles savent bien qu’elle attend une réponse.

Des filles en recherche, et donc qui n’ont pas pris de décision par rapport à tel Institut ou Congrégation : il faut qu’elles soient libres par rapport au terme de leur recherche.

Les équipes se réunissent six week-ends par an, dans le même lieu. Cela permet de former un groupe qui ne soit pas trop squelettique, avec une vie de prière, de célébration, l’accueil d’invités. Mais dans ce cadre, chaque équipe détermine son itinéraire, à partir des questions de chacune et de l’évolution du groupe.

Chaque équipe est de 4 à 6 filles. Nous essayons de la faire la plus homogène possible, en tenant compte de l’âge (les 20 ans.., les plus de 30 ans...), du milieu socioculturel (Monde ouvrier, les diverses nuances des Milieux Indépendants), de la maturité du projet (du premier débroussaillage à la vérification d’un choix). Mais ceci fait, il faut être prêt à toutes les surprises, car chacune avance à son rythme ! Aussi nous attirons l’attention sur l’importance de s’accueillir dans la diversité.

Avec chaque équipe, un ou deux accompagnateurs : laïque, religieuse, religieux, prêtre. L’idéal est le binôme homme / femme, mais ce n’est pas toujours réalisable.

Quelle est notre pédagogie ?

Nous avons fait le choix d’organiser les rencontres dans des Maisons d’Accueil, et non pas au sein de telle ou telle communauté avec laquelle partager un moment de vie.
En effet, il nous paraît important que l’équipe ne soit pas le lieu où l’on expérimente tour à tour les différentes manières de vivre des Congrégations ou Monastères, (comment faire d’ailleurs pour les Instituts séculiers ?).
Au contraire, elle est le lieu où le projet initial va mûrir, être questionné et où, progressivement, le désir de suivre Jésus-Christ va pouvoir se creuser sans se polariser tout de suite sur une communauté précise.

  • L’équipe est un lieu de distance, où on prend du recul par rapport à sa vie.
    Aspect sur lequel il faut souvent revenir, les jeunes ayant tendance à vivre l’instant présent : "ça ne sert à rien de préparer, il faut parler de ce qui nous préoccupe maintenant ; l’important, c’est de vivre quelque chose ensemble...", etc.
  • C’est un lieu où l’on regarde et partage tel aspect de sa vie, afin de mieux se connaître, de progresser dans la construction humaine et chrétienne de soi-même, d’être en route vers une maturité plus grande.
  • C’est un lieu où l’on partage ce qui nous fait vivre, ce qui est important pour nous, nous dynamise, ce qui nous touche, ce qui nous blesse aussi, afin que chacune prenne davantage conscience de ce qui l’habite, de ce qu’elle veut vivre.
  • C’est un lieu où l’on accueille des filles différentes, qui ne donnent pas la même importance aux mêmes choses. Cela amène à élargir son horizon, à découvrir la diversité et la richesse des appels dans l’Eglise, à mieux se connaître et se reconnaître au milieu des autres.

Tout cela ne peut se faire que dans un climat d’écoute, de confiance, qui trouve sa source dans l’écoute de Dieu.
C’est pourquoi nous insistons de plus en plus pour que chacune prenne des temps personnels d’accueil et d’écoute dans le silence, au cours des week-ends.

IV - LES RETRAITES

Chaque été, nous proposons des retraites de cinq jours, animés par une équipe diversifiée : c’est une richesse que d’avoir cette parole plurielle.

Qu’y cherchons-nous ?

  • Vivre le silence, nécessaire pour écouter Dieu.
    Expérience souvent difficile (je me souviens de cette fille qui vivait déjà en communauté et qui est repartie au bout de 24 heures. Elle ne supportait pas le silence), mais dont toutes s’accordent à reconnaître qu’elle était indispensable.
  • Ouvrir la Bible et apprendre à prier les textes, à les recevoir comme Parole vivante qui me rencontre dans ma vie d’aujourd’hui.
  • Apprendre à durer dans la prière personnelle. C’est là que plusieurs découvrent la nécessité profonde de cette prière et cherchent à l’inscrire dans leur vie quotidienne.
  • Par l’accompagnement personnel qui est proposé, apprendre à relire sa prière, à comprendre ce qui s’y passe, à découvrir comment Dieu se fait connaître et appelle, et par quels chemins Il conduit.
  • Célébrer, dans une liturgie qui fait appel à de nombreux modes d’expression, l’aventure de ce Dieu qui se donne à nous.

Pour celles qui le veulent, un atelier "Prier avec tout son être" permet de passer d’une prière trop cérébrale à une présence de tout soi-même devant Dieu.

L’évaluation de ces retraites montre qu’elles permettent à chacune un pas - souvent important - dans leur vie de femme, de chrétienne, dans leur relation à Dieu et qu’elles leur apportent des moyens de discernement.

A celles qui arrivent à l’étape de la décision, nous proposons de faire une retraite de choix de vie (retraite d’élection, selon les Exercices Spirituels).

Et après ?

Les itinéraires sont variés.

Certaines quittent le Service n’ayant pas trouvé ce qu’elles cherchaient, d’autres pour continuer leur recherche ailleurs ou plus en lien avec telle Communauté ou tel Institut.

D’autres encore ont découvert qu’elles étaient appelées à prendre pleinement au sérieux leur vocation chrétienne de baptisée dans l’Eglise et le monde d’aujourd’hui, sans pour autant engager leur existence dans une vie consacrée.

L’essentiel est que, pour chacune, ce passage au Service ait été l’occasion de grandir dans son être de femme chrétienne et de mieux trouver sa place dans l’Eglise et le monde.
Que chacune, aussi, parvienne à prendre une décision libre.

Il y a aussi - et plus nombreuses qu’on le croit et le dit - celles qui reconnaissent l’appel de Dieu sur elles, le reçoivent comme un don et y répondent positivement en prenant contact avec un Monastère, une Congrégation ou un Institut.
Il arrive qu’elles disent à celles qui les accueillent leur cheminement avec le service et qu’elles désirent qu’un dialogue puisse s’établir.
Alors, ceux qui les ont accompagnées, et celles qui les reçoivent, partagent dans la confiance et dans la joie.
Un tel dialogue est très nécessaire mais il ne peut, hélas, pas souvent avoir lieu.

EN LIEN AVEC LA VIE CONSACREE

Nous avons dit, en commençant, qu’une des intuitions du départ était qu’aucun travail avec les vocations féminines ne pouvait se faire en dehors d’un lien étroit avec la vie consacrée.
En effet, nous n’accompagnons pas les filles vers une vie consacrée idéale, mais vers celle qui existe bien concrètement aujourd’hui.
Et, par ailleurs, il ne s’agit pas de filles idéales, mais de filles concrètes de 1983. D’où un double souci :

  • Connaître la vie consacrée dans toute sa richesse et sa diversité, telle qu’elle existe aujourd’hui.
    Il faut, en passant, expliquer pourquoi nous utilisons l’expression "vie consacrée", bien qu’elle soit critiquée par certains (mais y en a-t-il une autre ?) :
    Notre souci est de rester ouverts à toutes les formes de la vie consacrée, non seulement la vie religieuse, monastique ou apostolique, mais aussi les formes plus cachées comme le laïcat consacré.
    L’expérience montre combien il est difficile de ne pas réduire cette richesse, même involontairement. Il ne faudrait pas croire que cette connaissance n’est utile qu’aux prêtres diocésains dont la formation, en ce domaine, est un peu limitée. Religieuses et laïques ont aussi à découvrir et à estimer d’autres formes de vie que la leur, d’autres spiritualités.
  • Partager l’expérience que nous acquerrons peu à peu dans le cheminement avec les jeunes. Elles sont bien de leur époque et il importe que celles qui les accueilleront en tiennent compte.

Parler de ces liens demanderait un autre article. Nous nous bornerons donc à les énumérer :

  • Une forme institutionnelle est assurée par la présence au Conseil du Service d’une moniale, d’une Supérieure Majeure, d’une religieuse d’Institut de vie contemplative, de laïques consacrées.
    Elles participent ainsi à la réflexion et aux orientations du Service, assurent le lien avec les instances qui les ont déléguées et s’y font l’écho de nos recherches.
  • Les "soirées de réflexion" rassemblent une centaine de religieuses et laïques.
    Occasion de se connaître, de réfléchir sur la Pastorale des Vocations, de partager les initiatives prises par les unes et les autres.
  • Chaque année, une Session de deux jours avec des moniales, chargées de l’accueil des jeunes et formatrices.
    Le thème choisi permet une meilleure connaissance de la vie monastique et une réflexion commune sur l’accompagnement des jeunes.
  • Enfin, rencontre avec les Instituts séculiers, les Supérieures Majeures, participation à des réunions organisées par les Congrégations et Instituts.
    Notre travail avec eux n’en est encore qu’à ses débuts, mais il nous paraît essentiel.

Les Eglises diocésaines sont au service de toutes les vocations. Quand il s’agit de vocations spécifiques, il est non seulement intéressant mais encore très souhaitable qu’il y ait un travail conjoint avec les Congrégations et Instituts. C’est le moyen de situer les responsabilités de part et d’autre, de confronter les initiatives qui sont prises et d’en comprendre le sens. Et cela, d’autant plus qu’il nous paraît préférable, pour la liberté des jeunes, que l’accompagnement se vive avec une certaine distance par rapport aux communautés où elles envisagent d’entrer ; du moins dans tout un premier temps du discernement.

UNE FORMATION

Il s’agit, ici, de la formation des accompagnateurs et de ceux qui rencontrent les jeunes.

C’est notre troisième point d’attention, que nous évoquerons très brièvement.
De plus en plus, nous arrivent des demandes d’aide pour l’accompagnement des jeunes, et cela un peu de tous côtés :

  • Religieuses, laïques ou prêtres qui sont sollicités pour la première fois à ce sujet ;
  • communautés ou membres d’Instituts qu’une relance de la Pastorale des Vocations, au sein de leurs Congrégations ou Instituts, incitent à s’informer et partager des expériences vécues par d’autres.

Ces demandes sont certainement une caractéristique de ces dernières années qu’il faut souligner.
Cette formation se vit à plusieurs niveaux :

D’une part, dans les soirées de réflexion, les Sessions avec les moniales.

D’autre part :

  • les accompagnateurs des équipes de recherche se retrouvent quatre fois par an avec un théologien et une psychologue, pour évaluer et confronter leur manière de procéder,
  • des équipes de supervision sont proposées à ceux et celles qui accompagnent personnellement une jeune. Elles regroupent une trentaine de personnes,
  • une Session est organisée cette année : accompagnement, discernement et auteurs spirituels. .

La description, même rapide, des liens avec la vie consacrée et des actions de formation, montre que nous débordons largement le cadre des jeunes qui viennent au service. Il s’agit de favoriser peu à peu chez tous ceux qui rencontrent des jeunes une attitude de service des jeunes et de toutes les vocations.

En conclusion : QUELQUES REFLEXIONS ET CONVICTIONS

  • Nous ne proposons les activités du service qu’aux jeunes qui se posent la question d’une vie consacrée.
    Nous renvoyons les autres à leur paroisse, aumônerie ou Mouvement.
    Nous pensons, en effet, que notre responsabilité se limite aux "vocations spécifiques". Mais bien souvent nous éprouvons une grande difficulté pour aider des jeunes à trouver des lieux de rencontre avec d’autres chrétiens.

  • Nous avons fixé des limites d’âge : 18 ans pour les week-ends "Viens et vois" ; 20 ans pour les équipes de recherche.
    Nous craignons, en effet, qu’une participation prématurée à un Service des Vocations risque de les "mettre sur des rails" et les empêche de cheminer là où ils sont, dans leurs lieux d’Eglise habituels, en étant attentifs et fidèles à tout ce qui constitue leur vie. Trop jeunes pour un discernement de leur vocation, elles ne le sont pas sur le plan de l’Eveil.

  • Ces dernières années, nous n’avons pas eu assez de liens avec les Mouvements de jeunes.
    Nous avons l’intention de les intensifier : ce serait une manière de participer à l’Eveil des vocations, sans toutefois modifier notre ligne de discernement de l’appel.

  • Dans la même ligne, nous constatons que les jeunes qui viennent au Service changent.
    Certaines ont plus de mal qu’auparavant à entrer dans nos propositions. Le sigle, peut-être rébarbatif, "Service des Vocations" n’est pas seul à mettre en cause : les jeunes ne sont pas habituées à relire leur vie à vivre dans des groupes qui se rassemblent uniquement en vue d’un discernement, elles ont également bien d’autres centres d’intérêt.
    Nous sentons qu’il nous faut les rejoindre plus là où elles vivent aujourd’hui...Vas ! ...
    Nous allons tenter un premier essai à partir du mois de Février 1984.
    Les jeunes aiment prier, nous allons leur proposer des soirées de prière dans lesquelles nous essaierons de cheminer avec elles dans une écoute de la parole de Dieu, pour un meilleur discernement.

  • Les initiatives propres à la vie religieuse se multiplient.
    Comment faire pour qu’elles soient confrontées entre elles et avec le Service des Vocations, afin de ne pas retomber dans l’isolement du "chacun pour soi", au grand détriment des jeunes ?

Ce ne sont que quelques réflexions mais qui nous invitent à une révision de notre pratique et à une collaboration plus élargie avec d’autres instances que les nôtres. Il s’agit pour nous de RESTER OUVERTS :

      • à ce que deviennent les jeunes,
      • aux évolutions de la vie consacrée,
      • aux mutations de la Pastorale des Vocations un peu partout,
      • à la vie de l’Eglise aujourd’hui.

C’est à ce prix que nous pouvons continuer à aider les jeunes à reconnaître qu’une vocation est faite d’une histoire qui se développe à travers le temps et les âges de la vie ; que c’est avant tout le choix de Dieu qui engage toute la personne vers une décision personnelle et que son authenticité ne se verra que dans la durée.

Ce qui nous importe c’est que tous ces moyens de discernement que nous essayons de mettre en oeuvre puissent favoriser une LIBERTE INTERIEURE GRANDISSANTE par rapport à un projet que l’on devient capable de remettre en cause et de recevoir d’un Autre.