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Pour les futurs prêtres, une "vraie formation" - un article de la Croix
Après quatre ans de présence à l’équipe nationale du service des vocations .,. quelques réflexions.
Tout d’abord "un constat positif : la préoccupation des vocations n’est plus l’affaire d’un petit nombre, spécialisés pour ce service, mais c’est de plus en plus l’affaire de tous.
Constat positif, oui ... A certaines conditions.
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Récemment je suis allé passer un dimanche dans une abbaye. Accueil très fraternel. Après le repas, le café.
Avec le Père Prieur, en tête à tête, je partage les raisons de mon espérance en lui exprimant cependant ma préoccupation au sujet d’un certain climat préjudiciable à l’éveil des vocations et à la formation de ceux qui pensent au ministère presbytéral.
Lorsque le cercle s’élargit, l’un des hôtes, éminent professeur et chrétien convaincu - c’était évident - me pose la question : "Y a-t-il encore des Grands Séminaires ?" Oui sans doute, puisqu’il pouvait me donner certains détails inattendus sur le style de vie de ces maisons de formation, d’après ce qu’il avait entendu dire !
C’était la parfaite illustration des propos que je venais de tenir au Père Prieur : on ne connaît pas les Centres de Formation sacerdotale qui existent en France et si on les connaît, on s’en fait une idée fausse, sans avoir le souci d’un minimum d’objectivité.
Pour participer depuis quatre ans au Conseil National des Grands Séminaires, je peux témoigner de ce que représente un tel climat pour ceux qui sont responsables au nom de l’épiscopat, de la formation des futurs prêtres séculiers. Leur mission n’est pas facile.
Nous nous souvenons - j’ai la cinquantaine - d’une formation plutôt monastique. Or le Décret du Concile sur la formation des prêtres précise comment former les prêtres séculiers pour un ministère dans les diocèses. Mission exigeante pour les formateurs.
Profonde connaissance du Mystère du Christ et de l’Eglise, introduction à la communion à Dieu par la prière ; connaissance aussi de la vie concrète des hommes, avec les nouvelles cultures dans lesquelles ils sont engagés, et analyse rigoureuse des systèmes philosophiques qui ont marqué et qui marquent encore notre temps ; expérience de la vie commune. Autant d’objectifs à atteindre dans le cadre des cinq à huit années de formation initiale qui préparent l’ordination des prêtres séculiers appelés à un ministère diocésain.
Jean Paul II disait, le 1er juin dernier, aux séminaristes réunis à St Sulpice : "Vos éducateurs ont une tâche difficile. Il faut que l’on sache en France que je leur accorde ma confiance et leur donne mon appui fraternel."
Cela me rappelle une lettre reçue de Rome par Monseigneur ETCHEGARAY, début 1979, au sujet du programme des études voté par les évêques français pour la formation des prêtres : "Que ce document contribue à éclairer l’opinion en France sur la qualité de l’effort qui s’accomplit dans les séminaires en dissipant des préjugés gravement préjudiciables aux vocations." (1)
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Lorsque des jeunes se décident à commencer une formation pour le ministère presbytéral, ils demandent conseil - et c’est normal - à des personnes, prêtres, religieux ou laïcs, en qui ils ont confiance. Or il arrive que ces conseillers, avec de bonnes intentions, se réfèrent à leurs seules convictions personnelles sans toujours suffisamment tenir compte de la vocation spécifique de celui qui les interroge.
Ainsi l’on dira : Il te faut une "vraie formation", en pensant à une formation de style religieux, voire monastique ; au risque de ne pas respecter par là l’originalité de ces formes de vie.
Il est vrai que, depuis quelque temps, se manifeste chez les jeunes une requête de vie spirituelle et de vie communautaire. On ne peut que s’en réjouir si c’est le signe d’une soif de vie évangélique et de communion ecclésiale. Cette aspiration, commune à beaucoup de jeunes, est souvent plus intense chez ceux qui disent "avoir la vocation". Mais de quelle vocation s’agit-il ?
Ce peut être un appel à la vie religieuse, état de vie reconnu dans l’Eglise qui en a authentifie les modalités. Il convient alors de l’accueillir et d’ orienter vers l’Institut qui pourra assurer le discernement et la formation et permettra ainsi à cette vocation de se réaliser.
Si c’est un appel à "devenir prêtre", comme on dit communément pour le clergé diocésain, là aussi accueil et orientation sont nécessaires. Mais on doit se souvenir alors que c’est à l’évêque qu’il appartient de déterminer les moyens de discernement et de formation de celui qu’il prendra la responsabilité d’appeler et d’ordonner. Il fait confiance à des collaborateurs de son choix : ceux du service des vocations (qui savent aussi d’ailleurs orienter vers la vie religieuse lorsque cette vocation se manifeste), ceux aussi des Grands Séminaires ou des Groupes de Formation. Avec eux, et en dialogue avec les candidats, l’évêque précisera les modalités de préparation au sacerdoce qu’ils estimeront les plus opportunes.
De part et d’autre, il s’agit toujours fondamentalement de disciples du Christ, mais les vocations sont différentes.
Devenir prêtre séculier, c’est être introduit par l’ordination que donne l’évêque dans l’ordre presbytéral pour le service d’un diocèse qui a son histoire et ses besoins particuliers. Oublier cette spécificité du clergé séculier, quand on conseille un candidat, c’est ignorer dès le départ des dimensions qui sont essentielles au ministère des prêtres diocésains.
Que tous se sentent responsables de l’éveil et de l’accompagnement des vocations, c’est positif, mais à condition que chacun situe correctement sa responsabilité par rapport à celle des autres. Il y va de la santé de l’Eglise et de la qualité de la mission que lui a confiée Jésus-Christ.
Gérard MUCHERY
Coordonnateur de l’Equipe Nationale du Service des Vocations.
(1) Il existe actuellement en France 21 cycles complets de formation, répartis en 31 établissements auxquels s’ajoutent les Groupes de Formation. [ Retour au Texte ]