L’accueil des groupes de jeunes au prieuré Saint Benoît de l’Hay-les-Roses


Frère Hugues LENA *

 

Régulièrement, la communauté bénédictine de L’Hay-les-Roses en banlieue parisienne, accueille des groupes de jeunes, garçons et filles, de 18 à 25 ans, pour des week-ends ou des séjours un peu plus longs, au cours des vacances scolaires.

Les participants sont invités à entrer dans une démarche collective qui voudrait faire découvrir, par la médiation du partage avec les frères de la vie commune menée à la suite de Saint Benoît, le sens possible d’une existence chrétienne sensible aux appels évangéliques.

UN PARCOURS d’INITIATION

Un temps d’ACCUEIL, en est la première étape : le cadre, le style de présentation, le temps que l’on prend pour se dire, les uns aux autres, qui l’on est et ce que l’an cherche en venant dans cette maison, sont des moments importants pour la suite du séjour

"On recevra les hôtes comme s’il s’agissait du Christ lui-même" (Règle de St Benoît, ch.53)

La prière commune intervient très vite et comme un moment essentiel dès les premiers instants de cet accueil.
En grand groupe ou par deux ou trois, chacun essaie ensuite d’exprimer où il en est dans son RAPPORT AU CHRIST. Il s’agit là d’une sorte de relecture qui permet de repérer les ressemblances et les différences qui traversent le groupe et les personnes au sujet de la relation au Christ, d’épingler au passage ce qui pourrait être de l’ordre du sentiment, au du pressentiment spirituel, ce qui relève des idées acquises, et ce qui commence d’être véritablement enraciné.

"On examinera avec soin un nouveau pour savoir s’il cherche vraiment Dieu" (Règle de St Benoît, ch. 58)

Vient alors un temps d’initiation à la prière avec les PSAUMES : le genre poétique, les images guerrières, le contexte historique et les résonances actuelles, tout cela est compris et vécu dans un climat méditatif et non comme un cours et une conférence. Ici, le climat importe autant à la compréhension que le contenu qui est proposé.

"Livrons-nous à la psalmodie en telle manière que notre esprit soit d’accord avec notre voix" (Règle de St Benoît, ch, 19)

C’est seulement au terme de ces trois étapes qu’une EXPERIENCE DE SOLITUDE est proposée. Elle est préparée, expliquée et soutenue par un texte biblique précis.

"Garder sa bouche.., ne pas aimer beaucoup parler" (Règle de St Benoît, ch. 4)

Le TRAVAIL MANUEL trouve sa place, lui aussi, à l’intérieur de ce parcours C’est une manière de participer à ce que vit à ce moment la communauté des frères. Il donne l’occasion de se connaître les uns les autres de manière plus profonde et non intellectuelle.

"Les frères doivent s’occuper à certains moments au travail des mains et, à d’autres heures fixées, s’appliquer à la lecture des choses de Dieu" (Règle de St Benoît, ch. 48)

Cette démarche collective est généralement suivie par un ou deux frères de la communauté, les autres ne rencontrent véritablement le groupe qu’au repas, à la prière ou pour tel temps précis d’activité. Ceci évite de mettre toutes les forces de la communauté des frères sur un même projet d’accueil de jeunes, et, par ailleurs, exprime plus réellement ce qu’est pour les frères le vécu quotidien.

UN DISCERNEMENT POUR DES APPELS EVANGELIQUES

Ce type d’accueil est aussi un moment de discernement personnel et communautaire : trois aspects importants sont à repérer :

  1. Les réponses à des questions vitales
    Quelques questions invitant à s’engager assez personnellement dans la réflexion sont proposées au groupe. Elles permettent d’abord seul, puis ensemble, de repérer les valeurs évangéliques avec lesquelles chaque participant se sent plus en communion. Les dimensions humaines et spirituelles avec lesquelles il est possible de construire un projet de vie commencent peut-être à se dégager. Des moyens pratiques sont alors proposés pour faire, soi-même et avec d’autres, ce premier discernement.
  2. "A mesure que l’on progresse dans la vie religieuse et dans la foi, le coeur se dilate" (Règle de St Benoît, ch, l)

  3. La question des solidarités
    Une démarche de ce type ne se veut pas une sorte d’entre acte dans la vie des jeunes qui évacuerait, ou mettrait entre parenthèses, toutes les solidarités humaines ou ecclésiales qu’ils vivent en participant, ou qu’il leur faut découvrir. Ils doivent y être renvoyés.
    Le projet de la communauté religieuse bénédictine est alors souvent ré expliqué à ce moment. Le "vivre à la suite du Christ" prend une signification plus juste s’il se présente en harmonie avec de multiples réalités collectives. , Provoqué ainsi par le témoignage de la communauté, chacun essaie de mieux voir où il est situé par rapport à la diversité des appels évangéliques.

  4. Répondre à un appel
    Cette question arrive en fin de parcours ; après tout un vécu de groupe qui a normalement permis une véritable liberté de communication entre les participants sur les questions de foi, et du sens à donner à sa vie.
    Un texte évangélique d’appel va servir de point de départ à cette étape ; il est relu et analysé de façon précise. La mise en commun des découvertes est, en même temps, un moment de synthèse des étapes précédentes.
    Le frère qui anime pourra saisir l’occasion pour adresser dans le groupe une parole personnelle qui soit comme une invitation à reconnaître les appels déjà entendus et à se mettre à l’écoute d’appels plus précis ou plus engageants pour l’avenir.
    Là encore, les frères de la communauté ne participent pas tous à ces rencontres mais ils connaissent les grandes lignes de la démarche, ce qui permet des rencontres plus riches et plus fraternelles, au fil de la journée, avec les uns et les autres.

LA FIN DU WEEK-END OU DU SEJOUR

Chaque participant, par écrit ou oralement, en groupe, exprime ses découvertes, ses projets et, tout autant, les difficultés rencontrées.
Ce bilan suppose une préparation individuelle et il est généralement suivi d’une Eucharistie festive qui constitue comme un envoi.

Notes ---------------------

* Hugues LENA est moine bénédictin du Prieuré Saint Benoît de l’HAY les ROSES (94). [ Retour au Texte ]