J’essaie d’annoncer une espérance


Le Père Jean-Marc Vigroux, 41 ans, est prêtre du diocèse d’Albi. Depuis l’été 2001, il est en mission à El Descanso, un petit village des Andes péruviennes. De ce coin pauvre et reculé, il nous livre un témoignage enthousiaste mais lucide.

Jean-Marc Vigroux
prêtre Fidei donum

Jean-Marc, qu’est-ce qui vous a poussé à partir « au loin », en mission ?

A méditer l’appel d’Abraham qui « partit sans savoir où il allait », à chanter le Dieu « des grands espaces et des larges horizons », à écouter les anecdotes des prêtres revenus de loin, à vouloir vivre toujours plus radicalement l’invitation du Christ à le suivre… Il est bien normal qu’un prêtre diocésain laisse d’exprimer en lui le désir d’une mission loin de l’ombre de sa cathédrale ! La possibilité, ouverte par les évêques, de servir un temps des Eglises locales pau­vres en prêtres existe. Pourquoi ne pas s’y engager ? Voilà quelques idées qui m’on amené, avec l’aide de la Providence, au diocèse de Sicuani, au Pérou. L’évêque du lieu avait demandé à ses collègues de France si un prêtre était disponible pour lui donner une aide. La mission est dans ce cas un service entre Eglises.

Que dire de cette passion découvrir une autre culture et de lui annoncer le Christ ?

Je ne suis pas parti en voyage initiatique à la suite d’un gourou ni à la recherche intérieure d’une personnalité nouvelle ! Et la griserie romantique des voyages n’a qu’un temps ! Bien sûr, la découverte d’une autre culture et l’adaptation à d’autres mœurs sont enrichissantes, mais si aussi difficiles (comme me manque la cuisine tarnaise…). L’étrangeté de ma situation peut générer autant d’illusions que de vraies découvertes. Quant à ma mission, je participe, depuis les hauteurs andines, à l’unique mission de l’Eglise, qui est d’annoncer Jésus-Christ ressuscité. J’essaie d’annoncer une espérance à ceux qui veulent l’accueillir. Au fond, c’est la même mission que celle de l’Eglise qui est à Albi !

Mais la mission n’est-elle pas aussi urgente dans le Tarn ?

Si ! D’ailleurs, le temps de ce service un peu exceptionnel se termine. Je reviendrai sur les chemins plus connus de la mission dans le Tarn, laquelle a autant de grandeur et de gloire que celle de l’Altiplano. Le chemin missionnaire ne consiste pas seulement à traverser l’espace ou les cultures, mais aussi à parcourir le temps de la vie. Etre prêtre diocésain, c’est donner forme, à travers sa propre vie, à l’appel missionnaire de Jésus, qui croise la vie des hommes et des femmes de tous les temps.

Article paru dans Rencontres,
revue du SDV d’Albi, n° 159, juin 2004.