Une "journée de la Vie Religieuse"


Claude SCHOCKERT *

En 1982, le service Diocésain des Vocations avait mis l’accent sur la vie religieuse masculine et féminine pour la Journée mondiale de prière pour les Vocations. Un livret avait été confectionné pour aider la réflexion et la prière des communautés et des groupes de chrétiens.
L’idée d’un rassemblement de la vie religieuse à la cathédrale bien accueillie par les religieuses, notre évêque et le vicaire épiscopal de la ville n’a pu se réaliser car il y avait, en ce 4ème dimanche après Pâques, rassemblement de
l’Enseignement libre, au parc des Expositions.

Ce concours de circonstances nous obligeait à modifier les motifs de cette journée de la vie religieuse, si nous voulions la vivre à un autre moment.
L’équipe des religieuses travaillant au Service des Vocations reprenait contact par sa déléguée avec le Conseil diocésain des religieuses... et c’est ainsi qu’est née cette journée du 10 Octobre :

Fin Septembre - début Octobre, les trois monastères de Nancy fêtent le 8ème centenaire de la naissance de St François (Clarisses), le 4ème centenaire de la mort de Sainte Thérèse d’Avila et le 350ème anniversaire de l’arrivée des Visitandines dans le diocèse.

Le délégué épiscopal auprès de la vie religieuse annonçait en Juillet, dans le bulletin "Notre Eglise" :

"Nous voudrions faire de cette journée du 10 Octobre une fête de la Vie Religieuse, surtout dans sa dimension contemplative, si fortement signifiée et vécue par les moniales. Ce sera une fête diocésaine, donc présidée par notre évêque qui rassemble tout le peuple de Dieu dans une messe solennelle à la cathédrale, avec des moniales, les religieuses de vie apostolique, les religieux, et de nombreux laïcs".

Pour la préparation de la journée :
Quelques religieuses envoyées par le conseil diocésain des religieuses, le délégué épiscopal, quelques éléments du Service des Vocations.

LA JOURNEE DU 10 OCTOBRE

Sag 7,7-11
Héb 4, 12-13
Luc 10, 17-30

Eucharistie

 

La cathédrale remplie. Vingt-cinq moniales jalonnent un espace ouvert sur l’assemblée organisée tout autour et fermé par un autel provisoire.

Cet espace assez vaste permettait l’utilisation de symboles pour dire quelque chose de la vie religieuse : l’encens déposé dans une vasque en début de célébration, le cierge pascal pour signifier la suite du Christ mort et ressuscité, et la Parole de Dieu qui donne sens à la Vocation et qui est lieu de vérification de l’appel de Dieu.

Ces trois symboles étaient réunis au moment de la prière universelle et portés par prêtres, religieux, religieuses et laïcs pour signifier la complémentarité des vocations et dire que la vie religieuse interpellait les autres vocations sur des réalités importantes que tout le monde est appelé à vivre en raison du baptême :

"Aujourd’hui, nous nous unissons à l’action de grâces des trois communautés contemplatives du diocèse. Si toutes les religieuses, tous les chrétiens, sont pour Dieu et pour le monde au nom de Dieu, les contemplatives attestent que le Royaume de Dieu est déjà au milieu de nous. Nous avons besoin d’elles pour nous le rappeler. La distance qu’elles gardent vis-à-vis du monde nous invite à être attentifs aux choses de Dieu. Car tous et toutes, nous sommes appelés à être des contemplatifs et ensemble nous remplissons la même mission d’Eglise". (Père Jean Bernard, évêque)

Tout autour de la cathédrale : Treize panneaux d’une exposition réalisée pour la circonstance par différentes communautés et appelée à devenir itinérante dans les paroisses du diocèse.
Cette exposition était une catéchèse de la Vocation et des vocations : vocation de l’homme, vocation de l’Église, les diverses vocations qui font le peuple de Dieu.

Dans le choeur : Deux panneaux par monastère pour exprimer quelque chose de leur vie ; le spécifique.

Repas

Après l’Eucharistie, dans une école voisine de, la cathédrale, un repas froid avait été préparé (sorte de buffet campagnard) : plusieurs communautés avaient participé à son élaboration. L’ambiance était très fraternelle entre les deux cents convives. Beaucoup de religieuses de la ville avaient cru que ce repas était réservé à ceux et celles qui habitaient loin et ne s’étaient pas inscrites.

L’après-midi

Les panneaux de la cathédrale avaient été replacés dans plusieurs salles de l’école et, pendant quelques heures, les gens sont venus faire connaissance avec les clarisses et St François (un montage a été présenté plusieurs fois), les carmélites et Ste Thérèse (un montage), les Visitandines (une exposition commentée) et le service des Vocations (l’exposition).

Les Vêpres à la cathédrale.

Psaumes du Dimanche IV, précédés d’une monition
Magnificat gestué pendant le chant par quelques moniales - V.146 -
Grande doxologie de Tamié
Hymne : "Prenons la main que Dieu nous tend" - T.42/2 -
Parole de Dieu : Phil. 3, 8b-9a plus 10-14 : "A cause de Lui, j’ai tout perdu et je considère tout cela comme ordures afin de gagner Christ.."

***

Le journal local fit un très bon compte-rendu de cette rencontre. Cette journée fut très réussie. Beaucoup, parmi religieux et laïcs, regrettèrent de n’avoir pas été là..."Si on avait su .. !".

QUELQUES REACTIONS DE PARTICIPANTS

Ce fut un jour de fête

"C’est très bien une journée comme aujourd’hui. C’est exceptionnel. Je suis frappée par la joie paisible de toutes ces Soeurs", (une laïque)
"Et l’évêque était avec nous au repas, au milieu de tout le monde, très heureux, très humain, un Père et non un Seigneur", (une religieuse)

Uune journée d’Eglise

"Extraordinaire de voir les Soeurs sortir de leur monastère pour rejoindre le peuple de Dieu et venir prier avec lui, en Eglise." (une laïque)
"La vie religieuse se manifestait dans sa diversité, au coeur même de l’Eglise. C’est important pour la vitalité de l’Eglise." (un prêtre)
"Il y a diversité de vocations pour le service d’un même Seigneur. C’est bon de temps en temps de le vivre ensemble, Cela nous enracine dans le pourquoi de notre vocation. Un seul coeur, une seule âme" : on vit cela aujourd’hui dans une assemblée d’Eglise. Ce matin, l’encens qui brûlait au milieu de nous était le symbole de ce même amour qui remplit nos coeurs." (une moniale).
"J’avais une certaine appréhension à venir à cette journée, car nous, carmélites, nous sommes faites pour la vie cachée ? Et je craignais un peu d’être en spectacle... Mais, aujourd’hui, je comprends que le témoignage d’Eglise que nous donnons ainsi, toutes réunies, est important. C’est un témoignage collectif : les trois monastères réunis, au lieu de fêter chacun son saint chez soi.
Et puis, il y a une joie à participer à une célébration du peuple de Dieu, à rencontrer ceux pour lesquels on prie dans le silence du monastère, sans jamais les voir. Se raccrocher uniquement à la foi n’est pas toujours facile. Voir, une fois, en passant.., tous les cent ans, c’est bien."
(une moniale).

Une rencontre fraternelle

"C’est important que les religieuses puissent avoir un temps et un lieu pour se connaître." (un prêtre).
"Il est bon de se retrouver entre contemplatives et de rencontrer les religieuses de " Vie apostolique." (une moniale).
"Nous sommes contentes de vivre aujourd’hui ensemble ce qui nous unit profondément, dans l’essentiel de notre consécration religieuse. C’est un enrichissement que cette rencontre. Nous sentons mieux que nous sommes complémentaires les unes des autres." (une moniale).
"Cette journée a rendu visible la communion spirituelle qui se vit habituellement entre toutes les communautés", (un prêtre).
"Bonne occasion aussi de voir les contemplatives ’au ras du sol’."
(une laïque).
"Les montages de l’après-midi font comprendre ce qui reste souvent caché, Ce retour aux sources permet de mieux connaître les différences, les caractères particuliers de chaque monastère." (un prêtre).

Quelques suggestions...

"Je souhaiterais que cette première prise de contact soit le prélude de rencontres plus larges",
"J’aurais aimé que les religieuses nous interpellent davantage ; elles ont un message à dire aux hommes de notre temps".

***

Une telle journée apporte beaucoup. Les religieux, les prêtres ont été peu présents. Un an après, les relations ayant changé avec la vie religieuse, il en serait autrement.
A une rencontre entre religieux sur les critères d’appel à la vie religieuse, plus de la moitié des religieux du diocèse étaient présents. Aujourd’hui, religieux et religieuses cherchent ensemble avec le Service des Vocations comment éveiller à la vie religieuse...

Une journée comme celle de ce 10 octobre s’inscrit dans l’histoire d’un diocèse et de la Pastorale des Vocations qui est pastorale de relations, avant tout.

 

* Claude SCHOCKERT, prêtre, est délégué diocésain aux vocations pour le diocèse de Nancy. [ Retour au Texte ]