Nos questions


Avant l’arrivée des participants au Congrès de Bordeaux, une foule de questions les avaient précédés. Elles étaient exprimées dans les fiches d’inscription. Comment vivaient-ils les différents appels du Seigneur dans leur milieu de vie ou de travail pastoral ? Quelles questions majeures se posaient à eux ?

La masse de ces interrogations se concentrait sur trois thèmes dominants : l’appel au ministère presbytéral, la coresponsabilité et l’articulation entre les ministères, le monde des jeunes.

Il était indispensable que les congressistes entendent reformulées toutes ces questions qu’ils apportaient en partage dans cette rencontre nationale.

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Appel au ministère presbytéral dans la pastorale des vocations

Le Père Marcel VEYRAT, du diocèse d’Annecy, s’interroge sur la réalité et la portée de ce que nous faisons :
"L’écart entre le discours qui tombe d’en haut : "tous responsables" et "l’appel de certains à être prêtres, cela nous concerne tous", d’une part, et l’indifférence, l’absence d’intérêt vital de ceux à qui il s’adresse, d’autre part ! Ecart qui semble se maintenir, voire s’élargir.

N’y aurait-il pas un autre biais par où l’on pourrait rejoindre l’inquiétude des croyants d’aujourd’hui (de certains, sinon de tous) ? Est-ce la question majeure ? Elle me vient de temps en temps à l’esprit." Il fait remarquer qu’un appel général ne doit pas nous dispenser de lancer l’appel d’une manière personnelle, nominale... Et qu’à des jeunes qui perçoivent mal le prêtre et son ministère, il faut apporter des réponses concrètes lorsqu’ils se disent : "on a besoin de nous, qu’est-ce qu’il est possible de faire ?"

Monsieur Dominique ZAGO, marié, père de trois enfants, très engagé avec sa femme dans une aumônerie scolaire en milieu non-croyant, s’interroge sur le sens du ministère dans l’Eglise. Il partage une réflexion née au cours de longues années de réflexion avec des chrétiens qui se préparent au diaconat. "Les formes de ministère du prêtre, telles qu’elles s’exercent presque exclusivement jusqu’à ce jour, sont-elles les plus aptes à aider les chrétiens à reconstituer un tissu ecclésial assez distendu, à préparer le terrain pour de nouveaux rassemblements en milieu de non croyance, de pauvreté, de développement (Lourdes 1967) ? Comment assurer, autrement que par le témoignage individuel de chrétiens, la visibilité de l’Eglise  ? Qui portera ce souci du rassemblement en train de se faire, là où vivent vraiment les hommes ? ..."

De nombreux participants au Congrès amplifient ces propos de leurs propres questions :
"Comment passer d’une embauche d’individus à mettre au service de communautés d’Eglise prétendues existantes à une naissance de communautés vivantes au sein desquelles des personnes entendraient un appel ?" Nous sommes à un moment qui est à la fois fin et commencement.
"Comment vivre ce temps, conscients du décalage entre Foi et Cultures nouvelles ?" .

Il y faut un "labourage en profondeur" dans les familles, les paroisses, les groupes, le monde scolaire, mais à condition de créer des communautés appelantes où les aspirations des générations jeunes puissent être accueillies et éprouvées."

Si nous sommes tous appelés à la construction d’une Eglise nouvelle, il s’agit pour plusieurs, autant d’une crise de l’Eglise qui cherche son visage de demain que d’une crise des vocations.

"Comment rendre les chrétiens enseignants, animateurs de jeunes, plus soucieux de l’éveil à un appel au ministère de prêtre ?"
"Comment rendre les militants conscients de leur rôle dans l’appel à toute vocation ?"
"La difficulté est de sensibiliser les éducateurs de la foi à la question vocations" .

Coresponsabilité et articulation entre les ministères.

Soeur Gracy CABALETTE, de la congrégation des Filles de la Croix, institutrice à "Mont-de-Marsan, à partir de son expérience catéchétique en milieu jeunes et de ses rencontres avec de nombreuses personnes diversement engagées dans l’Eglise au service des jeunes, des plus déshérités, pose ces questions :

"Le prêtre, au lieu de monopoliser les ministères ne pourrait-il pas présider à la diversité des ministères exercés par les baptisés ? Les communautés sont des lieux d’accueil. Le particularisme de certaines communautés ne les entraîne-t-elle pas dans un seul type de ministère ? Comment peuvent-elles éveiller, appeler à ces ministères ? Comment arriver à ce que la complémentarité des ministères soit reconnue au lieu de vivre constamment le rejet, l’individualisme, la division ?"

De très nombreuses questions font écho aux réflexions de Soeur Gracy :
"Une coresponsabilité bien vécue par tous, qui ne soit pas une ’tarte à la crème’, ni une simple redistribution des tâches, mais qui permette (entre autres) de bien situer l’originalité du ministère presbytéral".

"Le tous responsables dans l’Eglise commence à passer auprès des chrétiens. Mais les mêmes personnes ne voient guère le rôle spécifique du prêtre et par conséquent n’appellent plus".

"La relation et la différence entre laïcs et prêtres dans des communautés qui ne saisissent pas encore le sens profond de l’Eglise".

Mais où sont les lieux où peuvent naître cette coresponsabilité et cette complémentarité ?
"Si nous ne faisons qu’embaucher de nouveau, tout en reproduisant le même type d’Eglise, ce n’est pas parce que nous aurons confié des responsabilités à des laïcs que l’Eglise sera signe de libération : nous serons très vite acculés aux mêmes problèmes qu’aujourd’hui. Il nous faut réfléchir sur l’Eglise comme lieu de la rencontre tâtonnante avec Dieu dans notre monde d’aujourd’hui et de l’apport original de chacun dans cette recherche."

Comment aider les communautés à ne pas se replier sur soi, sur leur Mouvement, à vivre une certaine ouverture au monde, dans une vraie responsabilité ? Quelles passerelles établir entre chaque groupe ?"

"Des équipes de prêtres, de religieux et religieuses, de laïcs diversement situés mais manifestant une volonté de travailler ensemble... m’apparaissent comme le lieu d’appel le plus favorable pour des vocations plus spécifiques

- prêtres, religieux. Comment favoriser la constitution de telles équipes ?

"Transformer peu à peu l’Eglise telle qu’elle se veut être, en une véritable Eglise missionnaire, où on serait tous actifs".

Vocations et monde des jeunes

Le Frère Achille SOMERS,catéchiste à plein temps à Beaucamp, exprimera les interrogations très nombreuses de tous les participants, conscients des enjeux d’une pastorale des vocations auprès des jeunes.

"Comment éveiller les jeunes à l’appel du Christ, aujourd’hui, dans le contexte évolutif de la société et de l’Eglise  ? Comment aider d’autres chrétiens ou des religieux et religieuses à porter cet appel ?"

Le Frère rappellera tout le contexte actuel du monde des jeunes. En face des difficultés de l’Eglise à se rendre disponible aux attentes des jeunes, le Frère Achille indiquera ce qu’il considère comme des chances : "le respect des personnes, l’évolution des modes d’éducation, l’effort actuel pour une proposition de la Foi offerte comme un cheminement..."

Les questions étaient très nombreuses mais, tout de même, dominait une insistance : comment accompagner les jeunes dans leur réponse à un appel du Seigneur ?

"J’accompagne un groupe de jeunes en recherche de leur avenir à la lumière de l’Evangile. Je souhaite surtout un partage d’expérience avec d’autres accompagnateurs."

"L’accompagnement de ces jeunes tout au long de leur scolarité pose le problème de la continuité et par le fait même des relais d’Eglise (personnes, équipes, communautés) où ils puissent se référer."

"Comment des adultes chrétiens peuvent-ils accompagner des jeunes en recherche de vocation ?"

"Susciter un soutien laïc des jeunes en milieu urbain (mouvements, groupe de prière, autre chose ?). Les prêtres n’ont pas toujours le temps."

Une insistance qui revient souvent est celle du contenu de ce qui est proposé aux jeunes.
"Quels genres de ministères ou de service peut-on proposer à des jeunes qui n’envisagent pas forcément le ministère presbytéral ?"

"Connaître les aspirations des jeunes chrétiens avant de leur proposer des schémas tout faits."

"Quelle originalité du ministère presbytéral présentons-nous aux jeunes ?

"La cohérence entre l’expérience de vie en Eglise en classe ouvrière vécue aujourd’hui et le ministère presbytéral qui sera demandé dans l’avenir".

"L’avenir de la vie religieuse dans l’Eglise : comment la présenter aux jeunes, comment en rendre compte, comment rendre compte de tout ce qu’elle porte d’espérance pour le monde d’aujourd’hui ?"

Des pôles d’intérêt et de convergence

Chacun est venu au Congrès de Bordeaux, habité par une multitude de préoccupations. Certaines toutefois sont apparues comme des pôles d’insistance et de convergence.

Il ne faut pas laisser dans l’ombre la dimension spirituelle de tout ce qui touche une pastorale des vocations.

"Quelle est la place laissée à la prière et à l’effort pour une plus grande disponibilité à Dieu et aux autres ? A mon avis, ne serait-ce pas là qu’il faudrait rechercher le manque de vocations de prêtres, religieuses et laïcs engagés ?"

Parmi les ministères, quelle place fait-on au diaconat permanent  ?
"La formation des diacres me paraît très longue à démarrer (diocèse d’Annecy). La fonction du Diacre est encore mal définie."

La relation du célibat et du mariage avec le ministère presbytéral demeure un lieu d’interrogation.

"Les critères de l’appel avec, entre autres, l’exigence du célibat.
C’est souvent sur cet aspect que des jeunes cessent de penser au projet de sacerdoce."

"Envisage-t-on dans un proche avenir des prêtres parmi les hommes mariés ?"

Enfin, restons-nous tournés vers l’annonce de l’Evangile au monde ?
"La dimension missionnaire de l’Eglise de France est-elle encore perçue comme essentielle à son être, sa vie, ses préoccupations ? Comment peut-on demander à des jeunes de quitter leur pays, de passer la mer pour aller ailleurs, dans une autre nation, dans une autre culture proclamer l’Evangile ?
"Comment sensibiliser les communautés de France à la Mission de l’Eglise dans d’autres pays ?"

Voilà un bref résumé de la multitude des questions apportées à ce Congrès.
Puissent-elles recevoir lumière du partage très large de ces trois jours vécus ensemble. . .

Pierre LEGENDRE, s.m.a.
de l’équipe du C.N.V.