Congrès Eucharistique - Groupe-Témoins-Vocations. Des jeunes s’expriment. Synthèse


Jeunes et Vocations d’avril (p. 15) présentait le Groupe-Témoin-Vocations qui sera présent au CEI 81.

Pour apprendre les uns des autres, à partir de leur expérience personnelle, ce qu’est la vocation, les membres du groupe ont décidé de s’exprimer à partir des questions présentées ci-dessous.

Nous donnons ici la synthèse des réponses aux questions 1 à 5. Les réponses à la question 8 ont été reprises en une note envoyée à Lourdes pour le "Livre Blanc" des jeunes au Congrès Eucharistique.

  1. Dans ma relation à Dieu, y a-t-il maturation progressive ou plutôt des étapes déterminantes ? Lesquelles ?
  2. Qui est ce Dieu qui m’appelle ?
  3. Cet appel s’enracine dans tout ce que je suis (famille, relations, études, travail , loisirs...) Dans lesquelles de ces réalités se révèle et se précise-t-il ?
    A quels moments de mon histoire ?
  4. Quels groupes ou communautés d’Eglise ou quelles personnes m’ont aidé à prendre conscience de cet appel ?
  5. En réponse à cet appel, quel est mon désir profond ?
  6. Pour correspondre à ce désir, quel est mon projet, dans la mesure où je l’entrevois déjà ?
  7. Dans la mise en oeuvre de ce projet, à quelle étape en suis-je de ma recherche ou de ma formation ?
  8. "Eucharistie au coeur de tous les appels" ? Pour Moi ?

REPONDRE A L’APPEL DE DIEU ?
- Témoignages de jeunes -

I - QUI EST CE DIEU QUI M’APPELLE ? (question 2)

Toutes nos réponses quels qu’aient été nos cheminements, se rejoignent dans ces mots souvent tous repris :

- Dieu est Amour

- Dieu est Père

- Dieu est proche des hommes

- Notre Dieu est celui de Jésus-Christ.

* Le Dieu Amour, c’est celui qui
      "est pauvre et humble"
      "est joie"
      "qui nous rend libre et conscient"
    il est "Paix, Amour et Joie"
* Le Dieu Père, c’est celui qui
      "aime ses enfants"
      "est ami de tous les hommes"
      "est le créateur"
      "est plein de tendresse ; père mais aussi mère".
* Le Dieu proche des hommes
      "habite au milieu de nous"
      "vient à notre rencontre dans la vie quotidienne"
      "est notre compagnon de route"
      "est vivant même si sa présence n’est pas toujours évidente"
* Enfin le Dieu de Jésus-Christ, c’est
      "Dieu qui prend chair"
      "Dieu qui prend notre condition pour nous rejoindre, chacun"
      "Le Fils, fils du Père et animé de l’Esprit"
      "Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob"

* Mais ce Dieu qui m’appelle me révèle son visage d’Amour pour que j’aille à mon tour le révéler.
Dieu est solidaire de l’humanité en Jésus-Christ. Comme Il s’est fait serviteur, il me presse de le devenir.

* Enfin n’oublions pas, nous l’avons souvent rencontré dans nos réponses, deux merveilleux visages de Dieu :

  • - Il est pardon, miséricorde
  • Il est Liberté ; et liberté qui me crée libre.

* et puis, ça et là : un Dieu jaloux qui réclame tout dans la liberté sans cesse redonnée.
Un Dieu qui m’appelle au bonheur des béatitudes, qui me fait naître à la vie d’enfant de Dieu

- Il est quelqu’un de vivant -

II - MA RELATION A DIEU - SON APPEL (questions 1 et 3)

Deux questions différentes, une même dynamique.

1) * Ce qui apparaît à travers l’immense majorité des questionnaires :
"Mon Dieu est un Dieu familier".
"Ma relation à Dieu, c’est un chemin qui traverse des forêts, des rivières, c’est un chemin qui grimpe vers des sommets vertigineux ou qui descend vers des profondeurs de feu ; c’est un chemin que croise et recroise d’autres pistes. Parfois, on y trouve des haltes".

L’approche de la connaissance de Dieu remonte donc, dans la plupart des témoignages, assez loin dans les histoires personnelles.
La relation personnelle à Dieu a grandi avec la vie de tous les jours et les événements qui la croisent et la bouleversent.

* Bref, la relation à Dieu est d’abord chemin d’humanité.

- à travers le développement psychologique,

- à travers tous nos réseaux de relations,

- à travers mes activités, travail, études, etc., où j’ai appris à m’engager.

* C’est là, avec tout cela que nous avons fait l’expérience concrète de l’Amour de Dieu, même si des temps forts sont venus comme amarrer cette rencontre avec le Dieu d’Amour, cet "apprivoisement".

- Le premier temps fort, c’est bien sûr la prière ; l’enracinement dans la prière nourrie de la Parole.

- Il y a les retraites, les rencontres avec des "porteurs de Dieu".

- Importance est aussi donnée à la communauté chrétienne locale et aux sacrements.

- Enfin les temps forts, ce furent aussi des événements marquants de notre vie où nous avons su Iire la présence de Dieu :

      • expérience de la souffrance,
      • expérience de l’Amour dans un couple.

* Mais ce chemin, même s’il est le compagnon de longues années, n’en est pas moins parfois aride, éprouvant, déconcertant. Ce sont les temps de doutes, d’interrogations.

- questions fondamentales de la vie : souffrance, mort, mal ...

- peur devant ce que l’on perçoit du chemin de Dieu : risquer sa vie ...

- absence de Dieu ; il paraît ne plus entendre... ou nous n’avons plus besoin de Lui ...

* Ainsi, pour chacun de nous, le chemin de Dieu fut, un jour ou un autre, et plusieurs fois, à reprendre, à "reconquérir". Parce qu’il nous a laissés libres, il nous a fallu savoir le choisir et le rechoisir. Rien ne fut ici jamais acquis d’avance, même quand Dieu est un compagnon de longue date.

* Quelques témoignages reprennent un itinéraire au départ bien différent : la rencontre "foudroyante", inattendue de Dieu dans leur vie. Un Dieu qui a fait irruption sur la route sans avoir été attendu ni appelé ; qui "a forcé les portes closes ..." Mais ensuite ces "chemins de Damas" ressemblent comme des frères à ce "chemin qui traverse la forêt" ... Doutes, expériences de Dieu, temps forts, etc.

2) Les réponses à la question : "Dans quelles réalités s’enracine mon appel ?" reprennent ce qui vient d’être dit.

* L’appel du Seigneur s’enracine partout, dans toute la vie quotidienne.
Une constatation peut ainsi être faite : les lieux de la maturation de la relation à Dieu et les lieux d’un appel bien précis du Seigneur sont confondus. Tout cela ne fait qu’un dans nos vies. C’est au travers de notre "Expérience. de Dieu" que vient se révéler l’appel particulier qu’Il nous adresse.

- la famille joue souvent un rôle très privilégié de par le témoignage qu’elle est : témoignage de foi et témoignage de valeurs évangéliques.

- L’appel est aussi au coeur d’une multiplicité de situations où il s’est fait connaître et reconnaître ; les mêmes, le plus souvent, que celle où a grandi la relation à Dieu ;

- travail,

- relations de toutes sortes qui interpellent, provoquent émerveillent.
Relations avec des proches, des amis qui vivent des engagements forts.
Là aussi, relations avec des témoins vivant de Dieu ;

- Evénements précis tels des fiançailles, une ordination, ou des moments difficiles : maladie, doute ...

* Dans beaucoup de ces temps qui furent pour nous autant de signes de l’Appel de Dieu dans nos vies, l’accent est mis sur l’interpellation qu’ils ont provoquée. "Devant ces événements, qu’est-ce que Dieu me dit, qu’est-ce que je fais ?" Un exemple : l’appel perçu à travers des relations tissées avec des "paumés". "Quelle disponibilité avoir ?" "Comment témoigner Jésus Christ ici ?" "Quelle est ma vie devant leurs détresses ?"

* Enfin l’appel de Dieu se fait pressentir dans l’expérience de Dieu qu’est la prière. Prière solitaire, secrète ; et prière communautaire.

III - CE QUI M’A AIDE A DISCERNER ET OSER REPONDRE A L’APPEL DE DIEU (question 4)

* A la lecture de nos réponses, une constatation massive s’impose concernant ceux qui furent révélateurs, provocateurs de cet appel. Ce furent :

- le milieu familial,

- les groupes d’appartenance diverse. Mouvement de jeunes, groupe de partage de vie où, au coeur d’engagements quotidiens, des réflexions s’élaboraient,

- les "témoins de Dieu" : rencontres personnelles. D’abord interpellation, puis aide à y voir plus clair et à s’engager. Religieux, religieuses, prêtres, amis, communautés.

Avec les réponses à ces trois questions apparaît l’unité de la vie en Dieu. Il y eut des signes, il y eut des moments et des personnes plus déterminants, souvent les mêmes d’ailleurs ; mais tout cela enraciné dans une recherche quotidienne de Dieu.

- Et il n’est pas négligeable de découvrir dans nos réponses que le dénominateur commun à cette dernière question est : écoute, sincérité, gratuité.
C’est grâce à ces trois attitudes que notre quête a pu s’exprimer, être accueillie, accompagnée.

IV - EN REPONSE A CET APPEL QUEL EST MON DESIR PROFOND ? (question 5)

Deux grands thèmes dans nos réponses :

- se laisser saisir par l’Amour de Dieu

- en témoigner.

1) * se laisser saisir par l’Amour fou de notre Dieu
C’est apprendre de Lui à aimer comme Lui.
C’est le laisser déborder en nous. Qu’il nous envahisse.

* Et cela pour devenir au milieu de notre monde un signe de cet amour.
Là aussi deux pistes, parfois intimement mêlées :

- communiquer le bonheur d’être aimé de Dieu

- lutter pour que les hommes vivent debout.
Il s’agit d’être présent aux hommes quel que soit notre appel

- rayonner de la joie de croire,

- donner le goût de Dieu,

- travailler pour que d’autres reconnaissent la liberté à laquelle Dieu les appelle.
Pour la plupart d’entre nous, cela doit se vivre dans le quotidien de nos vies, engagés, solidaires avec ceux que le Seigneur met sur nos routes.

- devenir serviteur,

- mettre des frères debout et se lever avec eux,

- "vivre dans le monde sans les moeurs du monde"

- "et au coeur de cette vie, témoigner que Dieu est Père plein de tendresse", "témoigner qu’il est Fils venu parmi nous nous sauver à jamais", "témoigner qu’il est Esprit qui peut changer nos vies".
A noter aussi, pour plusieurs d’entre nous, le lien avec l’Eglise  ; avec une communauté de croyants. Le témoignage ne se vit pas tout seul.

EUCHARISTIE AU COEUR DE TOUTES LES VOCATIONS
- Note pour le Livre Blanc du Congrès Eucharistique -

Au coeur de notre expérience personnelle, nous reconnaissons ou nous pressentons que l’eucharistie est un "lieu" privilégié pour entendre l’appel du Seigneur et y répondre.
Comment cela ?

- Tout d’abord la découverte d’un appel

- Ensuite connaissance d’un Mystère qui est source de vie, dans l’intimité d’une rencontre.

- Enfin envoi à nos frères pour qu’ils en vivent eux aussi.

1 - UN APPEL :

C’est le Christ qui vient à nous, don total, gratuit, vulnérable, le langage de l’amour vécu en plénitude. Il nous rejoint sur nos chemins : il nous invite à le rejoindre.

"C’est Jésus qui se rend présent dans le pain et le vin et qui va se donner à moi, qui va m’envahir tout entière si je veux bien lui livrer toute ma personne. Il est nourriture pour ma vie."

"Cette présence d’un être vivant qui nous a donné sa vie pour que nos vies soient en lui, c’est bien le moteur de mon projet, de mon propre appel.
Par son corps et son sang, par cette présence, le Christ m’invite à le laisser, en Eglise, me transfigurer."

2 - UNE RENCONTRE :

Il nous invite à écouter, à nous nourrir de sa Parole. En partageant son corps et son sang, Il nous introduit, tous ensemble, dans sa vie de ressuscité.

En Lui, nous osons dire "Notre Père". Nous reconnaissons l’Amour fou de Dieu et nous pouvons Lui répondre d’un même Amour. C’est la raison de notre Espérance, la nourriture de notre foi.

"Pour moi, l’Eucharistie est le lieu où le Christ me forme pour que ma vie soit entièrement eucharistique, c’est-à-dire action de grâce et don".

3 - UN ENVOI :

C’est le même Amour puisé dans l’Eucharistie qui nous envoie vers nos frères. Vivre l’Eucharistie, c’est se laisser entrainer par le Christ pour lutter, pour rejoindre l’Humanité souffrante, torturée, humiliée, ayant faim et soif.

L’Eucharistie nous donne le goût de la communion avec les autres. Encore faut-il se laisser transfigurer par le Christ.

"L’Eucharistie est là, en lien avec la vie : l’Eucharistie au coeur de tous les appels, c’est le Christ qui lutte dans le monde et qui me dit :
"Viens et suis-moi."

CONCLUSION :

Source de joie, action de grâce, libération, appel à l’Esprit et présence, communion et mission, l’Eucharistie fait l’Eglise. Ainsi, est-elle à la source des vocations de ceux qui sont l’Eglise.

(Expression des jeunes du "Groupe-Témoin-Vocation" au Congrès Eucharistique de Lourdes 1981.)