Un congrès diocésain des Vocations en Haute-Marne


"Viens et suis-moi"

Ferons-nous entendre l’appel du Seigneur aujourd’hui ?

C’était avant Amiens, le 21 mars 82, plus de 100 personnes rassemblées pour un congrès diocésain des vocations. Dans notre diocèse d’à peine 220.000 habitants, nous n’en espérions pas tant. Il faudrait aussi compter tous ceux et toutes celles qui ont participé à ce congrès en le préparant dans leurs équipes d’A.C., de catéchèse, ... et qui ont envoyé leur participation écrite.

POURQUOI CE CONGRES ?

L’équipe du Service Diocésain des Vocations, assurée que les vocations dans l’Eglise, c’est l’affaire de tous, s’efforçait de susciter des petites "équipes vocation" dans les secteurs paroissiaux. L’idée est alors venue de les rassembler. Mais ... pourquoi ne pas y inviter tous ceux et celles qui le souhaiteraient ?

Une occasion de relancer la réflexion et un meilleur service des vocations dans le diocèse.

Ensemble, se mettre à l’écoute des dynamismes qui travaillent le monde, l’Eglise, prêter attention aux aspirations, aux interrogations qui animent le coeur des hommes, pour mieux reconnaître et servir les appels que Dieu adresse aujourd’hui à des jeunes, des hommes, des femmes.

SA PREPARATION

dura plusieurs mois. Il y eut l’information dans la presse diocésaine :
"La croix de la Hte-Marne", "La vie diocésaine" ; mais aussi, une lettre accompagnée d’un questionnaire de réflexion (inspiré du dossier d’année du SNV "dynamismes du monde, vocations d’aujourd’hui" et adapté à chacun des destinataires), courrier adressé aux responsables diocésains des mouvements et services, aux animateurs des mouvements de jeunes, aux groupes d’aumôneries scolaires (école catholique et enseignement public), aux catéchistes, aux communautés religieuses, aux prêtres.

Ainsi, toutes les équipes d’ACGF, VEEA, CMR, ont été invitées à envoyer leur contribution. Dans les jours précédant le congrès, nous avons reçu de nombreux comptes rendus d’équipes d’A.C., de communautés religieuses, ...
mais aussi les synthèses des instances fédérales du MRJC et du CMR. Aussi pouvions-nous dire, sous forme de boutade, que "la journée était réussie avant même d’avoir commencée".

LA JOURNEE ELLE-MEME

a bien montré que nous sommes tous concernés par les vocations :

  • d’abord par le nombre des participants - 120 personnes se sont déplacées dont quelques religieuses et quelques prêtres (l’après-midi). Des prêtres n’ayant pu venir à la journée se sont joints à la concélébration qui clôturait la rencontre
  • mais aussi par la qualité des échanges.

La matinée fut essentiellement consacrée à une réflexion en carrefours autour de quatre questions :
1. Qu’est-ce qui, aujourd’hui, mobilise et fait réagir les jeunes et les adultes ?
2. Qu’y découvrons-nous comme obstacles et chances pour les vocations ?
3. Quels appels percevons-nous pour notre propre vocation chrétienne ?
4. A quelles conversions personnelles et communautaires sommes-nous invités pour faire entendre l’appel du Seigneur aujourd’hui ?

L’après-midi, après la synthèse des carrefours et des réponses écrites, l’intervention de Gérard Muchery nous invita à ne plus chercher des responsables à la crise actuelle, mais à vivre dans la foi et l’espérance la période de purification, de décantation, de redécouverte de l’essentiel que nous vivons actuellement ...

"L’aspect le plus pénible de la crise est passé et je dis que c’est parti. Il suffit de vous voir. Il y a dix ans, vous n’auriez pas été là tous . . . "

L’Eucharistie, concélébrée à l’église paroissiale voisine, terminait la journée. Dans son homélie, notre évêque nous invita à "écouter les hommes, à découvrir à quoi ils aspirent, afin d’être avec eux des quêteurs de Dieu", car "les appels que nous entendons sont toujours des appels à devenir Christ pour aujourd’hui". Si nous entendons l’appel du Seigneur à réaliser nos vies, là où nous sommes, alors nos vies deviendront parlantes.

REACTIONS

Deux réactions enregistrées à la suite de ce congrès :

  • "Il y a dix ans, j’aurais dit : le problème des vocations ne me concerne pas.
    Du fait que je ne me découvrais ni vocation sacerdotale ni vocation religieuse, je ne voyais pas la raison de m’intéresser à ce problème. Participer à la vie de l’Eglise amène nécessairement à réfléchir davantage à la question des vocations".
  • "Si j’ai conscience aujourd’hui d’avoir une vocation dans l’Eglise, c’est bien aux engagements que j’ai pris comme catéchiste que je dois de l’avoir découverte. Plus on découvre l’Evangile, plus on sent la nécessité de le partager avec d’autres".

ET MAINTENANT ?

Les vocations, ce n’est pas l’affaire du seul Service Diocésain des Vocations, c’est l’affaire de tous. La plupart des participants au congrès nous ont fait savoir qu’ils souhaitaient une suite à la réflexion commencée.

L’équipe S.D.V, reprend et travaille les comptes rendus de carrefours et les rapports écrits reçus. Elle prépare un document permettant de poursuivre le dialogue et la réflexion commencés avec différents groupes et particulièrement les mouvementa chrétiens.

Ensemble, nous nous efforçons de répondre à l’appel de Dieu. Ce peut être un chemin pour que l’Appel soit entendu de tous et que des réponses y soient données.

Jean-Louis DE KERGOMMEAUX

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SYNTHESE DES CARREFOURS ET DES RAPPORTS ECRITS.

A - LES DYNAMISMES QUI MOBILISENT LES JEUNES :

1) Tout ce qui touche à l’épanouissement, à Ia réalisation personnelle de chaque individu, du sport à la prière, en passant par la musique, les loisirs, les vacances, une relativisation du travail, une recherche de la qualité de la vie qui va jusqu’à la quête du spirituel, une recherche aussi de la place de la femme, une attention privilégiée à tout ce qui touche aux droits de l’homme et à leur défense (Amnesty et ACAT) partout où ils sont menacés.

2) Tout ce qui incite les jeunes à rencontrer l’autre, et particulièrement les plus pauvres de nos sociétés, les plus défavorisés, avec une sympathie spéciale pour les handicapés de toute nature, une ouverture au Tiers-Monde.

3) Dynamisme qui pousse les jeunes vers l’autre, pas seulement pris individuellement, dynamisme qui les pousse à se rassembler, à former des équipes, à vivre la fête ensemble, à participer aux diverses formes de vie associative et à des regroupements, par exemple le congrès de Lourdes ou l’ordination de notre évêque.

4) Leur ouverture à tout ce qui est universel, à la dimension internationale des questions, cette sensibilité étant renforcée par une information beaucoup plus vaste que celle dont on disposait autrefois, grâce aux mass-média.

5) Les "dynamismes en réaction" ... contre le racisme : leur réaction de franchise parfois brutale face aux mensonges sous toutes ses formes, en particulier l’hypocrisie des chrétiens qui affirment des principes très solides, mais dont la vie est rarement en conformité avec ces mêmes principes : réaction à tout ce qui est injustice, à la guerre .... Déconvenue face à des espérances déçues, dont ils ont mesuré les limites : ce qui les pousse à se mettre à la recherche d’une bouée de sauvetage et d’un sens à leur existence.

6) Dynamismes qui naissent d’une expérience d’Eglise. Comment l’Eglise les mobilise-t-elle ? Dans la mesure où ils découvrent l’importance de la mission. Il y a plus d’esprit missionnaire qu’autrefois. Le contact journalier avec l’incroyance les pousse à une réaction personnelle, à une affirmation de leur foi quand ils en ont le courage, en tous cas à une recherche personnelle à cause de l’incroyance qui peut démobiliser mais aussi dynamiser.

Les jeunes sont très sensibles à l’harmonie entre les principes et la vie chrétienne vécue concrètement. A noter l’influence prépondérante des foyers chrétiens, vivants, épanouis, qui prennent des responsabilités, s’occupent des jeunes, n’ont pas peur de les accueillir.

B - OBSTACLES ET CHANCES

L’ensemble des groupes ont reconnu avoir été plus sensibles aux chances qu’aux obstacles.

1) Les obstacles :

- Mettons en tète ceux qui proviennent de l’environnement, tout ce qui dans notre monde fait perdre le sens de l’effort, pousse au confort, à l’argent, aux loisirs.

- Obstacles personnels  : peur d’un engagement définitif, manque de foi en la possibilité d’une fidélité qui se maintient toute la vie, méfiance à l’égard de tout ce qui pourrait structurer un engagement pour lui donner des chances de durer.
On veut bien s’engager, mais dans quelque chose de ponctuel, on refuse un encadrement dans lequel on voit une limitation de la liberté personnelle. - Capitulation assez rapide devant un effort prolongé. Peur d’une certaine solitude morale, celle que peut éprouver un prêtre qui n’est pas soutenu par des communautés (à ce niveau de l’analyse, il n’est pas fait directement référence au problème du célibat, dont la valeur positive est par ailleurs rarement perçue).

- Obstacles qui proviennent de la vie des chrétiens eux-mêmes : manque d’unité, contradiction entre ce que l’on dit et ce que l’on fait, manque de convictions de certains adultes, le fait que l’Eglise semble accueillir avec un certain scepticisme tout ce qui fait la vie des jeunes d’aujourd’hui : style de vie, points de vue etc., bref une génération nouvelle et différente. L’engagement de certains chrétiens militants qui n’ont plus le temps de vivre leur vie familiale, ce qui conduit les jeunes à dire, par réaction : "Si c’est pour avoir une vie comme la vôtre, moi, je ne m’engage pas". Cela est vrai non seulement des engagements dans la vie ecclésiale, mais aussi des engagements dans la vie de la cité. Par ailleurs certaines critiques à l’intérieur de l’Eglise peuvent être démobilisantes pour les jeunes.

2) Les chances
- Celles qui tiennent à la personnalité des jeunes eux-mêmes, plus capables de réfléchir, de partager, de rencontrer l’autre avec tout l’enrichissement réciproque que cela comporte.

- L’ouverture plus grande à la prière, plus sensible depuis quelque temps (ce qui pose aussi problème, "une veillée de prières de jeunes peut aboutir à moins de réflexion et d’engagement que la participation à une réunion d’Action Catholique").

- Leur sensibilité plus grande à la pauvreté sous toutes ses formes.

- Une catéchèse plus proche de la vie.

- Le témoignage vrai de certains chrétiens adultes.

- La foi des adultes se vit davantage dans le concret de l’existence qu’autrefois.

- L’incroyance est pour tous les chrétiens, quel que soit leur âge, une provocation à une formation personnelle plus poussée et à un choix : "oui ou non, ai-je envie de témoigner de ma foi ?"

- "Toute crise est un appel".

C - QUELS APPELS ? ... QUELLES CONVERSIONS ?

Quels appels cela nous fait-il entendre pour notre vie de foi, notre vocation chrétienne vécue en Eglise ? A quelles conversions personnelles et communautaires sommes-nous invités pour que nos communautés chrétiennes deviennent plus appelantes ?

1) Importance de l’accueil  : savoir ouvrir nos portes pour que les jeunes découvrent comment vivent nos communautés. Passer d’un regard qui juge à une oreille qui écoute. Etre prêt à accueillir la différence. "Ils sont capables de se passionner pour Jésus Christ mais d’une manière autre que notre génération, d’une façon que nous n’attendions pas", "c’est autrement que nous qu’ils ont une chance de rencontrer Jésus-Christ et d’en vivre".

2) Une façon de revoir sa vie à la lumière de l’Evangile. Ne pas se contenter de dire : "nous sommes de bons chrétiens, le problème n’est pas chez nous, mais chez les autres".

3) Retrouver sa place de membre dans l’Eglise avec tout ce que cela comporte : place unique : il y a une place à prendre là où je suis que les autres ne prendront pas. J’ai une responsabilité à y tenir. Place limitée, du fait que je ne suis qu’un membre parmi d’autres. Ce qui va m’amener à ne pas en faire plus que je n’ai à en faire, à admettre que les autres aussi ont un engagement à prendre et qu’il faut savoir ne pas tout faire soi-même, percevoir la complémentarité, aider les autres - donc les jeunes aussi - à prendre des responsabilités à leur mesure.

4) Notre vocation de chrétiens, c’est aussi de nous ouvrir à tous ceux qui autour de nous ne sont pas pratiquants, mais qui ont des valeurs que nous pouvons déceler, par exemple dans des réunions de carême. De tels échanges provoquent à un changement de regard.

D - NOS CONVICTIONS ET NOS QUESTIONS

Convictions
1) L’Esprit-Saint nous devance et travaille au coeur de tout homme.
2) Nous sommes appelés à une conversion communautaire pour susciter rencontres et dialogues entre les générations différentes.
3) Il apparaît primordial que les foyers chrétiens soient accueillants et vivent leur foi dans le concret de l’existence.
4) Place de la prière.
5) Importance de la formation à la vie affective des jeunes.
Dieu appelle, nous avons une responsabilité pour que ces germes se manifestent et aboutissent.

Questions
1) Peut-on avoir la foi en Dieu, si on ne croit pas en l’homme ?
2) La question que posent l’engagement et la durée ... où le refus de l’engagement qui dure.
3) Comment faire pour trouver des responsables de jeunes ? Pourquoi y en a-t-il peu ?
4) Comment rendre les communautés - diocésaines, paroissiales, familiales, Ecole catholique, mouvements d’Action Catholique - davantage responsables de l’éveil des vocations ?
5) Comment tenir les deux bouts de la chaîne : la recherche du spirituel et le maintien de l’engagement concret dans un mouvement d’Action Catholique ?