Vocation missionnaire. Là-bas ? Ici


A MORTAIN, dans la Manche, l’Abbaye blanche. Une communauté de religieux missionnaires, les Spiritains, y accueille jeunes et adultes.

Chaque mois ce sont des week-ends de réflexion et de prière.

Pendant î’été, depuis bientôt 10 ans, des jeunes viennent partager la vie de la communauté pendant 15 jours. Ils accueillent les touristes, font visiter l’Abbaye (12ème siècle) et leur présentent une exposition missionnaire.

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Ces jeunes ont posé des questions sur les prêtres, les religieux et religieuses, la mission : "comment as-tu été appelé ? Pourquoi partir au loin ? Pourquoi le célibat ?"

Pour y répondre un week-end a été programmé sur la vocation, la vocation missionnaire en particulier. Le Père Albert LE FLOC’H, responsable de la formation chez les Spiritains, en a été l’animateur, en collaboration avec le Père Michel SANTIER, responsable des vocations pour le diocèse de Coutances.
40 filles et 23 garçons ont participé à ce week-end.

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Notre idée, au départ, n’était par de donner des témoignages sur la vocation et la vocation missionnaire mais de provoquer les jeunes à une réflexion sur la manière dont eux-mêmes pourraient être appelés.
63 jeunes (40 filles et 23 garçons) ont participé à ce week-end.

Notre démarche

- Samedi soir :

  • Présentation des participants, avec la question : "qu’attendez-vous de ce week-end ?" On peut résumer les réponses : "en savoir plus sur la vocation en général, sur la vocation particulière du missionnaire qui part à l’étranger, sur le missionnaire laïc ... Comment être missionnaire ici chez nous ?"
  • A 20h 30 : un montage intitulé : "Ta folie me plaît". Ce montage sur la vocation religieuse a été bâti par de jeunes religieux. Mais nous n’avons passé que la première partie sur la vocation en général.
    A partir de ce montage : réactions et discussions.
  • En fin de soirée, temps de prière sur le thème : "viens et vois".

- Dimanche :
La journée était bâtie autour de deux axes : vocation missionnaire ’là-bas’ - vocation missionnaire ’ici’.

a) Vocation missionnaire ’là-bas’
Le Seigneur appelle à le suivre, c’est vrai, mais de quelle manière ? Dans l’A.T., il y a de nombreux récits de vocation, d’appels et à chacun des appels correspond un "envoi." (Gn 12, 1 / Ex 3, 10-16 / Am 7, 15 / Jr 1, 8) Et puis, il y a cette phrase de Jésus (Jn 20, 21) : "comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie !"

Pourtant, beaucoup de questions sont posées quant à un départ : Pourquoi partir ? Il y a tant à faire ici !
Si ces gens sont heureux, pourquoi aller les embêter avec notre religion ?
Avec une religion, n’apporte-t-on pas un style de vie occidental ?
Vous partez là-bas parce que ça ne marche plus ici...

Alors ?

Quelques questions pour une réflexion en carrefour :

  • Pourquoi partir à l’étranger alors qu’il y a tant à faire ici ?
  • Vocation = être appelé - être envoyé. Qui nous transmet cet appel ?
    Comment le reconnaître ?
  • Partir comme coopérant, comme laïc missionnaire, comme religieux ou religieuse, comme prêtre ? Est-ce la même chose ?
  • Pour vous, être missionnaire aujourd’hui , c’est quoi ?

Pendant la mise en commun, Patrick nous a présenté son expérience de coopérant en Centre Afrique. Il a décidé de rentrer bientôt chez les Spiritains.

b) Vocation missionnaire ici
Par la "vocation" Jésus a groupé autour de lui les 12 et bien d’autres après eux (Mc 3, 13 ; Lc 9, 59-62).
Cet appel, c’est Jésus qui en a l’initiative, et à travers lui c’est le Père qui est présent.
D’après St Jean, les Apôtres vont à la découverte d’une personne Jésus. St Marc précise qu’il institue les douze "pour être avec lui".
Il ne s’agit donc pas d’aller prêcher une doctrine, mais d’annoncer une personne. Intimité et témoignage sont liés.

Alors, être missionnaire ? C’est "faire quelque chose", oui, bien sûr. Mais avant tout, c’est témoigner que le Seigneur est vivant, qu’il nous fait vivre.
Partir à l’étranger ? Oui ! Tous ? sans doute pas !
Et puis, l’étranger, c’est qui, c’est quoi ?
Ce peut être mon voisin que je ne connais pas, les gens de mon immeuble, les "migrants" qui sont là, chez nous.

Quelques questions pour le carrefour :

  • Etre missionnaire, c’est bien, mais on est missionnaire parce qu’on a rencontré le Christ : quelle est la place du Christ dans ta vie ? Que fais-tu pour mieux le connaître ?
  • Etre missionnaire, là-bas, l’étranger : oui ! Mais comment puis-je l’être ici, dans mon milieu de vie ? (être concret).
  • On parle souvent d’aider, d’apporter, de donner, d’aimer...
    Qu’est-ce que j’accepte de recevoir des autres, de tous les autres ?

La journée s’est achevée par une Eucharistie fort vivante et fort priante.

Quelques réactions des jeunes

  • La Vocation, "c’est la grande aventure de la Foi. Il arrive un moment où on se pose la question de savoir pourquoi on ne chercherait pas nous aussi à suivre le Christ... Pour certains, ça se sent intérieurement. Pour d’autres, c’est la lecture de l’Evangile qui un jour, fait "Tilt"... Souvent c’est au bout d’un long cheminement, d’une expérience de vie de foi, de partage et de prière...
    Mais, même après la réponse de l’appel, on est constamment en recherche..."

  • La Vocation missionnaire : "J’ai aimé les témoignages des différentes personnes qui se destinent à être missionnaires ou qui le sont déjà. Ce que j’ai retenu de leurs témoignages, ce n’est pas leur rôle de missionnaire dans les pays lointains, mais la possibilité que ces personnes ont de vivre leur foi et de la partager... la joie et l’épanouissement que leur apporte leur foi.
    Pendant longtemps, j’ai pensé que vous partiez en mission, à l’étranger, par dégoût de la société française et parce qu’il est peut-être plus facile d’être missionnaire et de se faire accepter comme tel à l’étranger.
    Ce week-end m’a fait comprendre que dans le choix des missionnaires intervenait une autre donnée : celle de vouloir vivre sa foi avec les autres dans un pays étranger pour eux et donc en tant qu’étrangers, venus pour recevoir autant que pour donner..."

  • Etre missionnaire ici : "l’étranger n’est pas forcément celui qui est au loin ; ça peut être l’autre dont on se refuse à faire la connaissance, qu’on croise sans regarder... Il faut vivre la rencontre sur place avant de partir au loin !
    A chacun de trouver sa manière d’être missionnaire... en acceptant d’aimer envers et contre tout, et d’être aimé."

Le chant :"ECOUTE, ECOUTE..." est revenu souvent au cours du week-end !

En conclusion, je retiens qu’un thème comme celui de la vocation est capable de mobiliser des jeunes ; avec leurs questions, souvent pertinentes, ils nous obligent d’abord à témoigner de ce que nous vivons et aussi à une certaine remise en cause. Je tiens à ajouter que la collaboration avec Michel SANTIER, du SDV de Coutances, s’est révélée très bénéfique, sans doute pour les jeunes, mais surtout pour moi ; je souhaite que ce genre de collaboration entre SDV et instituts missionnaires puisse se développer.

Albert Le Floc’h
Spiritain