Des jeunes se rassemblent à la "veille" d’une ordination


- Au diocèse de Sées -

La Cassine, un petit monastère champêtre, fondation franciscaine, à 20 km de la cathédrale.

Le diocèse de Sées, un peu moins de 300.000 habitants, comme de nombreux diocèses ruraux de France.

Un événement : six jeunes hommes vont être ordonnés prêtres.

Cela vaut la peine de convoquer les jeunes.
Même s’ils n’étaient pas six, il ne faudrait pas hésiter. Nous savons l’intérêt de tels rassemblements, de telles marches.

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LE RASSEMBLEMENT DE LA CASSINE (3)

Ceux qui ont assisté à l’ordination, le 6 juin, à la cathédrale, se souviennent de cette recommandation des six ordinands au Père Evêque :

"Père, dites surtout que nous sommes pleins de joie et que servir donne le bonheur".

C’est cette joie, semble-t-il - la joie que procure la rencontre du Christ - qu’ils avaient envie de partager aussi avec des jeunes du diocèse, lorsque l’idée leur vint de les inviter au rassemblement de la Cassine.

A la façon de Philippe allant à la rencontre de Nathanaël, ils nous ont adressé un "Viens et vois" qui fut pour nous comme le mot de passe de ce weekend sur le chemin de la Cassine à Sées.

Viens !
Nous avons été 330 à répondre à cette invitation et à venir de tous les coins du diocèse.

Près de la moitié d’entre nous avait plus de 18 ans, mais la tranche d’âge la plus représentée était les 16-17 ans.

Nous étions divers :

  • jeunes en mouvements (Action catholique, Scoutisme, Groupe d’après Lourdes...),
  • jeunes en aumônerie, du public et du libre,
  • jeunes "isolés"", venus sur une annonce paroissiale ou sur l’invitition d’un ami...

Divers mais désireux dans l’ensemble de partager et heureux de découvrir "que beaucoup plus de personnes qu’on ne croit, sont en recherche et en marche".

Alors, qu’avons-nous vu ?
Nous avons vu tout d’abord cette diversité de nos origines, exprimé dès l’accueil. Chaque secteur était applaudi, tandis que se construisait sous nos yeux, par l’assemblage des douze fragments d’un puzzle, la carte du diocèse.
A croire que de Sées, il peut sortir quelque chose de bon !

Nous avons vu aussi des témoins, Jean-Marc et Philippe, nous rendre compte de leur cheminement. Différents par leurs origines, différents par leurs choix, l’un porté à la vie contemplative au sein de la famille franciscaine, l’autre engagé avec sa femme au service des frères dans le cadre du Secours Catholique, différents à plus d’un titre mais semblant tous deux gravir comme les deux versants d’une unique montagne.

Puis nous avons été invités à réagir sur ces deux témoignages, par petites équipes de dix et par âge. Ce fut le moment de nous dire nos propres recherches, nos propres découvertes : ce qui nous tient à coeur.

Après dîner, nous nous sommes tous retrouvés dans l’église de La Roche-Mabile et là, dans un beau cadre roman, nous avons vécu une veillée. Et là, qu’avons-nous vu ? Nous avons vu non plus des individus mais des groupes nous apporter leurs témoignages.

Une équipe de Flers nous a rappelé, par une méditation gestuée du prophète Jonas, que "décidément, l’amour n’est pas synonyme de bien-être et de stabilité".

Un groupe de La Ferté-Macé nous a fait prier sur quelques belles pages de son Gospel : les invités au banquet, la rencontre de Jésus et de Marie-Madeleine, les femmes au matin de Pâques, tout cela révélant l’action efficace de la Parole de Dieu qui remet debout, fait vivre et envoie ...

Parole de Dieu qui continue d’agir, nous l’avons vu, chez Dominique, Guy, Lucien, Loïc et les deux Jean-Pierre, sans oublier les deux Françoise qui nous ont dit leur vocation de femmes dans l’Eglise.

Et la veillée s’est achevée dans une joie profonde par une prière d’intériorisation et par un mot d’envoi du Père Evêque.

La nuit fût courte et le confort sommaire, dans les granges de Fontenay.
Mais qui dira assez la discrète hospitalité de ceux qui nous ont reçus !

Le dimanche matin, ce qui nous a remis en route, c’est le café et ... le message des évêques aux catholiques de France : Lève-toi et marche !

"Faisons route ensemble. Notre foi nous dit : Dieu nous parle aujourd’ hui par les autres et dans les événements... Rejoignons le Christ vivant, capable de donner un souffle nouveau à notre existence. Devenons des Evangiles vi- vants pour des communautés chrétiennes vivantes ..."

Mais la route fut dure et chaud le soleil. La halte de la matinée fut bonne, elle nous permit de nous dire ce que nous inspirait l’ordination et la place que nous sommes prêts à prendre dans la vie.

On a exprimé ce qu’on attend des prêtres :

  • "qu’ils nous relancent ! C’est tellement facile de tout laisser tomber ...
  • "qu’ils posent les problèmes et informent la communauté !
  • "qu’ils sachent voir les dons de la communauté et qu’ils fassent vivre ! ..."

On a bien dû admettre :

  • "que leur vie dépend de notre attente,
  • "qu’on a l’Eglise qu’on veut,
  • "et qu’on doit aider les prêtres par la prière et la pratique pour qu’ensemble nous partagions le message d’amour qu’ils ont reçu".

On a reconnu aussi :

  • "que l’Evangile, on ne peut le vivre tout seul : on a besoin des autres ;
  • "qu’on ne peut faire des cases dans sa vie : l’Evangile c’est à vivre à chaque minute ;
  • "et que la prière, c’est fondamental : on devient des acteurs et non plus des spectateurs . . . "

Alors, avec tout cela, nous étions prêts à participer à l’ordination de Guy, Dominique, Lucien, des deux Jean-Pierre et de Loïc : ce n’était plus seulement leur affaire, c’était aussi la nôtre !

Et si la fatigue s’est fait sentir, et l’inconfort aussi, il y des moments de la célébration que nous avons particulièrement goûtés. Par exemple l’imposition des mains par les autres prêtres. Elle fut longue, mais l’assistance y participait en demandant l’Esprit pour les prêtres par le chant du "Veni Sancte Spiritus".

Ce que nous avons trouvé impressionnant, c’est cette force qui donnait des futurs prêtres, une force inébranlable - une paix intérieure que nous pouvions partager, qui venait de l’Esprit. Cette force, elle est en nous aussi. J’espère qu’elle va nous aider maintenant à transmettre la joie qui nous a remplie pendant ce week-end.

Et s’il est vrai que tout n’est pas miraculeusement transformé, comment ne pas croire à une Présence vivante au milieu de nous ?

C’est cette Présence qui fera que ce rassemblement de la Cassine ne sera pas sans lendemains.

Des participants.

(3) L’Appel - 3ème trimestre 1982 [ Retour au Texte ]