Des Foyers-Séminaires de jeunes

Le texte suivant a été adressé à "La Croix" pour parution éventuelle. Il ne convient pas de le reproduire aussi longtemps qu’il n’est pas sorti dans ce quotidien.

Mais puisque "Jeunes et Vocations" est un courrier interne à la pastorale des vocations, il est intéressant de partager ces convictions au sujet des Foyers-Séminaires de Jeunes.

C’est un écho du document déjà paru à ce sujet. C’est une incitation à donner à la session de Chartres toute son importance.

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Un événement récent a mis en vedette une institution dont beaucoup pensaient qu’elle n’existait plus (1).

Il vaut la peine d’y revenir en quelques lignes. C’est une question très actuelle.

Il ne s’agit pas des "petits séminaires" tels que nous les connaissions jadis, mais des "foyers-séminaires", ou "collèges-séminaires" tels qu’il en existe encore aujourd’hui une soixantaine pour la France, répartis dans 37 diocèses.

Pourquoi est-ce une question très actuelle ? Pourquoi vaut-il la peine d’y revenir ? Répondre à ces interrogations, ce sera en même temps dire que nous sommes tous concernés.

Disons-le tout de suite : une institution de ce type n’a de sens et ne peut exister que si elle est bien située dans l’ensemble de la pastorale diocésaine.

En effet, les Foyers-séminaires dont nous parlons ne sont pas des institutions "à part", confiées à un ou deux prêtres, spécialisés pour cela, et dont l’unique objectif serait de préparer des prêtres pour l’Eglise, en souhaitant que nombreux soient les jeunes à "aller jusqu’au bout", à ne pas "arrêter avant la fin", à ne pas "quitter".

J’insiste à dessein sur ces expressions qui habitaient nos esprits et nos lèvres lorsqu’il était question de "petits séminaires".

Elles courent encore, soit dit en passant, à propos des jeunes qui ont décidé d’entreprendre une formation en "grand séminaire". Nous savons bien pourtant que, même pendant cette période, les premières années sont encore un temps où l’on vérifie sa vocation. Tel ou tel prendra légitimement la décision de s’orienter vers un autre état de vie ou un autre service dans l’Eglise, lorsqu’il aura mieux vu, après mûre réflexion et prière, quelle est sa vocation.

Quand il s’agit des "Foyers-Séminaires", comment des jeunes pourront-ils envisager d’y vivre quelques années si l’opinion publique chrétienne "colle" sur ces institutions une étiquette qui les fasse hésiter ?

Alors que, dans le contexte actuel, de nouvelles perspectives peuvent être envisagées.

Non seulement il faut que les soixante institutions qui se réclament, en France, de la notion de Collèges ou Foyers-Séminaires de Jeunes, c’est-à-dire particulièrement attentives aux vocations sacerdotales et religieuses, ne se sentent pas les héritières malheureuses d’un passé révolu, mais on devrait voir s’ouvrir de nouveaux Foyers là où il n’en existe pas.

Pourquoi ?

Parce qu’une Eglise diocésaine, qui veut préparer les conditions de son avenir, doit s’en donner les moyens.
Ces moyens sont évidemment nombreux. Nous ne parlons ici que des "Foyers-Séminaires".

De quels foyers s’agit-il ?

Quel que soit le nom qu’on leur donne, quelle qu’en soit la taille, ce sont des maisons où peuvent se retrouver les jeunes qui ont conscience d’avoir à prendre leurs responsabilités dans l’Eglise. Tout en poursuivant leurs études secondaires ou techniques dans un autre établissement (ce qui n’est pas le cas des collèges-séminaires), ils peuvent y réfléchir, avec d’autres jeunes et quelques adultes, prêtres ou laïcs, sur la manière d’assumer ces responsabilités. Ils peuvent y mûrir leur vocation, quelle qu’elle soit.

Quelle vocation ? La vocation, quelle qu’elle soit, disons-nous.

Mais il devrait être normal pour des jeunes chrétiens de se poser, un jour ou l’autre, la question du ministère presbytéral ou de la vie religieuse. Le foyer est là pour poser une telle question et permettre de la porter dans un cadre favorable de vie commune et de prière.

Encore faut-il que ce foyer soit connu dans le diocèse et bien situé dans l’ensemble de ce qui en assure la vitalité.

C’est d’ailleurs vrai de tout ce qui existe pour le service des vocations : que ce soit "bien situé", dans un ensemble, en lien avec ceux qui sont particulièrement chargés de ce service. Qu’il s’agisse des groupes ou équipes de recherche (que l’on appelle aussi "diaspora" pour les plus jeunes) ou des centres spirituels, monastères et Abbayes où passent de nombreuses personnes en "recherche de vocation". Dans cet ensemble, les foyers ont leur place, nous en sommes convaincus.

A Rome vient de se tenir un Congrès international pour le service des vocations. Son objectif était précis : comment promouvoir dans les "Eglises particulières" la responsabilité commune par rapport aux vocations ?

Parmi beaucoup d’autres réalités, il a été question des "foyers" ou des "petits séminaires". L’échange entre délégués de presque 50 nations a fait apparaître une grande diversité de situations. Qui en serait surpris puisque la France elle-même connaît cette diversité avec ses 60 institutions aux multiples visages.

Quoiqu’il en soit, aussi bien pour les institutions ouvertes à toutes les vocations que pour les foyers plus "spécifiques", proposés spécialement à ceux qui pensent à la vie religieuse ou au ministère presbytéral, une conviction s’est imposée à tous : une telle institution ne peut exister que si elle est "en relation vitale" avec l’Eglise particulière dans son ensemble.

En "relation vitale" avec toute l’Eglise diocésaine. Cela nous concerne tous. En premier lieu ceux qui sont plus directement engagés dans les différents secteurs de l’activité pastorale. Mais aussi ceux et celles qui, d’une manière ou d’une autre, "font l’opinion" par leurs propos et réflexions qui ont parfois beaucoup plus d’impact qu’on ne l’imagine.

Nous sommes tous "serviteurs de l’Evangile". Soyons une aide pour ceux qui s’interrogent sur l’orientation à donner à leur vie. Qu’iis soient heureux dans cette recherche.

Gérard MUCHERY

(1) Au diocèse de Rennes. Voir "La Croix" du 14.04.81 et du 27.05.81 [ Retour au Texte ]