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1.320.000h - 230 prêtres. Comment préparer l’avenir (au diocèse de Saint-Denis)
Un diocèse de la banlieue parisienne. La majorité des lecteurs de JEUNES ET VOCATIONS ne se sentira pas concernée. Et pourtant !
D’ici vingt ans, d’une manière ou d’une autre, tous les diocèses auront à affronter une situation semblable. Que l’on se souvienne des statistiques publiées en 1979 à l’occasion de la Journée Mondiale des Vocations (Doc. Cath. n° 1762 - 15/4) Faut-il pour autant laisser tomber les bras ? Certes pas !
Les pages suivantes peuvent nous aider à être inventifs. Il ne s’agit pas tant d’imiter que de se laisser ensemencer pour que naisse chez nous, partout où nous sommes, une nouvelle moisson et que se lèvent plus nombreux "les ouvriers pour cette moisson".
L’évêque donne l’impulsion. ses orientations sont précises, pleines d’espérance, espérance pour l’Eglise, au service de l’homme, de tous les hommes :
"Le diocèse de Saint-Denis est habitué depuis sa création (1966) à vivre avec peu de prêtres : 252 actuellement pour une population de 1.520.000 habitants.
Nous ne serons que 170 environ en 1985. Ce sera peu. Un proverbe arabe dit à peu près ceci : "Lorsqu’on couche par terre, on se fait moins de mal quand on tombe de son lit". C’est dire que la crise des vocations fera peut-être moins de mal ici qu’ailleurs.
Quel que soit le nombre de prêtres dans le diocèse en l’an 2000, la première chance de l’Eglise ici ce sont et ce seront les laïcs. Dans le tissu très dense de cette banlieue du nord-est de la région parisienne où s’est forgée une population qui a une histoire et des convictions, nous voulons des croyants convaincus, au plus près de leurs frères, pour partager Jésus-Christ avec eux. Quelle que soit l’évolution du nombre de prêtres, l’essentiel pour moi est là.
Cela dit, nous manquons de prêtres. Nous manquons de prêtres pour faire face aux besoins des paroisses et des différents groupes de chrétiens. Cela ne nous empêche pas de faire des choix :
Sur les quatre qui seront ordonnés prêtres en juin, deux sont au travail et y resteront : l’un dans une usine métallurgique, l’autre à temps partiel en médecine scolaire ; ’" Des prêtres se consacrent à une présence d’amitié et de partage avec des Maghrébins, des immigrés ;
D’autres s’attachent à un travail pastoral de défrichage auprès de différentes
catégories de jeunes ou d’adultes qui ne sont pas habituellement proches de l’Eglise ;
Malgré l’urgence des tâches en monde ouvrier dans ce diocèse, des prêtres se veulent, en lien avec des militants laïcs, proches des milieux indépendants :
Nous manquons de prêtres ici et pourtant nous nous réjouissons que plusieurs soient ’Fidei Donum’ en Afrique et en Amérique latine.
Si nous agissons ainsi, c’est parce que nous avons peu de prêtres et que, sans rien perdre de la richesse de l’Eglise déjà rassemblée, nous les voulons en priorité pour l’Eglise à venir, au service de la rencontre de tous les hommes avec Jésus-Christ." (Interview dans "La Croix" du 2-5-79).
Dans la suite du texte l’évêque montre bien qu’il n’y a "PAS D’EGLISE SANS PRETRES".
Juin 1979. Quatre nouveaux prêtres : Eugène, 54 ans, Michel 29 ans, Jean-Claude 28 ans, Yves 55 ans. Dès janvier ils ont écrit à tous les prêtres du diocèse.
Quelques passages de cette lettre :
"Dans quelques mois, vous allez nous accueillir comme prêtres de Jésus-Christ en Seine-Saint-Denis.
C’est avec vous que nous avons commencé, il y a déjà bien des années, à grandir dans la foi, à Villemomble, à Pantin-Bobigny, à Stains. C’est avec vous que, pour la première fois, nous avons osé un jour poser la question : "Moi - prêtre ?" Ce jour-là vous nous avez pris au sérieux.
C’est vous aussi qui nous avez aidés, pendant plusieurs années, à répondre à cet appel et à avancer vers la voie du sacerdoce" ...
... "Oui, pour nous aujourd’hui, être prêtre en Seine-Saint-Denis, c’est possible. L’Esprit qui nous fait vivre en Eglise continue à appeler des hommes pour ce service : nous en sommes témoins et nous n’attendons pas de savoir ce que sera le prêtre dans dix ou vingt ans pour répondre OUI avec toute la force de notre foi et tout le dynamisme de notre espérance.
Et pourtant, après nous quatre, en connaissez-vous qui se préparent ou qui y pensent ?
Ensemble, dans les années qui viennent, nous chercherons avec les jeunes comment entendre encore l’appel du Christ et comment y répondre. Mais dès maintenant, que notre Ordination soit l’occasion cette année d’alerter chacun de nos rassemblements d’Eglise : paroisses, mouvements apostoliques, etc."
Le Service des Vocations s’adresse aux responsables des équipes presbytérales.
Il attire l’attention sur deux dates :
Dimanche 6 mai : Journée Mondiale des Vocations.
"L’objectif serait que l’appel au ministère presbytéral ne soit plus seulement l’affaire des évêques et des prêtres, mais que les communautés chrétiennes, paroisses, mouvements, aumôneries, groupes divers puissent y prendre toute leur responsabilité."
Samedi 23 juin : ordination de quatre prêtres.
"Le 25 janvier ils vous ont adressé un message ...
D’ici le 23 juin, quelles initiatives pourrions-nous encore prendre ? Ne pourrions-nous leur faire signe, par exemple, pour participer à une rencontre avec des jeunes ou des adultes ? Et le 23 juin, est-ce utopique de souhaiter que les jeunes soient nombreux à la Cathédrale ? Qu’en pensent et que font en ce sens les aumôniers, les responsables, les catéchistes ?"
Le Conseil presbytéral, à son tour, propose aux prêtres une réflexion :
"Prêtres aujourd’hui ... pour demain".
"Les quatre ordinations de ce mois ont suscité, dans notre diocèse, débats et échanges sur le service presbytéral.
La manière de vivre le sacerdoce est une question pour beaucoup, aujourd’hui. De nombreux laïcs, conscients de leur responsabilité au sein du Peuple de Dieu, s’interrogent sur la spécificité du prêtre au service de l’Eglise.
Nous-mêmes constatons des évolutions, des transformations, depuis plusieurs années. La conception du sacerdoce, la mentalité des prêtres, la pratique du ministère se sont transformées.
En lien avec la réflexion des Evêques à Lourdes et le travail de l’équipe "Evêques-Prêtres" de la région parisienne, le Conseil Presbytéral de Saint-Denis nous propose, aujourd’hui, un regard sur notre vie de prêtre,
pour repérer ce qui demeure fondamental,
pour prendre conscience des changements survenus.
Nous saisirons mieux ainsi comment ce que nous faisons aujourd’hui prépare notre Vie de prêtre de demain."
Suivait un questionnaire
En paroisse
Les futurs prêtres avaient été ordonnés diacres en 1978. A cette occasion une rencontre avec des chrétiens leur avait permis d’exprimer le sens de leur engagement. Mais, ni cette rencontre, ni l’insistance des évêques à "Lourdes 78" sur l’appel au ministère presbytéral, n’avaient eu l’impact escompté.
Le curé d’une paroisse urbaine a voulu aller plus loin :
"J’ai cherché à savoir pourquoi l’ensemble des chrétiens semblait bouder l’hypothèse d’une "mobilisation" au service d’une proposition du sacerdoce. Alors que nous étions dans des conditions idéales pour provoquer des interrogations, tout s’est déroulé comme si finalement l’appel au sacerdoce était très étranger à la préoccupation des chrétiens pratiquants.
Avec une quinzaine de chrétiens (dont 5 religieuses) d’une part, et un groupe d’une trentaine de personnes de "Vie Montante" d’autre part, nous avons travaillé un questionnaire préparé par un foyer comprenant deux garçons de 18-20 ans.
Par ailleurs, un foyer de mes anciens paroissiens, comprenant trois garçons de 15 à 19 ans, a accepté de consacrer une soirée pour répondre à une autre série de questions.
Enfin, à l’occasion, j’ai abordé le sujet avec des foyers militants.
Le questionnaire était le suivant :
1 - Les vocations sacerdotales sont rares ; à votre avis, pourquoi ?
2— Qui peut se sentir responsable de la proposition du sacerdoce ? A qui cette proposition peut-elle être adressée ?
5 - Qu’attendez-vous du prêtre ?
4 - Quelles propositions feriez-vous pour inviter à faire réfléchir sur l’éventualité de l’appel au sacerdoce ?"
Suivent 6 pages présentant le résultat de cette petite enquête.
A la suite de la "lettre aux prêtres" envoyée par les quatre futurs prêtres, une équipe sacerdotale a proposé à un groupe de jeunes ... un week-end de prière et de réflexion.
"Il s’agissait de garçons et de filles de 14-16 ans ayant participé pour ia plupart à la Confirmation ces deux dernières années. Presque tous parmi eux avaient une expérience d’ACE. Ils connaissaient Yves puisque celui-ci les avait suivis pendant la préparation. 37 gars et filles sont venus ..." (Présence et Dialogue du 9.6.79) Suit, dans le texte, le compte rendu du week-end.
En A.C.G.F.
300 lettres ont été envoyées par î’équipe diocésaine. 110 femmes environs ont envoyé leurs réponses, individuellement ou en équipe.
Voici le texte de la lettre :
"Chère amie, Le samedi 23 juin 1979, dans la Basilique de Saint-Denis, seront ordonnés quatre prêtres pour notre diocèse. C’est une grande joie, mais n’oublions pas qu’il n’y aura pas d’autres ordinations avant plusieurs années.
Membre de l’Eglise militante A.C.G.F., cet événement ne peut nous laisser indifférentes. C’est l’occasion de réfléchir et de nous poser quelques questions, seule, en équipe, ou avec d’autres personnes.
1) Il vous est arrivé parfois de déplorer le manque de prêtres, mais vous sentez-vous vraiment concernées ? individuellement et collectivement ?
2/ Avez-vous déjà pensé que l’un ou l’autre de vos enfants ou des jeunes avec lesquels vous êtes en lien pourraient être appelés par Dieu à une vocation presbytérale ou religieuse ? oui, non, pourquoi ? 3/ Cela vous sembie-t-il possible ? oui, non, pourquoi ?
4/ Le souhaiteriez-vous pour vos enfants ? oui, non, pourquoi ?
5/ vous sentez-vous responsable pour que l’appel soit entendu, soutenu ? Lorsque vous envisagez l’avenir de vos jeunes et que vous en parlez avec eux, la vocation presbytérale ou religieuse est-elle envisagée, proposée ?
Nous espérons quo vous pourrez consacrer un peu de votre temps pour vous poser ces questions. Pouvez-vous nous envoyer vos réactions, vos réponses avant le 15 avril, si possible, sinon plus tard ?
Nous vous disons toute notre fidèle amitié en union de prière pour l’annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ."
L’A.C.I. avait aussi proposé une réflexion aux équipes du diocèse avec le questionnaire, suivant :
1/ Le prêtre en général :
Comment les Milieux Indépendants le voient-ils ?
Ce qu’on attend de lui. 2/ L’aumônier de l’équipe :
Comment est-il perçu ?
Ce qu’on attend de lui.
Ce qu’on lui apporte.
3/ En quoi nous sentons-nous concernés en tant que Mouvement d’Eglise, par l’appel et la formation de futurs prêtres ?"
14 équipes ont répondu.
Enfin les Mass-Media. Le texte de l’évêque cité ci-dessus est un extrait d’une interview parue dans la "Croix". Tout le monde n’a sans doute pas accès à la presse nationale.
Mais pensons-nous suffisamment à toutes les possibilités de la presse locale, sans oublier la télévision régionale ?